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Arc 2 – Épisode 14 : La Naissance De La Douleur.

Le groupe d'Alnor quitte la forêt mentionnée précédemment. Le porteur du bracelet d'Orzlon n'a de cesse de penser à sa victoire qu'il pense inévitable sur Kigen et les Shirenais, ce qui lui fait lâcher un sourire malicieux échappant à son contrôle. Tetsuo se triture l'esprit à espérer que le plan élaboré par sa hiérarchie marche. Arito, Endalia et Fraya ne s'expriment pas.

« Que j'ai hâte ! Allez ! Plus vite ! Plus vite les fainéants ! » s'exclame leur chef.

Sa remarque déplaît fortement aux deux autres Zigriks. Mais, sachant le risque qu'ils encourent s'ils osent lever la voix, ils prennent leur mal en patience. Le Kirioku se laisse doubler par Arito et Endalia, focalisé sur son objectif : obtenir la quantité d'énergie nécessaire pour briser le sceau imposé par Alnor qui empêche sa progression dans la possession de la vraie Fraya.Elle regarde alors ses deux compagnons de voyage et constate avec amertume que les énergies en eux ne suffiront pas.Elle se penche ensuite vers le Shirenai de terre. Sentant une puissance très développée en lui, l'envie de la dévorer lui monte au nez. Cependant, la situation se confrontant devant elle l'empêche d'agir. Elle réfléchit un instant.

« Je n'en reviens toujours pas qu'elle s'est rabaissée devant lui. » insiste Arito à voix basse.

Endalia n'enchérit pas.Le Kirioku s'arrête brusquement, comme prise d'une foudroyante idée. Se souvenant de l'impressionnante quantité de ki présente dans le corps qu'elle a pris en otage, elle force l'étrange dessin en forme de lotus à revenir, non alimenté par l'énergie neutre et apparaissant juste sous l'aspect d'un tatouage. Lui reviennent également en mémoire toutes les tentatives de libération de la vraie Fraya, lui faisant comprendre, que pour avoir accès à toute cette énergie, elle doit plier mentalement. Elle réfléchit alors à un moyen d'y arriver sans qu'elle ne soit remarquée par Alnor. C'est alors que les deux Zigriks soumis se retournent.

« Qu'est-ce que tu fais ? Suis-nous ou nous allons encore nous faire engueuler ! » lui conseille-t-elle.

« Viens ! » exige-t-il un peu stressé.

Ensuite, c'est au tour de Tetsuo, se demandant alors ce que font ses trois compagnons de voyage. Interloqué par l'agitation se déroulant dans son dos, Alnor finit par se retourner.

« Qu'est-ce qu'il se passe encore ? Avancez ! Ou vous savez ce qu'il va se passer ! » ordonne-t-il avec virulence.

C'est à ce moment précis que le Kirioku trouve la solution à son problème.

« Tout de suite ! » poursuit le créateur de failles en fixant plus particulièrement Fraya.

Elle s'agenouille.

« Pardonnez-moi, Maître. C'est de ma faute. » lui répond-elle.

« Ne recommence plus. Nous n'avons pas de temps à perdre. »

« Je vous le jure. Maître, puis-je vous demander une faveur ? »

Cette requête étonne tout le monde.

« Qu'y a-t-il ? » questionne Alnor.

« J'ai besoin de faire une pause. »

« As-tu écouté ce que je viens de te dire ? Nous ne sommes plus très loin ! Il faut vite y être ! Remue-toi ! Je n'ai pas le temps pour ce genre d'encombrements ! »

« J'en ai besoin. Je dois stabiliser ma possession. Je ferai aussi vite que je peux. Maître... Je vous en supplie... »

Elle baisse la tête. Arito et Endalia ne constatant aucun emballement énergétique se manifester au sein du Kirioku, sont dubitatifs, essayant de deviner ce qu'elle tente de faire.

« Bon. C'est d'accord. Arrêtons-nous ici. Invocatrice, pose un camouflage sur tout le monde. Tout de suite ! »

« Oui chef... »

Elle lève une main en l'air.

« Zifitan ! »

Elle produit une onde qui enveloppe les corps de l'escouade. Tetsuo regarde les pieds des Zigriks, constatant qu'une onde n'est produite. Il en déduit alors que c'est à travers ce procédé qu'ils masquent leurs présences.

« Je vous remercie, Maître. »

Fraya se relève.

« Puis-je m'isoler ? »

« Fais ce que tu as à faire. Nous t'attendons. Mais ne tente pas de t'échapper, je le saurais de toute façon. Tu as compris ? »

« Oui, Maître. » lui répond-elle en lui faisant une révérence.

Tous la regardent se retirer. Jugeant son attitude beaucoup trop étrange, Endalia et Arito soupçonnent qu'elle prépare bel et bien quelque chose. Cependant, rien ne peut leur retirer leur angoisse permanente sur une autre sanction de la part de leur bourreau. Une fois suffisamment isolée des autres, l'entité du Kirioku s'assoie en tailleur.

« Ici, ça devrait aller. »

Elle ferme les yeux. La vraie Fraya, toujours emprisonnée dans l'étrange espace noir, semble inconsciente, la bouche couverte par un lien noirâtre. Une main entièrement constituée de feu noir vient lui relever la tête.

« Réveille-toi. »

La prisonnière s'éveille, un peu désorientée. Lorsqu'elle découvre qui lui parle, elle recommence à se débattre vainement.

« Arrête ça. C'est inutile. Je dois t'avouer que je suis impressionné par la résistance que tu démontres. Tu aurais été une bonne Zigrik. Malheureusement, ce n'est pas le cas. »

L'amorce de cette entité rend perplexe son otage.

« Tu dois certainement comprendre que je ne viens pas par hasard, n'est-ce pas ? »

Ce qui bloquait sa bouche disparaît subitement.

« C'est très simple. Je veux savoir ce qui t'a poussé à me trouver. »

La vraie Fraya reste muette.

« Tu ne gagneras rien en ne me répondant pas. Ce n'est qu'une question de temps avant que je ne te dévore entièrement. Si tu tiens réellement à ta vie, je te conseille vivement de coopérer. Dis-moi pourquoi tu me voulais ? »

La seule réponse qu'elle lui apporte est une nouvelle tentative de se libérer.

« Bien... Tu es aussi idiote que tes ancêtres. »

L'entité du Kirioku fait réapparaître subitement le lien qui entravait la bouche de la vraie Fraya. L'énergie noire pose sa main sur la tête de sa prisonnière.

« Je te ferai parler autrement. »

L'aura grise de son otage est forcée. Ses yeux sont écarquillés et se colorent progressivement de noir.

« Montre-moi ta faiblesse. »

Tout l'espace est soudainement plongé dans un brouillard épais de feu noirâtre teinté de légers traits gris, synonymes du reste d'énergie neutre encore présente dans le corps de Fraya. Après quelques secondes de profonde obscurité, la prisonnière du Kirioku se trouve soudainement dans un lit à couverture blanche aux bords dorées, rajeunie d'une dizaine années environ. Elle se réveille doucement. Elle est désormais vêtue d'une toge blanche. Des broches munies de fleurs sont présentes dans ses cheveux. Une statue féminine à longs cheveux, bras écartés, trône derrière son lit. Ses yeux deviennent subitement noirs, indicateurs de la présence de l'énergie noire à travers elle. Il découvre l'ancien environnement de sa prisonnière. Quand, tout à coup, on toque à sa porte. En une fraction de seconde, il rend le contrôle à Fraya.

« Kozana Fraya, votre père vous convoque. » déclare la personne se trouvant derrière.

A l'évocation de ce titre, fortement similaire à celui d'une princesse, elle court se cacher sous son lit. On toque encore plus fortement à sa porte.

« Kozana Fraya, je vous en supplie. Venez tout de suite. »

« Non ! »

« Elle n'est toujours pas décidée à sortir ?! » s'insurge une autre personne.

« Oh, vénérable Ki-Igno, veuillez me pardonner, je n'ai pas réussi à [...] »

La personne qui l'appelait n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'on entend un impact.

« Lorsque je vous ordonne de me l'amener, ne prétendez pas ce genre de discours. La prochaine fois que je vous surprends dans ce langage, votre ki reviendra directement à Faironne. Me suis-je bien fait comprendre ? » explique d'un air menaçant Ki-Igno.

Dès que Fraya entend cette voix, son corps est paralysé de terreur. La porte est brutalement ouverte, laissant le passage ouvert à un homme d'une quarantaine d'années, lui aussi vêtu d'une toge blanche, munie d'une ceinture dont l'attache ressemble à la tête de la statue féminine. A ses pieds, il porte des sandales couleur ocre. Sur son torse est tatoué un sceau complexe, composé de quatre cercles représentant les points cardinaux. Dans celui situé près de sa gorge, un éclair est dessiné. Une vague figure dans celui couvrant son cœur.

Concernant celui situé près de son bras droit, un rocher est représenté. Et enfin, sur celui ornant son ventre, un feu y figure. Ki-Igno lance un regard rempli de colère envers elle.

« Tu m'énerves, Fraya. J'en ai plus que marre de reculer l'échéance sous prétexte que madame fait sa fainéante. Tu as jusqu'au prochain cycle lunaire pour manifester ton talent. C'est bien clair ? »

Sous la pression, elle n'ose pas répliquer.

« En attendant, en tant que Kozana, il faut absolument que je te montre quelque chose. Suis-moi. Tout de suite. »

La tête baissée, elle le rejoint. Ils longent un couloir de marbre blanc, lui devant. Plus tard, tous les deux se retrouvent dans une salle ressemblant fortement à celle du Conseil à Kigen. Le bureau de la hiérarchie Shirenai est cependant remplacé par un autel doré. Un public constitué de personnes portant aussi des toges blanches est présent. Ki-Igno et sa fille se place derrière l'autel. Les autres se courbent en avant pour les saluer.

« Qu'on fasse entrer la honte de Faironne ! » exige son père.

Deux grandes portes d'or et de marbre blanc, sur lesquelles la tête de la statue féminine est représentée, situées au fond de la salle, dans le dos du public, s'ouvrent, offrant encore plus de luminosité à l'ensemble. Un jeune garçon, à la toge déchirée, longs cheveux, tête baissé, poignets liés par des menottes, accompagné de deux gardes s'avance. Le public se lève et le fixe du regard. Une fois arrivé à quelques mètres de l'autel, ses suiveurs le quittent. Un sceau surgit soudainement, forçant le garçon dépravé à s'agenouiller. Sa réflexion est brutalement interrompue. Ses yeux deviennent subitement noirs. Le Kirioku est là, observateur.

« Mes frères, je suis dans le regret de vous annoncer que celui qui était sensé être comme vous ne l'est point. Faironne ne peut abriter en son sein une telle anomalie. Le moment est venu pour vous d'être témoin de l'interdit. »

Ki-Igno se lève et tend les bras.

« Mes frères, prêtez moi votre ki pour vous révéler cette sombre vérité. »

L'audience réplique les gestes de leur chef. Le sceau complexe présent sur son corps brille. Les auras de toutes les personnes composant la foule surgissent. Seule celle de Fraya n'apparaît pas, ce qui irrite Ki-Igno un bref instant. Les émanations d'énergie neutre viennent alimenter le sceau du chef. L'entité du Kirioku esquisse un sourire étrangement ironique.

« Faironne, yazazu okmi salter ! Faironne, vesazu okti kifzer ! » (=Faironne, entend mon appel ! Faironne, révèle ton don ! )

Le garçon lève subitement la tête, yeux intégralement gris. Il ressemble à un Rajik très jeune. C'est alors qu'un dessin en forme de lotus similaire au sien, présent sur le haut de son torse, est dévoilé aux yeux de tous. A la révélation de ce dernier, Ki-Igno est horrifié.

« Hérésie ! » hurle-t-il.

Aussitôt, le public met fin au transfert d'énergie envers leur chef.

« Il porte l'interdit ! Il ne doit plus être des nôtres ! » déclare-t-il vivement.

Ki-Igno active son aura. Le sceau se situant sous Rajik est soudainement modifié.

« Hors de notre vue ! Hérétique ! Téliponyon ! »

Le garçon disparaît subitement sous une vive lumière. Ki-Igno baisse les bras, yeux fermés, et marque un froid silence.

« Mes frères, soyez rassurés. Nous sommes désormais hors de danger. Vous pouvez disposer. Que Faironne guide vos pas. »

L'audience quitte lentement la pièce, après avoir salué leur chef. Les deux gardes qui ont amené le jeune Rajik sont encore là.

« J'espère que tu n'auras pas aussi ce vilain talent, surtout vis-à-vis de la responsabilité qui t'attend. Ce serait un drame pour notre communauté. » lui affirme-t-il sans la regarder.

C'est à ce moment-là que l'énergie noire cède temporairement sa place à Fraya. Elle est alors prise d'un violent mal de tête.

« Je voulais absolument que tu assistes à ça... Gardes ! »

Ceux-ci s'avancent.

« Ramenez-là à sa chambre, je vous prie. »

Ils viennent la chercher. A trois, ils quittent à leur tour la salle. Quelques instants plus tard, Fraya longe de nouveau le couloir de marbre blanc, souffrant en silence sans comprendre pourquoi ni comment. Elle rejoint sa demeure. Les gardes prennent soin de bien fermer la porte et s'en vont. N'en pouvant plus, elle se jette sur le lit, complètement perdue par ce qu'elle revit. Le Kirioku en profite pour reprendre la main, manifestement frustré.

« Je ne sens aucune instabilité en elle. Ce n'est pas suffisant. Il faut que je cherche ailleurs. »

On toque encore une fois à sa porte. Par réflexe, il redonne le contrôle à sa proie.

« Fraya, il faut qu'on parle. » déclare fermement son père.

« De... De quoi ? »

Il entre d'un pas assuré.

« Ne fais pas l'innocente. Tu n'as pas contribué à mon appel. Ne fais pas comme si tu ne t'étais pas éveillée au don de Faironne alors que tu en es capable ! J'en ai plus qu'assez de ta passivité ! »

« Non ! Père ! J'ai fait des progrès ! »

Pour tenter de le convaincre, elle réalise une chorégraphie lente composée de mouvements amples qui est sensée agiter le ki présent dans son corps. Ki-Igno fait l'effort de l'observer. Quand tout à coup, ses enchaînements deviennent plus brutes, plus nerveux, plus rapides.

« Péopar Ki ! » invoque-t-elle en donnant un coup de poing.

Elle avait pour but de créer un fort mouvement d'air, témoin de l'énergie qu'elle était supposée produire. Rien. Un silence. Dans un calme impassible, son père s'approche d'elle, en relevant une manche.

« Pardonnez-moi ! Je... Je... »

Il la gifle si violemment qu'elle tombe.

« Tu auras réellement intérêt à faire des preuves le moment venu ! Comment se fait-il que tu t'investisses aussi peu pour notre communauté ?! Tu en as rien à faire de Faironne, c'est ça ?! »

Toujours au sol, elle cache ses larmes avec ses mains.

« Il est hors de question que notre lignée s'efface ! Tu entends ?! Alors bouge-toi ! Tu veux finir comme cet hérétique ?!... Réfléchis bien, Fraya. Tu n'auras pas de seconde chance. »

Pris de rage, il sort de la chambre. Une fois totalement seule, elle se relève, se tenant la joue ayant reçu la gifle, dents serrés. Sa colère se manifeste par de légères fissures sur les murs en arrière-plan. Alerté par ce phénomène, le Kirioku prend immédiatement le relais pour s'assurer de ce qu'il a ressenti. Une fois le constat fait, il entre dans une phase de concentration. De légers traits noirs, provenant de ses yeux, commencent à envahir son visage. Alors qu'il pensait atteindre son objectif, ces derniers s'arrêtent brusquement et reviennent illico à leur point d'origine. Il comprend alors que ce n'est pas suffisant.

« Tu me montreras ta faiblesse, que tu le veuilles ou non. »

Entre temps, Ki-Igno essaye de se détendre dans une baignoire blanche, remplie d'eau chaude, au bout de laquelle se trouve la même tête de statue féminine.

« Par pitié... Faîtes qu'elle n'ait pas le même talent que lui... Je ne pourrais pas le supporter. » soupire-t-il en joignant les mains.

« Vénérable Ki-Igno, nous avons une information urgente à vous transmettre. » indique à forte voix un garde.

« Qu'y a-t-il de si important pour m'interrompre en pleine méditation ? » s'insurge-t-il.

« Un message de la part de Kigen. »

« Encore eux ?! Je leur ai déjà expliqué qu'il était hors de question d'envoyer nos meilleurs représentants là-bas ! Envoyez-leur une nouvelle missive de ma part et précisez bien que c'est la dernière fois que je répondrai ! »

« Vénérable Ki-Igno, désolé d'aller à l'encontre de votre volonté mais nous devons vous annoncer que les élémentalistes à leur tête viennent de décéder. »

Un silence.

« Vénérable ? Vous avez un problème ? »

« Convoquez Aritsune et Daigaku sur le champ à la salle du jugement. »

« Très bien. »

Les gardes se retirent.

« O Faironne, qu'ai-je fait pour que vous m'accablez de la sorte ? »

Plus tard, dans la même salle qui a servi au bannissement de Rajik, les deux futurs maîtres des Shirenais sont genoux à terre devant l'autel, sous les mêmes habits que leurs semblables. Ki-Igno vient s'installer.

« Salutations, vénérable Ki-Igno. » déclarent-ils simultanément.

« Merci. Mes frères, vous savez sans doute pourquoi vous êtes ici. Ne pouvant me résoudre au titre qui est le mien et vous étant les meilleurs d'entre nous, vous serez envoyés le cycle lunaire prochain à Kigen pour maintenir l'ordre, comme l'a voulu notre illustre ancêtre. »

« Ce sera avec honneur que nous respecterons cette tâche. » affirme Aritsune.

« Nous ne décevrons pas la volonté de Ki-Ramen. » poursuit Daigaku.

« Bien... Vous m'en voyez ravi... Cependant, un détail me chiffonne, voyez-vous. »

« Quoi donc, vénérable ? » demande le premier futur conseiller.

« Je vais être franc avec vous. J'admire vos compétences plus qu'admirables. J'aurais aimé finir votre formation théorique. Mais, comme vous pouvez le constater, tout ne se passe pas comme prévu. Et vos comportements lors de notre dernière séance m'inquiètent. Étant encore votre supérieur actuellement, je me dois d'être [...] »

« Ne vous en faîtes pas, vénérable. » interrompt brutalement le second.

« Nous avons révisé notre jugement. Vous pouvez être serein pour la suite. Nous défendrons Faironne convenablement. Nous vous en faisons le serment. »

Pour appuyer leurs propos, ils s'inclinent avec plus d'insistance. Leur engagement persuade leur supérieur. Ces derniers se relèvent.

« Pardonnez mon indiscrétion, vénérable Ki-Igno. Qu'advient-il de votre fille ? Son talent s'est-il enfin exprimé ? » demande Aritsune.

« J'aimerais tellement pouvoir vous le confirmer avec toute la fierté qui s'en suit mais... Malheureusement, non. A croire que notre chère Faironne me punit. »leur avoue-t-il abattu en tournant un peu la tête.

« Oh... Désolé d'alourdir encore votre âme. Nous nous inquiétons pour elle. Si vous nous le permettez, nous nous retirons pour vous laisser tranquille. » suggère Daigaku.

« Allez-y. » leur accorde-t-il.

Les futurs conseillers se dirigent vers la sortie, souriants et laissant leur supérieur en proie à une angoisse palpable.

« Kigen, enfin. » glisse à voix basse Aritsune.

« Nous arrivons. » complète son homologue.

Ki-Igno ne peut s'empêcher de les suivre du regard, comme si, malgré tout ce qu'ils lui ont affirmé, quelque chose lui disait que ce n'était que de vent. Mais n'ayant rien pour le prouver, sa pensée se penche rapidement sur sa fille. Dans le présent, du côté du groupe mené par Alnor, les deux Zigriks asservis ne peuvent cacher leur anxiété vis-à-vis de la décision prise par le Kirioku. L'invocatrice prie de toute son âme de rester en vie si quelque chose vient déranger brutalement la situation en suspend. Quand à Arito, il ne peut s'empêcher de dessiner des sceaux au sol, motivé par l'envie de trouver une alternative en cas de problème. Tetsuo reste un peu à l'écart, serein, beaucoup trop aux yeux du porteur du bracelet d'Orzlon, ne pouvant s'empêcher de croire que le cours des événements semble beaucoup trop facile. Obsédé par cette pensée, il prend l'initiative d'activer le sceau qu'il a implanté dans Fraya. En absence de chaleur qu'il perçoit lorsqu'il fait cette action, il sort le parchemin qu'elle avait signé et se rend avec stupeur qu'il ne réagit plus.

« Je ne la détecte plus ! » alerte Alnor.

L'affirmation de l'ouvreur de failles choquent les trois asservis présents avec lui. Paniqué, après avoir rangé précipitamment le parchemin, il fonce dans la direction où l'entité du Kirioku était partie s'isoler, suivi par les autres. Lorsqu'ils arrivent sur les lieux, ils la découvrent allongée au sol, inconsciente, horrifiant Alnor. Tetsuo ne perçoit pas la moindre onde provenir d'elle.

« Elle est... Morte ? » s'inquiète Endalia.

Arito s'approche du corps, posant délicatement une main sur sa gorge. Il répond à l'interrogation de sa collègue d'un simple non de la tête. Alnor remarque qu'elle porte encore la bague.

« Sondez les alentours !» ordonne Alnor, pris de stress.

Les deux Zigriks se concentrent sur leur capacité liée à leur élément commun à sentir toute vibration sismique. L'ouvreur de failles se tourne alors vers le Shirenai.

« Toi ! Si je découvre que tu as tenté quelque chose contre moi, je te tue sur le champ ! » menace-t-il en le visant avec son bracelet.

Aucune réaction de la part du concerné.

« A part nous, il n'y a absolument personne. » confirme Arito.

« Essaye de lui retirer le Kirioku. » ordonne Alnor.

Le tireur de cartes revient vers le corps de Fraya et tente de prendre la bague, sans succès.

« Alors... L'énergie noire est toujours en elle ! » s'exclame Endalia.

L'ouvreur de failles cesse de fixer le Shirenai. Le Zigrik affilié à la terre pose délicatement Fraya.

« Gardez un œil sur elle. Même si je n'aime pas trop ceci, il faut malgré tout reconnaître que, dans cet état, elle est indétectable. Nous sommes contraints d'attendre qu'elle se réveille... Merde ! » vocifère son maître.

« Tant mieux... Ça nous fait une petite pause... J'en ai marre de marcher comme ça. » se plaint l'invocatrice.

Le Shirenai scrute de loin le corps de Fraya. Cette situation le gêne autant que ça perturbe Alnor. Il se dit même l'espace d'un instant si le Kirioku aurait compris ce qui est en train de se tramer. Cependant, guidé par son sens du devoir, il se ressaisit rapidement, remarquant au passage que le porteur du bracelet d'Orzlon lui lance par moments des regards incisifs. Quand à ce dernier, il espère au plus profond de lui que cette situation sera brève, sinon les Shirenais pourraient en profiter, selon lui, pour comprendre où il compte se rendre et trouver un stratagème pour le contrer. Cette réflexion le rend furieux.

« Putain ! » hurle-t-il tout en activant son aura.

Une flamme violacée surgit de son accessoire. Arito, Endalia et Tetsuo sont alors témoins de ces manifestations de colère, ponctuées par des tirs brouillons sur divers éléments de leur environnement, comme des arbres, des buissons ou encore quelques rochers, les carbonisant à l'impact. Rien de pire ne pouvait se produire ! Il était si proche de mettre la main sur le dernier artefact. Faironne se jouerait de lui ?