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Tendresse Mort-Vivante

Aussi longtemps qu'il s'en souvienne, il a toujours été dénué d'émotions. Mais que se passe-t-il, quand un "zombie émotionnel" comme lui, rencontre une véritable zombie? Et elle a la joie de vivre?! C'est parfait, elle est détective privée et a justement besoin d'un assistant pour mener l'enquête! Iwao, lui, espère que passer du temps avec elle lui permettra enfin de ressentir des émotions, et de les exprimer correctement. Mais elle oublie parfois que son nouvel assistant peut mourir, lui. Et lui, ne se rends pas compte qu'il tombe, sans le savoir, peu à peu amoureux d'elle. Toutefois, l'amour est bien loin de ses préoccupations à elle. Car elle est à la recherche d'un meurtrier lié à son passé. __________________ EXTRAITS « Quoi ? Tu t'attendais à ce que je déduise tout ça sur le moment, dès ton entrée ici ? Faut arrêter de regarder la télé mon gars... » Ajouta-t-elle en souriant. À présent, elle semblait presque se vanter et se moquer de moi en même temps. « C'est de l'atteinte à la vie privée, » répondis-je à mon tour, sans pour autant être effrayé. --- « Dans ce cas, tombez amoureuse de moi, » proposais-je. Elle sursauta face à l'énormité de ce que je venais de dire. « Non, attends ! » S'exclama-t-elle en brandissant à nouveau ses mains vers moi. « C'est pas comme ça que ça marche ! » __________________ Couverture par Anzai (Fiverr: fiverr.com/anzailee) Lettrage du titre par Gedomaru/Noya (Instagram: @donya.dhl ) Création des personnages: AreeSensei BETA: Nayrroda __________________

AreeSensei · Urban
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39 Chs

La détective et moi - Renvoi d'ascenseur.

« Qu'est-ce que c'est ? » Me demanda-t-elle au bout de quelques minutes ; tout en regardant la clé USB posée devant elle.

« La vidéo de la caméra embarquée de ma voiture, » répondis-je directement.

« Et qu'est-ce qu'on peut y voir ? » Demanda-t-elle à nouveau, avec méfiance.

Je remuais un peu sur le canapé, essayant de me décaler un peu vers la gauche pour m'éloigner d'elle sans pour autant me lever.

« Le jour où je vous suis rentré dedans, il n'y avait plus rien sur la carte SD de la caméra, » expliquais-je. « Mais ma caméra est connectée, ce qui fait que j'avais une copie du fichier en ligne. »

Je l'entendis claquer sa langue, probablement ennuyée par ce que je venais de lui apprendre.

Il était clair qu'elle avait tenté d'effacer la vidéo en question, mais n'avait pas prévu que l'équipement faisait une sauvegarde dématérialisée.

« Et donc ? Tu comptes me faire du chantage ? » Dit-elle avec un ton que je ne sus pas reconnaître.

Je ne savais pas du tout si elle pouvait être en colère, amusée, ou s'il s'agissait que d'une petite inconvenance à ses yeux. Peut-être que voir son visage m'aurait aidé à en savoir plus, mais étrangement, j'évitais aussi de la regarder. Probablement car je craignais ce que je pouvais voir et comprendre de son attitude.

Et toujours en regardant la clé USB que j'avais déposée sur la table, je répondis à sa question.

« Vous savez déjà que je ne suis pas du genre à beaucoup parler, et que passer du temps avec vous me suffirais sûrement. Mais j'ai besoin de plus que ça... » Dis-je.

« Plus que quoi ? » Répéta-t-elle, sa voix pleine de confusion.

Cette fois, je décidais de me tourner vers elle pour lui faire face, et pivotant sur moi-même, eut la surprise de me retrouver presque nez-à-nez avec elle.

Elle s'était déjà tournée vers moi, et nos visages étaient si proches qu'une dizaine de centimètres seulement empêchaient nos corps d'entrer en contact. Je ne l'avais pas vue d'aussi près depuis l'accident sur cette route en pleine nuit, et ce moment dans la chambre d'auberge. À chacune de ces occasions, je n'avais pas non plus eu le temps de vraiment regarder son visage dans les détails.

Elle avait de grands yeux bleus, virant sur le gris selon la luminosité – une couleur assez inhabituelle et d'autant plus belle – bordés de cils plutôt petits, et surmontés de sourcils fins et longs froncés à moitié. Sa peau qui me semblait si pâle les fois précédentes, l'était encore plus vue de près, faisant ressortir des lèvres sur lesquelles avait été appliqué un baume rosé dégageant une odeur florale.

Mon regard remontait vers son front, lorsque mes yeux furent arrêtés par une couleur qui n'était pas à sa place : les joues de la jeune femme s'étaient légèrement teinté de rose.

Reculant légèrement pour voir son visage dans son ensemble, je pus enfin comprendre la raison de cette soudaine irruption de couleur sur sa peau livide : elle semblait être embarrassée par ma proximité immédiate, d'où ses sourcils relevés et son regard soudainement hésitant.

Juste après cette observation, elle tourna la tête pour éviter d'avoir à me regarder, le rouge teintant également ses lobes d'oreilles.

Je connaissais cette situation, et je craignais déjà de voir le même pattern se reproduire ; si je ne prenais pas les devants.

« Je ne vous ferais rien, alors ne me frappez pas, » dis-je en reculant un peu plus vers mon côté du canapé.

Je savais qu'elle était mal à l'aise, et qu'elle avait tendance à donner un coup de poing – ou de tête – quand elle était trop poussée dans ses retranchements. J'espérais donc ne pas tomber une troisième fois dans les pommes ; surtout que mon œil au beurre noir était enfin guéri depuis la dernière fois.

Pensant qu'elle allait garder le silence gêné dans lequel elle s'était enfermée, je commençais à me lever pour m'éloigner, lorsque je sentis une main tirer sur mon bras.

La détective m'avait rattrapé, pour que je ne parte pas, et me ramenait à présent lentement vers le bas, et la banquette sur laquelle je m'assis à nouveau.

« Tu n'as pas besoin de laisser les gens à distance quand tu sens que tu les met mal à l'aise, » dit-elle en fixant sa main entourant encore mon poignet.

Oh…

Elle avait donc compris cela aussi ?

« J'ai remarqué que tu avais tendance à mettre de la distance physique entre toi et les gens que tu penses mettre mal à l'aise, » expliqua-t-elle tout en me regardant cette fois dans les yeux. « Peut-être parce que c'est la solution la plus simple pour toi, qui ne sais pas comment te comporter avec les gens. Mais ça ne veut pas forcément dire que tu es obligé de faire ça à chaque fois... »

Elle avait raison sur le fait que rien ni personne ne me contraignais à agir comme cela.

Toutefois, c'était quelque chose que j'avais appris à faire depuis des années : donner de l'espace physique aux gens pour les rassurer, pour sembler moins menaçant ou étrange à leurs yeux.

À défaut de ne pas savoir quoi dire, je leur montrait par des actions que je ne leur voulait pas de mal, ou que j'avais pu observer leur inconfort.

En temps normal, les gens étaient un peu surpris par cette attitude que j'avais, et oubliaient rapidement comment j'avais agi. Aussi, cela me surpris de voir que la détective m'avait assez observé pour découvrir cet aspect de ma gestuelle.

« Vous m'avez observé avec attention, » finis-je par dire, pensif.

Retirant enfin sa main de mon poignet, elle me sourit doucement.

« Je t'avais bien dit que cette évaluation était à double sens, pas vrai ? »

Vrai. Je comprenais à présent qu'elle était sérieuse en me disant cela. Ce qui impliquait également qu'elle attendait sûrement ma propre évaluation ; à son sujet.

J'appréciais d'ailleurs la patience dont elle faisait preuve envers moi, depuis le début. Elle me laissait le temps de parler après avoir rassemblé mes pensées, si j'en avais besoin ; et faisait aussi attention à mon comportement pour y déceler le moindre doute, la moindre insécurité.

C'était assez étrange, d'être scruté de la sorte, et en ce moment même, elle attendait que je m'exprime.

« Je ne veux pas vous faire du chantage, même si l'idée aurait pu paraître intéressante, » dis-je. « Je veux juste comprendre ce que j'ai vu sur cette vidéo... »

Je désignais alors du regard la clé USB toujours posée sur la table.

Il était vrai que l'idée m'avait traversé l'esprit. J'aurais très bien pu à mon tour lui faire du chantage, et la forcer à me révéler des choses. Mais je sentais que procéder ainsi était injuste, quand on considérait qu'elle avait été la première à faire l'effort de se révéler à moi, même partiellement. Elle avait décidé de considérer sérieusement ma demande, et pour cela, avait pris sur elle et m'avait fait participer à une enquête.

J'étais curieux envers qui elle était, mais je voulais aussi la comprendre comme elle avait essayé de me comprendre.

Je voulais savoir comment j'avais pu voir sur ce fichier vidéo un corps sans tête se relever, et aller récupérer sa tête, comme si de rien n'était.

Pour me répondre, la détective se tourna sur le canapé, pour faire à nouveau face à l'écran de télévision éteint.

« Je te l'ai déjà dit, mais je ne peux pas mourir, » me rappela-t-elle.

Oui, elle l'avait déjà dit de nombreuses fois ; et j'acquiesçais d'un hochement de tête.

« Si je ne peux pas mourir, c'est tout simplement parce que je suis déjà morte, » dit-elle en clignant lentement des yeux.

J'avais l'impression qu'un film invisible aux yeux du commun des mortels était diffusé sur l'écran plat. Peut-être était-ce le film de ses souvenirs, de sa vie. Quelque chose qu'elle seule pouvait savoir et se rappeler.

« Je ne me rappelle pas de tout, mais s'il y a une chose que je sais absolue, c'est que je ne meurs pas, » expliqua-t-elle. « On peut me tirer dessus, me couper des membres, » ajouta-t-elle en me montrant sa main comportant deux doigts recousus ; « ou même me rouler dessus... »

Ce dernier exemple était très clairement rattaché à ma personne, mais je restais silencieux comme à mon habitude, la laissant terminer son exposé.

« Toutes ces choses qui tueraient n'importe qui ne me font absolument rien, » termina-t-elle.

Elle était vraiment une sorte de zombie, alors ?

Un véritable zombie ?

Mais dans ce cas, comment avait-elle terminé ainsi ? Comment était-elle devenue l'être qu'elle était à présent ?

La détective sembla remarquer mon état confus, tandis qu'elle tournait le regard vers moi, car elle se mit à nouveau à me sourire – d'un air triste et désolé – tout en penchant légèrement la tête sur le côté.

« Je ne sais pas si ça peut te rassurer de savoir ça, mais concernant cette anomalie que je représente, je suis tout aussi perdue que toi... »

Ces deux-là deviennent peu à peu confortables l'un avec l'autre...

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