— Se pourrait-il que tu sois malade ? demanda simplement la capitaine des Valkyrie. Tu m'as l'air bien pâle.
— Vous, vous trouvez ? bégaya Mylon. C'est peut-être une indigestion ? J-j'ai vraiment un peu trop mangé récemment…
— Fais attention à toi alors. Tu as l'air d'être assez bien bâti pour un Damné mais vous êtes toujours facilement en proie aux maladies. Ne te force pas trop, ne va pas déjà apporter plus de malheur que déjà à la jeune Dandelion.
— Je, je l'ai bien compris qu'elle était en proie à de gros problèmes…
— En effet, tu es comme une épine dans son pied. L'amour est le plus grand obstacle pour une femme car ta présence la retient, tu l'empêches de s'accomplir. C'est pour ça que nous, Valkyries, faisons vœux de célibat pendant notre présence dans l'ordre. La plupart ne commence de telles relations qu'une fois la quarantaine…
Il ne sut que répondre. Retenait-il vraiment Adamantine de s'accomplir ? Pourtant elle s'était confiée à lui, elle lui avait fait part de ses doutes quant à sa présence dans l'ordre des chevaliers. Qu'elle y était rentré ça en premier lieu pour sa famille mais… Il se souvint de leur voyage et de son comportement à ForteMarbre. Oui, elle voulait vraiment aider, changer la vie des gens en les défendant. L'empêchait-il vraiment d'accomplir son rêve ? De toute façon il…
— Je lui ai fait une promesse voyez-vous. Nous nous sommes convenu sur le fait que chacun devrait se séparer une fois passés Elmoth et ce, pour accomplir chacun un objectif. Une fois fais de mon côté, je lui ai promis de revenir pour elle afin d'écouter sa réponse, son envie. Je ne voudrais en aucun cas son malheur…
À cette réponse, elle se tint la tête et grogna :
— Hurgh, tu me fais tellement penser à...
— À ?
— Non, rien… Je vais vous laisser avec votre histoire. Vous êtes des adultes de toute manières…
Des adultes ? Tiens, je suis curieux. Elle a bien dit que les Valkyries avaient faits veux de célibat et que c'est elle la cheffe ?
— Excusez-moi, la manière dont vous parlez… J'ai l'impression de faire face à une personne plus âgée et pourtant, vous paraissez si jeune.
— Oh ? Et quel âge me donne-tu précisément ?
— Hum… Viiingteeeu… Vingt-cinq ?
— C'est que tu es flatteur ! ria-t-elle.
— Vous avez plus ?!
— Je ne t'en veux pas pour t'être trompé et oui. C'est juste ma physiologie qui est comme ça. J'ai trente-huit ans vois-tu.
— Trente-huit ?!
Il écarquilla des yeux, bouche bée devant un tel miracle et ce, pendant qu'elle commençait à sortir de la pièce. Elle ne les faisait vraiment pas ! Sa physiologie ? À vrai dire, c'est vrai qu'elle aussi ressemblait à une Damné sans en être une. Peut-être y avait-il une famille de nobles avec cet attribut ? Toutefois, il ne put lui demander qu'elle fût déjà dehors. Une douleur au ventre le rattrapa au même moment. Sans attendre plus longtemps, il vomit dans le lavabo son repas du midi avec douleur.
Par le nom de Stella, le stress m'a rattrapé… Tout ça à cause de cette foutu ombre…
Il arrivait à la sceller au fond de lui mais elle se renforçait de jour en jour étrangement. Il lui fallait à tout prix…
— Les lames du héros.
Quand il retourna dans la salle principale, il put à voir à sa grande surprise que toutes les Valkyries avaient déjà décampées. Il ne restait plus qu'Adamantine, la tête dans ses bras sur la table, ainsi que la propriétaire de l'établissement qui nettoyait derrière tout le monde. Il arriva doucement derrière Adamantine et lui dit en frottant son dos avec douceur :
— C'était fatigant, n'est-ce pas ? Elles sont déjà toutes partis ?
— M'en parle pas… marmonna Ada dans ses bras. Ces femmes sont si exceptionnelles ! Rien que leur tenir tête, tenir une bonne impression et une attitude digne en face d'elles m'ont pompé toute mon énergie.
Elle releva sa tête et son buste pour lui faire face.
— Et tu dis « déjà » mais ça fait une bonne heure que tu es là-bas… Ça a été ? C'est pour toi que cela a dut être le plus difficile…
— Je…
Non, je ne dois pas mentionner l'ombre.
— Je crois que le stress m'a rattrapé, j'en ai même vomi… Je me suis senti comme une brebis jetée au milieu d'une meute de loup des enfers.
— Je m'excuse pour ça, ajouta Adamantine en lui attrapant la main. Et dire que c'est moi qui ai choisi notre lieu de rendez-vous …
Il lui sourit alors en s'asseyant à côté d'elle. Il pouvait ressentir la douceur de la peau d'Adamantine dans le creux de sa main.
— Ce n'est rien, c'est plus à moi de m'excuser de t'avoir laissé seule. Enfin, tu avais Talia... qui est où d'ailleurs ?
— Ah, elles l'ont prise avec elles et sont retourné au palais d'Elmoth. Elle s'est effondrée après avoir trop bu...
— Et bien, ça a dut vraiment être mouvementé de ce côté…
— Je ferme dans trente minutes ! cria la gérante pendant qu'elle nettoyait la salle.
Ils s'échangèrent un regard à la suite de cette information et décidèrent tous deux de retourner à l'auberge où ils séjournaient. Il faisait nuit noire et seuls des pierres lumineuses attachés en hauteur, sur le rebord des maison, éclairaient leur chemin. Tout était calme, si calme, même les membres de l'église qui patrouillaient le faisait dans un silence gracieux. La ville s'était endormie… Sur le chemin, Adamantine demanda à Mylon :
— Au fait, Lessia ne t'as pas trop fait peur ?
— Lessia ?
— Ah oui c'est vrai que personne ne la mentionne par son prénom en sa présence, je parle de la capitaine des Valkyries : Lessia Dragnir. C'est une femme très tournée vers son devoir de chevaleresse et son allégeance envers la royauté. Elle peut se montrer cruelle comme lorsqu'elle n'a pas bougé d'un pouce devant le traitement des dragonoïde, tout comme elle peut se montrer attentionnée envers ses subordonnées… Elle ne t'a pas maltraité ?
— Lessia… Non, ça a été. J'ai bien cru qu'elle m'avait démasqué mais apparemment non. J'ai, sans faire exprès, relâché mon mana.
— Ah bon ? Je n'ai rien ressentit pour ma part… Bon, je n'arrive pas à aussi bien le distinguer que toi mais quand même ! Lessia est vraiment la plus forte… Elle est restée toutefois un bon moment avec toi, vous avez parlés ?
— Ah, euuuuh …
Dois-je lui avouer ? Oui, je dois en avoir le cœur net.
— En effet, elle m'a dit une chose… Dit, est-ce que je te retiens dans ton rêve ? Est-ce que je t'empêche de t'accomplir ?
Adamantine ne répondit pas tout de suite. Elle se mit à réfléchir en regardant le ciel et trouva enfin sa réponse :
— Je-je dirais que oui… Si ce n'était pas pour toi ou pour nous, je serais déjà retourné à mon domaine pour subir ma sentence et continuer mon travail mais… Je ne sais plus, je veux protéger le bonheur des gens, c'est vrai. Quand je vois ces femmes qui se battent au service de la Reine, qui aident les habitants quand on les laisse faire, je n'éprouve qu'admiration. Au début de mon service chez les chevaliers, je voulais vraiment les rejoindre et ait fait le serment de protéger quiconque dans le besoin. Toutefois, en ayant été témoin de la cruauté de la Reine, en ayant vu ces femmes si humaines capables de prendre parti à de telles horreurs. Après t'avoir connu, toi et ton histoire, ta douleur, après avoir connu le bonheur du voyage sans prise de tête, je ne sais plus…
— Je-je vois, bégaya Mylon. Je fais quand même partis des problèmes…
— Il ne faut surtout pas t'en vouloir ! réfuta Adamantine. Je dois trouver la réponse moi-même… Je- Comme tu l'as dit, je suivrais mon cœur le moment venus. Tu étais plutôt cool comme dirait Marlène sur le moment tu sais ? À faire face à la plus forte des femmes, pour moi… « Je ferais tous pour ne rien regretter et ce, même si cela m'attire des ennuis. Je suivrais ainsi mon cœur quand bien même je m'en brûlerais les ailes. »
Il rougit quand Ada l'imita et ne sut quoi répondre. Son tic de stress revint et il se mit à se gratter l'arrière du crâne. Elle en rigola légèrement et demanda :
— Bon, ce n'est pas tout mais on a six jours avant le bal. Je ne peux pas vraiment demander au père de Talia un rendez-vous comparé au Duc de ForteMarbre. Du coup que fait-on en attendant ? Tu as des choses en têtes?
Mylon se tint le menton puis lui répondit :
— Déjà repos demain ! Mais pour ne pas rien faire et perdre du temps, j'aimerais aller visiter l'église de Lumis. Juste par curiosité vu que j'ai été recueilli dans un de leur couvent plus jeune…
— Oh ! Je vais peut-être venir avec toi. Je suis aussi intéressé par leur différence avec Mitra.
— Si tu veux. Cela peut être notre vrai rendez-vous bien que cela n'ait rien de romantique…
— Ca c'est à nous de le décider ! Pour ma part… Je vais peut-être essayer de prendre des cours de danse extrêmes…
Il resta silencieux un moment.
— Des… cours de danse ? Pour ?
— Hum… rougit-elle. Le bal. Je- Souvent les nobles y exercent une danse mais je ne sais pas vraiment… danser.
— Pas besoin de t'en tracasser ! Moi non plus je n'ai jamais appris à danser tu sais.
— Mais, le pire c'est que j'ai appris ! C'est que je n'y arrive pas. Tu ne peux pas dire que ce n'est rien. L'étiquette est importante tout comme l'image pour nous. En plus mon frère y sera… Je l'entends déjà se moquer de moi.
— J'aurais envie de lui en coller une à cet énergumène n'empêche. Tenter d'assassiner sa sœur pour de telles trivialités, il doit être vraiment pourri. Bon, il faut que je me retienne quand même. Je n'ai pas envie de te causer plus de soucie…
— C'est très gentil de ta part, en effet ! Grosse tête brûlé va. Je sais bien que tu as du mal à contrôler tes émotions parfois et que cela a peut-être un rapport avec cette maladie mais il faudra vraiment te retenir. Je pourrais vraiment perdre tout ce pourquoi je me suis battue jusqu'ici si tu le fais : perdre ma liberté voire ma vie…
— C'est une promesse, Ô ma douce demoiselle. Je ferais mon possible pour rester calme.
Elle rougit alors quand il se mit à la taquiner en retour. Toutefois, Mylon continua sur une touche plus sérieuse :
— Et en parlant de ça, je compte aussi m'entraîner pour le tournoi. Si tout se passe bien et que le père de Talia accepte de me laisser y participer, je vais devoir affronter de sacrés adversaire et ce …
— Sans magie ? C'est le seul moyen de cacher ton identité. C'est même crucial car je ne pense pas que l'église serait très entrain à léguer les lames du héros à un hybride. Sans vouloir t'offenser…
Il regarda un moment autour d'eux… Ouf c'était bon, il n'y avait personne. Adamantine l'avait peut-être remarqué mais pas lui. Il répondit tout souriant :
— Non ce n'est rien, je ne les connais que trop bien…
— Bon en tout cas, tu voudras que je t'aide pour l'entraînement ? Connaître un peu plus sur l'art de l'épée pourrait t'être très utile vu que tu ne vas pas utiliser la magie.
— Je ne refuse pas l'offre alors ! s'exclama Mylon. On va pouvoir passer du temps ensemble au moins, avant de se séparer.
— Oui…
Ils rentrèrent ainsi plus tard à l'auberge où ils passèrent une nuit dans le même lit, sans gêne. Il n'y en avait plus à ce moment-là mais ils n'y firent rien. Non, ils s'étaient mis d'accords pour ne rien faire. Ils trouvaient ça trop tôt et surtout, la situation d'Adamantine ne le permettait pas. Rattacher à son devoir de noble et aux traditions, elle ne pouvait que le faire une fois le mariage ou bien une fois qu'elle ait fuit sa « maison » pour de bon. Un choix qui lui pesait beaucoup et auquel elle devra faire face tôt ou tard…