Les vacances de printemps arrivent à point nommé. Je n'ai aucune envie de voir mes camarades de classe. Edward a décidé qu'il m'emmenait à Chicago. Je pensais que mon père serait contre, mais avec l'arrestation de Mike, il doit faire des heures supplémentaires et ne peut pas passer autant de temps avec moi qu'il le voudrait. Il a appelé Carlisle de lui-même en lui demandant si je pouvais passer du temps chez eux avec Alice. C'est là qu'Edward a proposé de me faire visiter sa ville natale expliquant qu'il voulait me montrer la vie qu'il avait vécu avant la mort de ses parents et son adoption.
Evidemment, Charlie n'imaginait pas combien de temps avait passé depuis ce temps-là, mais l'histoire d'Edward l'avait touché et il avait décidé de lui faire confiance. Ce qui ne l'a bien sûr pas empêché de remplacer la bombe au poivre de mon sac et de faire jurer à Edward qu'il ne devrait rien m'arriver.
Nous voici donc à Chicago. Je regarde partout, émerveillée par les buildings et les grandes avenues. Je halète de temps en temps en voyant un des monuments que je n'ai vu que dans les livres. Edward me propose de monter tout en haut d'un immeuble pour avoir une vue sur le lac Michigan. Celle-ci me coupe le souffle et quand il me propose de faire un tour en bateau je lui saute dans les bras et il éclate de rire.
C'est la première fois que je le vois sourire et rire quasiment en continue. Il est heureux de partager avec moi ses anecdotes d'enfance et ne s'offusque pas de mes questions plus ou moins stupides sur des technologies qui n'existent plus actuellement. Je fais d'ailleurs une gaffe en essayant de zoomer sur un panneau équipé d'un écran. La force de l'habitude. Malheureusement pour moi, Edward a vu mon geste et me regarde étrangement.
« Ce serait chouette que l'on puisse utiliser ses doigts comme souris pour déplacer le curseur, non ? je dis de façon un peu hésitante.
C'est une bonne idée, mais impossible à l'heure actuelle, me répond-il. »
Il me tend un hot dog et nous allons nous installer sur un banc. Il me prend la main et y presse ses lèvres.
« Prête pour voir la maison où je suis né ?
J'ai hâte, je réponds. Rien n'a changé ou presque. Carlisle m'a aidé à la restaurer à l'identique quand j'ai pu la récupérer. Il avait de meilleurs souvenirs que moi. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a que l'électricité que j'ai dû mettre aux normes. Le confort de l'époque est assez spartiate et la tapisserie est démodée. Edward… je réponds en serrant sa main. Je suis aussi capable de voir la beauté de ce qui est démodé, quant au confort, je suis toujours à l'aise quand tu es à mes côtés. »
Il se jette sur mes lèvres, m'arrachant un éclat de rire. Il m'emmène alors dans un quartier résidentiel et je repère tout de suite la plus ancienne maison. La façade est bien entretenue, mais l'âge se reflète dans son architecture.
« Elle est superbe… je murmure.
Allons à l'intérieur, répond Edward en me tirant par la main. »
Je sens sa nervosité quand il déverrouille la porte et l'ouvre pour moi. Effectivement l'intérieur est démodé, mais l'unité des meubles et des tapisseries montre que la maîtresse de maison avait du goût. Il y a peu de bibelots, mais des tableaux sur les murs et de grands tapis épais qui rendent le lieu chaleureux et vivant. Je souris en voyant le piano au milieu du salon. Je sens Edward me suivre à travers la maison, tandis que je l'explore. Je me tourne vers lui.
« C'est tellement beau et chaleureux. On peut voir à quel point ta maman prenait soin de votre foyer. »
Le regard incertain d'Edward s'éclaire à mes paroles et un sourire éclatant illumine ses traits. Il me demande alors de le suivre. Son excitation est palpable. Il m'entraine dans les escaliers puis tourne à droite dans le couloir. Il s'arrête devant une porte, l'ouvre et se tourne vers moi.
« C'est ma chambre, il m'explique. »
J'écarquille les yeux et entre dans la pièce avec curiosité. La tapisserie est de couleur vert émeraude. Le tapis assorti est posé sur un parquet en chêne ciré. La pièce est assez spartiate mais fonctionnelle. Il y a un lit sur le côté de la pièce, une table de chevet sur laquelle se trouve une photo en noir et blanc. Un crucifix est accroché au mur au-dessus de la table de chevet. Un secrétaire est collé au mur opposé. Juste à côté, il y a une bibliothèque remplie de livres avec des reliures anciennes. Un lustre en fer forgé orne le plafond.
Je m'avance dans la pièce, m'imprégnant de chaque détail, imaginant Edward évolué dedans. Je m'approche de la bibliothèque et m'aperçois qu'il n'y a pas que des livres. Je repère aussi des carnets de notes. Je me tourne vers Edward, qui répond à ma question muette :
« C'était courant à l'époque de tenir un journal... »
Il parait gêné et se frotte la nuque.
« Moi aussi j'en ai tenu un, je lui dis, le surprenant. »
Il sourit et se détend un peu, s'asseyant. Je m'assois à côté de lui sur le lit et regarde la pièce.
« Cette pièce te correspond bien. Il ne manque que la musique.
Le gramophone est dans le salon. Nous n'avions pas beaucoup de disques. Alors je jouais beaucoup au piano. Tu as toujours aimé la musique ? Oui, j'aimais écouter ma mère, dit-il en souriant. Elle jouait bien et quand elle en a eu assez de répéter sans cesse les même morceaux pour moi, elle m'a appris. Tu devais être content, je lui réponds. Au début, pas vraiment. C'était fastidieux. Ma mère croyait m'encourager en me disant que je pourrais séduire la femme de ma vie en lui jouant un air à la mode. Mais toi, tu ne pensais qu'à une carrière militaire… je complète. Oh j'ai adoré jouer pour une femme… ma mère… J'aimais voir sa joie et sa fierté quand je lui jouais des morceaux de plus en plus compliqués. Tu l'aimais beaucoup. Elle était la personne la plus importante de ma vie à l'époque, acquiesce-t-il. Mes parents n'avaient plus de famille proche. Ma famille était composée de seulement trois membres et ma mère en était le pilier. Elle était stricte mais aimante. Quand elle est morte, j'ai continué à suivre l'éducation qu'elle m'a enseignée. Elle doit être fière de l'homme que tu es devenu. C'est un reproche ou un constat ? Pourquoi ce serait un reproche ? je lui demande. Je croyais que tu trouvais mon éducation trop stricte. Le patriarcat est suranné au XXIème siècle, mais le respect et la courtoisie ne se démodent pas. J'ai bien compris que tu ne voulais pas que je prenne les décisions à ta place. C'est juste que cela va à l'encontre de la façon dont j'ai grandi. Il va me falloir du temps… et je ferai encore parfois des bêtises. C'est comme ça que l'on apprend, je conclue. »
Il sourit et nous nous allongeons côte à côte sur le lit. Nous sommes un peu à l'étroit, mais c'est une bonne excuse pour poser ma tête sur son torse. C'est toujours aussi étrange de ne pas entendre de battement de cœur dans sa poitrine, mais il continue de respirer normalement. Je lui demande s'il le fait par habitude ou par nécessité.
« J'imagine que c'est une habitude maintenant. Pour maintenir la charade humaine. Ceci-dit c'est plutôt inconfortable de ne pas respirer. »
Je mets deux secondes à comprendre.
« Oh ! Pour les odeurs ?
Oui, acquiesce Edward avant de glousser. Tu prends toujours tout avec tellement de facilité. J'ai vu beaucoup de choses… »
Le visage d'Edward s'assombrit.
« Tu continues de faire des cauchemars.
Je continue de voir Victoria oui. Mais je vois aussi d'autres vampires aux yeux rouges que je ne connais pas. »
Ces derniers jours je n'ai pas arrêté de voir en rêves ces nouveaux vampires, mais ils étaient différents des Cullens ou même de Victoria et James. Je n'arrivais pas à mettre la main sur ce détail.
« Ça ne vas pas te plaire, et honnêtement je préfèrerais éviter vu les circonstances, mais je dois aller chasser. Être entouré d'autant d'humains me demande plus d'efforts qu'à Forks.
Je peux survivre quelques heures. Et puis, j'ai toute une maison à explorer, si tu m'en donne l'autorisation. Tu peux regarder tout ce que tu veux. Même tes journaux ? je demande, malicieusement. Il n'y a rien d'intéressant dedans, mais oui, si tu veux. Je n'ai rien à cacher. »
Contrairement à moi… Je pense. Ma culpabilité monte en flèche, mais je n'ai pas le choix. Edward part en me laissant la valise que nous étions allés chercher à la consigne avant de venir dans sa maison. Je sors de celle-ci un sac contenant des barres de céréales, une brique de soupe et une pomme et je me prépare mon diner. Une heure plus tard, les lampadaires sont allumés dehors. Je reste dans la pénombre et regarde les passants défiler dans la rue. Quand soudain une fenêtre bleue apparaît :
« Quête bonus : Trouver Garrett… Récompense : Reconnaissance de Kate… Pénalité : Trouver moins facilement Edward à Rio. Durée : 10 minutes. Remarque du développeur : Comme dirait Jean de La Fontaine :
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un Lion d'un Rat eût affaire.»
Je sursaute. Bon sang ! Maintenant ils se mettent à faire des rimes ! Mais au moins, c'est limpide : Si je trouve Garrett et l'envoie à Kate, elle me sera redevable. Quant à la dernière partie, j'imagine qu'elle fait référence au départ d'Edward après mon anniversaire. Puisque tous les moments importants du livre se déroulent quelque soient mes choix, j'imagine que je ne vais pas y échapper. Mais contrairement à Bella, je ne me laisserai pas faire. En attendant, j'imagine que, puisque j'ai cette quête, cela veut dire que Garrett n'est pas loin.
Je scrute la rue et vois la silhouette dégingandée d'un homme qui pourrait correspondre. Il a un catogan qui lie ses cheveux blond vénitien*. (* J'ai décidé de suivre la description de Stephenie Meyer dans son guide officiel de Twilight) En le regardant plus attentivement, sa peau réagit bizarrement à la lumière des lampadaires, comme la peau d'Emmett à la soirée de fin d'année dans le livre. Plus de doute ! C'est lui. Je me précipite à la porte, la déverrouille, l'ouvre et appelle du pas de la porte: « Garrett ! »
L'homme relève les yeux vers moi immédiatement, il avance à grands pas et bientôt se retrouve devant moi. Il s'appuie contre le chambranle de la porte d'entrée, un sourire séducteur sur les lèvres :
« Nous connaissons-nous, jeune fille ?
Vous ne me connaissez pas, mais moi je vous connais. Tu sens le vampire… Ce vampire t'a parlé de moi ? Non, j'ai des visions, je vois des choses. Et tu m'as vu ? demande-t-il en plissant les yeux. Je t'ai vu rencontrer ta compagne. »
Garrett écarquille les yeux, semblant fasciné.
« De plus en plus intéressant… murmure-t-il. M'autorises-tu à rentrer ? »
Je m'écarte et lui indique le salon. Il regarde tout autour d'un œil appréciateur.
« C'est joli chez toi! déclare-t-il.
C'est la maison de mon compagnon, il y a vécu sa vie humaine. Ce vampire, dont je sens l'odeur partout, est donc ton compagnon ? Et tu as des visions alors que tu es humaine ? Oui… Impressionnant ! Merci… Mais j'imagine que tu as d'autres questions. »
Il éclate de rire, jetant sa tête en arrière.
« Que de sérieux ! On dirait une discussion d'affaire ! »
Il n'a pas tort en soi, c'est en quelque sorte le cas pour moi. Je l'invite à s'assoir et il prend place dans un des fauteuils. J'allume le lampadaire d'intérieur à côté du canapé et y prend place. Garrett prend l'offensive.
« Tu m'as donc parlé d'une compagne…
Elle se fait appeler Kate, mais son vrai prénom est Katrina. Elle est blonde platine et est un peu plus grande que moi. Une blonde, hein ? fit Garrett avec un sourire appréciateur. Où est-ce que je la rencontre ? A Forks, là où nous vivons avec mon compagnon, mais cela ne se passe que dans un an et demi. C'est long ! soupire-t-il. Tu sais depuis combien de temps je la cherche ? »
Je réfléchis. Garrett est un patriote qui a participé à la guerre d'indépendance américaine, donc il est mort vers 1870.
« Je dirais environ 235 ans, je déclare, par déduction.
Incroyable ! s'exclame-t-il, réellement impressionné. Je pense savoir où tu peux la trouver actuellement cependant. Vraiment ? Tout comme mon compagnon, elle est sédentaire. Comment est-ce possible ? Ils se nourrissent de sang animal, pas de sang humain. »
Je le vois grimacer de dégout. Je poursuis.
« L'avantage principal est que la couleur des yeux passe de rouge à doré. Cela permet à un vampire de côtoyer sans problème les humains. D'autant plus que ce régime n'entraine aucune disparition à camoufler.
Effectivement, c'est intéressant. Je ne connaissais pas cette façon de vivre. Ça doit être agréable de pouvoir rester au même endroit plus longtemps que quelques semaines. Et ça a un autre avantage. Vraiment ? s'exclame-t-il en se penchant en avant, les coudes sur les genoux. Cela permet d'entretenir plus facilement des relations avec d'autres vampires. Mon compagnon, tout comme Kate, vit au sein d'une grande famille. Un grand clan ? Comme les Volturi ? Pardon, tu ne dois pas savoir qui ils sont… En fait si… Et je ne préfère pas y penser… dis-je en frissonnant. »
Il éclate de rire encore une fois. Je pense qu'il aurait les larmes aux yeux s'il pouvait pleurer. Je poursuis mon explication, quand il se calme enfin.
« Ils préfèrent le terme de famille. Le créateur d'Edward, mon compagnon, est le patriarche de la famille. Il se nomme Carlisle. C'est lui qui a montré à sa famille cette façon de se nourrir.
J'ai toujours un doute sur ce régime à long terme. Si on passe outre le goût qui doit être immonde, compte tenu de l'odeur, est-ce même seulement rassasiant ? »
Rassemblant mes souvenirs du livre, je tente de lui expliquer en utilisant les mots d'Edward.
« Eh bien, d'après ce que j'ai compris, c'est comme se nourrir de tofu, sans assaisonnement. C'est un plat terne qui rassasie sans satisfaire les papilles gustatives. Les prédateurs ont visiblement meilleur goût que les proies et chaque vampire a ses préférences. Edward préfère les pumas. »
Garrett hausse un sourcil. Je hausse les épaules en mettant mes paumes de mains vers le haut. Je le vois secouer la tête en ricanant.
« Cette conversation est surréaliste ! Finit-il par dire. J'ai l'impression de rêver. On m'amène ma compagne sur un plateau et je discute amicalement avec un humain qui n'a pas le moins du monde peur de la couleur de mes yeux.
Je suis habituée aux vampires. »
Il rit une nouvelle fois.
« Le plus inhabituel, c'est que tu aies survécu à chaque rencontre avec un vampire ! Cependant, je vois pourquoi… Tu es fascinante… »
Il rapproche son visage de moi.
« Tu feras un vampire hors du commun… »
Soudain, une bourrasque me repousse au fond du canapé et Garrett se retrouve cloué au mur par un Edward furieux. Ses yeux sont sur le point de sortir de ses orbites. Sa rage est bien plus visible qu'il y a quelques jours vis-à-vis de Mike. Je tente de le distraire.
« Edward…
Du calme, Don Juan… tente à son tour de l'apaiser Garrett. Je ne voulais pas de mal à ta compagne. Tu parlais de la transformer en vampire. Oh, je t'en laisse le soin, ne t'inquiète pas. »
J'entends Edward gronder. J'interviens à nouveau :
« Je lui ai juste parlé de sa compagne : Kate ! »
Je vois Edward cligner des yeux.
« Tu connais Kate ? demande-t-il.
J'ai vu Garrett la rencontrer à Forks dans un an et demi… »
Edward relâche le cou de Garrett. Je rajoute avec un sourire :
« Ce sera un coup de foudre… »
Edward ne peut s'empêcher de ricaner, comprenant l'allusion. Il me rejoint et me sert contre lui, me glissant à l'oreille :
« On a besoin de discuter… »
Je fais la moue… Je sens que je vais me faire fâcher…
« Mais avant… dit Edward en se tournant vers Garrett. Tu trouveras Kate à Denali, en Alaska. Elle y vit avec ses deux sœurs et un autre couple. Mais leur régime alimentaire est différent du tien…
Ta compagne m'en a parlé. Ça m'intrigue… J'aurai la même couleur d'yeux que toi si je me nourris d'animaux ? Oui, ça met quelques semaines à plusieurs mois avant de donner cette couleur. Je vais essayer avant de la rencontrer. Je suis curieux… et puis, je paraitrais moins menaçant ainsi. Merci à toi, jeune demoiselle. Quel est ton nom ? Isabella, mais tu peux m'appeler Bella. »
Je sens l'impatience d'Edward et visiblement Garrett aussi car il nous salue, me remercie encore et sort rapidement de la maison. Edward me tourne alors dans sa direction.
« Il faut qu'on parle ! »
« Quête validée ! Une récompense vous sera accordée. »