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Chapitre 3

Le long chemin vers chez moi fut ponctué par les divagations incohérentes de Kazuki, ses paroles se perdant dans le vent de la nuit. Je restai silencieux, absorbant chaque mot comme un écho lointain d'une conscience défaillante, mais sans oser répondre.

Arrivés chez moi, je pris une profonde inspiration avant d'aider Kazuki à s'installer dans mon lit, ses vêtements tachés de sang formant un contraste saisissant avec les draps propres et immaculés. La pièce était baignée dans une lueur tamisée, les ombres dansant doucement sur les murs alors que je m'activais autour de Kazuki.

Et d'un coup je compris ce qui m'attendais, n'ayant pas anticipé cette partie de l'histoire.. Si je voulais le soigner il fallait que je le déshabille et cette idée me fit totalement paniquer !

Mes mains tremblaient alors que je déboutonnais maladroitement sa chemise, dévoilant ses tatouages et les marques de la violence qui lui avait été infligée. Des coupures profondes marquaient sa peau, et mon cœur se serra douloureusement à la vue de ses blessures. Alors que je nettoyais son corps avec de l'eau froide, je remarquai que d'autre blessure se trouvaient sur ses jambes, claquant doucement mes joues pour me redonner de la force, je repris son déshabillage . Une légère poussée de rire m'échappa involontairement en remarquant le boxer vert très pâle orné de dragon que portait Kazuki. La scène semblait presque surréaliste, un contraste absurde entre la violence de ses blessures et la frivolité de ses sous-vêtements.

-          Qu'est-ce qu'il y a… ?

Sa voix était faible mais il semblait retrouver une certaine lucidité.

-          Je.. euh… rien..

Je ne me voyais pas lui expliqué que je me moquais involontairement de ses dessous, vraiment pas.. Mais par chance il repartit dans des divagations à propos d'une pair de chaussette qu'on lui aurait volé et d'un paquet de gâteau lui aussi disparut.

Je m'activai ensuite à nettoyer les plaie avec soin, mes gestes maladroits trahissant mon manque d'expérience. Pourtant, malgré la douleur qu'il devait ressentir, il ne broncha pas, ses yeux fixés sur moi avec une intensité inattendue. Alors que je tentais de recoudre une des coupures, Kazuki se mit à gesticuler dans le lit, ses mouvements désordonnés faisant saigner les plaies de plus belle.

-          Cal…Calme toi ! Tu va te faire mal !

Essayant de retenir ses mains qui volais dans les airs, je me blessa à mon tour, et la douleur plus la fatigue me poussa dans mes retranchements et pour la première fois de ma vie, ma voix monta dans les tours et m'énervant comme un diable lui hurla dessus.

-          TU VA ARRETER TOUT DE SUITE DE BOUGER OU JE TE LIGOTE DANS CE FOUTU LIT ! Je NE veux PAS te FAIRE de MAL, je veux juste te SOIGNER !

Il me regarda un petit moment, laissant la beauté de ses yeux se perdre dans les miens, avant qu'une réponse ne se fasse entendre.

-          Oui maman.

Il me prit au dépourvu et je ne sut pas quoi répondre, sa mère était elle aussi terrifiante pour qu'il se calme comme ça ? Je ne voulais pas savoir …

Je poussai un soupir exaspéré, réalisant que nos tentatives de communication étaient vouées à l'échec dans l'état actuel des choses. La nuit s'écoula ainsi, entre moment de panique et de désaccord, jusqu'à ce que la première lueur de l'aube vienne dissiper les ténèbres, nous laissant tous deux épuisé. Il finit par s'endormir me laissant respirer un peu, je le regardais dormir paisiblement vérifiant toujours son état de santé, avant de finir par sombrer moi aussi dans les bras de Morphée.

Le soleil se leva doucement, inondant la chambre de nuance orangées. J'émergeai lentement de mon sommeil agité, mes yeux balayant la pièce dans un confusion encore teintée de douleur.

Un murmure de Kazuki attira mon attention, focalisant mon regard sur la photo encadrée posée sur la table de nuit.

-          Ton père… sacré morceau ! Ta les même yeux…

Sa voix était presque redevenue normal, mais je senti pas mal de sous-entendu dans sa phrase. Ces mots résonnèrent en moi comme un écho troublant. Mon père était l'homme que je respectai le plus au monde malgré ce qu'il était… il hantait encore mes pensées par sa seul image… Un monstre de muscle, au yeux améthyste, à la présence imposante et intimidante, une ressemblance qui s'arrêtait uniquement au yeux… Je restai silencieux, incapable de soutenir le regard de Kazuki. La peur me nouait l'estomac et la gorge.

Après un échange silencieux, Kazuki se leva de mon lit, prêt à partir, son aura bien qu' affaiblie par les épreuves récentes, demeurait toujours aussi captivante, empreinte d'une énergie brutale et d'une détermination farouche.

Submergé par une peur irrationnelle, je ne tentai pas de le retenir. Je restai immobile, les yeux rivés au sol, alors qu'il quitta la pièce, emportant avec lui une foule de questions sans réponses et sans un merci… Une fois seul, je me mis à nettoyer fébrilement ma chambre, tentant de chasser les traces de sang . Mais je n'imaginais pas que mon geste altruiste allait changer le cour de ma journée et de ma vie ..