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Victoria hurlait ses ordres à ses domestiques. Elle n'hésitait pas à passer son humeur acerbe sur eux. Ils accouraient donc dans tous les sens pour satisfaire leur maîtresse.

Des dizaines de coffres étaient remplis des effets personnels de la Reine-Mère. Robes, chaussures, bijoux, éventails, châles, coiffes et autres accessoires luxueux avaient été précieusement emballé. Elle avait moins de 24 heures pour quitter les lieux et une seule envie : étrangler Adélie.

La pauvre jeune femme ignorait la haine que lui portait Victoria pour le moment. Elle dessinait, accompagnée de Flore, sa future robe de mariée. La jeune femme souhaitait allier élégance et finesse pour plaire à son futur époux.

Alors que son dessin prenait forme sous ses coups de pinceaux, elle décida de le rapporter aux couturières pour quérir leur avis. Elle traversait les vastes couloirs du palais quand elle tomba sur Batiste.

" -Bien le bonjour Ma Demoiselle Bauduin, l'apostropha-t-il poliment.

-Bonjour Batiste, enfin appelez moi Adélie! Je ne vous avais pas remercié pour la chaleur de votre cape l'autre jour et surtout pour votre discrétion auprès de votre frère...

-Cela est normal, comment résister à la demande d'une si belle jeune femme, s'inclina le frère du Roi"

Adélie rougit devant le compliment, elle en oublia son croquis quand elle accepta l'invitation de Batiste à bavarder devant une tasse de thé. La fin de l'après midi approchait et son ventre commençait à gargouiller.

Il l'amena dans un petit salon. Elle vivait au palais depuis plusieurs semaines et elle n'en avait toujours pas visité toutes les pièces.

C'était un salon chic dans les tons bleu ciel. Plusieurs divans et fauteuils étaient disposés autour d'une table basse. Le sol était recouvert de plusieurs grands tapis rendant la pièce chaleureuse. Une vaste fenêtre apportait la lumière nécessaire pour l'éclairer.

Passé son émerveillement, Adélie s'installa face au puîné de la famille royal. Le confort des divans la mirent à l'aise. Ils commandèrent un thé ainsi que quelques gourmandises aux domestiques et reprirent leur bavardage.

"-Alors comme ça vous étiez domestiques dans les cuisines quand mon frère le Roi vous a repéré ? L'interrogea-t-il

-Oui plus ou moins, disons que cela fut un réel concours de circonstances. Mais je ne regrette rien, me voila avec un fiancé plus que satisfaisant pour une jeune femme et bientôt Reine de mon très cher pays, sourit-elle

- Racontez-moi, comment était votre vie avant ?"

La jeune femme prit une grand inspiration prête à ré ouvrir les portes du passé.

"Je vivais une petite chaumière dans mon village natale entouré de ma mère et parfois de mon père quand il ne travaillait pas. Il est jardinier pour le Roi mais ne s'occupe pas du palais, il gère les jardins des dépendances. Nous ne gagnons pas beaucoup d'argent alors j'ai décidé d'aider mon père en travaillant c'est ainsi que j'ai intégré les cuisines du palais. Ma pauvre mère est seule au village maintenant..."

Adélie laissa perdre son regard par la fenêtre. Batiste se pencha au dessus de la table pour poser une main sur l'épaule de la jeune femme. Sa mine était si triste qu'il en eût un pincement au cœur. Mais à ce contacte, Adélie sursauta et le jeune homme retira rapidement sa main en rougissant.

"Je ... pardonne moi je... vous aviez l'air si... enfin..."

Le jeune homme ne trouvant pas ses mots se tu.

Adélie venait de repenser à sa famille. Elle leur envoyait beaucoup d'argent depuis peu mais ils lui manquaient terriblement. Les mains douces de sa mère sur son front quand elle était malade. La chaude voix de son père quand il lui contait des histoires pour l'endormir. L'odeur du potage sur le feu et le son du bois qui craquait dans la cheminée. Tant de souvenirs qui la rendaient nostalgique.

Pour se changer les idées, elle questionna Batiste sur son engagement auprès des soldats.

"-Dites moi, pourquoi êtes vous partie à la guerre alors que Vésan possède déjà une armée suffisamment grande pour nous protéger?

-J'étais de trop à la cour, mon frère me l'a bien fait comprendre quand notre père est décédé, répondit-il en prenant une gorgée de thé.

-Comment cela ? Gustave vous a chassé du palais ?!

-Pas tout à fait..."

Le frère du Roi fut interrompu par l'arrivé d'un domestique.

"Votre Altesse ! Votre sœur Demoiselle Isadora vous quémande de toute urgence !"

Le domestique était essoufflé. Batiste fronça immédiatement les sourcils. Il s'excusa brièvement à la jeune femme avant de partir. La laissant face à ses interrogations. Gustave et Batiste ne s'entendait pas si bien qu'ils le faisaient croire ?

Adélie décida de rapporter son croquis aux couturières ignorant le départ pressé de son compagnon de bavardages.