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Partie 3 (1)

"Regardez! Le bûcheron est de retour parmi nous. Toutefois il est bizarrement tout seul. Le jeunot n'est pas avec lui," s'exclama un soldat qui était devant sa tente dans le jardin d'Okundé.

Les troupes et les riverains jetèrent leurs yeux dans la direction où se trouvait Babida. Ce dernier avait une mine triste et était épuisé par son voyage entamé depuis la veille.

Il avait les sourcils froncés et les yeux tout rouges. Il contint son émotion tout au long de son périple mais à l'approche du camp militaire, il n'en pouvait plus.

L'image de la bête portant le coup mortel au jeune Bodo revenait incessamment et lui infligeait une peine morale insupportable. La mémoire de la tragédie apparaissait puis disparaissait et apparaissait à nouveau.

Atterré, il laissa glisser sa hache de sa main droite et elle termina au sol. Puis des larmes chaudes cascadèrent sur ses joues. Il les essuya avec le revers de ses mains mais elles continuèrent de couler à telle enseigne que même sa poitrine fut imbibée du liquide salé.

Tout le monde devina bien ce qu'il était advenu de la mission spéciale. Un bon nombre de soldats du bataillon, comme le requérait la tradition, enfoncèrent ainsi leurs sabres dans la pelouse et fléchirent le genou droit pour rendre un vibrant hommage à leur courageux camarade tombé sur le champ de bataille.

Les autres combattants et les habitants des environs élevèrent des prières à l'endroit des ancêtres pour qu'ils accueillissent dans les cieux l'âme du jeune défunt.

Cependant, le chagrin était notamment double pour un homme mûr qui était noyé dans la foule. Il n'arborait aucun uniforme militaire mais plutôt un boubou marron très apprécié des hommes du pays qu'il maria à des sandales en caoutchouc.

Il marmonnait et brûlait à l'intérieur. Il fixa Babida d'un regard méchant et cracha ensuite sur la pelouse pour exprimer son mépris vis-à-vis du super-héros.

Avec une voix emplie de colère, il s'écria au grand étonnement des troupes : "Non, tu as laissé mourir mon fils sous les griffes de ce monstre."

"Tu n'es qu'un héros de pacotille. Tu as été incapable de protéger un adolescent qui aurait pu être ton propre fils. Tu aurais dû périr dans cette montagne maudite, et non lui. Il était trop jeune pour un sacrifice de cette nature." L'homme mi-âgé vida son sac en pleurs.

"Si seulement il m'avait écouté. Je lui avais pourtant conseillé de rester avec nous à la maison mais il n'en fit qu'à sa tête. En conséquence, il a prématurément effectué son dernier voyage vers l'au-delà. Quelle tête de mule il était ! Sa mère fera un infarctus lorsqu'elle apprendra la terrible nouvelle," déplora le père de Bodo.

Babida entendit les jérémiades de ce dernier et ne dit le moindre mot. Il maintint la tête basse tandis que ses mains étaient posées sur ses hanches. Il était surplombé par la tournure des événements.

Polo, l'aide de camp du gouverneur Kola 2 sortit en flèche du quartier général. Il trouva le bûcheron dans un état de dépression sévère et tira ses propres conclusions de la mission d'espionnage.

Il enjoignit deux gardes impériaux de conduire l'élagueur dans sa tente afin qu'il se reposât et que des servantes lui apportassent à manger à son réveil. Puis il retourna dans le bâtiment administratif.

Une des sentinelles saisit la hache de Babida qui traînait au sol. Elles l'attrapèrent ensuite par les bras et l'escotèrent dans son logement. La tente était composée de quatre piquets qui faisaient trois mètres de long. Des feuilles de palmier couvraient le toit, les faces latérales et l'arrière.

L'entrée était complètement ouverte car elle n'avait aucune porte. La surface resta inchangée. Elle était simplement constituée d'une partie de la pelouse du jardin d'Okundé. Elle abritait jusqu'à vingt soldats.

Les gardes impériaux aidèrent Babida à se coucher à même le sol. Il roupilla immédiatement sous le regard bienveillant de ses accompagnateurs. Ces derniers l'observèrent pendant un certain temps et s'en allèrent lorsqu'ils virent que tout allait pour le meilleur du monde.