La nuit de l'attaque contre les marchands d'esclave, Adamantine délivra bien les enfants jusqu'au couvent. Quelle ne fut pas la surprise de la plus vieille des nonnes, Mésandre, quand elle fut réveillée à quatre heure du matin par Adamantine mais surtout avec une dizaine d'enfants à ses côtés. Elle les accepta tous bien sûr et réveilla les trois autres Soeur pour l'aider. Ils préparèrent des vêtements en urgence mais le pire se tenait là, dans les bras d'Annie. Elle avait refusé de lâcher sa sœur, la petite Heli qui avait rendu l'âme. Toute retournée de choc, Mésandre faillit faire un malaise mais Orelia, la sœur musclée, la rattrapa pendant que Jeanne convainquit la jeune fille de délaisser sa sœur. Elle lui promit qu'elle aurait droit à un enterrement digne de ce nom mais que cela devait attendre. Orelia emmena donc le corps d'Heli dans une autre pièce accompagnée d'Adamantine mais aussi de Mésandre. La chevaleresse leur expliqua alors la situation avec plus de précision et en omettant la présence de Mylon. Orelia décida ensuite d'organiser les funérailles de la petite Heli, construisant de ses mains un cercueil et lavant ensuite le corps de la petite.
De son côté, Adamantine ne put se résoudre à laisser la petite Annie seule. Elle s'installa avec elle dans une chambre à part, la fillette allongée dans un lit pendant que notre héroïne s'assit sur une chaise pour la surveiller. Annie eu bien du mal à s'endormir mais resta silencieuse, pas un mot, rien… Lorsque la petite s'endormit finalement, Adamantine se mit à regarder dehors par la fenêtre. Une pensée la hantait :
Mais toi Mylon, où es-tu ? Tout va bien pour toi ? Pourquoi ne rien m'avoir dit, je…
Le lendemain, à l'aube, Elmoth fut choqué par un acte encore plus horrifique que le dernier. Devant la cathédrale était accroché par des fils le corps démembré de Demétricus, l'homme qui dirigeait le marché d'esclave de la ville. De plus, un message fait de sang fut écrit sur l'église, un message bien funeste indiquant « Les pécheurs paieront de leur crime ».
Une rumeur se répandit aussi, une rumeur comme quoi l'évêque serait mort carbonisé. Une autre comme quoi il serait entre la vie et la mort, carbonisé. La ville entière devint tendue : les gladiateurs et combattants se tapaient plus facilement dessus et les simples habitants devaient rester deux fois plus vigilent que d'habitude. Ils attendaient peut-être qu'on les rassure, qu'on passe un message dans la ville mais rien, aucune nouvelle du noble dirigeant de la ville. Toutefois, sa fille Talia passa dans les bars, auberges et commerces pour rassurer que tout allait bien. Qu'ils comptaient engager des mercenaires le temps que l'église se remette de leur perte.
L'horloge sonna midi. Après une courte nuit, Mylon se réveilla sous un ciel plus que bleu. Les nuages d'hier laissèrent place à un ciel dégagé mais aussi à une chaleur spectaculaire pour le mois. Tiens, maintenant qu'il y pensait, il se souvint dans son enfance que le temps et les saisons différaient étrangement d'un endroit à l'autre. Une histoire de densité de mana dans la nature. Celons aussi le type de mana, le temps pouvait varier grandement. À Elmoth, la pluie se faisait timide mais le beau temps lui, il était souvent présent. Toutefois, cela n'empêchait pas la nature de prospérer là où elle le pouvait comme au niveau du parc. Parc par lequel Mylon venait déjà de se rendre après être descendu du toit. Il se dirigeait tout droit vers la position d'Elio, le « traquant » grâce à Search. Il put lui-même ressentir cette tension qui habitait la ville avec des bagarres qui éclataient par-ci et par là, occupant grandement les hommes de Mitra. Au loin, il put apercevoir Morganna accompagné de deux hommes torse nues.
Pas encore elle ! se plaignit-il.
Il se cacha rapidement derrière un arbre du parc et l'observa de loin. Toutefois, elle ne l'avait pas remarqué et eu l'air elle-même occupée ce qui lui permit de souffler un peu. Il reprit alors sa route et retrouva Elio vers la périphérie de la ville, là où il avait installé les rescapés. Après des retrouvailles joyeuses, Mylon lui expliqua en détail les évènements d'hier soir et Elio lui raconta les siens. Il avait logé ici les rescapés et avait pioché dans ses économies pour leur acheter des vêtements et leur donner à chacun une pièce d'argent, assez pour s'acheter une carte d'identité et de la nourriture. Il ne lui restait presque plus rien désormais et se devait de retrouver un job maintenant, en plus de celui de combattant. Il annula donc les séances d'entraînement avec Mylon et son engagement envers lui de l'aider à rebâtir le couvent.
Les deux firent ainsi leurs adieux aux rescapés :
— Vos destins sont maintenant entre vos mains, dit Elio. Je vous souhaite une bonne continuation mes amis. Nous avons fait du mieux que nous pouvions pour vous aider.
— Je suis encore désolé de ne pas pouvoir faire plus pour vous, intervint Mylon. Nous vous laissons comme ça, dans la nature, à vous débrouiller tout seul alors que cela doit faire un bon moment que vous étiez mis à l'écart de la société. Chacun d'entre vous va devoir trouver la force de trouver un travail, de refaire sa vie. C'est peut-être même un destin encore plus difficile que de simplement être vendu…
— Ne-ne vous excusez pas, s'exclama un vieil homme. Pour moi, à mon âge, je n'avais aucun espoir. Je croyais finir mes derniers jours dans une de ces cellules froides. Je ne pouvais espérer mieux que de pouvoir choisir la façon de vivre mes derniers jours.
— Moi-moi aussi je voulais vous remercier, dit une femme. Vous êtes les seuls individus qui aient agis pour nous. Tout le monde tournait un œil aveugle envers notre condition, nous n'étions même plus humains à leurs yeux. Je- vous m'avez redonné espoir ! Je jure de vivre avec pour principes la liberté et la compassion que vous nous avez offerts.
Ils eurent alors plusieurs remerciements mais un seul d'entre eux fut en désaccords avec eux. C'était un homme assez jeune qui comptait vivre simplement une vie d'esclave, une vie de soumission où il n'aurait pas eu à penser ni à se soucier du lendemain, juste d'obéir. Celui-ci partit le premier frustré et les autres firent de même après des serrages de mains. Toutefois, se retrouvant seul avec Mylon, Elio voulut le questionner :
— Tu as donc assassiné les-
— Certains, oui, répondit-il froidement. Je comptais d'abords les épargner mais quand j'ai vu ce qui était arrivé à la petite Heli, j'ai…
Elio pausa sa main sur l'épaule du jeune homme pour lui rassurer :
— Au moins, tu as essayé de tenir ta promesse. Je ne sais pas comment j'aurais réagi à ta place. Cette vision que tu m'as décrite, je-, j'aurais certainement perdu mes moyens devant.
Or, Mylon enleva, sans véhémence, la main de son épaule ce qui causa un moment de silence. Un silence qu'Elio voulut briser :
— En parlant d'Heli, quand est-il d'Annie ? Où est-ce que Dame Ada l'a emmenée.
— Ah ça, même sans utiliser ma capacité, je le devine. Elle les a emmenés au couvent de Lumis.
— Si on allait la voir alors ? Je suis sûr que cela lui remontera le moral au moins…
Il acquiesça alors et les deux se rendirent au couvent.
Pendant ce temps, la cloche de la cathédrale sonna deux fois, deux fois pour indiquer les deux heures de l'après-midi. Ce fut une cacophonie pour elle qui se trouvait au bas de la cathédrale. Elle regarda le message de sang que les membres de Mitra avaient du mal à nettoyer puis elle entra dans la bâtisse accompagnée de deux hommes torses nues. La femme demanda alors à voir l'évêque de la ville. La personne à l'accueil refusa mais quand elle révéla son identité, on lui intima d'attendre. Quelques minutes plus tard, un homme lui demanda de bien vouloir le suivre seule. Elle acquiesça et le suivit jusqu'à une pièce au centre de l'immense bâtisse. C'était une chambre luxueuse, spacieuse et recouvert au sol tapis de rouge. Sur les murs se trouvaient accroché des portraits de femmes ailées, d'homme aux anneaux lumineux et un d'un dragon enchaînée à une femme. La femme aux longs cheveux roux s'avança lentement vers le lit drapé de blanc. Installé sur celui-ci se trouvait un homme complètement bandé. Il respirait lourdement, sifflant à chaque inspiration et expiration. À ses côtés se trouvaient deux femmes qui, en permanence, utilisaient un sort de soin sur lui. Or au vu de son état, cela semblait être une tentative vaine.
Morganna s'assit alors aux côtés de l'homme et pouffa :
— Eh bien, Max ! On ne t'a pas loupé à ce que je vois…
— Mo..orga...n, c'est toi ? Je…
— Oui, oui, garde tes forces.
Elle caressa alors le corps bandé de l'homme sous le regard de dédains des sœurs. Morganna en sourit et continua :
— Ahlala Max, ces brûlures n'ont pas l'air de s'en aller. Cela doit être une incantation réalisée avec le langage de ta propre église. Quel comble pour un évêque comme toi…
— Viens… en au fait… Sorcière.
— Tu dois bien deviner ma venue, non ? Je suis venu te proposer un marché, mon cher. Tu sais très bien que je peux te soigner.
Maximilien prit une grande inspiration, sifflant encore par conséquent.
— Non… merci. Je te connais, tu vas me demander… l'impossible. J'ai déjà… une… solution en chemin.
Morganna grimaça tout en observant ces inutiles femmes à son chevet.
— Ta voix est vraiment irritante tu sais, dit-elle. Alors, laisse-moi au moins te la soigner avec tes poumons en échange d'informations. Dis-toi qu'au moins, grâce à moi, tu seras certains d'en survivre !
L'évêque réfléchit donc un instant et acquiesça. Morganna lui soigna donc comme promit la gorge et les poumons et lui, il lui révéla ce qu'elle voulait savoir. Surtout sur la chose qui l'avait mis dans cet état.