Chapitre 21 Cendrillon, entremetteuse débutante.

Au bout d'une minute, je commence à m'inquiéter. Je prends son visage en coupe et lui dit :

« C'était une blague, Edward.

Pourquoi pas… il murmure Hein ? »

Il semble sortir de sa transe et me regarde, sérieux.

« Ce n'est pas une mauvaise idée. Je dois y réfléchir.

Est-ce que ça veut dire que tu veux bien considérer ma demande ? je l'interroge, ravie, n'en croyant pas mes oreilles. Oui, mais il me faut un peu de temps. Descendons, Esmée a préparé ton petit-déjeuner. »

Après un arrêt dans la salle de bain et un moment humain, comme Bella aime les appeler, je suis la délicieuse odeur qui émane du rez-de-chaussée.

« Ça sent divinement bon Esmée, je lui dis en souriant.

Merci beaucoup Bella, c'est un plaisir de cuisiner pour toi. Esmée ? Pourrais-je te parler un moment à l'écart ? Bien sûr Edward. Je reviens vite Bella, me dit-il en m'embrassant la tête, suivant Esmée dans la forêt. »

Je commence à manger le superbe repas devant moi, qui se révèle aussi bon que beau. Soudain des tresses de cuir sont posées à côté de moi. Je relève la tête, rencontrant le visage tout sourire d'Emmett.

« Cadeau, Bella.

C'est un martinet ? je m'exclame horrifiée. Mais qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? Oh ben ça, c'est à voir entre toi et Edward… répond-il en relevant énergiquement les sourcils. Je n'ai jamais dit que je voulais une relation sadomasochiste avec Edward. Ça peut être amusant, tu sais, les jeux de rôle. Je n'en doute pas… je dis en soupirant, prenant un air sérieux. Emmett, je sais que tu aimes rigoler et faire des blagues et dans la plupart des contextes, j'approuve totalement ta façon de penser, mais dans le domaine de la sexualité, je pense qu'Edward va avoir besoin que son grand frère lui donne des conseils et l'encourage. Tu crois que tu peux faire ça pour lui ? »

Emmett cligne des yeux, son sourire reste figé quelques instants avant qu'il prenne un visage plus sérieux que je ne l'ai jamais vu prendre.

« Ouais, tu peux compter sur moi. J'ai hâte de t'avoir officiellement comme belle-sœur.

Moi aussi, j'ai hâte que tu sois officiellement mon beau-frère. »

Il me prend dans ses bras et j'apprécie cette étreinte chaleureuse, malgré la température de son corps. Emmett est un vrai soleil pour cette famille. Un raclement de gorge nous interrompe.

« Loin de moi l'idée de me sentir menacée par une simple humaine, mais je trouve cette étreinte avec mon mari un peu trop longue, déclare Rosalie sur le pas de la porte. »

Elle ne semble pas en colère. Au contraire, un léger sourire orne ses lèvres. Elle s'adresse à Emmett :

« Bébé, tu veux bien sortir la voiture, s'il te plait ? »

Elle lui lance des clefs.

« Oui chef ! »

Il s'éloigne de moi en me souhaitant une bonne journée. Je lui rends ses salutations, restant seule avec Rosalie.

« C'est bien ce que tu as fait. »

Je la regarde, l'air surpris.

« Voir au-delà des pitreries d'Emmett. Et lui faire confiance pour cela. Je sais que ça l'a beaucoup touché.

Je le considère vraiment comme mon beau-frère et je prends soin de ma famille. Ai-je aussi droit à ce traitement ? demande-t-elle avec réserve. Oui ! bien sûr Rosalie. Malgré la façon dont je t'ai traitée ? insiste-t-elle. Cela montre juste à quel point tu aimes ta famille et veux la protéger. C'est normal que tu te sois montrée méfiante quand je suis apparue soudainement dans votre vie. Il y a plus que cela… mais ce sera une histoire pour un autre jour, finit-elle par me dire après hésitation. Mon homme m'attend. Je te souhaite un bon retour chez toi. Merci Rosalie. Rose… La famille m'appelle Rose, Bella. Bonne journée, Rose. »

Elle hoche la tête et part en direction du garage.

« Complicité Rosalie +5. Vous n'êtes plus considérée comme une ennemie par Rosalie. Commentaire du développeur : Vous devriez fêter cela avec des cotillons et faire une danse de la victoire, ce n'était pas gagné. »

« Vous avez atteint le niveau 10. Vous disposez de 20 points de caractéristique à placer où vous le souhaitez. Vous disposerez de 30 points lorsque vous atteindrez le niveau 20»

Je me demande si les développeurs boivent pendant leur travail… Je décide d'ignorer le commentaire et consulte ma fenêtre de statut :

« Biographie :

Isabella Mary Swan

Age : 17 ans

Niveau : 10

Profession : lycéenne

Titre : Newbie 

Titre : Collectionneur malchanceux

Titre : Dépensière émérite

Titre : Oracle reconnu»

Ah, je ne suis plus une newbie… Le titre a été barré.

« Caractéristiques du joueur :

FORCE : 50

DEXTERITE : 25

INTELLIGENCE : 155

CONCENTRATION : 210

FORME : 100»

Je choisis de placer les vingt points en dextérité. Le bal aura lieu la semaine prochaine, comme me l'a rappelé Alice hier et je n'ai aucune envie de passer ma soirée à marcher sur les pieds d'Edward. Bien sûr, il faudra d'abord que je l'invite. Avec tout ce qui s'est passé récemment, je n'ai même pas eu l'occasion de discuter de cela avec lui. Je passe à l'onglet suivant.

« Maîtrise des armes :

Sac à main : 1/20 Bombe au poivre : 1/20»

Il faut sérieusement que je développe cette partie-là. Je n'ai aucun moyen de me défendre.

« Maîtrise des dons :

Bouclier mental : palier 1 Prescience : palier 3 Résistance aux chocs : palier 2 »

Oh ! Quand suis-je passée palier 2 pour la résistance aux chocs ? Est-ce à la suite de mon isolement ?

« Compétences innées :

Cuisine : niveau 1 (+1)

Ménage : niveau 9

Apprentissage des leçons : niveau 8

Conduite de moyen de transport : niveau 4 (+1)

Lecture : niveau 15 (+1)

Capacité d'observation : niveau 11 (+1)

Compétences acquises (3 maximum)

Fabrication d'objets : niveau 20 +(1)

Connaissances naturalistes : niveau 19

Connaissances sur le surnaturel : niveau 15 (+2) 

Compétences bonus :

Empathie : niveau 3»

Intéressant ! Non seulement je peux améliorer les compétences, mais je peux aussi en avoir de nouvelles.

Je reçois un message qui me fait rire :

« Jared m'a appelé ! Je l'ai invité au bal de vendredi et il a dit oui ! T'es la meilleure Bells ! »

J'avais profité de la mise au point de notre plan pour glisser un mot sur Jessica à Jared. Je sais qu'il finira par s'imprégner de Kim, mais en attendant, il est célibataire et si je peux faire en sorte qu'elle voit au-delà de Mike…

Edward revint finalement de son entrevue avec Esmée. Je profitais de l'occasion pour l'inviter au bal, ce qu'il accepta en souriant. Nous entendîmes alors hurler de joie Alice à l'étage, nous faisant éclater de rire à notre tour. Alice me ramena à la maison et je passais une soirée tranquille avec mon père. Lui aussi avait passé la soirée à la réserve par sécurité. Billy l'avait convaincu avec une pile de pizza et un match de baseball.

J'avertis Charlie que j'allais au bal samedi, il m'accorda la permission de minuit et me donna une recharge pour ma bombe au poivre en me recommandant de ne pas hésiter à l'utiliser. J'imagine que les pères sont tous pareils avec leurs filles… Du moins, ceux qui tiennent à elles. Même si le comportement de Charlie était exagéré et agaçant d'une certaine façon, j'étais heureuse de recevoir un tel traitement, attristée cependant de ne pas l'avoir reçu de mon vrai père. En réalité, plus le temps passait et plus je souhaitais la vie de Bella. J'avais le sentiment que je serai dévastée à l'idée de tout perdre à la fin du jeu. Brièvement, je m'imaginais y rester définitivement.

Je fus surprise de constater que la pensée de laisser ma vraie vie derrière ne m'attristait pas. Je pourrais toujours redevenir professeur, me refaire des amis. Je n'avais jamais tissé de liens solides avec personne dans la vraie vie. Au final, je n'avais pas grand-chose à perdre et beaucoup à gagner… Je secouais la tête. C'est une utopie. Je suis dans un jeu et je me suis juste laissée prendre par le système d'immersion. Sans les fenêtres de statut, j'aurai pensé me trouver carrément dans un autre monde. Pourtant, quelque chose cloche dans ce jeu.

Edward me rejoint dans la chambre et nous nous câlinons jusqu'à ce que je m'endorme paisiblement. Le lendemain, le lycée était en effervescence, à cause de la préparation du bal. Bizarrement, personne ne m'a proposé d'y aller contrairement au livre. J'imagine que l'attitude possessive d'Edward y est pour beaucoup. J'apprécie en fait sa jalousie, mais je ne lui dirais jamais. Mike me lance de temps en temps des regards mais la présence quasi constante d'Edward semble l'empêcher de s'approcher, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Au final, je fus kidnappée des bras d'une Jessica surexcitée par son rendez-vous, par une Alice tout aussi énergique, mais avec une force de persuasion supérieur à un char d'assaut. Jessica n'avait aucune chance… et moi non plus. J'ai donc fini par devenir à mon tout Bella-Barbie, mais honnêtement, je ne l'ai pas aussi mal vécu que la Bella originale. En fait, nous avons bien rigolé, du moins quand j'étais autorisé à bouger mes muscles faciaux. Lorsque j'enfilais la robe choisie avec soin par Alice, j'avais l'impression d'être une princesse à son bal des débutantes.

La robe était d'un bleu nuit et arrivait jusqu'aux genoux. Le bustier était serti de dentelle délicate et la mousseline qui s'ouvrait en dessous de la poitrine était ornée de petits strass foncés. Alice avait passé sur ma peau une lotion scintillante et j'aimais le fait de pouvoir briller comme Edward. Elle avait laissé mon cou dégagé, ce qui m'avait surprise mais j'avais de longue et fines boucles d'oreilles qui pendaient jusqu'à mes épaules, ressemblant à des gouttelettes de pluie. J'avais âprement négocié des talons de deux pouces, pas plus… Un châle en dentelle complétait ma tenue.

Alice partit après avoir recommandé à son œuvre d'art, alias moi, de ne pas pleurer ou altérer quoique ce soit avant qu'Edward n'arrive. Après son insistance, j'étais tellement stressée que je me suis contentée de rester assise le dos droit au bout du lit. Enfin, la sonnette retentit et je descendis l'escalier où Edward m'attendait à côté de mon père. Je pris garde à ne pas trébucher dans les escaliers, mais je ressentais les effets de ma montée de dextérité et je me sentais plus sûre de moi. Edward tient ma main pour m'aider à descendre les dernières marches et m'accueille en souriant :

« Tu es magnifique Bella !

Toi aussi. »

C'était vrai ! Ses yeux dorés étaient rehaussés par un costume et une cravate bleu foncé. Ses cheveux étaient toujours un peu indisciplinés et contrastaient avec l'allure stricte de la veste. Il m'offrit alors une boutonnière constituée de fleurs sauvages violettes assortie à celle de son costume et je fondis dans ses bras, oubliant complètement Charlie dans le processus. Lui, en revanche ne tarda pas à faire connaitre sa présence, se raclant la gorge. Nous le laissâmes faire quelques photos et je pus partir, non sans que Charlie ait vérifié la présence de la bombe au poivre dans mon sac.

« Minuit, nous lance-t-il sur le pas de la porte.

Je n'oublierai pas Chef Swan, répondit Edward. »

En chemin je ne cachais pas mon excitation.