~ Kusa ~

Je rouvre soudain les yeux et évite de justesse de me prendre un arbre, me rendant compte que je m'étais inconsciemment assoupi sur la route.

Seul Dozao à l'avant se retournant pour me regarder, semblant être le seul du groupe à s'en rendre compte. Mais ne faisant aucun commentaire. Puis continuant comme si de rien n'était.

Je soupire et continue ma marche malgré la fatigue qui m'accable depuis quelques jours, n'ayant pas dormi depuis... combien de temps déjà ? Je ne sais même plus. Deux ou trois jours tout au plus. Et pas assez longtemps si je devais donner mon avis

Mon humeur n'en est que plus détruite à cause du manque de sommeil, s'ajoutant en plus à cette monotonie qui est sur nous depuis tant de temps, obligés de courir aux quatre coins de ce pays de merde qu'on appelle Kusa, à la recherche d'un groupe dont on ne sait ni le nombre ni la force ni l'identité, en gros rien.

Et qui pourrait totalement être un délire de mourant que le premier idiot venu de Konoha à gobé.

Courir après des fantômes celle là je l'ai pas vue venir.

"Tsk. Je commence a être grossier, il faut vraiment que je trouve un lit." je me rattrape.

Cela fait... trois ou quatre mois que le groupe dont je fais partie à quitté la frontière entre Taki et Iwa pour à la place déménager dans ce fantastique endroit qu'est le pays de l'herbe. Trois ou quatre, je pense.

De l'herbe, des forêts immenses et une guérilla quasi constante. Que du rêve.

Au moins pour les forêts qui font nonante pour cent du pays, je suis pas dépaysé.

C'est un point positif, je pense.

Nan sérieusement, moi qui m'attendais à une sorte de bataille rangée où tout le monde se fonce dessus comme une sorte de battle royal version rugby comme on a fait à Taki, je suis "déçu".

La guerre ici se passe assez différemment, bien qu'il y ait de grosses escarmouches, l'essentiel des combats que je fais sont une sorte de méthode de guérilla où pendant que les gros des batailles se font, chacun passe subtilement derrière les lignes de l'autre pour assassiner l'arrière ou détruire les convois de ravitaillement.

Ou encore une suite de petites embuscade pour miner peu à peu le moral de l'adversaire.

Tandis que le reste des troupes fait une sorte de mur en retenant les attaques de l'ennemi.

Bref, une tactique d'usure qui dure depuis des mois et ce même avant qu'on arrive, où chacun s'efforce de ne pas plier dans l'attente que l'autre le fasse d'abord.

Tandis que l'autre malgré aussi parfois un peu de guérilla lui aussi, préfère tout de même une tactique qui consiste à envoyer des masses et des masses de troupes dans la bataille dans l'idée que malgré leur qualité moindre, le front va rapidement céder sous la pression du nombre. Et que les différentes percées vont leur octroyer une victoire coûteuse mais une victoire tout de même.

Un peu à la soviétique en gros.

Et qu'est-ce qui marche ?

Ben je sais pas trop mais en voyant que la moitié de Kusa est tombée aux mains de l'ennemi, j'aurais tendance à douter de l'efficacité de notre stratégie.

Mais bon, c'est pas moi qui décide, donc pas ma faute.

Mais en résumé, me voilà donc depuis des mois à Kusa à alterner entre longues missions de harcèlement derrière les lignes ennemies et peu de jours de repos à l'arrière.

Et actuellement, nous sommes depuis trois semaines à l'arrière du front, de notre côté, à la recherche d'un groupe d'Iwa harcelant notre dispositif de ravitaillement.

Jouant au jeu du chat et de la souris, poursuivant des fantômes. Se baladant un peu partout.

Normalement ce ne serait pas pour me déplaire, je ne préfère pas me battre personnellement, mais le rythme que l'on prend, la traque sans fin que l'on opère et le peu d'heures de sommeil accordées, c'est assez ennuyant si je puis dire.

Je n'ai même pas le temps ces quatre derniers mois pour assimiler quelqu'un... et quand j'ai le temps, je suis trop fatigué pour même l'envisager.

Mes pensées sont coupées par un bruit subtil et lointain, mais faiblement audible pour mes oreilles.

Je m'arrête donc et lève ma main, prenant un air concentré en captant l'attention de Dozao-san.

"Où ?" il me demande juste en s'arrêtant.

Ces dernier mois, Dozao-san à facilement accepté l'idée que je sois le capteurs du groupe, facilités par notre première mission et le fait que je nous ai à plusieurs reprises évités quelques embuscade au cours des derniers mois passés ensemble.

Il ne connaît pas vraiment ma capacité, il sait juste que je sais repérer les gens et l'a intégré, sans me forcer à me révéler. Je pense qu'avec l'histoire de ma vraie forme il a compris que chacun à ses petits secrets.

C'est en partie pour ça que je l'apprécie bien.

"Aucune idée." j'avoue

"J'ai seulement entendu un bruit de métal contre métal un peu au nord, mais trop loin pour visualiser clairement."

Il hoche la tête et se met en route en direction du nord avec nous.

"Ce n'est peut-être pas nos cibles... mais en tout cas, des alliés sont en danger. On y va."

Il nous faut un petit moment avant de nous rapprocher du lieu des combats, les nombreux bruits venant de là se multipliant peu à peu.

Clairement pas aussi nombreux que ceux entendus lors de la bataille à Taki. Mais tout de même beaucoup.

"On a l'air d'être tombés sur un combat d'assez grosses proportions." je l'informe en prenant note des nombreux bruits de métaux et de jutsu.

"Nous allons attaquer simultanément de plusieurs endroits, de manière individuelle, d'accord ? Dispersion !" ordonne Dozao en partant de son côté, imité par le reste, chacun allant dans son coin.

Je m'éloigne du point seul et m'avance à travers les arbres et grimpant sur une branche de l'un d'eux pour apercevoir non loin de moi un genin de Konoha se faisant poignardé par deux autres genin d'Iwa.

J'atterris avec grâce devant eux tout en ayant préalablement posé mon camouflage, faisant aux deux côte à côte lever les yeux du cadavre qu'il venaient de faire, regardant un peu partout avec confusion avant de laisser tomber pour le fixer à nouveau avec choc dans leurs regards.

"Débutant hein ?" je pense en sortant silencieusement mon épée, passant derrière eux avant des les éliminer simultanément en leur tranchant tout deux la gorge.

Je m'arrête quelques secondes pour les voir tomber et suffoquer, essayant tant bien que mal de respirer tandis que le sang s'accumule à toute vitesse sur le sol.

Je les abandonne finalement à leurs derniers instants pour aller autre part. En quête d'autres

cibles.

Passe et repasse à travers les arbres en tuant tout ceux d'Iwa que je trouve, mon invisibilité toujours mise malgré son coût en chakra sur le long terme. Une expression inquiète se peignant rapidement sur mon visage lorsque je commence à regarder autour de moi pour m'apercevoir d'une chose en voyant les nombreuses personnes tombées au combat.

Les cadavres...ils sont...

"Ils sont tous de Konoha." je constate en observant les différents corps étalés sur le sol, genin, chunin et même un ou deux jônin, tous portant le bandeau de la feuille.

"Et merde." je jure sous le choc, conscient de la situation dans laquelle on s'est fourrés.

"Si c'était juste un surnombre classique typique du pays de la terre, il y aurait quand-même une ou deux dépouilles mais là, à part celles sur mon compte, il n'y en a aucune." j'additionne rapidement deux et deux et réalise.

"Ils sont tombés sur un ou plusieurs adversaire juste beaucoup trop fort pour eux." je résume et m'élance à la recherche de Dozao, sachant pertinemment que le combat n'est pas fini.

Je remarque aussi dans ma course que la plupart des cadavres semblent extrêmement chauds, certains ayant même la peau rouges, comme s'il avaient été bouillis dans de l'eau à grande température.

Je courre à toute vitesse, regardant un peu partout en quête de mon jônin, passant rapidement entre trois ninja d'Iwa.

"Eh ! vous avez pas entendu quelque-ch..." commence l'un deux avant de s'arrêter, immobile, sa tête figée dans une expression de confusion avant que celle-ci ne roule par terre, se détachant de son corps.

"Dégage !" je clame, toujours invisible alors que je tue les deux autres idiots avant qu'ils ne se remettent.

"Bordel ! Où est-ce qu'il est ?" je me presse en ratissant une partie de l'endroit, tuant d'autres shinobi d'Iwa sur le chemin.

Je continue ainsi ma route pendant un moment avant de m'arrêter par réflexe, m'empêchant de me faire heurter par un corps aux couleurs de la feuille projeté devant moi, celui-ci faisant quelques mètres dans les airs avant d'atterrir lourdement contre un arbre qui était sur sa trajectoire.

Je me rapproche de celui-ci alors qu'il s'affaisse, le dos contre l'arbre, respirant avec difficulté.

Lorsque que je quitte mon mode camouflage, il semble se rendre compte de ma présence et tourne la tête vers moi, me révélant le visage de Dozao crachotant quelques filets de sang.

"Ah... Kyo...shi." il parvient à articuler quand je m'empresse de m'agenouiller à ses côtés pour panser ses blessures.

"Arrête." il me prend le poignet alors que je cherchais un bandage dans ma veste.

Il se penche vers moi en continuant

"C'est trop tard, il est occupé avec quelques autres mais ça ne durera pas, alors ne perds pas de temps et écoute moi."

"N'essaie pas de le combattre. Meme avec ton talent, tu serais réduit en bouillie." il me prévient avec un regard qui ne laisse pas de place à l'hésitation.

"Mets plutôt toutes tes forces dans la fuite, je sais que je n'ai jamais même effleuré cette idée durant tout nos mois à travailler en équipe, mais maintenant fais-le." il m'ordonne

Tremblant, je lui prends la main et la masse lentement tout le bougeant pour le rehausser légèrement contre l'arbre , essayant de rendre ça le plus confortable pour lui avec mes maigres moyens. Ne sentant même pas la large goutte glissant sur ma joue, emportant un peu de saleté et de sang sur son passage.

Jusqu'à ce qu'elle soit nettoyée par la main de Dozao frottant doucement dessus.

Ce dernier arborant un sourire paisible.

"Ne sois pas triste, ce n'est pas ta faute." il me rassure en continuant de passer sa main sur ma joue.

"De plus, il y a quelques amis à qui je m'étais promis de passer le bonjour." il rajoute en baissant son bras, se laissant glisser un peu, regarde le ciel avec un visage serein.

"C'est l'occasion."

"Au revoir Dozao-san, je pense que je vous appréciais pas mal." j'articule lentement, tremblant de la tête au pieds. Ne parvenant même pas à avouer à quel point je l'aimais en tant que guide et camarade. Les vrais mots se bloquant dans ma gorge. Habituée à ne parler qu'en mots durs ou indifférents.

Me maudissant intérieurement pour ma fausse insensibilité.

Dozao-san ne semble pas affecté par les paroles froides, semblant voir à travers comme dans du cristal.

"Moi aussi tu me plaisait bien." il me répond en me regardant à nouveau, serrant ma main, le sourire paisible. Figé même après que les battements de coeur aient cessé.

Je baisse la tête et reste alors quelques minutes sans bouger si ce n'est dû au tremblement qui ne me quitte pas même les minutes passées, les gouttes d'eau s'accumulant devant les chaussures de Dozao-san.

"Je suis... tellement désolé." je m'excuse en parlant au corps maintenant ballant.

Les minutes s'écoulent et je finis par me relever, frottant mon bras contre mon visage, de l'eau salée s'y écoulant en masse.

"Stupide corps d'enfant... stupide cerveau de bébé sensible... stupides émotions." rageant pendant un léger moment sur ma facilité à pleurer pour un rien, la mettant sur le dos de mon corps jeune, essayant de feindre que la mort de mon chef m'atteignait vraiment.

"Stop !" je m'ordonne alors

"Ne pas perdre de temps, ce n'est pas ce que voudrais Dozao-san."

Je pars alors, abandonnant malgré moi le corps sans vie, repassant à travers les mêmes arbres dans le but de rebrousser chemin pour quitter cet endroit au plus vite. Tuant rapidement un autre genin de la terre qui était sur ma route, en dépit de ses supplications.

"Désolé mais ce n'est pas le bon jour pour s'attendre à ce que je sois gentil." je m'excuse faussement en plantant mon wakizashi dans son abdomen, le retirant tout de suite après pour partir en laissant l'autre se mourir.

Après une ou deux minutes où je ne croise plus personne, je pense avoir évité le reste des problèmes, avant qu'un chunin de Konoha le corps remplis de kunais de tombe à mes pieds.

"C'est une constante ?" je demande rhétoriquement en baissant mes yeux sur le cadavre, conscient qu'il ne me répondra pas.

"Oui, ma faute... une petite habitude et aussi plaisir que j'ai attrapé au fil des ans." me répond une voix grave, avec un certain sérieux malgré l'aspect humoristique de cette réponse.

De réflexe, je bloque mon épée devant moi comme un bouclier avant de sentir une immense force frapper dedans, m'envoyant une vingtaine de mètres derrière.

Alors toujours en l'air, je fais ce qui pourrait s'apparenter à un salto, réussissant grâce à cela à me réceptionner sur mes pieds.

Le choc passé, je regarde ma lame pour voir que celle-ci semble fumante, comme si elle était tout droit sortie d'un lac d'eau chaude.

Je lève ensuite les yeux en direction de la végétation face à moi pour voir arriver mon adversaire. Sûrement l'homme ayant mis fin à Dozao-san et aux autres.

"Je me disais bien qu'il devait en rester un." commence alors cette même voix grave, venant de derrière les arbres face à moi.

"La plupart des types de Konoha étaient faciles."

"Vu ta qualité de perception et de réaction, tu dois être celui qui à tué les autres." elle devine tandis que je vois les feuillages devant moi bouger.

"Bien que je ne m'en soucie pas réellement, comme les autres de chez moi ils me méprisaient, ne respectant que ma force."

"C'est plus pour l'idée que je vais me faire engueuler par Tsuchikage-sama."

Le stress commence à se voir dans mes yeux alors que je commence à voix apparaître devant moi un homme en armure lourde avec le bas du visage masqué, arborant un sugegasa rouge, la dite couleur étant présente sur l'ensemble de sa tenue à l'exception d'un petit gilet brun. Portant un étrange boîte aussi rouge et remplie de trous sur son dos.

"Je me présente." il continue en me regardant avec un mélange d'indifférence et d'attente tandis que de la vapeur s'échappe des différents trous de sa boîte

"Mon nom est Han."

Je sens un mince filet de sueur couler dans mon dos à en voyant le mastotonde devant mes yeux, sentant que juste fuir n'allait pas être une partie de plaisir.

"Et maintenant que les présentations sont faites, pardonne-moi mais je pense que je vais conclure cela rapidement." L'homme blindé finit avant de bondir dans ma direction, levant un poing fumant une masse de vapeur.