Bécassine

Kieran éclata de rire en entendant le silence de l'autre côté de la ligne téléphonique.

Il ressentait véritablement l'envie de rire. Il ne faisait pas semblant juste pour irriter l'homme.

Pour une fois, il était celui qui contrôlait le jeu.

Un nombre scandaleux d'hommes lourdement armés n'était rien comparé à la cupidité d'un seul homme.

Oui, le Major Zarukhar était extrêmement cupide.

C'était sa faiblesse.

Kieran pouvait en tirer avantage, il était confiant qu'il le pouvait.

Il attendit que l'homme réponde.

« Que voulez-vous ? » demanda Zarukhar après un court moment. Même à travers le téléphone, Kieran pouvait sentir la colère de l'homme.

Il s'en fichait cependant.

Pour lui, Zarukhar n'était qu'un Boss qu'il devait tuer pour avancer dans le jeu. Rien de plus, rien de moins.

« Que veux-je ? C'est une très bonne question Monsieur le Major. Que pourrais-je bien vouloir dans cette foutue ville ? Eh bien, pour commencer, partir. Je veux quitter cette ville maudite ! »

Kieran suivit son plan, qui consistait à prétendre qu'il était un survivant de guerre souhaitant s'échapper de la zone.

« Rendez-moi mes bijoux, et je vous ferai sortir d'ici, » accorda rapidement Zarukhar à la demande de Kieran.

« C'est fait, je vous attendrai à l'ancienne base du Vautour à la tombée de la nuit ! » répondit Kieran sans réfléchir.

Le major raccrocha le téléphone.

Kieran regarda l'écran avant de retirer rapidement la batterie. Puis il se rétrécit contre le côté d'un mur et ferma les yeux.

Il savait qu'il avait un dur combat devant lui, donc il avait besoin de se reposer autant que possible.

Et qu'en était-il du marché avec Zarukhar ?

Bien sûr, c'était tout un mensonge.

Jugeant par la vibe intimidante qu'il ressentait de la part de l'homme, il était sûr de dire qu'il n'était pas quelqu'un de facile à vivre.

Il ne se conformerait pas si facilement après ce que Kieran lui avait fait.

Il voudrait certainement se venger.

Mais parce qu'il voulait les bijoux, il n'enverrait pas la totalité de ses forces. Il enverrait juste une équipe d'élite.

L'équipe inclurait certainement l'homme de main de Zarukhar, ce qui signifie qu'ils seraient un ennemi puissant. Kieran n'allait pas reculer pour autant.

Affronter une armée entière, même avec ses compétences actuelles, aurait été difficile, mais il pensait qu'il pouvait descendre une petite équipe.

Son plan devait être exécuté à la perfection pour qu'il puisse progresser plus loin dans le jeu.

« Il pourrait me trouver en une minute ! » pensa-t-il pour lui-même pendant qu'il reposait ses yeux.

Lorsqu'il avait trouvé le téléphone dans la chambre du Vautour, il avait remarqué qu'il avait l'air différent des téléphones réguliers.

Il semblait beaucoup plus rigide et solide. De plus, aucun dispositif de communication n'était sûr dans cette ville déchirée par la guerre.

Étant donné les circonstances et le fait que le téléphone fonctionnait encore, il devait être un cadeau de Zarukhar au Vautour pour que l'homme puisse le contacter. À en juger par son apparence, le téléphone devait avoir une sorte de dispositif de traçage pour que Zarukhar puisse garder un oeil sur le Vautour.

C'était pour cela que Kieran retirait la batterie à chaque fois qu'il terminait un appel.

Il ne voulait pas entraîner Colleen dans cette affaire, mais il avait aussi besoin d'un endroit sûr où il pourrait se réfugier en cas d'urgence. Après tout, ce n'était que son deuxième jour dans le jeu.

« Quelle longue journée ! »

Remarquant que la [Mission Principale : Survivre 7 jours, 1/7] avait changé en [2/7], Kieran sentit la chaleur du soleil toucher son visage, et il soupira doucement.

....

« Avez-vous localisé ce rat d'égout ? »

Zarukhar raccrocha le téléphone et se tourna vers son aide.

« J'ai verrouillé sa position, il est près de la Zone de la Villa Jardin ! » répondit rapidement l'aide.

« Très bien. Envoyez les coordonnées à Hank, et envoyez l'équipe pour tuer ce rat d'égout et récupérer mes affaires ! Rappelez-vous, je les veux intacts ! » commanda Zarukhar à son aide d'un signe de tête.

« Oui, monsieur ! » salua l'aide avant de s'empresser de partir avec le message.

« Petit salopard ! Tu penses pouvoir menacer moi ? Le Major Zarukhar ? » dit Zarukhar d'une voix glaciale alors qu'il regardait le point rouge sur la machine de traçage.

....

Sous le soleil éclatant, un camion apparut entre la Sixième Broadway et la route de la Zone de la Villa Jardin.

Les signalisations spéciales sur le camion lui permettaient de passer sans résistance.

Une équipe de dix hommes sauta rapidement du camion et se rangea à côté. Puis, un homme sortit du siège passager et les dix hommes lui saluèrent d'un geste uniforme.

« Instructions de mission du Major Zarukhar : Localisez et tuez la cible. C'est un homme armé qui se cache dans cette zone. Trouvez-le, tuez-le, et confisquez tout ce qu'il possède ! Je répète, localisez et TUEZ ! » dit l'homme d'un ton ferme.

Le camion s'éloigna, le bruit de son moteur s'estompant derrière lui.

L'homme avait l'air strict et féroce, mais avec une sérieuse virilité.

Son nom était Hank et en tant qu'homme de main de Zarukhar, il était conscient de l'importance de cette mission.

S'ils échouaient à l'exécuter, lui et son équipe n'auraient même pas besoin d'attendre que les Forces Gouvernementales les tuent. Les généraux de la rébellion s'en chargeraient en premier. Zarukhar aurait pu leur fournir de nombreux jouets dangereux, mais ceux des rangs supérieurs ne s'en soucieraient pas.

Hank le savait dans ses tripes. S'il échouait, il mourrait. Par conséquent, il devait être extrêmement prudent lorsqu'il accomplissait cette mission.

« Tireur d'élite, Mitrailleur, prenez vos points d'avantage ! Le reste d'entre vous se divise en équipes de quatre et commencez à fouiller ! »

« Oui, monsieur ! »

À son ordre, les soldats se mirent rapidement en position.

Le tireur d'élite se rendit à un point en hauteur tandis que le mitrailleur ainsi que son aide transportèrent une caisse de munitions et s'installèrent dans une zone ouverte pleine de ruines pour monter la mitrailleuse.

Les huit hommes restants, y compris le Lieutenant Hank, se divisèrent en deux équipes et pénétrèrent dans la Zone de la Villa Jardin pour rechercher l'homme.

Témoin de tout cela depuis sa cachette, Kieran fronça les sourcils.

Il pensait avoir surestimé ses ennemis, mais apparemment ça n'était pas suffisant.

« Ces voyous ne sont rien comparés à eux ! »

Kieran observa les deux équipes de recherche, puis regarda silencieusement le tireur d'élite prendre position sur un bâtiment au toit partiellement soufflé.

Kieran ne pouvait pas bouger !

Peu importe ce qu'il faisait, le tireur d'élite l'abattrait.

« Je dois prendre le tireur d'élite en premier ! »

Ayant pris sa décision, il passa en mode [Sous Couverture] et se déplaça le long des ruines, les utilisant comme camouflage pendant qu'il se dirigeait vers le tireur d'élite tel un chat.

Kieran avait choisi exprès la route à mi-chemin entre la Sixième et la Villa Jardin. Il voulait que Zarukhar le traque jusqu'à cet endroit.

Lorsqu'il était passé par cette route plus tôt avec Colleen, elle avait fait forte impression sur lui.

Avant la guerre, c'était une future rue commerciale qui était encore en construction.

Ensuite, après la guerre, les ruines des bâtiments effondrés s'étaient entassées autour de la zone, en faisant le point de cachette et d'embuscade parfait.

Kieran s'était déjà familiarisé avec l'endroit après s'être reposé. C'était un bon choix pour affronter l'équipe rebelle là-bas.

Outre le fait de mémoriser le terrain et la zone, Kieran avait également utilisé sa compétence [Armes à Feu (Armes Légères)(De Base)], ce qui lui permettait d'acquérir plus de connaissances pour concevoir un plan afin de traiter tout ce qui avait à voir avec les armes à feu.

Comme le tireur d'élite devant lui.

Le tireur d'élite ne l'avait pas remarqué s'approcher.

L'avantage d'un tireur d'élite était qu'il pouvait abattre ses ennemis à distance tout en restant difficile à capturer.

Si un tireur d'élite était compétent et qu'il connaissait vraiment bien le terrain, il pouvait éliminer toute une escouade de soldats armés à distance.

Cependant, ce tireur d'élite n'avait pas l'avantage du terrain comme Kieran l'avait.

Kieran surveillait chaque mouvement du tireur.

Que ferait un tireur d'élite si l'élément de surprise était éliminé de l'équation ?

Kieran se tenait dans l'ombre, tenant son fusil bricolé. Il visa le tireur d'élite à cent mètres de distance. La compétence en armes à feu lui donna la meilleure technique possible et lui permit d'atteindre facilement ce que d'autres avaient du mal à faire.

Bien que le niveau [De Base] de la compétence ne le rende pas un professionnel, il était suffisant dans les circonstances.

Kieran contrôla sa respiration et stabilisa ses mains, visant soigneusement à travers la lunette.

Enfin, il pressa la détente.

Bang !

Un coup fut tiré, mais Kieran ne s'arrêta pas. Il ne vérifia même pas. Il tenait le [M12] dans ses bras et roula sur le côté, glissant rapidement dans une autre partie des ruines et se dirigeant vers sa prochaine cible de tir.

Bang ! Bang ! Bang ! Bang !

Tandis que Kieran roulait, le mitrailleur tira à l'endroit où Kieran s'était trouvé. Le mur solide contre lequel Kieran s'était appuyé fut démoli en un instant.

Heureusement, Kieran était déjà parti.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » cria Hank dans le talkie-walkie après avoir entendu les coups de feu. Il ne pouvait pas voir ce qui se passait car lui et son équipe cherchaient Kieran de l'autre côté.

« Tireur d'élite à terre ! » répondit l'aide du mitrailleur.

« Quoi ? » Hank fut stupéfait.

Il allait poser une autre question quand...

Bang !

Avant que l'aide du mitrailleur puisse répondre, un autre coup de feu retentit.

Cette fois-ci, Hank vit clairement qu'un des hommes de la deuxième équipe de recherche avait eu la tête emportée.

« Tireur d'élite ! Abritez-vous ! » cria Hank.

Réalisant qu'ils étaient pris en embuscade, l'équipe se baissa rapidement et se cacha hors de portée du tireur d'élite.

En un instant, l'équipe de recherche prit couverture, laissant le mitrailleur et son aide se débrouiller seuls.