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Tendresse Mort-Vivante

Aussi longtemps qu'il s'en souvienne, il a toujours été dénué d'émotions. Mais que se passe-t-il, quand un "zombie émotionnel" comme lui, rencontre une véritable zombie? Et elle a la joie de vivre?! C'est parfait, elle est détective privée et a justement besoin d'un assistant pour mener l'enquête! Iwao, lui, espère que passer du temps avec elle lui permettra enfin de ressentir des émotions, et de les exprimer correctement. Mais elle oublie parfois que son nouvel assistant peut mourir, lui. Et lui, ne se rends pas compte qu'il tombe, sans le savoir, peu à peu amoureux d'elle. Toutefois, l'amour est bien loin de ses préoccupations à elle. Car elle est à la recherche d'un meurtrier lié à son passé. __________________ EXTRAITS « Quoi ? Tu t'attendais à ce que je déduise tout ça sur le moment, dès ton entrée ici ? Faut arrêter de regarder la télé mon gars... » Ajouta-t-elle en souriant. À présent, elle semblait presque se vanter et se moquer de moi en même temps. « C'est de l'atteinte à la vie privée, » répondis-je à mon tour, sans pour autant être effrayé. --- « Dans ce cas, tombez amoureuse de moi, » proposais-je. Elle sursauta face à l'énormité de ce que je venais de dire. « Non, attends ! » S'exclama-t-elle en brandissant à nouveau ses mains vers moi. « C'est pas comme ça que ça marche ! » __________________ Couverture par Anzai (Fiverr: fiverr.com/anzailee) Lettrage du titre par Gedomaru/Noya (Instagram: @donya.dhl ) Création des personnages: AreeSensei BETA: Nayrroda __________________

AreeSensei · Urban
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39 Chs

Ennui.

Très vite, je dus me rendre à l'évidence.

Travailler avec une seule main valide fut plutôt compliqué, même si je n'avais presque pas à écrire avec un stylo.

Je ne pouvais toujours pas serrer ma main droite, même après quelques jours, et monsieur Chiba me surveillait de loin pour s'assurer que je faisais bien le travail qui m'étais assigné.

Entre-temps, monsieur Nakatsuki était également venu me voir pour discuter du projet entourant maître Osagawa.

C'était un homme assez petit et avec un peu de ventre, que je ne voyais pas tant que ça au bureau. Il était tout le temps dehors, à rendre visite à tel ou tel auteur de son portfolio. Et les rares fois où il était présent, il n'était pas non plus bavard ; ce qui m'avait fait apprécier l'homme dans lequel je me reconnaissais.

Toutefois, s'il était avare de mots, dès lors qu'il parlait…

« Tu vois, c'est pas compliqué comme concept. Ils ont plusieurs auteurs, un peu comme ces courses hippiques où on parie sur un canasson en particulier. Sauf que pour la télé, c'est d'ja joué d'avance. » M'expliqua-t-il. « Donc t'as pas à t'en faire, l'équipe de production s'occupe de tout, et nous on sera juste là pour le materner et répondre à ses caprices. »

… Il était plutôt direct et familier.

« Je ne comprends pas cette section, ici, » dis-je alors en pointant du doigt une partie de la dix-huitième page du dossier qui m'avait été remis.

Il se pencha en avant vers moi pour lire le passage en question, et se gratta la joue.

« Hum, ça ? Ça veut dire qu'on va être hébergés par l'équipe de production sur le lieu du tournage, » dit-il en se redressant. « Ce qui est plutôt bien, vu qu'on aura pas de notes de frais à remplir ! »

Hébergés sur le lieu de tournage ? Ça voulait dire qu'on ne rentrerait pas chez nous le soir venu ?

L'idée d'être loin de chez moi, même pour quelques jours, me mit un peu mal à l'aise.

De plus, ce serait la première fois que je devrais m'éloigner pour plusieurs jours à cause de mon travail.

« Je vais continuer à bosser avec mes autres auteurs, même à distance, » réfléchit à haute voix monsieur Nakatsuki. Puis, il se mit à sourire de toutes ses dents. « Alors je compte sur toi pour t'occuper d'Osagawa sensei si je ne suis pas dispo ! »

M'en occuper ? En quoi, exactement ?

Est-ce que je devrais accéder à toutes ses requêtes, ou un truc du genre ? Ou encore faire l'intermédiaire entre lui et l'équipe de production ? Et dans ce cas, j'aurais à beaucoup parler, pas vrai ?

Rien que l'idée de devoir parler avec des inconnus de but en blanc me déplaisait. Il s'agissait de personnes que je n'avais jamais rencontrées avant, et dont j'aurais sûrement du mal à évaluer le comportement.

Je ne pouvais même pas demander des précisions sur ce point à monsieur Nakatsuki, car déjà, il était reparti à l'autre bout de l'étage à son propre bureau. Il était de ce genre de personnes qui imposaient leur rythme aux autres, et si vous perdiez le fil, ça devenait rapidement compliqué de lui parler.

Il y eut alors le gros bruit d'un objet lourd posé sur mon bureau, et me tournant sans pour autant être surpris, je vis que monsieur Chiba venait de déposer une liasse de documents et de dossiers épaisse comme deux grosses encyclopédies.

« Traite ça avant ton départ pour l'émission d'Osagawa sensei, veux-tu ? » dit-il sans me laisser le temps de répondre quoi que ce soit.

Je restais alors quelques minutes à regarder le tas de papier nouvellement apparu. Puis, jetant à nouveau un œil au dossier transmis par la chaîne de télévision, je vis les dates de début et de fin du projet. J'avais une semaine pour terminer tout ce que j'avais en cours, et je devais ajouter ce que mon superviseur venait de larguer à l'instant sur mon bureau.

Ça allait faire beaucoup, et j'espérais que je n'aurais plus d'autre mauvaise surprise comme celle-ci avant lundi prochain.

Toutefois, c'était du travail. Un travail que je comptais bien boucler avant mon départ.

Absorbé par mes relectures et tous les messages que j'avais à lire et à renvoyer, je ne vis pas passer le temps. Et comme cela, paisiblement, la semaine passa rapidement ; sans que j'entende quoi que ce soit de la détective, ou que quoi que ce soit de significatif ne se produise. Mon oeil au beurre noir n'était à présent plus qu'un lointain souvenir.

J'avais travaillé comme l'automate dont on utilisait le nom pour qualifier mon attitude, et pour une fois, je ne les contredirais pas sur ce point.

Je m'en rendais compte à présent, mais… Ma vie avait-elle toujours été si ennuyante que ça ?

Par envie, je sortis mon téléphone de ma poche, et regardais mon historique de messages.

Rien du tout.

Mon cœur s'enfonça dans ma poitrine. Qu'est-ce que c'était encore, cette sensation ?

« ça ne va pas, Nijima-kun ? » Demanda alors madame Asanuma, qui repassait à côté de mon bureau.

Je ne l'avais même pas vue marcher vers moi, et la soudaine question me fit ranger à la hâte mon smartphone.

Pourquoi me demandait-elle ça ?

Me voyant froncer les sourcils, elle ajouta :

« Ah, ta petite amie ne te réponds pas ? » Devina-t-elle en faisant un sourire compatissant. « ça arrive de temps en temps, ce genre de choses. Mais dis-toi qu'elle est sûrement autant occupée que toi par son travail. »

Je me surpris à secouer la tête, un peut gêné de parler de ce genre de choses avec une collègue de travail.

Peut-être bien que madame Asanuma avait raison et que la détective était occupée. Elle ne pouvait pas oublier comme ça quelqu'un à qui elle avait fait du chantage, quand même ?

L'éditrice me sourit à nouveau, et me tapota rapidement l'épaule avant de s'éloigner de mon bureau.

Encore ce geste un peu familier. Un geste que j'étais le seul à recevoir de la part de la femme plus âgée.

Est-ce qu'elle me voyait comme un adolescent, ou un jeune étudiant ? Ça faisait pourtant quelques années que je travaillais dans la maison d'édition, et elle n'avait pas perdu cette étrange habitude. Un peu comme si elle se sentait responsable de moi, au même titre qu'une grande sœur ou qu'un professeur des écoles.

Reportant mon regard sur mon écran d'ordinateur, je regardais les minutes passer sur l'horloge numérique.

J'avais déjà eu le temps de voir avec monsieur Nakatsuki comment serait organisé le voyage lundi matin, et mes tâches étaient presque toutes bouclées. Étrangement, même avec la surcharge de travail et une main en partie inutilisable, je n'étais pas fatigué. Un peu comme si j'avais espéré que le week-end arrive vite. J'avais aussi été un peu déçu de ne pas avoir de nouvelles de la part de la détective.

Quelque chose que je redoutais devrait alors avoir lieu : je devrais moi-même faire le premier pas.

Toutefois, maintenant que j'y pensais… Cela ne semblait pas tant me déranger que cela, quand il s'agissait de cette femme…

Fouillant dans mon sac à dos posé sous mon bureau, je saisis mon portefeuille, et en sortit deux cartes de visite blanches soigneusement rangées dans une des pochettes habituellement réservées aux cartes de fidélité.

Deux cartes de l'agence Orion. Une complètement vierge, et l'autre avec une adresse inscrite au dos.

Il n'y avait pas d'horaires, donc je ne savais pas trop à quoi m'attendre, si j'y allais dès la fin de ma journée de travail. Est-ce qu'elle serait seulement présente ? N'allait-elle pas mal le prendre, de me voir arriver après une semaine entière sans nouvelles de ma part ? Devrais-je la confronter sur ce qui ne me semblait pas correct ?

La réponse à ces questions, je ne l'aurais qu'en essayant de me rendre sur place, après tout.

Et déjà, je grimaçais intérieurement. Vu le quartier où elle se trouvait, en plein centre-ville, il me faudrait sûrement abandonner ma voiture et terminer le trajet en transports en commun ; étant donné que les places de parking étaient rares.

Rapidement, je regardais sur internet quelles lignes de métro desservaient la zone. Puis, rassemblant mes affaires, j'éteignis mon ordinateur avant de descendre les escaliers vers le rez-de-chaussée.

En partant maintenant, j'aurais juste le temps d'attraper le prochain train.

Iwao ne comprends pas encore ce qu'il ressent... Mais je peux pas lui en vouloir, moi-même je ne sais pas ce que je ressens!

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