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Chapitre 35 Eh ! Ce n’est pas ce qui était prévu, ça !

Je ne suis pas retournée chez mon père ce soir-là. J'ai emménagé dans la chambre d'Edward où Alice avait déjà placé les innombrables vêtements qu'elle avait acheté pour moi. J'avais peur qu'elle soit déçue de ne pas être la marraine de notre enfant, mais elle a balayé mes inquiétudes en me faisant jurer qu'elle serait ma demoiselle d'honneur. Je lui accordais également la grâce de s'occuper de mon mariage. Je savais que la grossesse allait être compliquée pour elle aussi. Alors j'espérais que l'organisation du mariage et l'achat de vêtements de bébé, l'occuperait assez.

Jasper semblait assez heureux. Il m'avoua avoir hâte de ne plus avoir envie de me vider de mon sang. Bien sûr Edward avait grogné, mais j'ai apprécié sa sincérité. Je n'ai pas le souvenir que Jasper se soit exprimé aussi directement auprès de Bella. J'imagine qu'il a tenu compte de mon caractère franc du collier. Rosalie est aux petits soins avec moi et me montre autant de douceur qu'Esmée. C'est une facette de sa personnalité que Bella n'a pas dû beaucoup voir dans l'histoire originale.

Comme me l'avait annoncé la fenêtre bleue, Rosalie est venue me voir le soir-même avant que j'aille dormir. Les garçons étaient partis à la chasse. Elle me raconta son histoire, sa peine à l'idée de ne jamais connaître la maternité et sa jalousie, quand Edward trouva de l'intérêt pour moi alors qu'elle n'avait jamais éveillé le sien. Elle me demanda si j'avais eu une vision où je survivais, je lui ai répondu que non. En fait, mes rêves étaient très portés sur des hommes aux yeux cramoisis vêtus de noir ces derniers temps. Je lui avouais que j'avais peur des Volturi.

« Je redoute qu'ils me trouve encore humaine et, par-dessus tout, j'ai peur de ce qu'il pourrait vouloir faire à mon bébé.

Nous ferons tout pour qu'ils n'apprennent jamais votre existence, me rassura Rosalie. Merci, Rose. Je suis rassurée de pouvoir compter sur toi. C'est à ça que sert la famille, répondit-elle en souriant. Oui… la famille, je murmure en baissant la tête. Ton père va venir s'excuser. Je n'en suis pas si sûre… Moi j'en suis persuadée, réplique-t-elle en me caressant la tête. Contrairement au mien, qui me voyait comme un échange commercial, ton père tient à toi. C'est la peur qui l'a fait réagir comme cela. Je suis sûre qu'il est en train de se rendre compte de l'énorme bêtise qu'il vient de faire. Pourvu que tu aies raison… Repose-toi, Bella. Ta famille veille sur toi. »

Je lui fais un faible sourire et elle me souhaite une bonne nuit en fermant la porte. Les cauchemars ont empiré cette nuit-là, mais un détail s'était rajouté dans la balance. Et ce détail me choqua au point de me réveiller en sursaut.

« Bella ? Tu as fait un mauvais rêve? demande une voix velouté à côté de moi.

Edward ? Oui, c'est moi. Je viens de rentrer de la chasse. Il est sept heures du matin. Qu'est-ce qui t'as fait si peur ? Je ne m'en souviens plus. »

C'était un mensonge. Je n'arrivais pas à sortir l'image de Charlie avec des yeux rouges sang penché sur le cou de ma mère, plus pâle que jamais. J'ai eu besoin d'une bonne dose de câlin avant de me sortir ces affreuses visions de la tête. La faim finit par me tenailler et je décidais d'aller prendre un petit déjeuner. J'avais envie d'œufs comme la Bella originale, mais aussi de sardines et de chocolat chaud. Quand j'annonce mes envies du jour à Edward il écarquille les yeux et se tourne paniqué vers sa mère qui avait saisi deux œufs.

« Je vais aller faire quelques courses ma chérie, m'annonce-t-elle. Edward ?

Oui maman ? Fais des œufs brouillés à ta femme, j'apporte le reste le plus rapidement possible. Oh, tu n'as pas à… Taratata, ma chérie. Les envie des femmes enceinte sont souvent caractéristiques des besoins de ton corps. Si tu as envie de sardines et de lait, c'est probablement qu'il te manque de la vitamine B12 ou de la vitamine D et du calcium. Esmée a raison mon amour, acquiesce Edward. D'accord. »

Esmée s'éclipse et Edward fait chauffer la poêle.

« Je veux des œufs au plat, je commande au nouveau commis de cuisine qui me fait face.

Des œufs au plat pour la petite dame ! plaisante-t-il. Rose est venue me voir hier… Je sais, elle y pensait quand je suis rentré. Je suis sûr que cela t'as beaucoup donné à réfléchir. Oui… Si possible j'aimerai plusieurs enfants. »

J'ignore ce à quoi il s'attendait, mais certainement pas à ça. Je le vois essayer de ramasser la coquille de l'œuf qu'il a écrasé entre ses doigts.

« Tu… Tu veux repasser par cette épreuve plusieurs fois ? Balbutie-t-il, mettant l'ensemble à la poubelle, puis se lavant les mains.

Je n'avais jamais pensé à la maternité avant de te rencontrer Edward. Mais tu as bouleversé mon univers. J'ai appris l'amour avec toi et j'ai hâte de rencontrer celui ou celle qui sera un peu toi et moi. Moi aussi, me répond Edward en prenant ma main. Je l'aime déjà et je sais que j'ai de la place pour aimer d'autres enfants. Et si ce n'est pas possible ? me demande Edward inquiet. Si je suis obligé de te transformer après ton accouchement? Alors c'est comme ça que cela doit être. Tu es mon tout Edward. C'est toi qui compose les fondations de mon cœur. Comment tu arrives à me dire des choses pareilles avec autant de naturel et de confiance ? C'est parce que tu m'as donné toutes les raisons de te faire confiance. »

Je lui caresse la joue et c'est à ce moment-là que mon ventre décide d'exprimer son désir de se sustenter. Edward m'embrasse légèrement, puis attrape un nouvel œuf.

« Des œufs au plat donc… »

Les jours sont passés sans nouvelles de mon père. Jessica était venue me voir avec Embry. Elle était inquiète pour moi, mais aussi très excitée par ma grossesse. Encore une qui sera gaga. J'avais eu auparavant à peu près la même scène avec Emily et Rachel, qui m'avaient apportés des doudous.

J'avais convaincu Alice de laisser tomber les affaires de grossesse au lycée, mais étant plutôt mince au départ, j'allais avoir du mal à le cacher longtemps. Les vacances de printemps sont arrivées à point nommé. J'allais donc, pour tous effectuer le dernier trimestre de ma scolarité à l'étranger. Lorsqu'il amena les papiers à signer, mon père demanda finalement à me voir.

J'étais en train de siroter un gobelet de sang d'ours qu'Emmett m'avait amené. Il prend très, très au sérieux cette histoire de parrain et me demande chaque jour ce que je souhaite manger. Quand je me suis rendue compte que j'avais du mal à garder mes repas, j'en ai tout de suite averti Carlisle et Edward qui ont décidé qu'il était temps de tester le sang animal. Emmett s'est alors mis en avant, prétextant qu'il était le parrain du bébé et que son devoir était de lui amener tout ce dont il avait besoin. Edward avait protesté, mais je lui avais soufflé dans l'oreille que nous aurions plus de temps seuls tous les deux. Et il avait laissé Emmett me nourrir.

Par jeu, je lui ai commandé en premier du puma. Edward m'a regardé, surpris. Il pensait probablement que je voulais prendre ma revanche sur la dernière fois que j'en ai rencontré un. J'ai alors précisé à Emmett :

« Il parait que ce sont les préférés d'Edward.

Entendu mam'zelle ! répond Emmett en faisant semblant de ranger son calepin. »

Edward m'avait regardé, stupéfait. J'avais un sourire en coin et je me mordais la lèvre. Edward avait retiré les lèvres de mes dents avec son pouce et m'avais embrassé tendrement avant de me chuchoter.

« Je ne sais pas comment tu sais ça, mais je trouve ça très mignon que tu veuilles manger comme moi. »

J'avais progressivement testé tous les animaux de la forêt. Oui, même les lapins et j'avais honte de le dire, mais j'aimais bien les herbivores, notamment les lapins et les écureuils, leur trouvant un goût de noisettes. Ma réaction avait apporté diverses réactions, mais pour la plupart, les Cullens étaient très sceptiques. Emmett avait plaisanté en s'exclamant que je serais la plus végétarienne de tous les vampires. Il avait cependant tenu à me faire goûter l'ours et je reconnaissais qu'il y avait aussi bon goût.

Ce qui m'amène à mon entrevu avec mon père. Il se tenait maladroitement devant moi. J'étais assise, mon ventre m'empêchait désormais de beaucoup bouger, alors je lui indiquais le fauteuil à côté de moi. Après quelques secondes de silence, Charlie me demanda comment j'allais.

« Je vais bien. Le régime de sang me convient et comme tu le vois, bébé grandit aussi.

Est-ce que… Est-ce que je peux poser ma main sur ton ventre ? Bien sûr papa. »

Je soulève le tee-shirt, lui prend la main et la pose là où je sens le bébé pousser. Charlie a les yeux embués. Sa lèvre tremble.

« Je suis désolée Bella, lâche-t-il soudainement. J'ai tellement peur pour toi.

Papa… Je sais que tu es majeure, que tu es prête pour avoir un enfant. Je ne m'étais pas rendu compte que mon bébé avait tant grandi. J'ai l'impression d'être passé à côté de tout… Papa, je dis un peu plus fort cette fois. Oui, mon bébé ? me demande-t-il les larmes aux yeux. Le plus important, c'est que tu sois là, maintenant ! Oui, je suis là. »

Ses larmes coulent maintenant. Mince ! Ça fait tellement bizarre de voir son père pleurer. Il me prend dans ses bras et me chuchote qu'il m'aime entre deux sanglots. Je vois la tête de Tanya sur le pas de la porte. Elle me fait signe de ne rien dire et elle part. Nous passons le reste de la journée à rattraper le temps perdu. Les semaines passèrent à la vitesse d'un éclair. Tout comme les passages d'Alice à la maison. Les migraines étaient pires que celles décrites dans le livre. Je sais qu'Alice s'en voulait, mais rester près de moi devenait un vrai supplice comme me l'avait avoué Jasper. Lui passait plus de temps avec nous.

Nous avions repris nos discussions sur l'histoire et il me raconta, contre l'accord d'Edward, sa vie de major. J'appris notamment que la guerre de Sécession n'était pas seulement liée à l'esclavage, mais que celui-ci était plutôt ce qui cristallisait les dissensions entre le nord et le sud. Les pays du nord étaient aussi très protectionnistes concernant leur production, contrairement au Sud qui exportait beaucoup, sans compter que le sud avait loupé le coche de la révolution des transports et de l'industrie. J'étais en plein milieu d'une histoire passionnante quand je vis Edward s'accroupir face à moi et poser sa main sur mon ventre.

« Edward ? »

Je le regarde, mais lui regarde dans le vide, comme à l'écoute de quelque chose. Je crois que je comprends ce qu'il se passe.

« Tu entends notre bébé ? je l'interroge en posant ma main sur la sienne.

J'entends NOS bébés, il me répond alors avec un grand sourire. »

J'écarquille les yeux. Regarde mon ventre et demande en tremblant :

« On va avoir des jumeaux ?

Oui, mon amour. Leurs voix sont si pures, si belles. Elles ressemblent à la tienne. Tu parles de leurs voix dans leurs esprits ? Je parle de vos voix dans vos esprits. Je croyais que tu ne pouvais pas entendre mes pensées. J'arrive partiellement à t'entendre maintenant. Un peu comme Charlie maintenant. Nos bébés n'y sont pas pour rien je pense. »

Je bloque sur ses dernières paroles. S'il peut lire dans mes pensées, alors il sait pour…

« Oui mon amour, dit Edward, répondant à mes réflexions. Mais on en reparlera plus tard, parce que nos enfants nous préviennent qu'ils ont hâte de sortir et que notre rencontre ne devrait plus tarder. Je dois appeler Carlisle et Rose. Nous avons besoin de toutes les mains.

« Attends ! crie Jasper, elle ne va pas accoucher maintenant ? Si ?

Dans quelques jours tout au plus. Mais nous l'accoucherons par césarienne alors nous pouvons choisir le moment. »

J'avais du mal à saisir les paroles d'Edward. Non seulement il pouvait entendre mes pensées, mais, en plus, on allait avoir des jumeaux ?! Mais ça n'était pas censé se passer comme ça !!!