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Raid - 4.

Le violent choc avait projeté au sol Carciem, l'ayant momentanément plongé dans l'inconscience.

Aussi, quand il rouvrit avec difficulté les yeux, il sentit un liquide tiède ruisseler de ses tempes à ses joues, coulant sur son visage et ses vêtements. Ou peut-être était-ce l'inverse ?

Le sang avait l'air de couler plutôt de son cou à son front, et sa vision trouble n'arrangeait pas les choses.

Il pouvait sentir une chaleur insoutenable commencer à se rapprocher de lui, et plissant les yeux, il remarqua que la terre et le ciel étaient inversés.

Ah oui, il avait littéralement la tête à l'envers ; suspendu dans les branches d'un arbre qui avait certainement amorti sa chute.

« Vous m'entendez ? »

Il serra et desserra ses mains, sentant dans sa paume droite le manche de Sarmawyn. Puis, tournant lentement la tête, il essaya de se relever avant d'immédiatement s'arrêter. La douleur qui incendiait sa poitrine était insoutenable, et il suspectait que la roche l'ayant percuté avait brisé plusieurs de ses côtes.

Soufflant bruyamment, il entendit un grognement guttural à proximité. Il n'avait pas besoin de regarder dans la direction d'où provenait le bruit pour savoir que c'était la créature qui l'avait émit. Elle s'était sûrement rapprochée durant tout le temps où il avait été inconscient.

« Mon… Vous M'en… Dez ? »

Ses muscles étaient totalement pétrifiés ; bouillonnants et parcourus de petites décharges électriques. Le sort de renforcement s'était désactivé en même temps qu'il avait perdu connaissance, et le contrecoup physique sur son corps ne s'était pas privé de se manifester.

« Monsieur… Vous m'entendez ?! » S'écria à nouveau la voix de Finn.

Carciem fronça les sourcils, et forçant son cou en position redressée, tenta de regarder vers le haut et le reste de son corps. Une lueur provenait de la poche toujours fermée de la poche de poitrine de son uniforme, signe que la pierre de communication était restée miraculeusement en place malgré la force de l'impact.

Son bras droit ne bougeait plus, malgré la main encore serrée sur l'épée antique, et avec grande difficulté, il parvint à bouger son avant bras gauche pour poser la main sur la poche de son uniforme.

« F… Finn... » Prononça-t-il d'une voix tremblante.

« Monsieur ! Vous répondez enfin ! » Dit Finn d'une voix soulagée. « J'avais peur qu'on vous ait perdu aussi ! »

« J'avais perdu… Connaissance, » dit Carciem. « Qu'est-ce qui s'est passé ? Nos troupes ont réussi à se mettre à l'abri ? »

« Nous avons perdu le contact avec plusieurs unités au Nord comme à l'Est et au Sud, » lui révéla Finn. « Les Intendants Généraux Marxien et Axtriès ont réussi à mettre des gens à l'abri, mais la créature ne les a pas non plus épargnés. Que faisons-nous, monsieur ? »

La respiration saccadée, Carciem essaya de regarder tout autour de lui, mais la végétation tout autour et sa position inversée tête à l'envers n'arrangeait pas les choses. Le sang continuait d'affluer dans son crâne, troublant ses pensées et sa capacité de réflexion ; mais il sentait aussi que, vu ses blessures, son cœur n'aurait probablement plus autant de sang que cela à pomper jusqu'à sa tête.

« Ordonnez la retraite… » Dit Carciem après un instant de réflexion.

« Monsieur, à ce sujet... »Commença Finn. « Nous avons déjà dû évacuer le centre de commandement mobile. Pendant que vous étiez inconscient, la créature a encore grandi, et a fait s'effondrer le sol de toute la région. »

« Les routes ? » Demanda Carciem, allant à l'essentiel en économisant ses mots.

« Inutilisables. Nous avons déjà envoyé des messages aux cités blindées à proximité pour les avertir du danger, » dit Finn.

Carciem prit un instant pour réfléchir à nouveau, ses pensées devenant de plus en plus confuses. Il allait probablement perdre à nouveau conscience, alors le temps pressait.

« Monsieur, où est-ce que vous êtes ? » S'enquit Finn. « Si vous n'êtes pas trop loin, on peut venir vous chercher... »

« Non, ne venez pas, » le coupa Carciem.

Il pouvait sentir une odeur pestilentielle de souffre se renforcer de plus en plus, rendant sa respiration déjà difficile plus laborieuse.

Même s'il se trouvait dans une situation difficile, il ne pouvait pas mettre plus de vies en jeu pour pouvoir sauver la sienne. Il devrait se débrouiller tout seul, bien qu'il sut qu'il ne pourrait probablement pas s'en sortir de lui-même.

« Monsieur, si vous n'êtes pas trop loin, on peut peut-être- »

« Sergent Parthimian, j'ai fait une chute de plusieurs dizaines de mètres, » l'interrompit Carciem. « Alors il est inutile de mobiliser les ressources qui nous restent sur ma personne. »

Finn s'était tût, écoutant avec gravité la voix faiblissante de son supérieur hiérarchique.

« Le plus important est de mettre nos troupes à l'abri, et de se replier vers Ylesse et ses environs, » continua Carciem.

Un grondement sourd retentit, et un bruit de roche explosant et se disloquant lui indiqua que le sol continuait de se fracturer à proximité de sa position. La créature continuait de tout détruire, remuant et retournant le sol sans interruption, et créait maintenant un immense canyon dans son sillage.

D'ici quelques minutes, sa position serait sûrement compromise, et le sol s'effondrerait sous ses pieds. Il fallait qu'il bouge, alors il essaya de se relever.

Cependant, la douleur était trop intense, et levant les yeux vers ses jambes empêtrées dans des branches, se rendit compte que l'une d'elles était probablement cassée. Son pied droit était tourné à un angle beaucoup trop étrange pour être naturel, et la douleur irradiant de ses articulations lui donna raison. Du sang avait traversé son pantalon à plusieurs endroits, créant des tâches sombres et moites.

« Monsieur ? » Se manifesta Finn.

Il s'apprêtait à lui répondre quand un hurlement aigu retentit à nouveau. Dire qu'il s'agissait d'un hurlement était toutefois enjoliver la situation : le son en question ressemblait plus à un crissement insupportable, comme une craie traînée sur un tableau noir. Le bruit désagréable était semblable à celui qu'il avait entendu quelques minutes avant que la créature se déchaîne, et son corps en contact avec un arbre, et donc le sol, put cette fois ressentir d'intenses secousses sismiques.

Un gargouillis rauque passa à proximité de lui, et il sut que la créature s'approchait encore plus de lui.

« Monsieur ! Les secousses ont repris et le sol commence aussi à se dérober ici ! » S'exclama Finn, avec une voix paniquée.

Son subordonné devait sûrement être le plus haut gradé sur place, et ne sachant pas quelle décision prendre, il s'était tout naturellement tourné vers Carciem. C'était normal qu'il panique, avec autant de vies dépendant tout à coup de lui et des décisions qu'il prendrait.

Cependant, si Carciem ne pouvait pas revenir, c'était bien à Finn que reviendrait le commandement.

« Sergent Parthimian… Vous êtes aux commandes désormais. » Annonça Carciem.

« Monsieur ?! » S'exclama Finn, désemparé.

« Votre priorité est de mettre tout le monde à l'abri, vous m'entendez ? »

Il y eut un cours silence, comme si Finn réalisait enfin ce qui lui avait été dit, et les responsabilités qui reposaient à présent sur ses épaules. Puis, il acquiesça d'un « d'accord » désenchanté.

Rassuré de savoir ses soldats entre de bonnes mains, Carciem donna alors son ultime ordre.

« Maintenant, fuyez sans vous retourner ! »

Les choses tournent vraiment mal.

Ce qui me fait penser à ce gros gâteau au chocolat que j'ai cuisiné il y a quelques semaines de cela. J'en ai tellement fait que j'ai dû en congeler, et il en reste encore une bonne moitié.

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