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Question d'Avenir

Surpris par la proposition d'Andréa, Tahrren, Ophélie et Eiji restèrent stoïque pendant quelques instants. Eiji, en particulier, était dubitatif.

"Ils pourraient en effet offrir une bonne diversion. Mais encore faut-il être certain de les convaincre, mais, et surtout, les Ophéliens ne resteront pas sans rien faire."

Andréa sourit à son analyse. Eiji avait raison. Le plan était loin d'être parfait, et surtout, il leur fallait l'autorisation des deux partis. Heureusement, si les prêtres étaient sous les ordres du Pape, l'armée Ophélienne, bien qu'obéissant à ses ordres également, conservait une certaine autonomie, et n'était au final que très rarement en relation avec les religieux.

"En effet. C'est pourquoi devrons prévenir et convaincre les gardes de la guilde de nous croire, afin d'éviter que la situation ne tourne à la guerre. Mais sans influence, cela ne sera pas possible, c'est pourquoi nous aurons besoin de votre statut, Sainte."

Ophélie peinait à suivre l'évolution des événements, bien qu'elle en comprît l'essentiel. Elle se grattait nerveusement le front, réfléchissant à la stratégie.

"Cela pourrait fonctionner, mais comment pourrais-je convaincre des personnes que je n'ai jamais côtoyé ? Tous ne me croirons pas si je leur dis qui je suis. Après tout, je n'ai aucune preuve de mon identité."

"N'existe-t-il pas une relique qui pourrait prouver ton identité ?" demanda Tahrren.

Tous réfléchir, à l'exception d'Eiji qui ne connaissait que peu de choses à la religion et au passé d'Ophélie. Après quelques secondes, Andréa trouva enfin la solution

"Peut-être votre ancienne arme ? Votre sceptre orné d'une agate, avec lequel vous avez sauvé la région autrefois."

Ophélie eut un déclic, presque émerveillée par l'idée du nain.

"Vous avez raison. J'avais scellé la pierre de sorte à ce que je sois la seule à pouvoir le manier. Si je suis capable de l'utiliser, alors ils n'auront rien à redire quant à ma légitimité. Ce serait une preuve irréfutable de mon identité ! Savez-vous où nous pouvons le trouver ?"

Un sourire amer se dessina sur le visage du Père Andréa.

"Malheureusement, il se trouve en plein cœur de la cathédrale de sa Sainteté. Bien qu'elle soit relativement éloignée de l'église principale, elle reste sous le contrôle du Pape. Ce ne sera pas facile d'y prendre le sceptre, surtout par des moyens légaux. Il va donc falloir le voler."

Tahrren se leva brusquement, surprenant tout le monde.

"Très bien, je m'en occuperai, je ne suis pas un maître en dissimulation, mais je me débrouille certainement mieux que quiconque parmi nous. Résumons donc la situation : notre ennemi principal est le Pape. Trop nombreux, nous utiliserons les nains pour faire diversion. Cependant, pour cela, il nous faut non seulement les convaincre eux, mais également persuader la garde ophélienne de les laisser marcher sur la ville ?"

Les trois membres de son auditoire acquiescèrent.

"C'est bien résumé." Répondit Andréa. "Premièrement, Tahrren, vous devrez volet le sceptre d'Ortia qui est scellé au cœur même de la sainte cathédrale. La sainte y est présente la journée, et il sera impossible d'échapper à la vigilance des gardes à ce moment-là, vous serez donc contraint de l'infiltrer la nuit. Les rondes ne sont pas moins régulières, mais vous aurez le bénéfice du manque de visibilité."

Ophélie continua.

"Ensuite, avec le sceptre, nous devrons informer la garde de la situation, et ce le plus discrètement possible, afin de ne pas éveiller les soupçons du Pape. Et enfin nous prendrons la route vers Myr Kandhur, convaincre les nains. Cette fois-ci, tout reposera entre vos mains, Père Andréa…"

Eiji soupira légèrement. Tahrren rit discrètement à sa réaction. Pas une fois son nom ne fut cité. Il avait l'impression de se voir lui étant plus jeune. Il ne connaissait que trop bien ce sentiment, cette impression de ne pas être utile. Malheureusement, il ne pouvait rien faire pour lui. Pour le moment, les états d'âmes de son apprenti étaient bien les dernières choses qui l'inquiétaient.

Il se leva et donna ses dernières directives.

"Bien. Nous en avons fini pour cette réunion stratégique. Nous partons demain à l'aube. Reposez-vous bien, les prochains jours seront chargés."

Ophélie et Eiji sortirent de la chambre et vaguèrent à leurs occupations. Pendant ce temps, Tahrren se posa sur le lit à côté d'Andréa.

"Comment vous sentez-vous ? Pensez-vous que vous serez capables de prendre la route demain ?"

Andréa, assis les jambes croisées sur le lit, se faufila jusqu'au bord de celui-ci et en descendit non sans peine.

"Aucun problème ! Ne sous-estimez pas la vitalité des nains ! Je pourrai déjà courir un marathon si je le souhaiterais !"

Un discret sourire se dessina sur le visage de l'elfe qui ne sut retenir un léger rire.

Il se releva rapidement et fit face au nain.

"Acceptez-vous donc que je vous offre une bière ?"

Andréa explosa en fou rire.

"Hahaha ! Absolument ! Jamais un nain digne de ce nom ne refusera une bonne chope de bière ! Encore plus si celle-ci est offerte ! Guidez-moi et je vous suivrai ! J'entends déjà l'appel de la boisson."

Tahrren glissa sa main dans le dos du nain et l'accompagna jusqu'à la sortit. Il le guida ensuite en direction du bar, en bas des escaliers.

Le soleil était encore haut dans le ciel et là plupart des personnes travaillaient encore, la salle était donc presque vide. Seuls quelques habitués trop vieux pour travailler dans les champs sirotaient calmement leur boisson tout en discutant des potins.

Ils s'installèrent à une table et, rapidement, une des hôtesses vint prendre leur commande. Bien entendu, les deux s'offrirent une bière. Il ne fallut que quelques secondes avant que la serveuse ne revienne leur remettre les boissons.

"A la vôtre, elfe !" Dit Andréa tout en levant sa chope. "Et merci encore de m'avoir sauvé !"

Tahrren leva à son tour sa chope : "A la vôtre !"

Ils burent cul-sec leur bière, et ce en un temps record pour Andréa, aidé notamment par sa condition de nain. Après tout, ces derniers étaient bien connu pour leur légendaire descente !

Ils ne tardèrent pas à commander une nouvelle bière. Cependant, Tahrren se figea peu à peu, se perdant dans ses pensées.

"Un problème peut-être, cher bienfaiteur ?"

Sorti de sa torpeur par ces paroles, il ne put s'empêcher de sourire a ce surnom.

"Aucunement. Je me disais simplement que nous nous ressemblons beaucoup, dans le fond."

"Mmh ? Et comment donc ?"

Intrigué, le nain souhaita creuser un peu, cherchant a savoir ce que voulait dire son camarade elfe.

"C'est simple. Nous avons tous les deux quitté notre peuple isolé, simplement en quête d'aventure. Autrefois, je vivais au sein d'un petit village elfique de l'empire Thoramin, sur le continent d'Heika. Nous étions complètement coupes du monde. L'extérieur m'avais toujours attiré. Après tout, il y avait un si vaste monde, caché derrière ces palissades en bois et ces légions d'arbres. Rapidement je ne pus continuer à vivre ainsi, et je décidai de fuguer. Courir aussi loin que je pus, avec pour seul objectif de sortir de cette forêt et découvrir le monde extérieur. Après plusieurs semaines de vie dans les bois, j'arrivai enfin dans une ville. Une ville humaine. Je fus frappé par les nombreuses différences qui existaient entre nos coutumes elfique et celles de humains, mais également par la qualité et le rythme de vie. Je n'eus jamais été aussi heureux de toute ma vie, et cela me convainc d'en explorer davantage..."

Le nain soupira légèrement. Il ne pouvait le nier : il ressentit exactement la même chose la première fois qu'il découvrit Ophelia.

"L'appel de l'aventure, uh." dit-il avec un léger sourire aux lèvres. "Mais pourquoi donc me raconter tout cela ?"

Tahrren marqua une courte pause avant de lui répondre.

"Voyez-vous, au final, nous nous ressemblons tous : hommes, elfes, nains... Géants. Nous sommes tous animés par les mêmes volontés. Cependant, ces sociétés sont toutes en peril. De nombreuses villes et royaumes ont déjà été sous la menace d'immortels, Ophelia n'est que l'une d'entre elles. Cependant, alors que le soutien des géants, des elfes et des humains est conséquent, celui des nains, lui aussi nécessaire notamment pas votre savoir-faire, nous manque cruellement. Les rares fois où nous pouvons compter sur le soutien des royaumes nains est quand ceux-là même sont menacés. La situation est bien plus critique que les dirigeants nains ne souhaitent le croire. C'est pourquoi, Andréa, s'il vous plaît, aidez-nous a convaincre les rois nains de nous fournir leur soutien. Sans eux, je crains que c'est le monde tout entier qui est menacé."