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Chapitre 1

Le vent d'hiver soufflait avec force sur la cour du château de Versailles, balayée par une froideur qui n'épargnait personne. Aniaba, debout devant les grandes portes dorées du palais, attendait patiemment l'appel du roi. Vêtu d'un habit somptueux offert par Louis XIV lui-même, il portait le symbole de sa double allégeance : une croix d'or suspendue à son cou, signe de sa foi catholique, et une broche gravée des motifs de son royaume natal.

Ce matin-là, Aniaba était convoqué pour une audience privée avec le Roi-Soleil. La campagne militaire à laquelle il avait participé pour le compte de la France était un succès retentissant, et son rôle de stratège avait été salué par ses pairs. Pourtant, son esprit était troublé. Cette gloire acquise sous la bannière française ne faisait que renforcer son sentiment de décalage entre les mondes qu'il tentait de concilier.

Lorsque les portes s'ouvrirent, Aniaba inspira profondément et entra avec une démarche assurée. La salle du trône était baignée d'une lumière éclatante réfléchie par les miroirs et les dorures qui l'ornaient. Louis XIV, assis sur son trône surélevé, dégageait une majesté inégalée. Autour de lui, ses ministres et conseillers se tenaient en silence, attendant que le roi parle.

— Aniaba, mon cher filleul, commence Louis XIV avec un sourire chaleureux. Approchez.

Aniaba s'avança et s'inclina avec une élégance parfaite.

— Votre Majesté, je suis honoré de vous voir en ce jour.

Le roi hocha la tête, satisfait.

— Vos exploits lors de notre dernière campagne sont dignes des plus grands stratèges. Vous avez fait honneur à votre nom et à la France.

Aniaba sourit, mais un poids invisible pesait sur son cœur.

— Je suis reconnaissant des opportunités que Votre Majesté m'a offertes. Ces années à vos côtés m'ont enseigné bien plus que la guerre.

Louis XIV, perceptif comme toujours, inclina légèrement la tête.

— Mais je vois que quelque chose vous tourmente. Parlez librement, mon fils.

Aniaba inspira de nouveau, ses mains croisées dans le dos pour cacher leur léger tremblement.

— Votre Majesté, il est temps pour moi de rentrer dans mon royaume. Mon père est âgé, et mes frères et sœurs se disputent le trône. Avec votre soutien, je peux régner et unifier mon peuple. J'ai appris ici l'art de gouverner et de mener des hommes. Il est temps que je mette ces enseignements au service de ma terre natale.

Un silence s'installa dans la salle, et le regard du roi se fit pensif. Finalement, il se leva, descenda les marches menant à son trône et posa une main paternelle sur l'épaule d'Aniaba.

— Vous parlez avec sagesse, Aniaba. Votre peuple a besoin de vous, tout comme la France a besoin d'amis fidèles dans les terres lointaines. Vous avez mon soutien.

Le soulagement envahit Aniaba, mais avant qu'il ne puisse remercier le roi, ce dernier ajouta :

— Cependant, n'oubliez jamais ceci : on ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Prenez garde à vos ennemis, surtout ceux qui partagent votre sang.

Aniaba s'inclina de nouveau, ses pensées déjà tournées vers les défis qui l'attendaient. Alors qu'il quittait la salle, les paroles du roi résonnaient en lui comme un avertissement prophétique. La route vers son royaume serait semée d'embûches, mais il était déterminé à réussir.