"Flap-flap-flap..."
Est le principal bruit que je peux entendre ici, celui de moineaux virevoltant en masse un peu partout, ne se posant que pour grignoter des bouts de cadavres à moitiés décomposé trainant encore ou pour se poser sur un des rares perchoirs encore debout, afin d'admirer le triste tableau qui se dessine sous leurs yeux froids et indifférents.
Le seul autre, si l'on oublie ces horribles mouches ayant infesté la zone, étant celui de quelques feux encore mal éteints, restes de maisons et des corps brulant encore doucement, signes de la récence des évènements.
Signes du temps très peu éloigné où cet horrible endroit était encore un petit village paisible, vivant du travail de la terre et des rares voyageurs le traversant. Du temps où les cadavres dispersés un peu partout étaient encore vivants, d'honnêtes travailleurs ne lésinant pas dans ce qu'ils faisaient, formant un magnifique ensemble. Du temps où les tas de bois, de pierre et de cendres écroulé deca et là étaient encore des belles bâtisses. Du temps où les petits enfants jouaient encore joyeusement dans les rues, innocents et ignorants de la cruauté du ce monde, au lieu de trainer par-ci par-là, dans un état que je ne préfère pas aborder..
Et du temps où cet endroit était encore probablement respirable.
"Trois-quatre jours à vue d'œil." Je constate tout en chassant d'un geste de la main un tas de mouches me tournant autour, le visage légèrement contracté par dégout de ce que je peux sentir, même à une trentaine de mètres en dehors de l'endroit.
"Ou plutôt, à vue de nez." je rajoute, me questionnant quelques minutes sur la pertinence de cette blague, avant de juste passer à autre chose et de me diriger vers la place centrale. Résistant tant bien que mal à l'envie de me boucher le nez, mais sachant bien qu'il y a un moment où je devrais m'y habituer, alors autant que ce soit aujourd'hui.
"Quel dommage..." Je murmure, regardant autour de moi et ne voyant, si ce n'est la nuée de parasites venus se repaitre du festin, qu'une seule et unique chose dans cet endroit, la mort.
La mort, la désolation, la destruction, la mort de ce lieu, de ses habitants, de sa beauté, de sa joie, de son futur et ainsi que de son passé, la mort de ce qu'il a été et de ce qu'il aurait pu être, la mort de tout ce que l'on pouvait y trouver.
Sa mort complète, sans miraculé sans exception, sans compromis, sa mort totale et irréversible de ce lieu. La mort de tout ce qui l'était et de tout ce qui en faisait partie. Ainsi que de tout ce que cela pouvait représenter.
Je sais très bien que normalement, cela ne devrait pas me choquer. Cela ne le fait pas, en tout cas plus trop, j'en suis habitué. C'était soit ça, soit mourir et finir sommairement dans le charnier avec les autres, les incapables, les malchanceux et les émotionnels.
Non choqué n'est pas trop ce que je ressens, en tout cas plus maintenant.
Déçu.
Oui, déçu serait plus exact.
Je devrais ne plus rien en avoir à faire. Mais pourtant, je la ressens au fond de moi, diminuée et plus ou moins cachée, mais toujours là, cette déception, ce sentiment de défaite.
Tout cela aurait pu être tellement plus.
Mais au final, ce sera juste ça, un tas de chairs et de structures mourant à petit feu, disparaissant petit à petit pour ne finalement plus rien être, si ce n'est de simples nutriments pour tout ce qui nous entoure.
Un tel condensé de choses, belles et terribles, ne finissant qu'en nutriments.
Dommage, tellement dommage.
"Mmmm ?" Je fais en sentant une petite forme de chakra entrer dans ma zone, la captant facilement grâce à mes talents naturels, et ce malgré le fait que je sois assez déconcentré sur le moment.
J'ai à peine le temps de sortir de mes pensées et d'enregistrer cela que je dois me baisser à toute vitesse, esquivant un petit projectile qui s'en va ricocher sur un tas de décombrer non loin pour revenir s'écraser faiblement à mes pieds.
Je prends alors mon temps, sachant au vu du taux de chakra que j'ai perçu la non-agressivité de mon ennemi, de jeter un coup d'œil à l'endroit en question pour être légèrement étonné sur l'objet qui m'a été envoyé, me rendant compte que c'était simplement un petit caillou, m'attendant au début à quelque chose d'un peu plus... mortel.
Je me tourne alors la tête pour tomber nez et nez avec un jeune homme aux cheveux roux, légèrement bronzé, dans la vingtaine à l'air furieux, maigre et dégingandé, que je ne pourrais décrire que comme un samouraï du dimanche au vu de son look. L'épée déjà bien dégainée, prête à être employée. Et l'air bien décidé à le faire.
"Eh ! toi !"
"Pitié Kami." Je souffle d'ennui tout en levant les yeux au ciel, pas prêt, et surtout pas décidé, à recevoir plus de problème que je n'en ai déjà. Me mettant face à ce nouvel et non-désiré arrivant.
\Pov Kenshin/
"Il est là, c'est donc lui."
Voici ce que pensait Kenshin en voyant la figure du monstre responsable de ce massacre, qu'il pourrait presque considérer comme inoffensif au vu de son apparence, s'il ne savait pas toutes les horreurs qu'il a impitoyablement commises.
Il va pouvoir venger tous ces pauvres gens, faire pleuvoir la justice et prouver sa valeur auprès de Lord Onorato.
"Je t'ai enfin trouvé !" Il crie à l'horrible personne tout en pointant son sabre vers elle, celle-ci ne donnant qu'un léger souffle comme réponse.
Du dédain, quoi d'étonnant venant de quelqu'un comme lui.
"Je vais te faire payer tes crimes !" Il continue tout en se rapprochant légèrement de son adversaire, se préparant à le pourfendre.
"Prépare-toi à..." Il ne peut même pas finir sa phrase que son ennemi disparait. Se dispersant en un tas de feuille.
"Quoi ?" Choqué , il se remet néanmoins sur ses gardes. Mais pas assez pour anticiper et stopper les mouvements de son adversaire, celui-ci réapparaissant juste à sa droite pour lui asséner un coup bien placé dans la gorge, suivant cela par un étranglement par derrière en bonne et due forme. Mettant Kenshin KO en quelques secondes.
\POV Kyoshi/
\Ellipse/
"Tiens donc..." Je murmure pour moi-même en m'accroupissant devant un petit objet que je viens de trouver, à moitié enfoncé dans la terre, trahi par le soleil se reflétant sur sa surface métallique.
J'extirpe l'objet d'un léger coup avant de l'examiner de plus près, reconnaissant sans problème cette arme devenue quotidienne pour quelqu'un comme moi.
"Intéressant" Je pense en rangeant la petite chose dans une de mes poches, préférant m'y attarder plus tard.
"Mffff"
"Ah... enfin." Je dis pour simple bonjour tout en me retournant pour me trouver nez à nez le trouffion que j'ai mis à terre un peu plus tôt. Celui-ci semblant vivre un réveil bigrement difficile.
Il aurait pu le faire plus tôt, cela m'aurai évité de me le trimballer sur deux-cents mètres.
D'ailleurs il est sacrément lourd, je me demande où il stocke tout ça.
"Ravi de voir que tu te décides à retourner dans le monde réel." Je dis sarcastiquement tout en le voyant gesticuler de manière assez bébête, regardant à gauche à droite d'un air effaré comme n'importe qui qui vient d'être tiré d'un sommeil profond.
"Où suis-je ?" Il me demande, quelques secondes après m'avoir enfin vu, ne me quittant pas des yeux. Mais au moins un peu plus calme qu'il n'y a une dizaine de minutes.
"Sur terre." Je réponds simplement tout en me portant à sa hauteur.
"À quelques deux cents mètres de l'endroit où je t'ai envoyé faire dodo plus précisément." Je précise avant qu'il ne demande, étrangement content de dire ça je l'avoue.
"Au moins tu es calme maintenant..." Je continue en voyant le personnage bien plus supportable que précédemment.
"Il faut croire que la technique du "Taper d'abord, parler après" est beaucoup plus efficace est recommandable qu'on ne le pense."
"Tu m'as assommé !" Le type crie d'un coup tout en se relevant, me regardant d'un air presque aussi énervé qu'il n'y a une dizaine de minutes, comme s'il avait eu besoin que je n'en parle pour qu'il s'en souvienne, le coté prêt à en découdre en moins cela dit.
De toute manière, quoiqu'il veuille faire, je suis sûr qu'il est bien conscient que son épée n'est plus en sa possession.
"Et toi tu m'as lâchement attaqué alors que je ne t'avais rien fait." Je me défends, prenant une voix faussement outrée pour me moquer de lui. Posant ma main à la hauteur de mon cœur, imitant la gestuelle d'une personne scandalisée.
"À moins que lancer des pierres à la tête des gens ne soit une forme de salutation chez toi." Je rajoute d'un air légèrement moqueur, prenant un étrange plaisir dans cette discussion.
Ça doit être l'âge, on devient plus aigri et on commence à prendre un malin plaisir à se gausser de tout le monde. J'adore ça.
Le jeune est alors sur le point de répliquer je ne sais quoi, avant qu'il ne choisisse de simplement se taire. Ayant au moins appris que se taire est bien plus préférable à dire des idioties.
Bon point pour lui.
"Désolé." Il finit par dire, semblant honnête pour le coup.
"Je pensais que tu faisais partie de ceux qui ont attaqué ce village." Il avoue tout en se baissant devant moi.
"Mais étant donné que je suis, grâce à ta miséricorde, toujours en vie, c'est sûr que non. Toutes mes excuses."
"Oh ne t'inquiète pas." Je fais en secouant la main comme pour chasser les mouches, assez peu ennuyé par l'acte en soi.
"Ça arrive à tout le monde de faire des erreurs."
"Évite juste de recommencer sinon je te tue." Je le conseille avant de me retourner et de revenir à mon pistage, n'attendant pas vraiment de réponse de sa part.
"Es-tu un genre de mercenaire ?" Je demande quelques secondes plus tard avant de rectifier, au vu de ce que j'ai pu voir à propos de lui rien qu'avec son apparence et sa position à l'épée, trop faible et trop jeune pour un mercenaire agissant seul. Mais tout de même un certain entrainement et une tenue de guerrier qui ne trompent pas.
"Non, une sorte de soldat obéissant à je ne sais quel petit noble local; n'est-ce pas ?" Je change ma phrase qui est plus une affirmation qu'une réelle question.
"Exact." Le petit guerrier répond tout en se me rejoignant.
"Au service de Hayazawa-sama, qui dirige au nom du daimyo la vallée de Nyo, quelques terres un peu plus au sud, et ce depuis mes dix ans. Un de nos villages fait partie de ceux ayant été détruits ces derniers jours, il m'a donc envoyé pour trouver les coupables et rendre justice en son nom." il m'explique le topo en quelques secondes.
"Oh." Je fais en jetant un coup d'œil vers lui.
"Je pourrais dire "bien joué", mais ce serait faux et assez inapproprié." Je lui dit avant de revenir sur ce quoi j'étais avant, de sympathiques traces de pas menant vers le nord.
"Et... ?" Le jeune homme finit par faire d'un ton hésitant après une bonne minute de silence.
"Kyoshi, ninja de Taki." Je me présente sans pour autant le regarder, toujours concentré sur ces traces encore heureusement assez fraiches.
"Envoyé pour les mêmes raisons que toi, la simple différence étant l'employeur en question."
"Oh." Le jeune fait, semblant se souvenir de quelque chose à mes paroles. Avant de continuer
"Je m'appelle Kenshin au fait. Ravis de te rencontrer Kyoshi."
"Tous le plaisir est pour moi." Je réponds nonchalamment, traçant les indices à quelques jours à peine, quatre tout au plus.
Attaque plutôt récente donc. Si je vais suffisamment rapidement, que je raccourcisse au possible sommeil, manger et laver, et comptant le fait que ceux qui ont fait tout cela prendrons probablement un peu de repos et fêteront leurs prises, je devrais pouvoir les rattraper et mettre fin à cette mission dans les cinq-six jours, surement moins au vu de la basse qualité des assaillants.
"Eh bien." Kenshin interrompt alors mes pensées, d'un ton qui semble soulagé tout en se postant devant moi, probablement heureux de pouvoir compter sur quelqu'un d'autre pour faire cette mission, voire en manque d'affection, je ne sais pas.
"Vu qu'on dirais qu'on a le même but à accomplir, pourquoi ne pas faire équipe ? qu'en dis-tu Kyoshi" Il propose, levant sa main en geste d'invitation.
Mmmm, me taper ça en plus ?
Bon d'accord.
De toute manière, j'ai pas vraiment l'impression d'avoir trop le choix. Quoique je choisisse, il sera derrière, alors autant s'ajuster à deux, ça coute rien. Et au pire le voyage sera plus marrant qu'à l'accoutumée, simple soupçon.
"Très bien." J'accepte tout en serrant la main tendue, interrompant ensuite la sympathique poignée de main pour me diriger vers ce que je pense être le chemin. Ce qui est le chemin en fait. Invitant d'un geste de la main mon nouvel ami à me suivre.
"Les traces mènent dans cette direction." J'explique tout en voyant son air dubitatif, celui-ci m'ayant tout de même suivi sans poser de question.
"On devrait les rencontrer assez rapidement ces prochains jours."
"Très bien !" Kenshin répond d'un ton plus que déterminé. Semblant prêt à en découdre.
Si seulement sa détermination égalait sa capacité de combat.
J'espère qu'on finira ça rapidement, que je puisse rentrer fissa et me trouver un lit.