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Nirvana

Ale resta immobile, son épée toujours tendue vers l'endroit où Nyxion se trouvait quelques instants auparavant. Il avait du mal à croire ce qu'il venait de faire, sa respiration encore haletante, et ses muscles tendus après tant de combats. La forme humaine de Nyxion s'évapora doucement dans l'air, ne laissant derrière elle qu'un silence pesant.

« Félicitations, Ale, » résonna la voix du phénix dans la pièce. « Tu es libre maintenant. »

Ale baissa enfin son arme, fixant le sol là où Nyxion avait été. Il releva la tête vers le phénix.

« Comment pourrais-je te remercier ? » demanda-t-il, encore ébranlé par tout ce qui venait de se passer.

Nyxion, avec une sérénité presque inquiétante, répondit :

« Tue-moi. »

« Quoi ?! » Ale recula d'un pas, surpris. « Je… je ne comprends pas ? »

Le phénix continua, sa voix calme mais empreinte de sagesse :

« Tue-moi, et je renaîtrai de mes cendres. Tout ce que je te demande, c'est de protéger mon œuf jusqu'à mon éclosion. »

Ale resta silencieux un instant, digérant les paroles de Nyxion. Il acquiesça finalement, comprenant l'importance de la tâche qui lui était confiée.

« Je te protégerai jusqu'à mon dernier souffle, » promit-il avec détermination.

Nyxion, satisfait, reprit la parole.

« J'ai un dernier cadeau pour toi. Baignes-toi dans mon sang, et tu seras béni de la résurrection après un coup fatal. »

Ale hocha la tête, conscient du poids de cette bénédiction. « Je suis prêt, » dit-il, l'épée fermement en main.

Nyxion s'inclina légèrement, son aura noire frémissant autour de lui. « Es-tu prêt, Ale ? Moi, je le suis. »

Ale acquiesça une dernière fois. Il s'approcha du phénix, son cœur lourd mais sa main sûre. D'un geste précis et sans hésitation, il transperça le cœur de Nyxion. Un flux de sang noir jaillit immédiatement, inondant Ale, le recouvrant des pieds à la tête.

Ale sentit une force nouvelle s'ajouter à la sienne. Le sang de Nyxion baignait son corps tout entier, et il pouvait ressentir la bénédiction prendre effet. Une énergie sombre mais puissante pulsait à travers ses veines, ancrant en lui cette promesse de résurrection.

Le corps de Nyxion s'effondra doucement sur le sol, son sang bouillonnant avant de s'enflammer en une lumière noire. Lentement, les flammes dévorèrent le corps du phénix, le réduisant en cendres. Au milieu des cendres incandescentes, une lueur apparut, douce mais éclatante.

Ale s'approcha, son regard fixé sur ce qui restait de Nyxion. Au cœur des cendres reposait un œuf, illuminé d'une aura mystérieuse. C'était l'œuf de Nyxion, symbole de sa renaissance.

Ale murmura une incantation, et, avec une assurance nouvelle, il invoqua la magie spacio-temporel qu'il maîtrisait désormais grâce à Nyxion. Le sort se forma rapidement autour de lui, créant une bulle invisible mais impénétrable. Il prit précieusement l'œuf du phénix entre ses mains et le plaça doucement dans cet espace sécurisé. Tant qu'Ale vivait, cet endroit resterait un refuge sûr, à l'abri de tout danger.

Sans même penser à se reposer, son esprit encore en alerte, il se précipita vers la sortie. La remontée, autrefois un obstacle insurmontable, semblait maintenant simple. Les monstres qui lui inspiraient autrefois la terreur n'étaient plus que des obstacles insignifiants. D'un simple mouvement, Ale les éliminait en un claquement de doigts, sa magie devenue une extension naturelle de lui-même.

Peu de temps après, il retrouva l'endroit où il était tombé dans l'abîme. Ce gouffre qui lui avait paru éternel ne l'intimidait plus. Avec une aisance surprenante, il bondit de paroi en paroi, s'élançant dans un ballet fluide, remontant à la surface sans effort, même sans recourir à la magie.

Ale arriva enfin à la surface. Le soleil resplendissait dans un ciel d'azur, inondant le monde de sa lumière éclatante. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu le jour. La douce chaleur du soleil sur son visage, l'air pur qu'il respirait à pleins poumons, tout cela lui avait terriblement manqué.

Le paysage était recouvert d'une épaisse couche de neige immaculée. Il se souvenait pourtant avoir quitté son village au printemps. Cela faisait-il dix mois qu'il était parti ? Ou peut-être plus ? Peu importait désormais. Une seule pensée l'obsédait : retourner chez lui, revoir sa maison, retrouver son grand-père.

Sans perdre un instant, Ale se mit en route. Le voyage fut rapide, et bientôt il atteignit l'endroit où se dressait autrefois son village. Mais ce qu'il découvrit le laissa sans voix. Tout n'était que ruines et débris. La neige recouvrait la plupart des vestiges, mais ici et là, des membres dépassaient, sinistres témoins des horreurs passées. Le village, jadis empli de joie et de paix, n'était plus qu'un cimetière à ciel ouvert.

Près de l'endroit où son grand-père avait péri, il reconnut des fragments de vêtements, des morceaux de tissu familiers. Parmi les débris, il trouva des ossements. Son cœur se serra. Il recueillit avec précaution ce qui restait de son grand-père, déterminé à lui offrir une sépulture digne.

Le cœur lourd, Ale se dirigea vers ce qui restait de sa maison. Seuls quelques pans de murs tenaient encore debout, entourés de débris épars. Il invoqua des jets de flammes pour faire fondre la neige, dévoilant ce qui se cachait en dessous.

Il fouilla avec soin, cherchant désespérément des souvenirs précieux. Ses mains se posèrent soudain sur un manteau familier, celui de son grand-père. Un long manteau épais, usé par le temps, mais encore solide. Ale le pressa contre lui, une vague d'émotion l'envahissant. Ce vêtement, qui avait tant de fois enveloppé son grand-père, allait désormais le protéger du froid glacial de l'hiver. Il l'enfila, non seulement pour se réchauffer, mais aussi pour garder un peu de son grand-père près de lui.

Il découvrit également quelques objets éparpillés parmi les débris. Parmi eux se trouvait un artefact qu'il connaissait bien : la Solisphère, une petite sphère de verre magique que son grand-père utilisait souvent pour lire l'heure. À ses côtés, quelques autres outils magiques et objets utilitaires, vestiges d'une vie de voyages et d'aventures.

Soudain, une lumière dorée scintillante sous le soleil attira son attention. Intrigué, il se pencha et dégagea délicatement l'objet. C'était une médaille en forme d'étoile, brillante malgré le temps passé sous les décombres. Sur le devant, un symbole de l'Empire était gravé avec une précision impressionnante. Il la retourna, et au dos, il lut un nom qui le figea sur place : « Valen Ardyn ».

« Valen Ardyn... » murmura Ale, répétant le nom sans en comprendre la signification. Qui était cette personne ? Pourquoi son grand-père possédait-il cette médaille ? Une multitude de questions se bousculaient dans son esprit, ajoutant au tourment qui l'habitait déjà.

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Ale parcourut le village en ruines, le cœur lourd et l'esprit embrumé par la tristesse. Chaque pas qu'il faisait sur la neige crissait sous ses bottes, le silence pesant n'était troublé que par le vent glacial qui soufflait entre les maisons détruites. Les souvenirs de son enfance lui revenaient en mémoire : les rires des enfants jouant dans les rues, les conversations animées sur la place du marché, l'odeur du pain frais sortant du four du boulanger. Tout cela n'était plus qu'un écho lointain.

Déterminé à rendre hommage à ceux qui avaient partagé sa vie, Ale entreprit la douloureuse tâche de rassembler les restes des villageois. Il creusa des tombes individuelles pour chacun d'eux, utilisant sa magie pour faciliter le travail. Les sorts de terre qu'il maîtrisait désormais lui permirent de déplacer le sol gelé avec une aisance nouvelle.

Pendant des jours, peut-être des semaines, il travailla sans relâche. Chaque corps retrouvé était une nouvelle blessure pour son cœur déjà meurtri. Il se souvenait de chaque visage, de chaque nom. Il murmura des prières pour chacun, les remerciant pour les moments partagés, les leçons apprises, l'amour reçu.

Parmi les quelque cinq cents personnes qu'il enterra, il y avait son grand-père. En déposant délicatement les ossements dans la tombe, Ale sentit les larmes couler sur ses joues. Il resta un long moment silencieux, le regard fixé sur le sol. Finalement, il murmura :

« Adieu, grand-père. Merci pour tout ce que tu m'as donné. Je promets de poursuivre notre mission. »

Après avoir terminé sa tâche, Ale se tint au milieu du cimetière improvisé. Les tombes, alignées avec soin, étaient marquées par de simples pierres sur lesquelles il avait gravé les noms des défunts. Le vent se leva, emportant avec lui la neige qui commençait à recouvrir doucement le village, comme un voile blanc offrant une forme de paix.