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Chapitre 16 Ce matin, un lapin a tué un chasseur*

(* en français dans le texte : extrait du « lapin », une chanson pour enfant populaire chantée par Chantal Goya)

 

Lauren vécut une très mauvaise soirée. Quand elle revint à sa voiture le soir de son acte de méchanceté, la batterie de celle-ci était vide, mais heureusement pour elle, Tyler voulu bien l'aider. Lorsqu'elle revint chez elle, elle se trouva coincée à l'extérieur de chez elle, la clé de la maison ayant disparu de sa poche. Elle passa alors par une fenêtre restée entrouverte. Lorsqu'elle voulut prendre un goûter, elle se rendit compte que le contenu des placards de sa cuisine avait été interchangé. Lorsqu'elle voulut prendre sa douche, elle se rendit compte que le ballon d'eau chaude avait été vidé et sa toilette se fit à l'eau glacée. Ses parents se fâchèrent en rentrant, non seulement à cause des placards et du ballon d'eau chaude, mais aussi à cause de sa clé de maison restée dans la serrure à l'extérieur de la porte. Quand elle remonta, dépitée, elle trouva écrit sur sa fenêtre : « il n'y aura pas d'autre avertissement. » Elle sortit en trombe de la pièce pour aller chercher ses parents, mais quand elle revint, la fenêtre ne comportait aucun message… Ce jour-là, ses parents décidèrent de lui faire passer un stage de sensibilisation à la drogue.

 

Je n'avais pas cherché à intervenir dans la petite vengeance d'Edward, j'avais même suggéré le message sur la fenêtre. Après tout, se croire folle pourrait être considéré comme une blessure psychologique, je voulais ma récompense et ne trouvais pas nécessaire d'aller plus loin qu'un avertissement. Le Némésis de Lauren n'était en réalité pas uniquement Edward et moi, Alice, Emmett et, de façon plus surprenante, Jasper, avaient participé. Alice avait même réalisé un petit reportage photo pour le montrer à Esmée plus tard.

 

Le mardi soir, Edward m'invite chez lui après les cours. Je suis nerveuse à l'idée de revenir pour la première fois depuis longtemps à leur villa, mais Esmée m'accueille chaleureusement, s'excusant pour son attitude et me demandant comment j'allais.

 

« Tout va bien, je lui réponds. Vous n'avez pas besoin de vous excuser, mon comportement n'a pas été tout à fait correct non plus. Repartons sur de nouvelles bases.

C'est ça ! s'écrie Rosalie. Faisons comme si nous ne risquions rien. Si son existence est connu… Les Volturi viendront m'achever et vous punirons, je complète… Je sais… »

 

Le silence en réponse à mes paroles, m'encourage à poursuivre.

 

« Je ne compte pas me faire entrainer dans leur petite famille… Non… Sans façon…

Encore une nouvelle bonne surprise… gronde Jasper. Non ! Et une nouvelle pas si fraiche, si tu veux tout savoir, je réplique. Je l'ai vu avant de venir à Forks. Edward, Alice et moi étions dans leur sorte de tour dans une salle avec des trônes… Et il nous proposaient de rester tous les trois. Pourquoi étions-nous là ? s'inquiète Edward en me tirant dans ses bras de manière protectrice. Pourquoi JE n'étais pas là ? grogne Jasper.»

 

Je haussais les épaules et poursuis :

 

« En tout cas, toi et moi n'avions pas l'air en bonne santé, mon coeur. J'ai eu l'impression que nous ne nous étions pas vu depuis très longtemps. Je pense que ça va se passer après votre départ, quand vous me laisserez derrière.

Tu penses toujours que l'on va partir, gémit Alice. Je ne sais pas. Je préfère ne pas exclure cette possibilité, mais j'aimerai faire en sorte de ne pas rencontrer les trois mousquetaires des enfers… »

 

Elle haussa un sourcil.

 

« Aro, Caïus et Marcus, je veux dire. »

 

Je vois Jasper et Edward se regarder l'air sombre. Ce dernier m'entraine vers le canapé, passant son bras autour de mes épaules. Jasper fait de même avec Alice et Esmée s'assoit sur le fauteuil tandis que Rosalie s'éloigne vers l'étage, indifférente. Emmett hésite, puis décide de s'assoir à côté d'Alice, au grand agacement de sa femme qui claque la porte de leur chambre. Je sursaute au bruit et Edward m'embrasse le front en me disant qu'elle finira par changer d'avis. Jasper demande brusquement :

 

« Que sais-tu d'eux Bella ?

Les Volturi ? »

 

Il hoche la tête.

« Eh bien, ils sont comme la royauté des vampires, chargés de faire respecter les lois et de punir en cas de transgression.

Etais-tu humaine quand tu les as rencontrés ? Oui, je souffle et les femmes halètent. Tu disais qu'ils vous avaient proposé de rester tous les trois. Ils ne voulaient pas te tuer ? Oh si ! je ricane… Caïus est charmant… vraiment… »

 

Je sens Edward se tendre avant de demander.

 

« Il t'a fait du mal ?

Aro l'a arrêté. Il était intéressé par mon évolution. Ton… Ton évolution, bégaie Edward. Il pense que puisque je le bloque en tant qu'humaine, je ferai une immortelle intéressante. Attends ! Tu le bloques ? s'écrie Jasper, les yeux écarquillés. Je suis un bouclier ! Apparemment il est assez puissant pour être efficace même quand je suis humaine. C'est pour cela que je ne t'entends pas, murmure Edward. Probablement, j'acquiesce. Je comprends mieux pourquoi ils ne te tuent pas sur le champ, dit alors Jasper en plaçant les doigts à ses lèvres. Que vous arrive-t-il ensuite ? On part, je réponds, mais pas assez vite et on les entend se nourrir de ces pauvres touristes quand on passe la porte. Oh non ! s'exclame Esmée. Ma pauvre chérie ! Ils ne te laisseraient pas partir s'ils n'avaient pas la certitude que tu serais un transformée très bientôt, rétorque Jasper et j'entends Edward gronder. »

 

Je prends une grande respiration avant de lancer la bombe :

 

« Alice leur a montré un avenir où je suis l'une des vôtres.»

 

Je sens une brise dans mon dos et me retrouve projetée au sol plus loin dans la pièce. Au-dessus de moi, Rosalie a les traits déformés de haine. Elle me hurle dessus :

 

« C'est ce que tu attends, hein ? Avoue ! Tu veux être immortelle ?! »

 

Edward l'arrache à moi et la pousse vers Emmett qui lui tient les bras, tandis qu'elle continue de crier :

 

« Tu n'as aucune idée de ce que c'est d'être un vampire. Tu idéalises, tu ne vois que la façade ! Tu n'as aucune idée de ce que tu laisses derrière.

Rosalie, grogne Edward, accroupi à mes côtés de façon protectrice. Bon sang ! Rosalie, il me semblait que tu avais un peu plus de jugeote que ça ! je m'exclame. Tu crois que je ne sais pas qu'Edward ne veut pas que je vive une vie d'immortelle à ses côtés ! »

 

Je sens les mains d'Edward se serrer autour de mes bras, il a l'air abasourdi. Je lui fais un sourire ironique en posant ma main sur sa joue.

 

« Ne pense pas à me duper, mon cœur. »

 

Je souffle en me relevant. Il reste toujours figé, accroupi. Je souffle, puis reprends mon explication :

 

« Tu ne veux pas me transformer… et pour l'instant je ne sais même pas ce que je veux comme avenir. Ce que je peux dire en revanche, c'est que je n'ai absolument pas envie de croiser ces affreux mecs aux yeux rouges. Je vais tout faire pour ne jamais croiser leur route… »

 

Je prends les mains d'Edward et lui dit en le regardant droit dans les yeux :

 

« En revanche, une chose que mes visions ne me montrent pas, c'est le temps qu'il me reste auprès de mon compagnon. Alors je veux être auprès de lui le plus possible, pour construire des souvenirs heureux, qu'il pourra garder dans sa tête et dans son coeur quand je ne serai plus là. »

 

Je m'arrête, les larmes aux yeux et me love contre le torse d'Edward, aussi immobile qu'une statue. Je sens enfin ses bras se refermer autour de moi et se tête se nicher dans mon cou. Il me murmure alors :

 

« Tu savais tout… Tu savais tout et tu m'acceptes quand même…

Je savais tout et c'est aussi pour cela que je t'accepte comme compagnon. »

 

Je tente de relever ma tête mais il me maintient contre lui fermement. Je continue, la voix tremblante d'émotion, mais surtout pleine de détermination. Il faut que je lui dise que je le comprends. Bella avait ses insécurités dans le livre, mais lui aussi. Au final, c'est juste un ado de dix-sept ans qui ne sait pas comment réagir et fait pour le mieux avec l'éducation patriarcale qu'il a reçu comme modèle.

 

« Je sais que tu me protègeras quoiqu'il arrive, même si pour cela tu considères, que tu dois disparaître de ma vie. Je sais que tes décisions pourront me faire mal et je t'en voudrais pour cela, mais jamais … jamais, je ne douterai de ton amour pour moi. »

 

Je le sens trembler. Nous restons un moment comme cela jusqu'à ce qu'Alice me rappelle que je devais préparer le repas de Charlie. C'est seulement à ce moment-là qu'Edward me relâcha. Je dis au revoir à Alice. Les autres avaient disparu et il me raccompagna à la maison. Je le sentais nerveux et cela m'inquiéta, mais je me dis qu'il me parlera quand il sera prêt. Je compris l'origine de sa nervosité quand il détacha sa ceinture après s'est garé devant chez moi. Il se déplaça rapidement vers ma porte, qu'il ouvrit, le temps que j'enregistre ce qui allait se passer.

 

« Bonsoir, Chef Swan, fait Edward en tendant sa main à Charlie quand je le présente à mon père. »

 

Mon père prend sa main, la serre et penche la tête sur le côté, sceptique. Edward est impassible.

 

« Eh bien ! Sacrée poigne mon garçon ! Viens-donc t'assoir avec moi au salon. Bella, tu veux bien faire des papillotes de poissons pour ce soir s'il te plait ? Tu manges avec nous Edward, n'est-ce pas ?

Oui monsieur, si toutefois Esmée est d'accord. Je vais lui envoyer un SMS.»

 

Je lance un regard inquiet à Edward, vérifie que l'arme de mon père est bien dans le hall d'entrée et non à proximité et lance un regard d'avertissement à Charlie. Charlie ne me regarde pas, il fixe Edward et l'escorte jusqu'à sa salle d'interrogatoire à domicile. Décidant que mon petit-ami peut se débrouiller tout seul quelques minutes, je me lance dans la préparation du repas. Je suis frustrée de ne pas entendre la conversation : Charlie a refermé la porte derrière eux.

 

Une fois les papillotes et le riz à la tomate prêts, je les rejoins dans le salon. Ils regardent le match de baseball à la télévision en silence. Je m'approche d'Edward, qui me sourit. Je les invite à table et nous mangeons tranquillement, ils semblent tous les deux très détendus. Moi, en revanche, je me sens plutôt mal à l'aise. Edward est très doué pour cacher les morceaux de poisson et le riz dans sa serviette et Charlie à la tête plongée dans son plat.

 

« Tu fais vraiment les meilleures papillotes du monde, Bella, me dit-il entre deux bouchées. Billy m'a demandé la recette.

Je lui donnerai quand j'irai à la Réserve. »

 

Je vois Edward grimaçait. Charlie me demande quand je compte y aller et je réponds que Jessica m'en a parlé ce matin, ils y vont samedi prochain. Charlie me promets d'appeler Billy pour envoyer Jacob t'amener chez eux. Je le remercie. En y réfléchissant bien, cela me permettrait de voir Harry Clearwater.

 

Une fois le repas fini, je raccompagne Edward à la porte. Il me souhaite une bonne nuit et m'annonce que jeudi soir, il m'invite au restaurant. Je suis surprise. Je me retourne vers mon père qui fait semblant de regarder le journal des sports. Comment je le sais ? Le reportage porte sur l'équitation… Edward m'embrasse sur la joue et me dit à demain en me faisant un clin d'œil. Je mime avec les lèvres : « Dans ma chambre dans vingt minutes. » Et je referme la porte.

 

Vingt minutes plus tard, j'ai fait ma toilette et j'ai l'homme le plus sexy du monde allongé sur mon lit, les bras derrière la tête. Je le rejoins et pose ma tête sur son torse.

 

« Alice te fais savoir qu'elle te kidnappe demain après-midi. Tes professeurs ont une réunion et elle t'emmène à Seattle. »

 

Je souris malicieusement et répond :

 

« Super, je voulais justement un bel ensemble en dentelle noire…

Et tu me dis ça pour… demande un Edward un peu tendu. Pour que tu saches ce qu'il y aura en dessous de mes vêtements quand nous serons en rendez-vous jeudi. … Tout va bien mon coeur ? Hum… O…Oui. Au fait, je me posais une question, Edward. Laquelle ? Quels sont tes goûts en cuisine ? Tu me demande quels animaux je mange ou ce que je mangeais quand j'étais humain ? Humm, je suppose les deux, même si je t'ai vu chasser un cerf dans une de mes visions. Ah oui ? fait-il en me regardant, incertain. Et cela ne t'a pas effrayée. En fait, j'ai trouvé ça plutôt sexy, je réponds en rougissant. »

 

Il me fait son sourire en coin et me dit :

 

« Eh bien, effectivement, je chasse des cerfs, mais je préfère les grands carnivores, en particulier les… »

 

Il s'arrête et je comprends. Je pose ma main sur sa joue pour l'encourager.

 

« Quand j'étais humain, je me souviens avoir beaucoup apprécié la Brown Windsor soup.

Une soupe au bœuf c'est ça ? Oui… La nourriture était très différente à l'époque. Tu pourrais me parler des meurs des gens de l'époque. A quoi ressemblait les villes ? Je n'ai pas beaucoup de souvenir de ma vie humaine. Et tu as mis longtemps à pouvoir côtoyer des humains après ta transformation ? Non, quelques années tout au plus. Alors parle-moi de ce que tu as vu à cette époque. Eh bien, tout d'abords les routes n'étaient pas goudronnées… »

 

Nous avons passé des heures à discuter jusqu'à ce que, je ne sais quand, je m'endormis. Le lendemain, Alice me kidnappa comme prévu et je fis un carnage à Victoria Secret, faisant semblant d'être indifférente au montant à quatre chiffres que la vendeuse annonça à Alice. Elle me traina ensuite chez le coiffeur et à un bar à ongles. J'essayais un nombre incalculable de robes aux prix exorbitant. C'est du moins ce que j'ai imaginé parce que dans ce magasin, aucun article n'avait de prix… Heureusement j'avais déjà les chaussures parfaites. J'étais sur les rotules en rentrant, je fis une pizza maison et Charlie fut ravi de la conséquence de mon immense flemme à l'issu de la séance shopping de la mort.

 

« Vous avez débloqué le titre de « dépensière émérite »… Conditions nécessaires: ramener chez vous plus de trente articles de plus de cent euros chacun. »

 

« Complicité Alice : +1 »

 

« Quête bonus : Faire voir à Edward au moins cinq de vos achats de ce jour… Récompense : cachée… Pénalité : aucune… Durée : illimité.»

 

Je souris à la fenêtre bleue. Je savais déjà quoi faire. Edward ne sait pas ce qui l'attend. J'envoie un message à Alice. J'en reçois un presque aussitôt :

 

« Bouche-cousue ! »

 

Je ricane. Il est temps de chasser le chasseur !