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Partie 3 (9)

Un garde impérial ouvrit la porte du sous-sol. La lueur du hall du quartier général se faufila à l'intérieur et transperça la pénombre de la cellule.

Babida en était presqu'aveuglé si puissante était la lumière. Mais de manière instinctive, Il la contrecarra avec la paume de sa main droite.

Dans le même temps, Suzie marcha sur la pointe de ses pieds pour se dissimuler à l'angle droit de la prison où pionçait encore son oncle. Elle fit du mieux qu'elle put pour rester indétectable.

"À qui parles-tu, héros déchu ?" réprimanda une sentinelle impériale depuis le seuil de la porte.

"Pardonnez-moi, camarade, de vous avoir importunés! Il m'arrive parfois d'élever la voix lors de mes méditations. Je ferai attention la prochaine fois." Le bûcheron plaida auprès du garde impérial.

"Je l'espère bien," répondit ce dernier à Babida avant de refermer la porte.

"Mademoiselle, allez-vous bien ?" demanda l'élagueur à la jeune femme venue à sa rescousse.

"Moi, ça va! Mais mon oncle par contre dort encore. J'espère que cela n'est pas dû à un quelconque pépin qu'il aurait contracté au cours de notre téléportation," se confia la belle Suzie complètement inquiète.

"Oui, croisons les doigts qu'il se réveille d'ici peu et en grande forme. Toutefois, quel est votre plan d'évasion ?" Le bûcheron questionna la jeune demoiselle.

"À vrai dire, sans mon oncle nous sommes bloqués. Je suis certes la tête pensante mais il est le commandant des opérations de terrain. Ça fait longtemps qu'il est à la retraite, n'empêche qu'il en a encore dans le pantalon." Suzie avoua en ayant le cœur pincé à Babida qui demeura silencieux.

Leurs esprits s'évadèrent de leurs corps. Chacun avait soudainement le sentiment d'être tout seul dans le sous-sol et que l'autre n'existait pas. Après un moment, leur voyage solitaire à travers l'univers se termina enfin.

"Tout va bien, mademoiselle ?" s'enquit Babida.

"Oui, moi ça va!" réagit Suzie.

"Une minute ! Mon oncle gesticule," ajouta-t-elle ensuite.

Haaaaaaaaaaa

"Où suis-je ?" interrogea oncle Bibi tout en bâillant.

"Que les ancêtres soient loués ! Tu n'as rien," s'exprima Suzie avec emballement.

"Les dieux sont de notre côté. Mon Commandant, vous vous réveillez d'un long séjour dans le royaume de Iyô, le dieu du sommeil profond." Babida révéla à oncle Bibi.

"Oui, je m'en rappelle à présent. C'est à cause des senteurs dans notre chambre d'hôtel," déclara le vétéran qui revenait peu à peu à lui.

"Nous sommes partis de notre village Ékulé pour délivrer le bûcheron de son incarcération. Mais…une seconde ! Tu es le bûcheron," constata oncle Bibi qui tomba ensuite des nues.

"Comment ai-je…ou plutôt comment avons-nous atterri ici ?" dit-il abasourdi en fixant du regard sa nièce.

"C'est un mystère que nous allons résoudre plus tard, oncle Bibi. Appesantissons-nous d'abord sur la mission divine dont nous sommes investis: sortir le bûcheron de sa cellule puis s'échapper de ce lieu obscur." Suzie remit son oncle sur les rails.

Celui-ci se leva et avança vers les grilles de la cellule. Il les secoua mais elles lui résistèrent. Une force plus dosée était nécessaire pour les renverser. Seulement, cela aurait causé un tintamarre qui aurait attiré les gardes impériaux.

Alors oncle Bibi élimina cette option. Il s'immobilisa pendant un instant, lança un regard à l'élagueur et à sa nièce, puis affirma : "Pour faire une omelette, il faut inévitablement amocher la coquille de l'œuf."

Suzie et le bûcheron furent déconcertés par la parabole de l'homme mi-âgé. Ils le fixèrent dans les yeux comme pour lui demander une clarification et celle-ci arriva après un bref moment d'attente.

"Quelqu'un va devoir passer quelques jours chez le médecin traditionaliste pour l'intérêt général de l'empire Batang." L'oncle de Suzie précisa sa pensée mais ses interlocuteurs ne parvinrent toujours pas à le comprendre.

"Mais qu'est-ce que ça…" dit Suzie qui ne put finir sa phrase.

Trrr, trrr, turrrrrrrr

Un garde impérial déverrouilla la porte du sous-sol. La lueur du hall du quartier général frappa à nouveau le visage de Babida. L'élagueur barra une fois de plus la lumière avec la paume de sa main droite.

La sentinelle impériale se mit à descendre les escaliers. La porte se referma derrière elle. Elle tenait dans ses mains un bol de riz avec de la sauce tomate et du poulet frit accompagné d'une orange et d'une bouteille d'eau fraîche.

Elle s'approcha du bûcheron et lui déclara : "Camarade, voici ton déjeuner !"

Étant donné qu'elle avait les mains occupées, elle ne pouvait ouvrir la porte de la cellule. Elle déposa ainsi le repas et la boisson par terre.

Elle détacha la clé de la liane autour de son pantalon en soie et ôta le verrou à l'entrée de la cage. Le moment idéal qu'attendait oncle Bibi qui se cachait dans le noir, à l'extrémité gauche de la prison.

BAM!

Oncle Bibi arriva de derrière et avec sa main droite, cogna la nuque de la sentinelle impériale. Cette dernière s'écroula et tapa son front contre la surface du sol. Elle en récolta une commotion cérébrale.

"Ce n'est pas vrai ! Qu'avez-vous fait, mon Commandant ?" s'exclama Babida.

"Oncle Bibi, pourquoi ?" s'écria Suzie.

"Eh ben, c'est ainsi qu'on fait une omelette," répondit-il sans remords.

BOUM!

Un garde impérial botta la porte du sous-sol avec une force sauvage. Elle se brisa. Le soldat se précipita ensuite à l'intérieur suivi d'une colonne d'environ vingt collègues lourdement armés.

Ils étaient munis de sabres en acier inoxydable bien limés, de dagues, de flèches empoisonnées, de matraques en bois d'ébène, de lance-pierres et de lianes.

Oncle Bibi, Suzie et le bûcheron furent encerclés. Leur tentative d'évasion s'effondra comme un château de cartes. Un nouveau chapitre de leurs vies s'ouvrait alors…

A SUIVRE…