Après la réponse d'Hélène, Malik se sentit isolé, mais il n'était pas découragé. Il comprenait que ce genre de vision novatrice, qui alliait science et traditions, ne pouvait pas toujours être accepté immédiatement, même par les esprits les plus brillants. Il décida de prendre un peu de distance et de se concentrer sur son propre parcours.
Au cours des semaines qui suivirent, Malik se plongea dans ses recherches. Il partageait son temps entre ses consultations à l'hôpital et ses visites à Baba Keita, qui continuait de lui enseigner les subtilités de la médecine ancestrale. Malik apprenait à reconnaître des plantes aux propriétés curatives étonnantes, à comprendre comment les cycles de la nature influencent le corps humain, et à intégrer une approche plus holistique dans sa pratique.
Un jour, lors d'une conversation avec Baba Keita, Malik lui confia ses frustrations concernant la réaction d'Hélène. Il espérait que cette ouverture d'esprit serait un pont entre eux, mais elle semblait fermée à toute idée sortant du cadre scientifique moderne. Baba Keita, dans sa sagesse habituelle, écouta en silence avant de répondre :
« Malik, tu dois comprendre que chacun a son propre chemin à suivre. La médecine moderne a fait d'immenses progrès, et les personnes qui y sont immergées voient souvent la tradition comme dépassée. Mais la vérité est que la science n'a pas toutes les réponses, et parfois, ce que les anciens savaient, la science moderne met des siècles à redécouvrir. Ne sois pas amer. Si Hélène ne comprend pas pour le moment, ce n'est pas à toi de la convaincre. C'est le temps et l'expérience qui le feront. Continue ton chemin, et ceux qui sont ouverts d'esprit viendront à toi quand le moment sera venu. »
Ces paroles apaisèrent Malik. Il réalisa qu'il ne pouvait pas précipiter les choses. Il devait laisser les autres découvrir par eux-mêmes, et son propre exemple pourrait être la clé.
Quelques mois plus tard, un événement inattendu se produisit à l'hôpital où Malik travaillait. Un patient arriva dans un état critique, souffrant d'une maladie rare et difficile à diagnostiquer. Malgré les nombreux tests et analyses, les médecins ne parvenaient pas à comprendre l'origine exacte de ses symptômes. Le cas devint rapidement un sujet de discussion parmi les spécialistes, y compris Hélène, qui dirigeait l'équipe de diagnostic.
Malik, bien qu'il n'ait pas été directement impliqué dans le traitement du patient, ressentit une sorte de lien avec ce cas. Les symptômes évoquaient des récits que Baba Keita lui avait racontés à propos d'anciennes maladies, que seuls les guérisseurs des villages connaissaient. Bien que sceptique, Malik se dit qu'il n'avait rien à perdre en proposant une approche différente.
Après avoir réfléchi à la manière dont il pourrait présenter cela sans éveiller des critiques trop sévères, il alla voir Hélène et lui proposa d'examiner certaines pistes liées à la médecine traditionnelle, notamment en utilisant des plantes spécifiques pour soulager les symptômes du patient. Il s'attendait à une réaction de rejet, mais cette fois, Hélène était plus ouverte à l'idée.
« Malik, je ne suis toujours pas convaincue de l'efficacité de ces méthodes, mais nous sommes dans une impasse. Si tu penses que cela peut aider, essayons. Après tout, la médecine, c'est aussi prendre des risques calculés pour sauver des vies. »
Encouragé, Malik mit en place un traitement complémentaire basé sur ses connaissances traditionnelles, en combinant des plantes médicinales avec les soins modernes. À sa grande surprise, le patient montra des signes d'amélioration significative en quelques jours. Ce qui avait été perçu comme une impasse médicale trouva un début de résolution grâce à cette approche hybride.
L'équipe médicale, y compris Hélène, fut surprise et intriguée par ces résultats. Bien que certains restaient sceptiques, d'autres commencèrent à demander à Malik plus d'informations sur cette combinaison de techniques modernes et ancestrales. Hélène elle-même, qui avait été la plus réticente, fit un pas vers Malik.
« Je dois admettre que j'étais sceptique, » lui dit-elle un soir alors qu'ils terminaient leurs rapports sur le patient. « Mais je commence à comprendre qu'il y a peut-être quelque chose de valable dans ce que tu proposes. Peut-être que la science ne peut pas tout expliquer... pas encore en tout cas. »
Malik sourit, sachant que ce moment était important. Hélène n'avait pas complètement changé d'avis, mais elle avait ouvert une porte, un petit pas vers la compréhension. « La médecine est un domaine en constante évolution, » répondit-il. « Ce que nous savons aujourd'hui sera peut-être différent demain. Tout ce que je propose, c'est d'explorer toutes les avenues possibles pour le bien de nos patients. »
Avec le temps, Hélène et Malik commencèrent à collaborer sur d'autres projets, intégrant parfois des éléments de médecine traditionnelle dans les approches modernes. Hélène, bien qu'encore ancrée dans ses méthodes scientifiques, devint plus ouverte aux idées de Malik, et leur relation professionnelle se renforça. Malik, quant à lui, se sentait plus confiant dans sa mission : montrer au monde que la guérison ne se limitait pas à un seul cadre de pensée, mais à une union des savoirs.
Malik avait compris que la vraie force résidait dans l'équilibre entre les connaissances modernes et la sagesse ancestrale. Et même si tout le monde ne le voyait pas encore, il savait qu'il avait trouvé sa voie, une voie qui résonnait en harmonie avec ce que Kofi et Baba Keita lui avaient enseigné.