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Partie 2 (8)

Les deux combattants entamèrent une course frénétique au milieu des hautes herbes vertes. Ils se servaient de leurs armes respectives pour dégager le pâturage qui bloquait leur chemin.

Bodo taillait vicieusement la tête des satanées plantes avec son sabre en acier tandis que le bûcheron déracinait les plus teigneuses avec le bout tranchant de sa hache tout aussi faite d'acier.

Après un long effort, le cratère était enfin loin derrière eux.

"Stop !" Babida ordonna subitement.

Le jeune Bodo qui démontrait de grandes aptitudes marathoniennes obtempéra.

"Le soleil est sur le point de se coucher. Nous devons trouver rapidement un refuge. Si nous restons là où nous sommes actuellement, je ne donne pas chère de notre peau. L'oiseau de mauvais augure nous tombera sans aucun doute dessus. Nous y retournerons demain matin," s'exprima le bûcheron.

"Là ! Droit devant nous ! " s'écria Bodo tout en indiquant du doigt la direction de l'abri.

"Parfait ! Allons-y !" L'élagueur lui répondit.

Ils avancèrent vers le lieu. Sur la voie, il y avait des raisins. Ils en cueillirent quelques grains et se mirent à les manger en continuant leur marche.

"Quelles merveilles de la nature sont ces fruits de la vigne! Ils sont extrêmement rafraîchissants." Babida manifesta son exaltation alors qu'ils approchaient le pied d'une petite colline.

Ils montèrent au sommet et s'allongèrent mais ils gardèrent les yeux fixés en contrebas pour déceler quelque mouvement anormal qu'il soit.

La nuit tomba précipitamment. La température ambiante chuta et le vent devint froid. Babida ne put ainsi fermer l'œil contrairement au jeunot Bodo qui était endormi et ronflait affreusement.

Grrrr…Grrrr...Grrrrrrrr…Grrrrrrrrrr

"Hey Filston, tu fais un bruit horripilant. Tu dois être certainement dans un opéra en ce moment dans tes rêves." Babida s'adressa au jeune combattant qui dormait profondément.

Grrrrrrrrrrrrr…Grrrrrrrrrrrr

"Attends une minute ! Mais ce ronflement ne provient pas de toi," dit-il avant de se lever avec promptitude et de regarder tout autour de la petite colline.

Et soudainement, il hurla : "C'est le bébé monstreeeee !"

Bodo fut effrayé et se réveilla brusquement. Il saisit son sabre et se plaça en position de combat aux côtés du bûcheron.

Un oiseau gigantesque faisant cinq mètres de hauteur sur trois mètres de large et pesant dix mille kilogrammes se présenta devant eux et les attaqua avec son bec.

Le jeune soldat fut atteint et Babida perdit ses appuis. Ce dernier roula jusqu'en bas de la petite colline et sa hache quitta de sa main. Le bébé monstre marcha à pas lents vers le jeunot Bodo qui se tordait de douleur pour l'achever.

"Toi, oiseau de mauvaise augure ! Je le jure sur la tête de mes ancêtres. Nous t'exterminerons, ainsi que tes vilains poussins. Jamais vous ne serez en paix sur notre terre," déclara Bodo en agonie.

Le bébé monstre resta impassible face aux propos de sa proie blessée. Il avança vers Bodo et perfora son abdomen d'un coup de bec d'une violence inouïe. Le jeune soldat fut arraché à la vie sur le champ.

"Non!" Babida beugla de toutes ses forces mais c'était trop tard. Son jeune camarade n'était plus.

Le bûcheron courut vers sa hache qu'il ramassa du sol, puis essaya de frapper la bête mais celle-ci le gifla avec son aile gauche. Il s'envola dans les airs avant d'atterrir durement dans la verdure.

Fort heureusement pour lui, les herbes étaient hautes et il faisait noir. Il échappa ainsi à la vue du vilain oiseau qui le chercha partout mais ne le localisa guère.

Babida resta camouflé et retint sa respiration. Finalement, le bébé monstre se retira et le calme régna à nouveau. Du moins, pour un certain temps.

Touché, le bûcheron gémissait. Il envoya sa main droite dans la poche droite de son pantalon en soie et en extrait la bouteille en plastique que le gouverneur Kola 2 lui avait remise.

Il l'observa tout hésitant étant donné que son contenu magique était une potion pour endormir le nouveau monstre. Or il avait plutôt besoin d'un breuvage mystique capable de soigner ses plaies.

Pour résoudre le dilemme, Babida invoqua les ancêtres : "Tout-puissant Igwè, dieu de la guérison, j'implore ta compassion sur ma personne. Transforme le contenu de cette bouteille en une potion revigorante que je boirai afin de guérir de mes blessures. En échange je te donnerai la moitié de mes biens."

Dès que Babida eut terminé de prononcer son vœu, une voix se fit entendre du ciel.

"Babida, Babida! Ta prière nous est parvenue et nous l'avons acceptée," lui annonça la voix qui se tut ensuite.

L'élagueur décapsula la bouteille et but quelques gouttes de la potion magique. Une lumière apparut et circula autour de son corps.

En pleine forme, il se leva puis fouilla sa hache embusquée dans la prairie. Il la retrouva enfin et prit aussitôt le chemin du retour au village d'Okundé.

La mission d'espionnage fut un échec mais la guerre ne faisait que commencer.

À SUIVRE…