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Chapitre 31 : Adamantine et Mylon

— Huh, souffla Adamantine. Ce n'est pas du tout ton genre d'inviter ta capitaine dans un bar pour juste boire un verre avec elle. Il se passe quelque chose Leam ?

Leam, qui se trouvait assis en face d'elle dans un bar, leur avait commander à tout les deux un verre de cidre. Sous les lumières d'un chandelier, dans une pièce remplit d'autres inconnues venus eux aussi pour boire un coup, Leam lui rétorqua :

— Ah bon ? Et bien, je pourrais vous surprendre ! Mais vous avez du flaire, je voulais vous parler de quelque chose…

Il laissa un blanc, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet. On pouvait entendre derrière eux les rires, les râles et les discussions enjouées des clients. Le silence de Leam laissa à Adamantine le plaisir de deviner :

— Quoi donc ? Tu veux quitter l'ordre des chevaliers ou bien une augmentation pour tes actes lors de l'attaque du dragon ?

— Non ce n'est pas ça, dit il en secouant sa tête. Je… Je voulais vous parler de vous.

— De moi ?! s'étonna la chevaleresse. J'ai peut être été trop rude et froid avec vous, c'est ça ?

— Aaaah, hésita Leam. C'est un peu de ça que je voulais vous parler. Je vous ai bien observé quand vous étiez avec ce Mylon et la petite Marlène, c'est comme si j'avais eu en face de moi une autre personne !

Adamantine rougit alors en détournant les yeux de Leam, était-ce vraiment le cas ? Elle ne s'en était vraiment pas rendue compte jusque là ce qui lui fit dire d'une voix faible :

— Tu trouves ?

— Oui… souffla-t-il. On se connaît depuis notre plus petit âge vous savez et vous ne m'êtes jamais apparut aussi ouverte ! Et pourtant, la famille Plume est vassale à la votre…

Adamantine l'écouta attentivement et comprit, oui. Elle se revoyait elle et son attitude d'antan. La noble qui se cachait derrière un masque de fer, derrière une attitude glaciale et noble, s'était volatilisée pendant son voyage. Son image ne comptait plus vraiment surtout aux yeux de ses deux compagnons. Elle se secoua la tête, et affirma :

— Je crois que tu as raison. Il faut que je me reprenne, je-

— Non pas du tout ! réfuta Leam. Vous avez l'air tellement plus épanouie comme ça ! On l'a bien vu lors de notre voyage, moi et les autres… Votre attitude, votre façon de vous écarter des autres… On voulait tous y remédier car étions inquiet pour vous. Nous voulions êtres ceux avec qui vous pourriez briser cette carapace mais nous n'avions pas réussit…

Lorsqu'elle écouta Leam, son visage devint plus sombre. Elle se souvint alors de la raison qui l'avait pousser à agir ainsi tout au long de sa vie. Oui, tout ça pour sa famille et pour elle, pour éviter le mariage forcé… Elle lui bégaya alors :

— Je… Excuse moi, Leam. Je ne m'étais vraiment rendu compte de vos sentiments à mon égards… Je fais une bien piètre capitaine.

L'ambiance devint ensuite morose, les deux ne parlaient plus, chacun ne sachant comment continuer. Or il le fallait bien, Leam s'exclama ainsi :

— Bien le contraire, je vous trouve formidable ! Vous avez réussi à tenir tête à un primordiale quand même.

— Avec l'aide de tout le monde, ne l'oublie pas…

— Enfin ce n'est pas ça ce que je voulais vraiment vous dire au finale. J'ai… Non, j'imagine que tous ceux de notre escouade auraient eu la même requête : quittez l'ordre. Vous aviez l'air tellement plus heureuse à voyager avec eux ! C'est en ami que je vous le conseil… Si vous continuez sur ce chemin, vous ne finirez que malheureuse.

Cependant à sa grande surprise, Leam trouva sa capitaine silencieuse. Elle ne répondit pas, ne s'offusqua pas… Elle se muait dans un silence pesant. Son regard fixé sur sa boisson, Adamantine était perdue, oui… Elle dont sa vie entière avait été dirigée dans le but de devenir une chevaleresse de renom, pendant que son frère, lui, s'occuperait de la politique en reprenant la tête de leur fief et famille. Elle replongea ainsi dans ses souvenirs et dit d'une voix ferme à Leam :

— Je ne peux pas, grand-mère comptait sur moi. Quand elle me regardait avec ses yeux, j'y décelais en elle l'espoir d'enfin avoir une grande chevaleresse dans la famille, une successeur à son titre. Elle m'a apprit tout ce dont j'avais besoin pour et père m'a laissée tranquille grâce à cela. C'est mon seul moyen d'être libre !

— Mais pourtant ! protesta Leam. Je suis sûr que Madame Elenade aurait souhaitée votre bonheur plutôt que son rêve soit réalisé ! Si vous êtes forcée de l'être de cette façon, vous êtes loin d'être libre…

— Assez Leam ! répondit froidement Adamantine en tapant du poing sur la table. La discussion est close, point !

Elle se leva donc et lui tourna le dos en ajoutant :

— On se reverra sûrement à Aladanne, porte toi bien en attendant …

— Capitaine… souffla alors Leam en la voyant partir.

Il resta ainsi seul à la table, c'était devenue bien plus silencieux aussi. Le coup d'Adamantine avait dirigé l'attention des autres sur lui mais il s'en ficha complètement. Il n'allait pas la poursuivre non plus, c'était inutile. Il se dit ainsi :

Je n'ai rien put faire alors ?! J'ai échoué les gars, je suis désolé… S'il y a quelqu'un qui peut lui faire changer d'avis, ce sera certainement cet homme, non nous.

***

Grisâtre, oui, tout ce qui l'entourait l'était et ce silence... Aucun son, aucun sol, juste lui mais il avait cette sensation familière… Il avait déjà vécut une chose similaire, oui !

« La dimension de l'ombre ! Ou est cette maudite chose ?! »

Il se mit à chercher frénétiquement celle-ci, elle devait être là quelque pa-

— Tu sais, dit une voix. Nous sommes connectés, je peux t'entendre facilement puisque l'on se trouve dans ton esprit.

Il la vit enfin mais il en resta bouche bée, elle … Sa forme ! Sa forme avait changée ! Mais pourquoi ? Sa silhouette, elle ressemblait à-

« Moi ? »

— Moi aussi je suis aussi surpris que toi tu sais, je reste sans corps mais je deviens plus consistent. Je n'avais pas prévus une telle tournure… Que se passerait-il si je te les envoyais tous à la figure, que tu venais en contacte avec eux ? C'est comme si tu l'absorbais tiens.

« Mais de quoi parle tu enfin ?! M'envoyer quoi ? »

Il se souvint alors du dragon, de la corruption ! Oui, elle n'avait pas eu d'effet sur lui…

« Mais attends, les dragons ne sont pas corrompus de base, ce miasme, cette couleur… Ce- »

— Oh, tu es moins bête que je ne l'avais imaginé ! C'était bien moi le dragon, ça t'a plus ? En soit, ne rien te dire me serais plus profitable … Maiiiiiis, je ne peux me passer de tes expressions, ton visage désespéré mais aussi emplit de haine ! J'adore te regarder te débattre comme un acharné, bien que cela m'énerve que tu résistes tant …

Entendant cela Mylon arriva à se déplacer dans cette zone et frappa la chose sauf qu'il tapa à travers. L'ombre ricana :

— Ehehe, ce visage, cette haine oui ! Je m'en délecte. Tu ne peux pas te débarrasser de moi aussi facilement ! Je te l'ai dis, je n'ai aucun corps physique…

« Toi ! Je te jure que je te le ferais payer un jour, ces gens… Ils n'avaient rien demandés !! »

— Oh ?! Tu te soucies du sort des humains maintenant ? Tu as un peu changé on dirait, moi qui croyais qu'il n'y avait que tes proches qui comptaient à tes yeu … Oui tes proches, kekeke !

L'ombre se mit à ricaner et Mylon put le voir sur son visage, ce sourire sadique, ce même sourire que Lancelot !! Il lui hurla :

« Ça t'amuse ?! Kaebe, il… Non, c'est vrai, tu les hais tous... »

— Au moins tu peux le comprendre ! Mais tu as aussi changé autrement tu sais, de frôler de plus en plus la mort comme ça… Tu es devenu plus faible, tu t'es ramollis avec ces deux maudites humaines ! À vouloir les protéger, tu ne fais que te faire souffrir surtout que c'est inutile. Comparé à toi, leur espérance de vie ne vaux rien…

« Tais toi ! Ta prévision n'est pas arrivé, ces ″ humaines ″ ne m'ont jamais trahies. »

— Peut être mais as tu déjà pensé à la vocation de cette chevaleresse ? Tu sais, ta vengeance… si elle est vraiment celle qu'elle dit être, si son rêve est bien réel, alors elle se mettra en travers de ton chemin !

Mylon resta silencieux, en y réfléchissant, l'ombre avait en partie vraie…

« Mais elle ne me trahira pas, non. De toute façon nos chemins se sépareront bien rapidement... »

— Je sais ce que tu ressens, ne te laisse pas avoir par cette chose qu'ils appellent ″ amour ″. Ce n'est que le résultat du métabolisme charnel de toute les espèces pour perpétuer l'existence, la vie. Cela ne t'apporte que souffrance à la fin.

Attendez, c'est lui où l'ombre était devenue moins véhémente ? Pourquoi ? Sa voix, c'est comme si elle était sincère, comme si elle était vraiment attentionnée envers cette situation particulière. Qu'avait-elle pu bien vivre ? Qui était elle ?

— Je ne répondrais pas à cela … mais bon, heureusement pour elles que tu vas t'en séparer ! Ta présence ne les mettrais qu'en danger…

L'ombre ria une nouvelle fois de plus pendant que Mylon ne comprenait pas : pourquoi il les mettrais en danger ? Mais puisque l'ombre pouvait savoir ce qu'il pense, elle dit :

— Tu as déjà oublié le dragon ? Tu ne crois pas que je vais m'arrêter à la tu sais…

Cependant elle ne put continuer que cette sorte de dimension se mit à trembler pendant qu'elle s'illuminait. L'ombre regarda au loin et n'ajouta que ces mots :

— Déjà terminé tiens ? C'est que l'on a un invité indésiré en plus… On se reverra la prochaine fois que tu frôleras la mort. Je te laisse t'occuper de ça ! Ou bien devrais je… ?

L'ombre allait ainsi disparaître. Toutefois Mylon tendit sa main, voulant la retenir et lui faire subir mille et une souffrance pour ses actes. C'était à cause d'elle tout ça, toute cette souffrance, oui : c'était elle l'origine du mal !

Cependant il fut ébloui et quand il retrouva la vue, il était debout sur son lit. Ce n'est pas l'ombre qui se trouvait dans sa prise et qu'il serrait avec rage mais… c'était le cou de quelqu'un ? Une sorte de femme habillée d'une tenue de ninja, une femme aux longues oreilles… Une elfe ?

Elle se débattait pour sortir de sa prise mais n'y arrivait pas. Pas si forte que ça cette tient … Mais ce goût dans sa bouche, c'était du poison ? Elle lui avait fait boire du poison ?! Il serra ainsi plus fort dans sa rage. Étrangement, c'est comme s'il était toujours dans ce rêve, n'ayant pas entièrement le contrôle de son corps.

C'est alors qu'il put entendre des bruits pas rapide venant des escaliers, quelqu'un les montait ? Il regarda rapidement à sa gauche, la porte s'ouvrit et la personne qui apparut fut…

— Marlène ?! s'exclama Mylon.

— Grand-frère, c'est bien toi ?! jubila la fillette. Je suis venu dès que j'ai entendu du bruit. Qu'est-ce qui se pa- … C'EST QUI CA ?

Elle remarqua la ninja sous l'emprise de Mylon mais la surprise créée par l'arrivée de Marlène lui fit perdre sa poigne. La femme en profita donc pour s'en défaire et s'échapper par la fenêtre ! Marlène s'y précipita mais elle ne put la voir, elle avait déjà disparut !

Elle se retourna donc vers Mylon et se jeta sur lui aux bords des larmes.

— Grand-frère ! balbutia la jeune fille. J'ai bien cru que tu n'allais jamais te réveiller ! Ça fait une semaine, une semaine…

Marlène se mit à pleurer en l'enlaçant… Mylon voulut la rassurer mais il fut prit d'un vertige soudain, sa respiration devint chaotique pendant qu'il était prit d'une grande chaleur. Son cœur battait à la chamade… Du poison ? Non c'était autre chose. Il s'assit donc, essayant de se contrôler…

Ce grabuge attira aussi Adamantine qui venait à peine de rentrer chez Angela. Elle arriva jusqu'à la porte et leur articula d'une voix inquiète :

— Qu'est-ce qui se passe ? Tout va bien ?

Mylon posa ses yeux sur Adamantine, le sang lui monta alors à la tête : qu'est-ce que c'était ? Cette envie irrépressible… Il… Oh non, c'était ça ? Mais pourquoi ?! Il devait se relâcher, s'écarter, oui. Sinon, cela allait être un désastre, il n'en pouvait plus !

***

De son côté, l'elfe revint au côté de son maître en rentrant par la fenêtre. Celui-ci lui était dos à elle, à travailler sur son bureau. La nuit était tombée et la seule lumière éclairant la salle venait d'une petite bougie posé sur le bureau. Sentant sa présence, son maître lui demanda :

— Alors tu as réussis ? Tu l'a fais ?

— Je suis désolé maître Wildsoar… répondit-elle de façon monotone. J'ai bien réussit à lui administrer le produit mais je n'ai pas pu passer à l'acte…

— BORDEL ! cria le Duc de colère tout en projetant ses papiers au sol. Tu avais un job, une tâche ! Une tâche qui aurait dut être simple, surtout qu'il était encore inconscient ! Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ?

— Il s'est réveillé au moment où je voulais le faire… Et m'a directement attraper par la gorge. Je n'ai rien pu faire, il était si fort… Je crois que j'en garde une marque au coup …

— Fichtre de… se plaignit le Duc. Et dire que l'on aurait put créer une des plus grandes lignée ! En mélangeant le sang des elfes à celui de ce sauveur aux cheveux blancs, aux yeux rouges comme… Argh ! J'aurais pu avoir sous la main des serviteurs assez puissants pour protéger la lignée des Wildsoar !! Je t'ai même donné le meilleur des aphrodisiaques pour nous donner le plus de chance de succès. Tu sais combien ça m'a coûté ?!

Le Duc laissa un blanc et se calma un peu, il devait revenir sur son problème d'attitude chaotique. Et pour ce faire, il avait même tenté des séances de Yoga pour se détendre, sans succès. Enfin, le Duc revint toutefois sur ce que dit sa maid :

— Attends, tu es blessée Sophie ? Viens, je vais te soigner …

Il s'approcha d'elle et voulut utiliser un sort de soin sauf que cela ne fonctionna pas. Ahuri, le Duc essaya tout de même en y mettant plus de mana mais rien. Cela ne fonctionnait pas, il en resta choqué. Comment ? C'était ce ″Mylon″ qui avait fait ça ?

***

De retour à la maison d'Angela, Mylon s'était enfermé dans la salle de bain rapidement. Il avait réussit à se contrôler même après être passé juste à côté d'Adamantine.

Les deux le suivirent jusque devant la porte, le questionnèrent sans qu'il ne donne de réponse. C'est en remarquant quelque chose d'étrange que Marlène dit :

— Attends grande-sœur, c'est moi où la salle de bain commence à trembler ?

— Je crois que tu as raisons, mais que diable fait-il là dedans ?

Elles attendirent ainsi un moment mais Mylon leur pria de le laisser seul, il n'en donna pas la raison. Adamantine partit donc, préoccupée par la requête de Leam et sa propre situation. De son côté, Marlène décida tout de même de rester ! Elle ne dit rien, alla chercher une chaise et s'installa devant en lisant un livre. C'est qu'elle était inquiète quand même et il n'allait pas se débarrasser si facilement d'elle !

Une heure passa, puis une deuxième, puis une… troisième… À force d'attendre, Marlène s'endormit sur la chaise, le livre à la main. Toutefois, c'est bien aux bout de ces trois heures que Mylon sortit. L'effet s'était enfin dissipé, heureusement pour lui quand même ! Voyant Marlène et l'heure, il la porta jusqu'au lit. Il ne put voir cependant Adamantine tient… Il était quand même 23h, où pouvait-elle bien être ? Peut-être n'était-elle pas fatiguée ? De son côté, bien sûr que Mylon ne l'était pas. Pas après avoir dormit pendant une semaine ! D'ailleurs, il ne lui restait aucune séquelle… Rien de la corruption ni des brûlures ou coupures qu'il avait subit n'étaient resté. Cela lui fit se poser cette question :

— Mais que suis-je à la fin ? Comment mon corps fait pour se régénérer lentement ? Et la corruption, peut être qu'Angela le saurait ? D'ailleurs où est elle ?

Il chercha son mana et la vit dans sa chambre, elle devait dormir vu l'heure… Mais pourquoi n'était elle pas intervenu tient, lors de l'attaque ? Elle aurait put certainement s'en occuper de ce primordiale… Enfin bref, Mylon avait vu aussi où se trouvait Adamantine par la même occasion : sur le toit ? Mais qu'y faisait-elle ? Il ne pouvait répondre à cette curiosité qu'en y allant lui même, ce qu'il fit.

Adamantine se trouvait là, en cette soirée de pleine lune, à contempler le ciel et les étoiles. Elles brillaient au firmament dans le ciel, c'est un spectacle qu'elle ne prenait pas vraiment le temps de contempler d'habitude. Mylon s'était silencieusement rapproché derrière elle mais le bruit d'une tuile pliant sous son poids trahit sa présence. Adamantine tourna alors son regard mélancolique vers Mylon pour lui demander :

— À c'est toi ? Tout va bien finalement ? Je n'ai pas très bien compris ce qu'il s'était passé tout à l'heure…

Mylon se gratta alors l'arrière de la tête, il ne pouvait pas vraiment échapper à cette question hein ? Bon, il se rapprocha d'elle pour s'asseoir à ses côtés tout en bégayant :

— Euuh… Alors, c'est... compliqué. Un peu humiliant on va dire… Tu es sûre de vouloir savoir ?

— Hmm, marmonna Adamantine. C'est comme tu veux. Je n'ai pas l'intention de te forcer non plus…

Mylon hésita un moment : c'était vraiment gênant pour lui. Oh et puis zut ! Il lui raconta tout de même l'histoire, passant de son réveil jusqu'à pourquoi il s'était enfermé dans la salle de bain.

Adamantine se mit à rougir un instant… Quel contrôle quand même ! Il aurait put leur sauter dessus quand … Non, non, non … Elle se secoua la tête, ce n'est pas ça le plus inquiétant. Elle s'étonna auprès de lui :

— Attends… On a voulu te violer ?!

— Eeeeh, hésita Mylon. Techniquement oui, même si ce mot est un peu trop fort, enfin, je crois ?

— C'est grave quand même ! s'offusqua Adamantine. Mais pourquoi, dans quel but ? Heureusement que l'on t'a remit le cache-oeil et ton gant dans ton sommeil. Qui sait si elle t'aurait vu …

C'est vrai tient ! À force de les porter, il en oubliait leur présence. Mylon les enleva donc, retrouvant toute sa vue tout en pouvant sentir à nouveau le vent frai sur ses écailles. Lorsqu'il redirigea son regard vers la chevalière, il put bien déceler que quelque chose n'allait pas. Surtout qu'il le devinait puisqu'elle se trouvait seule sur un toit à regarder les étoiles.

— Ce n'est pas grave ! s'exclama t-il. Maintenant que je suis de nouveau sur pieds, cela n'arrivera plus… Mais dit, hum. Pourquoi étais-tu seule ici ? Enfin, si tu ne veux pas en parler, je peux comprendre…

Adamantine regarda un moment dans le vide avant de ramener ses genoux contre sa poitrine. Elle avait l'air d'hésiter mais coupa enfin ce silence en soufflant :

— Je… Comment dire… J'ai parlé avec Leam et… Je pense être perdue. Ce qu'il m'a dit est vrai, je le reconnais mais je ne sais pas quoi en faire. Je ne peux pas tout simplement quitter l'ordre…

— Quitter l'ordre ? s'étonna Mylon. Pourquoi ? Je croyais que c'était ton rêve de devenir une grande chevaleresse…

— Oui, enfin … Je ne sais plus … Il m'a ouvert les yeux : je n'ai jamais été autant ouverte de ma vie et heureuse qu'en voyageant à vos côtés. J'ai toujours été froide avec les autres avant, bien que je me faisais paraître une bonne image envers la population. Cette froideur, ce masque… Je me le suis construit car je voulais garder ma liberté. Mais maintenant, je ne sais plus où j'en suis. Je ne sais plus ce que je veux. C'est pour ma famille, pour mon père, pour ma grand-mère que j'en suis là… Devrais-je trahir leurs attente, trahir ma famille et les responsabilités qui m'ont été attribuer ? Je-je ...

En l'écoutant, Mylon fut prit d'un si grand chaos d'émotions qu'il en écarquilla des yeux. Avant cet instant précis, il n'avait jamais vraiment su ce qu'avait vécue sa compagne de voyage. Il n'avait fait des suppositions jusque là…

Que devrait-il lui dire ? Cette situations, ce sentiment d'être perdu, de ne plus savoir pour quelle raison vivre. Ce sentiment de tristesse pesante sur le cœur à force de solitude, de s'écarter des autres… Il voulut lui dire qu'elle pouvait rester à ses côtés pour toujours, qu'ils pourraient s'en aller en voyage voir le monde ensemble si elle le souhaitait.

Mais… Ces ombres qui pesaient sur son dos. Mylon aussi avait un devoir, un devoir dont il se consacrerait entièrement jusqu'au moment où il le trouve, où il se venge de cet homme en armure foncé. Celui qui lui avait tout prit avec l'église… Et l'ombre, l'ombre le pourchasserait toujours et sans relâche. Il devait d'abords s'occuper de tout ça et ensuite ils pourraient… Mais, combien de temps cela allait prendre ? Il ne pouvait simplement lui dire de l'attendre. Elle avait le droit à une vie heureuse, de vivre sans être hanté par les désirs de quiconque, sans être hantée par le devoir et l'attente …

C'est donc après cette réflexion que Mylon posa sa main sur l'épaule d'Adamantine pour lui dire d'un ton doux :

— Je peux comprendre ton sentiment de devoir mais aussi de vouloir être libre. Je ne peux pas te dire de tout abandonner, ce serait très égoïste. Je pense que tu pourrais juste t'y prendre en te comportant autrement en tant que chevaleresse ? Au pire, si ton père t'oblige à te marier, tu n'auras qu'à déguerpir. S'il ne comprends pas, c'est que ce n'est pas un bon père… Enfin, je dis ça sans vraiment le connaître. En tout cas si cela arrive, je serais toujours là si tu veux mais… mes intérêts divergent trop du tiens. Je ne veux pas t'entraîner dans mes histoires de vengeance…

Adamantine regarda alors un moment dans le vide, réfléchissant à ce que Mylon lui dit. Elle balbutia en essayant de retenir des larmes :

— Tu, tu… Tu es sûr de le vouloir, toi aussi ? Tu peux t'arrêter, tu n'as pas besoin de suivre ce devoir aussi, non ? Marlène est aussi inquiète, ton journal, ce que tu as vécu…

Mylon grinça des dents, son cœur se serra et ce, plus qu'avant encore. Ce poids, ce poids du regret, de l'amour, c'était donc ça. Toutefois il n'avait que trop regretté avant. Celons le choix de ce soir, il regrettera de toute manière. Un compromis, il vint ainsi avec un compromis. Il se tourna vers elle et celle-ci fit de même. Il lui dit d'un sourire :

— Je ne peux pas non mais… Je peux te promettre qu'après, quand tout sera terminé, que je reviendrais pour toi. Et si d'ici là tu t'es décidés, nous partirons loin de tout cela ou tu resteras à ton poste… Or si ce temps est trop long et que tu décides d'aller de l'avant, de m'oublier, je repartirais sans histoire…

— Mylon je…

Elle le regarda alors intensément dans les yeux, ne sachant que dire. Dans ce bref instant, Mylon repensa à sa mère, à ses dernières paroles de vivre sans regret. Cela raisonnait dans sa tête, il se dit ainsi :

Si je ne le fais pas maintenant, je le regretterais encore plus… Au diable ce qui peut se passer après, au diable si je me fais rejeter. Je dois simplement le lui transmettre…

Il se décida ainsi : Mylon se rapprocha d'elle lentement, rapprochant ses lèvres de les siennes, la regardant droit dans les yeux. Cet instant fut comme une éternité pour lui et il entra enfin en contact avec les siennes et l'embrassa. Il attendit peut être une réjection mais elle ne vint pas… Adamantine lui rendit son baisé. Cela le libéra d'un poids, ce qu'il ressentait était donc réciproque ? Enfin, il l'avait déjà bien vu avant, c'est pour ça qu'il s'était lancé.

Cela dura un petit moment mais elle l'arrêta en le poussant avec douceur et ce, pour lui affirmer tout en pleurant chaudement et avec le sourire :

— D'accord, c'est une promesse alors !

Elle tendit son petit doigt comme ce qu'ils avaient l'habitude de faire entre eux et Marlène, Mylon fit de même et répondit en souriant :

— C'est une promesse !

Au même moment, ils purent entendre un « Génial, enfin !!!! » venir de plus bas. Les deux reconnurent alors la voix de Marlène et se mirent à rire. De son côté, celle-ci s'était réveillée en les entendant grâce à la fenêtre ouverte et les avait ainsi écouté ! Elle avait sortit un petit miroir de poche pour aussi les observer. Quand elle les vit s'embrasser, elle se mit à sauter partout d'excitation en jubilant :

— Enfin, enfin, enfin ! Tous mes efforts ont fonctionné ! Grand frère ne va plus avoir à simplement suivre sa vengeance sur un chemin sombre !! Ils ont enfin affirmer leur amour !

Elle sautilla partout pendant un bon moment pendant que Mylon et Adamantine passèrent un moment intime, papotant de tout et de rien. De ce qu'il s'était passé pendant son sommeil et de ce qu'il allait s'annoncer pour la suite. Ils avaient toute la nuit, tout le temps qu'ils souhaitaient.

Or le lendemain de cette journée riche en émotion allait s'annoncer tout aussi riche. En effet, ce jour sera celui dont on se souviendra dans l'histoire comme celui de la deuxième et dernière confrontation entre les hommes et les dragonoïdes ...