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-6- Seule

PDV AuroraLorsque nous sommes arrivées devant cet établissement d'une beauté esthétique remarquable, j'ai été totalement émerveillée. Sa taille imposante me faisait penser à un château, avec sa façade en pierre beige. À certains endroits, des glycines offraient des fleurs violettes éblouissantes. Les allées étaient recouvertes de sable et parfaitement délimitées. Les jardins, d'une splendeur hors du commun, se distinguaient par leurs arabesques, des arbres taillés avec précision et des fontaines, créant un véritable paysage paradisiaque.D'un coup, je me rendis compte que mes finances ne me permettaient pas d'accéder à une école comme celle-ci, et que le cadre seul valait de l'or. Je vis que ma tante semblait nerveuse ; elle se dirigea vers la porte et se retourna ensuite vers moi.- Aurora, je ne peux rester longtemps, cet endroit est le plus sûr au monde pour toi.J'étais sidérée par ses paroles, car elle m'annonçait, avec des mots rudes, qu'elle me laissait ici. Mon cœur se serra ; je venais de perdre mes parents et la seule famille qui me restait m'abandonnait comme si j'étais sans valeur. Elle franchit la porte avant que je ne puisse réagir. Dans un état de panique, je fouillais mon sac à main pour retrouver le collier de ma mère, celui qu'elle m'avait offert le jour de leur décès. C'était le dernier lien avec eux, et je tenais à le garder près de moi, il me réconfortait. Je la suivais, désorientée en cherchant le bijou dans un sac qui avait clairement besoin d'un bon rangement. Un léger raclement de gorge me fit revenir à la réalité. Avec le collier en main, je levai enfin les yeux vers la personne devant moi : une femme âgée d'environ 60 ans, ayant une apparence à la fois bienveillante et sévère.- Bienvenue à Montmur Mademoiselle Trevil, je suis sûr que vous allez très vite trouver votre place parmi nous !Comme si j'avais le choix ! Je dois admettre que je n'avais pas vraiment envie d'être là, je n'avais pas l'intention de rester, mais cette décision ne me revenait pas. Je lui ai souri, avec une pointe d'amertume. En levant les yeux, j'ai aperçu deux élèves devant moi ; je suppose qu'ils me fixent avec un regard perçant. J'éprouve une sensation de déjà-vu, c'est curieux. Ils sont complètement opposés : l'un est brun aux yeux bleus, un peu chétif, tandis que l'autre est blond, avec des cheveux mi-longs et frisés, aux yeux marron, plus grand et musclé. Ce dernier attire davantage mon attention, sans que je puisse expliquer pourquoi je ressens une sorte de lien entre nous.Ma tante s'en va sans même dire adieu, elle s'est échappée sans un mot, et je ressens une profonde trahison. Si je n'étais pas submergée par tout ce qui se passe autour de moi, je pense que j'aurais pleuré comme un nourrisson, mais je devais garder mon calme aujourd'hui, les larmes seront pour un autre moment, en toute intimité. La dame âgée m'adresse un sourire et suggère que je visite l'établissement. Étant donné que je suis contrainte de rester ici, autant découvrir les lieux !- Dîtes-moi, Aurora, me demanda-t-elle, quels sont vos dons ?Je manifeste ma confusion en fronçant les sourcils, n'ayant pas saisi le sens de sa question. Elle me sourit et m'apporte plus de précisions sur ce qu'elle cherche à comprendre.- Je vous demande cela pour savoir à quels cours vous affecter !- euh... Pour être franche, je ne sais pas !Elle semble mal à l'aise et continue de progresser, je remarque des choses étranges ici, et je commence à douter d'être réellement dans un établissement pour personnes atteintes de troubles mentaux. Elle ouvre une porte, et il s'avère que c'est une salle de classe. Un homme se trouve sur une estrade, entouré d'élèves de divers âges. L'un d'eux s'approche du professeur et gesticule tout en récitant des mots qui m'échappent. Soudain, la femme âgée referme la porte juste avant qu'une boule de feu n'apparaisse de nulle part pour nous atteindre. Sous le coup de la surprise, je fais un pas en arrière, trébuche sur ma valise et me retrouve dans les bras de l'élève blond qui se tenait derrière moi. Il m'étreint, me fixe dans les yeux, et tout le reste s'efface. Le monde alentour semble se vaporiser. Il m'offre une aide robuste pour me relever, mais étrangement, je ne désire pas quitter son étreinte. Il maintient son regard sur moi, avant que la dame âgée n'intervienne.- M. Mallor, voulez-vous, je vous prie, laisser Mademoiselle Trevil tranquille ?Il recule légèrement en répondant à sa demande. J'éprouve une impression de vulnérabilité. C'est curieux, comme si ses bras constituaient une sorte de vêtement dont j'aurais constamment besoin autour de moi. Il regarde le sol et nous poursuivons notre visite. J'ai découvert où se trouvent les salles de classe, la bibliothèque, le gymnase, le réfectoire, et nous atteignons maintenant l'aile des dortoirs. Arrivés devant les deux portes marquées clairement "fille" et "garçon", elle se tourne vers notre escorte.- M. Mallor, votre visite s'arrête ici !- Mme Thompson, sauf votre respect, je suis tenu de vous accompagner, j'ai pour ordre de ne pas quitter cette jeune femme des yeux !Elle paraît choquée par cette déclaration et je dois admettre que cela me laisse dans l'incertitude : pourquoi et par qui suis-je surveillée ?- Comment ça ? Demandais-je. Je n'ai pas besoin de chaperon !J'avais prononcé ces mots, mais je dois reconnaître que la présence de cette personne à mes côtés me procurait réellement un sentiment de sécurité. De plus, me trouvant dans un environnement inconnu, il était réconfortant de savoir qu'une personne souhaitait me protéger. Entre eux, un échange de regards se tenait, comme s'ils communiquaient par télépathie ou quelque chose de similaire.- Bien, dans ce cas, je vous laisse, bonne visite ! Conclut-il.Mme Thompson lui adressa un sourire respectueux, comme si elle était à son service, ce qui était étrange… - Je compte sur vous demain à l'entraînement M. Mallor, je suis persuadée que vos conseils seront d'une importance considérable pour mademoiselle Trevil. Était-ce une ironie ? Je me posais la question, alors qu'il ne montrait aucune réaction, demeurant stoïque devant elle. Elle ouvrit la porte, s'écartant des marches qui se dressaient devant moi, me laissant songeur sur le poids de ma valise en les voyant.- Après vous, Aurora. Me dit t'elle avec courtoisie.- Aurora ? Répéta-t-il, surpris d'entendre mon nom.Mme Thompson s'interposa entre nous, répondant avec une certaine rigueur. Son expression évolua, passant de la résignation à une forme de mélancolie, semblant déplorer de nous laisser seules. - Oui Virgil, Aurora Trevil, la fille d'Alaric votre mentor !J'avais le sentiment qu'elle voulait lui transmettre un message à travers ses paroles, une sorte d'avertissement. Qu'était-il donc en train de se passer dans cet endroit si bizarre ?Elle lui referma la porte et nez, puis me fit face tout sourire. D'un geste de la main elle me désigna l'escalier, manière polie de m'enjoindre de me mettre à les monter avec ma valise. L'aide de Virgil aurait été particulièrement appréciée dans ce cas-là.Après avoir franchi les marches en colimaçon de cet escalier, nous parvînmes à l'entrée d'un vaste couloir de plusieurs mètres. Le sol était recouvert d'un élégant tapis rouge bordeaux, qui semblait d'une époque révolue. Les portes des chambres, faites de bois massif et brillamment vernis, étaient ornées de belles plaques en plaqué-or indiquant les numéros. À chaque poignée, de petits boîtiers ajoutaient une touche d'originalité, créant un contraste saisissant entre le moderne et l'ancien. J'aurais pensé qu'à cette heure-ci, la partie internat serait déserte, mais il s'avérait qu'il y avait bien plus de monde qu'en bas.On s'arrêta devant la porte numéro 7, elle prit ma main et posa mon doigt sur le cadran, celui-ci s'alluma et la porte s'ouvrit. La chambre qui s'offrait à mes yeux était toute simple. Un lit dans le coin du mur à gauche. Un bureau en face, sur le mur de droite. Une armoire accolée au bureau. Une porte-fenêtre donnant sur un petit balcon, de lourds rideaux rouges y étaient accrochés. Les murs étaient gris, accompagnés de moulures. Sur ma droite, juste à côté de la porte d'entrée, se trouvait une autre porte qu'elle ouvrit en grand, me laissant apprécier une salle de bain privée avec son WC. N'étant pas pour la promiscuité, cela m'allait parfaitement. - Voilà votre chambre, bien entendu vous aurez compris que la porte s'ouvre et se verrouille avec votre empreinte digitale. Vous avez une salle de bain privative ainsi qu'un balcon, toutes les chambres de l'étage disposent d'un balcon. Pour le reste, je vous laisse aux bons soins d'Eva. Elle vous expliquera le fonctionnement de l'étage. Je suis dans l'obligation de vous laisser, j'ai beaucoup à faire. J'ai à vous intégrer dans différents cours qui pourraient vous convenir. Bonne journée, Mademoiselle Trévil.- Je...Elle partit sur-le-champ, à peine le temps de poser des questions ou de comprendre qui était cette mystérieuse Eva. En entrant dans ma nouvelle demeure, je pu finalement poser ma valise et faire un tour d'œil sur le propriétaire, dont l'atmosphère était assez morose. Manifestement, ils ne savaient pas ce qu'étaient les couleurs par ici. Une jeune femme frappa à la porte que j'avais laissée ouverte, me regardant fixement, élancée, avec de longs cheveux roux, une peau pâle, vêtue de cuir noir. Elle me toisait.- Ainsi, c'est toi la nouvelle, Aurora, c'est ça ?- Oui, c'est bien moi ! Répondis-je sans entrain.Elle s'approcha de moi, tendant sa main afin de me saluer.- Eva Zeyne, enchantée de te rencontrer, je suis désolée pour tes parents, c'étaient les gens les plus gentils ici, c'est une immense perte pour nous tous. Elle avait l'air sincère, et j'étais contente de réaliser qu'ils étaient valorisés à leur juste titre. Cela a suscité en moi des interrogations sur les causes de leur disparition : si leur valeur était reconnue, pourquoi leur avait-on enlevé la vie ? Je lui donnerai la main, la saluant à mon tour.- Merci, j'ai encore du mal à me faire à l'idée que je ne les reverrai plus. - Ce soir, on fait une veillée en leur mémoire, si tu veux, je passe te chercher et nous irons ensemble, sauf si ... c'est un peu trop tôt pour toi.Elle semblait marcher sur des œufs avec moi, choisissant ses mots avant de me parler, j'appréciais l'effort. - Non, c'est bon, je serai ravie de t'accompagner ! Merci de me l'avoir proposé.Elle m'observait attentivement, comme si j'étais un puzzle à déchiffrer pour elle. Je ne voulais pas la faire partir, mais je reconnaissais que je ne savais pas comment me comporter en sa présence. Mme Thompson m'avait confié qu'elle m'expliquerait les choses, une thématique que je comptais discuter avec elle.- Et donc, il y a des choses que j'ai à savoir sur la vie ici ? Des choses à faire et à ne pas faire ?Elle me sourit, heureuse visiblement que je lance le sujet. - Absolument, tout d'abord, la première chose à savoir, c'est où tu te situes dans notre chaîne alimentaire !- Dans quoi ? Demandais-je surprise par ses mots employés.Elle plissa les sourcils et s'assit sur mon lit, qui n'avait même pas de protège-matelas. Elle bondit légèrement dessus, pour en évaluer la fermeté, je suppose.- Pas mal ton matelas, ils te dorlotent ! Elle leva les yeux dans ma direction, visiblement en attente d'une réponse que je ne donnais pas, mon esprit étant encore occupant par leur chaîne alimentaire. Son sourire me rassura sur la façon dont elle formulait sa question.- Je parle de "popularité" si on peut le dire ainsi !Je suis contrainte d'avouer que je ne comprenais toujours pas où elle comptait en venir, sachant que d'un endroit à l'autre, les critères de popularité ne sont pas les mêmes. - Je ne sais pas, quels sont vos critères ?Visiblement, à sa réaction enjouée, elle avait hâte que je pose cette question. - Ici, le critère, c'est ta race, quelle est ta race ?- Humaine ! Répondis-je du tac au tac. Je suis désolée, je ne comprends pas le sens de ta question !Elle fronça de nouveau les sourcils et cette fois-ci expliqua sans filtre.- Ok, pour faire plus cru en bas, tu as les métamorphes, puis les elfes, les fées, les sorcières puis pour finir les anges, tu es quoi toi ?Je suis contraint de reconnaître que j'éprouvais des difficultés à assimiler ses paroles. Je me posais la question de savoir si je ne vivais pas un rêve ou, au contraire, un mauvais rêve.- Je ... Je me mis à rire nerveusement. De quoi tu parles ? Lui demandai-je, perdue.Surprise par ma réponse et mon comportement agité, elle se leva de mon lit. Je parcourais ma chambre en long et en large, ne sachant pas vraiment comment aborder cette question qui me paraissait étrangement loufoque.- Attends, tu ne sais pas pourquoi tu es ici ?- De l'essentiel que je sais, c'est pour que je sois en sécurité, un gars m'a suivit jusqu'en bas, mais je n'en sais pas plus. - Un gars ? Me demanda t'elle, surprise d'entendre cela.- Oui, Virgil Mallor si je me souviens bien !Elle ouvrit de grands yeux de stupeur avant de me répondre, sûre d'elle. - Virgil ?! Tu as dû te tromper, c'est insensé !- Mme Thompson l'a appelé ainsi !Elle me regarda intensément, presque terrorisée, et je ne comprenais pas pourquoi j'éveillais en elle un tel sentiment de peur. Qui était ce type ? Pourquoi devais-je être protégé au point de finir dans un endroit comme celui-ci, où tout semblait tout droit sorti d'un conte pour enfants avec des elfes et des fées ?- Aurora, si Virgil Mallor est chargé de te protéger, tu es bien plus qu'en danger, ça, c'est assurer !...