Son mari infidèle (2)

Le duc du duché de Hayes fixait son épouse, qui tenait son ventre de manière protectrice tandis que ses yeux bleus ne quittaient pas sa silhouette. Son regard était perçant, et son geste donnait l'impression qu'elle protégeait l'enfant à naître de lui, bien qu'il en fût le père.

Ses mots le laissèrent abasourdi. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement et il entrouvrit les lèvres pour lui répondre sur-le-champ, mais il... n'en fut tout simplement pas capable.

Que devrait-il dire?

'J'étais avec ma maîtresse que j'ai rencontrée il y a quatre ans.'

Quelle folie serait-ce de dire ça à son épouse désormais enceinte?

En fin de compte, il referma les lèvres et évita inconsciemment son regard vide comme un enfant qui avait fait quelque chose de très mauvais.

C'était la première fois depuis sa liaison qu'il ressentait de la culpabilité pour avoir trompé son épouse avec son infidélité.

Normalement, il pouvait la regarder droit dans ses expressifs yeux bleus et lui mentir sur son emploi du temps. Elle lui faisait confiance inconditionnellement et croyait toujours à ses paroles, quoi qu'il arrive.

Mais maintenant…

Il ne pouvait pas affronter ces yeux. Ces yeux qui transperçaient son corps, écorchant ses couches de chair et observant son âme mise à nu... comme si elle savait tout, surtout sa liaison. Ces yeux qui ne reflétaient plus les émotions familières qu'il avait l'habitude de voir chaque fois qu'il était avec son épouse.

Pourquoi la culpabilité qui ne s'était pas manifestée pendant les quatre dernières années surgit-elle maintenant?

Pourquoi évitait-il son regard alors qu'il pouvait débiter ses mensonges sans ciller?

Pourquoi le regardait-elle ainsi?

Toutes ces pensées tournoyaient dans sa tête alors qu'il contemplait les intérieurs richement détaillés de la pièce.

''Si le duc n'a rien à dire, veuillez quitter ma chambre,'' la voix d'Isla rompit le lourd silence qui régnait dans sa chambre à coucher. Tournant le dos au duc, elle continua d'observer les fleurs, ''Je dois me reposer puisque la cause de mon mauvais état, c'est vous, duc.''

Ne sentant plus son regard inhabituel sur sa silhouette, le duc se tourna vers elle, pour ne rencontrer que son dos. Ses sourcils se froncèrent, confus par ses mots, puis il demanda, ''...Que voulez-vous dire par là?''

Isla ne lui répondit pas. Son regard ne s'écarta pas des fleurs. Puisqu'elle lui avait dit de partir, il devrait quitter sa chambre. Il ne devrait pas lui poser une autre question stupide.

Voyant son épouse l'ignorer comme de l'air, le duc resta un instant comme un agneau égaré sans rien dire d'autre, puis quitta tranquillement la chambre.

Même après que la porte se fut refermée, Isla ne bougea pas d'un pouce de sa position. L'une de ses mains avait quitté son ventre, et l'autre donnait une caresse légère. Son regard restait serein.

''Il n'a même pas demandé de tes nouvelles, mon fils.'' Un sourire triste, puis un rictus apparurent sur ses lèvres, ''Quelle cruauté de sa part.''

----

'Puisque la cause de mon mauvais état, c'est vous, duc.'

Le duc Hayes se tenait à l'extérieur de la porte fermée. Les mots de son épouse résonnaient dans sa tête, et la culpabilité dans son cœur s'intensifiait davantage.

Il ferma les yeux fermement, puis prit de profondes inspirations pour calmer son cœur qui s'affolait.

''Que fais-tu, Dante?''

''C'est comme si tu regrettais d'avoir rencontré Annalise, ce qui n'est pas vrai.''

'Dante..' La voix mélodieuse de sa maîtresse résonnait dans son esprit comme si elle était juste à côté de lui et son esprit chaotique se tranquillisa lentement. Un sourire chaleureux naquit sur ses lèvres et ses yeux rouges se dévoilèrent.

Son regard troublé redevint normal et il s'éloigna de la porte comme il l'avait fait de nombreuses fois.

''Oui, ce n'est pas vrai. Annalise est l'amour de ma vie, et la duchesse est quelqu'un qui finira par quitter ma vie très bientôt.'' Il chuchota à lui-même.

Comme par magie, la lourdeur dans son cœur disparut comme si elle n'avait jamais été là, et le duc quitta la chambre de la duchesse comme si rien ne s'était passé.

----

''Ma dame, voici une autre invitation de la comtesse Shelton, '' Amelia lui tendit un petit plateau d'argent portant une enveloppe exquise et scellée.

Sous un pavillon, Isla laissa tomber la cuillère sur le point de pénétrer dans sa bouche et soupira lourdement, ''Amelia... je croyais avoir dit de brûler toutes ces invitations.''

''Mais, ma dame...'' Amelia abaissa le plateau et sa voix exprimait son chagrin pour sa maîtresse,

''Vous avez travaillé dur pour gagner la reconnaissance dans la société. Ignorer leurs invitations comme ça... Ne pouvez-vous pas leur parler de votre grossesse, ma dame?''

''Non,'' fut la réponse immédiate d'Isla.

Isla saisit la cuillère avec son doux pudding à la vanille spongieux et mit la petite cuillerée dans sa bouche. Après avoir mâché et avalé, elle dit, ''Ils veulent seulement se renseigner sur ma vie avec le duc et peut-être se moquer de moi pour ne pas avoir encore d'enfant.'' Elle prit sa tasse de thé, ''Parfois, il est fatigant de maintenir la prétention.''

Elle but une gorgée de thé par la suite.

Amelia observait sa dame prononcer des paroles qu'elle n'aurait jamais dites auparavant. En tant que servante ayant grandi dans le Grand-duché d'Elrod, elle connaissait le mieux sa maîtresse. Quand elle se fixait un objectif, sa dame le réalisait, peu importe la difficulté. Dans ce cas, sa dame voulait l'amour du duc.

Aller à des réceptions et des banquets, porter des vêtements luxueux et des bijoux, supporter les insultes des dames sur son infertilité, travailler sans relâche en tant que duchesse, tout était juste pour que le duc la remarque.

Amelia avait vu sa maîtresse lutter pendant les cinq dernières années dans le duché et l'avait soutenue de tout cœur. Enfin, comme si les cieux étaient satisfaits de l'honnêteté et des sacrifices de la dame, elle tomba enceinte.

Amelia était heureuse et pensait peut-être que le duc remarquerait le travail acharné de sa dame et son amour inconditionnel.

Cependant, quelque chose ne semblait pas correct après le premier mois de grossesse de sa dame.

Sa dame, qui avait toujours tenté d'être avec le duc, en particulier au petit-déjeuner ou d'attendre le duc la nuit, quel que soit l'heure tardive, prend ses repas dans sa chambre sans apercevoir le duc. Elle n'essaie même pas de le saluer, ce qui pourrait être irrespectueux envers tout noble. Mais sa dame semble indifférente à son attitude.

Non seulement cela, mais sa dame ne porte plus ses magnifiques robes ou bijoux. Elle porte des robes simples et élégantes.

Depuis que sa dame a su sa grossesse, c'est comme si elle était devenue une autre personne. L'aura habituellement douce de sa dame s'était volatilisée.

Amelia était sûre qu'elle n'était pas la seule servante à avoir remarqué le changement. Tout comme l'apparence de sa dame, Elle semblait inaccessible et distante de tout le monde.

Le seul moment où Amelia voit sa dame sourire ou entourée de cette douceur familière était pendant ses moments avec l'enfant à naître.

Comme maintenant, sa dame caresse continuellement son ventre et observe les fleurs entourant le pavillon avec un sourire chaleureux.

Cela semblait être une habitude courante de sa dame.

Que cela soit dans sa chambre ou le pavillon, sa dame parle parfois, fredonne, ou caresse silencieusement son ventre.

''Si c'est ce que ma dame désire, alors je n'ai pas mon mot à dire,'' Amelia ne dit rien de plus. Quoi que veuille sa maîtresse, elle obéira.

Isla tourna son regard vers sa femme de chambre personnelle, avec toujours ce sourire doux, ''Tu ne changes jamais, Amelia.''

''Hein?'' Ses paroles confusèrent Amelia.

Le sourire d'Isla ne faiblit pas et elle continua d'admirer les fleurs, encore en bourgeon.

Sa femme de chambre personnelle se comportait de la même manière, tout comme dans sa seconde vie.

Amelia a dix ans de plus que son âge. Elle ne s'est pas mariée et est restée auprès d'elle de la naissance au mariage et même lorsque son père l'a envoyée se rétablir dans la villa en périphérie du Grand-duché d'Elrod après son divorce.

Amelia était son pilier après la mort de son fils, mais la première est décédée avant elle à cause d'une maladie qu'elle lui avait cachée. Amelia ne l'a révélé que quelques minutes avant de partir de ce monde.

''Amelia, fais en sorte que Lily réalise un examen médical approfondi de ton corps. Je dois avoir le résultat d'ici la semaine prochaine.'' Isla dit sans regarder l'autre.

''...Oui, ma dame.'' Amelia était une fois de plus confuse par les mots de sa maîtresse.

Un instant plus tard, un cri vint de loin, ''Votre Grâce!''

Les deux femmes se tournèrent vers Spencer, le majordome, qui se précipitait dans leur direction.

Amelia posa rapidement le plateau sur la table et aida le vieil homme à se calmer une fois entré dans le pavillon.

''Qu'est-ce qui est si important pour que vous vous précipitiez ainsi, Spencer?'' Même Isla n'appréciait pas les actions de Spencer. Le tournant vers le bas de ses lèvres le disait bien.

Spencer était quelqu'un qui l'avait soutenue dans sa seconde vie lorsque les serviteurs ne la voyaient plus comme la duchesse de Hayes après que l'amante de son mari fut enceinte et eut épousé le duché. Elle l'aimait et le respectait plus que son mari.

Avec Amelia lui tapotant le dos, Spencer se redressa et la remercia silencieusement avant de se concentrer sur le sujet en question.

Ayant remarqué l'enveloppe dans sa main tendue, le froncement de sourcils d'Isla s'accentua car elle avait une idée des actions abruptes de Spencer.

''Le palais impérial a envoyé une enveloppe, et c'était la dame d'honneur de Sa Majesté Impériale qui l'a remise.''

>>>>N'oubliez pas de commenter et d'écrire des avis<<<