— Mais oui toutou ! s'exclama Morganna en jouant avec ses propres cheveux. J'ai tout entendu, mais bon, je savais déjà que c'était toi le coupable des actes d'hier soir. Depuis notre première rencontre, je peux repérer tes moindres faits et gestes.
Tous deux ébahis, Adamantine et Mylon se regardèrent quand elle affirma avoir tout entendu. Cela fit obligea la chevaleresse à questionner :
— Q-qui est-ce Mylon ? Pourquoi elle t'appelle toutou ? Et si elle sait tout-
— Mylon ? s'interrogea Morganna. Quel joli prénom pour un animal de compagnie, c'était donc le destin ?
— Une folle, s'exclama Mylon. Voilà ce qu'est cette détestable sorcière ! Je ne t'en ais pas parlé pour ne pas t'inquiéter plus que tu ne l'es, mais elle sait que je ne suis pas un Damné.
Il prit alors une position offensive, prêt à sauter sur la femme qui ne faisait que lui gâcher la vie depuis un moment. Adamantine interrogea :
— C-comment ?
— Donc la petite noble est au courant… Je vois, ma pauvre, je vais te le voler. Tu m'en vois désolé mais il est trop intéressant pour que je le laisse partir !
Adamantine, toujours en armure depuis hier soir, dégaina son épée et se mit elle aussi en position offensive. Elle clama alors :
— Pas si j'ai mon mot à dire !
C'est alors que Morganna se mit à rire aux éclats sous les regards stupéfaits de nos deux héros. Cela alerta aussi Mésandre et les filles qui se dépêchèrent de venir auprès d'eux.
— Ah mes pauvres, ria Morganna. Vous ne comprenez pas la situation dans laquelle vous êtes ! Un mot de ma part et l'église de Mitra saura tout. Oh et voyant votre attachement pour cet endroit, vous ne voudriez pas qu'il arrive quelque chose aux gens d'ici ?
Elle balança sa main dans les airs et fit apparaître au-dessus de la petite église une rune rouge. Ils purent tous deux sentir le mana qui s'en déversait et comprirent que si cette chose s'activait, elle dévasterait l'endroit et emporterait les enfants avec. Mylon en grinça des dents et eut un regard noir de rage envers Morganna, si bien que son mana s'échappait de son corps et réchauffait l'atmosphère ambiant. Sentant cela, Morganna attrapa sa robe d'une main et s'en lécha l'index de l'autre. Son visage rouge d'excitation, elle s'exprima :
— Ah oui ! Ce visage, cette ardeur, j'ai tellement hâte de jouer avec toi ! De te briser pour que je ne sois que la seule chose à laquelle tu penses. En plus, ton corps ne cassera pas facilement, pas comme ces autres déchets d'humain.
— Vous ! cria Mésandre de derrière nos deux héros, cachant derrière elle les filles. Vous êtes une suivante d'Anathor, membre des sorcières écarlates.
— Oh, s'étonna Morganna. Je n'avais pas entendu ce nom depuis au moins dix ans… J'imagine qu'on peut dire ça ? Mais n'ayez crainte vielle dame, ce culte n'est plus. Je l'ai détruit de mes propres mains…
— Sortez d'ici, partez ! Vous n'êtes pas la bienvenue sur notre terre sacrée. Votre présence même est une insulte envers Stella !
C'est là que Morganna grimaça et, d'un geste de la main, envoya voler en arrière la nonne et les filles. Cela ne fit qu'augmenter la rage de Mylon et d'une telle ampleur, que l'herbe autour de lui commençait à cramer à cause de son mana.
— Quelle mégère, tu ne penses pas toutou ? Ce ne sont que des ignares, ces gens qui crois aux déités, au diable, à l'abysse… C'est pour cela que je me suis débarrassé de mes congénères il y a dix ans. Bon, ce n'est pas tout mais, tu me suis alors ? J'ai hâte de te marquer de la Mélusine !
C'est donc avec frustration que Mylon fit un pas, puis deux. Adamantine lui demanda avec surprise :
— Qu-que fais-tu Mylon ? Tu ne vas quand même pas-
— Désolé. Ne t'en fais pas pour moi, je vais trouver un moyen de m'en sortir. Je ne peux la laisser menacer tout le monde. C'est ma faute, ma responsabilité…
Il arriva alors aux côtés de Morganna qui posa une main sur son épaule et dit :
— Tu vois que tu peux être sage quand tu veux mon grand !
Elle commença alors à marcher vers la sortie aux côtés d'un Mylon au regard noir, d'un Mylon qui réfléchissait à comment régler la situation.
Elle ne doit pas avoir la Mélusine sur elle, pas après le bazars créé la dernière fois ce qui me laisse une fenêtre de tir. Toutefois, elle ne risque sûrement pas de retirer son sort car elle veut me garder en laisse comme un animal… Quelle femme tordue ! Une attaque éclair, c'est ce dont j'ai besoin mais : où, quand et comment ? Contre elle, je suis obligé d'utiliser la magie, mais si je veux garder mon secret…
— Hmm, quel collier te mettre ? se demanda-t-elle alors qu'ils partaient. Je te vois bien avec un collier noir. Oh oui ! Une fois esclave, je vais t'humilier en retirant ce gant et ce cache-œil. J'ai tellement hâte-
Cependant, ils furent coupé dans leur chemin par une rangé de piques de glace et un crie d'Adamantine :
— Halte !
D'une vitesse fulgurante, elle les avait rattrapés et leur barrait la route. Portant un regard froid vers la sorcière, elle clama :
— Je ne compte pas te laisser l'emmener. Tu crois vraiment pouvoir venir comme ça, nous menacer et l'enlever sans problème ? Je ne le permettrais pas, pas sans me battre, non…
— Oh ? La petite chatte est rebelle ? Tu veux vraiment que je m'en prenne à ces mioches ?
Levant une main au ciel, elle fit s'effondrer un éclair de la rune géante se trouvant au-dessus du couvent. Il frappa ainsi le sol mais ce fut assez pour une menace. De plus, le mana s'accumulant au niveau de la rune provoqua un changement de temps et des nuages commencèrent à se former, recouvrant ainsi la ville.
— Les enfants ! s'écria Mésandre.
Elle voulut s'empresser de faire évacuer le couvant mais ce fut trop tard, un dôme d'énergie rouge la repoussa. Plus personne ne pouvait rentrer ou sortir de l'endroit. Le dôme coinçait les enfants et les autres Soeurs qui regardèrent tous par les fenêtres ce qu'il se passait. Cette vue pathétique fit rire la sorcière qui donna un regard moqueur à Mésandre. Toutefois, même après un tel spectacle, la chevaleresse n'en bougea pas d'un millimètre. Avec la même assurance que tout à l'heure, elle pouffa à Morganna :
— C'est tout ? Tu es obligé de recourir à une prise d'otage pour t'en sortir ?! Pathétique, c'est donc ça la dernière membre du culte d'Anathor ? Tu crains d'affronter une simple chevaleresse ?
— Que raconte tu, garce d'incapable ? grogna de fureur Morganna. Moi, craindre de t'affronter ? Oh que non, je t'écraserais en l'espace que quelques secondes !
— Eh bien alors, que dirais tu d'un duel ? Un duel sur le pacte du sang des sorcières écarlates…
Morganna sourcilla quand Adamantine mentionna ce pacte. C'est qu'elle en savait plus qu'elle ne s'attendait. Toutefois, elle en sourit encore plus malicieusement puis se rapprocha d'elle en la fixant des yeux.
— Bien ! clama Morganna. J'accepte. Je vais te faire fermer ton grand clapet de noble. Tu commences les termes ou je commence ?
— Si je gagne, tu seras obligé de nous laisser tranquille, de laisser le couvent et de ne jamais révéler la vérité sur Mylon. Si je perds…
— Je ferais de toi aussi mon animal de compagnie ! intervint Morganna. Je ne fais pas dans les femmes normalement mais avoir une noble à sa botte… Et ton joli minois ! Tu es pleine de confiance, froide et gracieuse. J'ai envie de voir l'expression que tu feras quand je casserais l'esprit ton petit ami sous tes yeux !
Mylon voulut intervenir mais Ada lui fit un signe négatif de la tête. C'est ainsi qu'elle retira son gant et se mordit le bout du pouce comme Morganna. Les deux femmes firent toute deux couler une goutte de sang au sol. Du mélange des deux se dégagea une lueur rouge, le pacte fut donc scellé ainsi que le destin du vainqueur.
Marlène, Annie et Roxanne observait la scène de loin. Tout cela les dépassait et maintenant que Mésandre c'était éloigné d'elles, ce fut au tour d'Annie et de Roxanne de se cacher derrière Marlène. Étrangement, la jeune fille aux cheveux rouges n'était poins apeurée. Ayant vécut moultes aventures avec eux, elle avait confiance en la capacité d'Ada à gérer la situation.
— Qu-que… faire ? questionna Roxanne.
— On s'enfuit ? appuya Annie. Je sens que ça va tourner au roussie… On est certainement en danger rien que de se tenir là !
— Allez vous réfugier quelque part si vous le souhaitez, mais moi je reste là ! leur intima Marlène. Je veux voir jusqu'où ils vont aller… Je veux voir si l'amour que grande-sœur porte envers Mylon peut vraiment triompher !
— L'a-amour ?
Toutefois, elle n'eut pas le temps de répondre que le tonnerre gronda comme pour annoncer un présage. Les deux femmes s'étaient chacune éloignés l'une de l'autre. Se trouvant dans un terrain à l'entre-deux de la ville et l'église, celui-ci était vide et moyennement ample. Maintenant que le pacte était scellé, Mylon ne pouvait plus intervenir, le duel se devait d'avoir lieu. Bien qu'il avait confiance en Adamantine, en sa force, il s'efforçait d'imaginer plusieurs scénarios dans le cas où elle perdrait :
Si-si cela arrive que faire ? Je ne peux la laisser finir comme moi, surtout après ce pacte de sang… Il me faudrait alors tuer cette femme, mais comment ? Les enfants et les Soeurs regardent et cela ne va pas tarder avant que des Membres de Mitra, bien qu'occupés, se ramènent… Cette rune ne doit pas passer inaperçu... Mais maintenant que l'évêque est réputé mort, qui pourrait l'arrêter ? Un gladiateur ? Bordel, vais-je vraiment devoir révéler ma nature ? S'il le faut pour sauver Ada, alors…
Cependant, le grondement le ramena aussi à la situation. Adamantine se tenait en position offensive, à une bonne trentaine de mètres de Morganna. La pierre sur son armure brillait d'une lueur améthyste tandis que celles sur les bijoux de Morganna brillaient d'une lueur rouge.
C'est vrai, elle m'en avait déjà parlé. Ce sont les catalyseurs, des pierres qui aident à manifester plus rapidement les sorts tout en leur donnant une meilleure efficacité !
La tension montait de plus en plus, chacune maintenait leur position et se chargeait en mana.
C'est donc ça, chacune prévoit de se débarrasser de l'autre en une attaque éclair ?!
Mylon, qui ne put entendre leur discussion, ne savait donc pas sur ce qu'elles s'étaient décidé comme signe de départ. Toutefois, il ne le comprit que trop quand, sans crier gare, un éclair s'abattit entre les deux femmes !
Au loin, au niveau de la ville, se trouvait une femme accompagnée de deux hommes aux allures de gladiateurs. Ayant remarqué l'anormalité du temps ainsi que la rune au loin, elle se plaignit :
— Ce n'est pas possible, cette femme n'en fait qu'à sa tête ! Après l'incident d'hier, elle… Ah d'accord ! Cette mangeuse d'homme en profite alors.
Elle se retourna vers les deux hommes, une tablette à la main et leur intima en tapant dessus :
— Bien messieurs, de toute façon nous nous rendions déjà là-bas mais une autre tâche nous incombe. J'ai déjà une petite idée de comment régler ça mais suivez-moi, vous aurez vraiment à vous battre dans le pire des cas.
— Bien Madame la secrétaire ! dirent les deux à l'unisson.
Ils se mirent ainsi en route. Toutefois, l'un d'entre eux sourcilla lorsqu'il vit l'objet accroché au dos de la femme. Elle portait une sorte de longue mallette d'un matériau qu'il n'avait jamais vu.
Boh ! pensa-t-il. Je ne suis pas payé pour poser des questions de toute façon…