Une histoire de voyage, d'aventures et d'apparences. Se retrouvant à devoir la vie à un dragon amnésique qu'il devait chasser, Ewan Jesabell, chasseur de monstres, se voit contraint de lui servir de guide. Mais à peine partis, le duo se retrouve mêlé au Cercle, une société secrète, ainsi qu'au grand péril qui règne sur l'empire humain. Il se pourrait aussi que ce dragon ait l'air bien plus humain que.... Reptilien? ____________________________________________ Lisez tous les nouveaux chapitres à venir sur Neovel.io ! Couverture et Character Design par AreeSensei BETA: Nayrroda ____________________________________________
Du feu. Partout. Il se propageait en léchant les murs ou en rampant au sol, tel une créature d'un autre monde pourchassant les habitants. Des cris effrayés et effroyables retentissaient dans toute la ville, et seule la lueur dégagée par les flammes permettait d'entrevoir la véritable apparence de cette nuit d'été. Des bruits de sabots battant le sol de pierre parcouraient la cité entière, et des épées s'entrechoquant semblaient créer une cacophonie inspirée par le carnage et la destruction.
Des tours couleur azur, couleur ciel, et couleur cristal s'effondraient un peu partout, laissant la lumière du crépuscule atteindre de plus petites tours en pierre. S'enfuyant de part et d'autre comme des fourmis dont la fourmilière aurait été éparpillée d'un coup de botte, les habitants couraient ça et là sans destination précise à l'esprit.
Une majestueuse cité dont le nom ne serait plus qu'un lointain écho se consumait, par la faute d'un seul être. Et au cœur de cette scène couleur ténèbres écarlates, l'attention se porta sur un petit groupe. Pas plus d'une dizaine de personnes, ensemble, courant pour leur propre vie comme pour le salut de celle qui devait être protégée parmi eux. Ils se ruaient littéralement vers leur avenir, les immenses portes de la ville, détruites et méconnaissables, qui étaient restées grandes ouvertes.
Mais ils se heurtèrent bientôt à un obstacle de poids. Des créatures reptiliennes leurs barraient la route, les encerclant, et émettant de féroces grognements.
« Regroupez-vous ! » Cria un homme aux longs cheveux châtains.
Les épines rouge écarlate sur le dos des créatures se mirent à frémir. L'une d'entre elles émit un cri strident, et s'élança soudain vers le petit groupe, visant ceux qui étaient les plus vulnérables à ses yeux. Un premier hurlement inhumain retentit alors. Une lame venait de fendre la gueule du monstre en deux, le forçant à reculer soudainement, et lui infligeant par là même une douleur insoutenable. Un liquide noirâtre coulait sur le sol, aussi noir que du charbon, et visqueux comme de la cire de bougie.
Les cœurs battaient de plus en plus vite, ne permettant plus de distinguer au sein du groupe les vaillants des apeurés. Il était presque impossible d'entendre autre chose que ses propres palpitations, malgré le bruit ambiant.
Ils savaient très bien que s'ils ne se débarrassaient pas de ces créatures, ils ne sortiraient jamais en vie de cette ville, et que cette nuit serait leur dernière.
« Attention ! » Cria un jeune homme aux cheveux gris hirsutes, une lance entre les mains.
Trop tard pour l'infortunée victime qui se fit soudainement emporter par le bras en dehors du cercle défensif formé par les humains. Il s'était fait traîner par de grandes mâchoires, et s'était fait déchiqueter dans l'ombre dans un affreux gargouillis.
Les créatures, se déplaçant lentement sur leurs quatre pattes et leurs dents pointues dépassant de ce qui ressemblait à un bec, tournaient tels des prédateurs marins autour de leurs proies.
« On y arrivera jamais si on reste immobiles !» S'exclama un autre homme du groupe, plus robuste que ceux l'entourant, une grande épée à deux mains brandie devant lui.
Un observateur extérieur aurait pu aisément deviner qui étaient les personnes formant ce groupe.
Armures ornées d'un blason or et sinople. Tunique blanche et marron dépassant de dessous leurs pièces d'armures, et maîtrise plus qu'évidente des armes qu'ils avaient en mains.
Il s'agissait de chevaliers du royaume. Entraînés au combat depuis leur plus jeune âge.
Et parmi eux…
« Alors on tente une percée ! » Cria une jeune femme, tout en commençant à s'élancer vers un des monstres les plus proches.
Quelque chose… Quelqu'un… A protéger.
Comme répondant à un appel venu d'ailleurs, tous s'élancèrent face aux créatures, chacun avec l'arme qu'il avait pu trouver, ou qui lui avait toujours appartenu. Se battant pour leur existence même, leurs volontés ne faisaient plus qu'un. Nul ne devait défaillir, sous peine d'être dévoré.
Un revers de queue épineuse bien placé fit tomber un malheureux, qui vit des crocs sanglants se préparer à happer sa tête.
C'est alors qu'un sifflement de lame se propagea dans l'air, et que ces crocs, accompagnés de la tête, se détachèrent du reste du corps du monstre; tranchés net d'un seul coup.
« Allez ! On y est presque ! » Encouragea le jeune homme aux cheveux gris.
À peine eut-il prononcé ces mots, qu'il se retrouva plaqué au sol, des griffes le bloquant par sa cotte de maille, et tentant de percer la faible protection que représentait son plastron. Un gros choc retentit, et sous les yeux du jeune homme, une immense épée transperça le dos du monstre de part en part ; la pointe de la lame passée à travers manquant de le toucher.
« Fais gaffe papy ! T'as failli me toucher là! » Hurla-t-il.
« C'est comme ça que tu me remercies, gamin ? Vous êtes tous pareils , bande d'ingrats! » Railla le vieil homme à qui appartenait l'épée en question.
Il tendit une main vers celui qu'il venait de sauver et qui goûtait encore à l'humidité du sol, faisant faire une grimace au testeur de dallage.
Mais le visage du vieil homme se figea tout à coup dans une expression hébétée. Comme pris d'un spasme, il se mit à cracher du sang ; demeurant debout, immobile, le regard horrifié du jeune homme planté sur lui.
Une lame organique, rattachée à la queue d'une des créatures, venait de lui transpercer le corps de part en part.
« Sigeel ! » Hurla la jeune femme.
Le groupe avait réussi à faire une percée, et était presque hors de portée des créatures… Mais à quel prix.
Le vieil homme avait le souffle coupé, toujours immobile. Néanmoins, il n'allait pas mourir sans rien faire.
Puisant dans ses dernières forces, il saisit la lame qui le transperçait, et bien décidé à ne pas la lâcher, se retourna et abattit sa lame vers la créature responsable de son malheur. Sans que cette dernière eut le temps de comprendre de quoi il retournait, sa tête se décolla de son corps en un geste précis et puissant de la part du vieil homme.
« Papy! » Plaida le jeune homme.
« T'occupe pas de moi ! Va rejoindre les autres ! » Cria le chevalier vétéran. Mais la jeune recrue ne montrait aucun signe laissant à penser qu'il allait le laisser à son propre sort. « Allez ! Va-t-en ! »
Sur ces mots, le dernier affrontement de ce vétéran redoubla de violence, les créatures se focalisant sur le vieil homme blessé, et délaissant le reste du groupe d'humains. Le jeune homme rejoignit à contrecœur le reste de la troupe, le cœur serré, et l'âme pleine de regrets, de devoir quitter cet homme admirable, qui à présent n'était plus que l'ombre de lui-même.
Mais ils arrivaient enfin à leur destination. Plus qu'une centaine de mètres, et ils pourraient sortir de la ville et s'enfoncer dans la forêt, loin de tout cela. Loin de tout ce qui ne serait plus qu'un lointain souvenir, confus et distant.
Toutefois, il était impossible de pouvoir crier victoire, même plus tard ce jour. Ils avaient déjà perdu, depuis longtemps. Et une voix qu'ils reconnurent tous les ramena cruellement à la réalité présente.
« Où crois-tu aller, Arbel ? »
Une femme d'âge mûr était arrivée derrière eux, le visage encadré par de longs cheveux noirs lisses, et les yeux creusés par l'âge et l'avidité. Sa robe pourpre flottait au vent en même temps que ses cheveux, lui donnant une sinistre apparence.
Le petit groupe se figea sur place, partagé entre l'effroi et la consternation. Ils avaient été rattrapés. Et pas par n'importe qui. Par *elle*.
« T...Toi... » Lâcha la jeune femme. « Qu'est-ce que tu as fait à mon père ? »
La femme plus âgée pointa du doigt - avec un ongle beaucoup trop long pour être approprié à une apparition en public - la jeune femme qu'elle avait appelée par son nom.
« J'ai repris ce qui me revenait de droit… » Commença-t-elle. « Quant à toi... »
Elle balaya alors de la main devant elle, comme si elle époussetait un objet invisible, et un hoquet surpris lui répondit.
La jeune femme se tenait la gorge, ayant soudainement du mal à respirer.
On lui avait jeté un sort, pour qu'elle s'étouffe.
Et le seul moyen de briser un sort actif… Était de tuer le jeteur de sort.
Un jeune homme aux longs cheveux châtains brandit son épée à deux mains, et se ruant sur leur ennemie, effectua un grand arc avec. La longue lame aiguisée trancha comme dans du beurre ce qui se trouvait sur sa trajectoire, sans aucune pitié.
La sorcière s'écroula alors au sol en tenant son ventre ensanglanté d'où s'échappait un mélange de sang et de bile. Et immédiatement, la jeune femme retrouva son souffle, non sans expérimenter une forte douleur à la gorge et une toux désagréable. Elle se massa lentement le cou, ressentant un grand inconfort ; et reprenant de grandes inspirations.
« Tu m'as peut-être mortellement blessée, mais je ne vais pas disparaître comme ça...» Râla la femme allongée au sol.
Elle cracha du sang et toussa, mais même cela ne fit pas diminuer la haine qu'elle avait en elle. Rampant sur quelques centimètres au sol, elle étendit une dernière fois un bras décharné vers sa cible.
Et comme si tout avait été prévu depuis bien longtemps, la jeune femme porta soudainement une main à sa poitrine, enserrant ses vêtements. Elle ressentait une douleur atroce, qui ne cessait de croître. Comme si on lui marquait au fer rouge le cœur.
Serrant les dents, elle s'écroula au sol, la respiration difficile et saccadée.
« Qu'as-tu fait sale sorcière !? » S'écria le jeune homme aux longs cheveux, qui était aussi le capitaine de la garde, livide.
La femme étalée dans son propre sang ricana, les gencives et les dents pleines de sang, et ne prit pas la peine de lui répondre. Au lieu de cela, elle se tourna vers la dénommée Arbel, et lui lançant un regard plein de haine, dit :
« Je vais te rendre tellement hideuse, que la première chose à laquelle on pensera en posant les yeux sur toi, est la façon la plus rapide de te tuer ! »
La terre se mit à gronder, à trembler. Des murs s'effondrèrent à cause des vibrations, des tours tombèrent, et des gouffres avalèrent quelques malheureux ça et là. La panique finissait d'envahir les derniers cœurs qui avaient jusqu'à présent été encore maîtres de leurs émotions.
Au milieu de cette destruction sans limites - dont seul le silence aurait pu être l'écho sans ces cris - d'autres se battaient toujours pour leur vie.
Et comme une réponse venue du plus profond des ténèbres, un hurlement terrifiant, entre le râle de douleur et le chagrin pur, retentit.
Une étoile filante s'éloigna dans le ciel au dessus de la ville qui n'était plus que ruine, et où il n'y avait plus âme qui vive. Les flammes finirent par s'étouffer, ne trouvant plus rien à consumer sur leur chemin, et c'est à ce moment-là que cela se produisit.
Cette nuit-là, les étoiles tombèrent par centaines, au point que le ciel s'assombrit presque entièrement ; laissant la terre demeurer dans les éternelles ténèbres.