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INTERLUDE | Gardiens de la Paix

La nature humaine est complexe, mais pas imprévisible pour autant. Du moins, c'est ce qui fut constaté lors du développement d'Élyséa. 

Avant même que les choses ne dégénèrent dans les cités et villages qui renaissaient peu à peu de l'après-guerre, l'empereur Artorius Castus pensait déjà à la mise en place d'un système militaire. Celui-ci visait à protéger la population de toute forme de menaces, y compris celle que l'être humain pouvait lui-même représenter.

Même si ce dernier est civilisé, il n'en reste pas moins un mammifère. Comme par le passé, lorsqu'aucune règle n'est établie, il fera ce que ses instincts lui dictent. Ses désirs se tournant généralement vers la domination d'autrui et l'opulence. Néanmoins, comparé à la nature sauvage des animaux, il peut être amené à suivre les codes et les lois qui lui sont imposés.

Certains villages se voyaient donc affublés d'un dictateur avant même d'avoir atteint leur stade inaugural. Alors que la Guilde venait de naître, les requêtes anti-humaines pullulaient déjà dans ses bâtiments, gangrenant ainsi le système pour lequel l'organisation fut conçue face au véritable danger extérieur. 

À ce moment de l'histoire, Artorius avait tout juste fondé la Trinité. Fatigué par ce projet titanesque, il délégua sans hésitation cette nouvelle tâche à l'un de ses proches conseillers, Lycurgue. Ce dernier n'était pas un guerrier accompli, mais il possédait une grande expérience des champs de bataille. Il récupéra les plans auxquels Artorius pensa et utilisa ses propres connaissances pour réaliser au mieux les désirs de son empereur.

Pendant sa jeunesse, il rencontra un combattant vagabond aux allures originales. Celui-ci transitait de village en village pour transmettre son expertise de la guerre. Tout en l'observant prêcher ses préceptes, il finit un jour par l'aborder et l'interroger sur cet étrange art qu'il souhaitait inculquer aux autres. 

Après lui avoir demandé pourquoi il tenait tant à l'enseigner, l'homme lui répondit que jusqu'ici personne ne l'avait vraiment écouté. Étant mourant, il ne voulait pas que cette discipline disparaisse avec lui tant elle pourrait servir à l'humanité dans les temps présents comme à venir. 

Issu d'une famille aisée, Lycurgue le prit à sa charge et l'entendit lors des longues nuits froides qui s'ensuivirent. Pour ne pas l'oublier ou l'altérer, il retranscrivit soigneusement toutes ces connaissances dans des carnets de notes. 

Quelques semaines après avoir transmis son savoir, le vagabond succomba, le sourire aux lèvres. Même si l'avenir de la discipline qu'il chérissait tant était incertain, il fut heureux qu'au moins une personne l'ait écouté. 

Cette discipline se nomme l'Agogé. Elle consiste à former les enfants aux arts de la guerre dès le plus jeune âge, limitant l'éducation intellectuelle au strict minimum.

Lycurgue s'en inspira donc aux fins militaires qu'il convoitait. L'idée initiale était de créer des bataillons d'élite dans chaque grande cité d'Élyséa. 

Concernant les bénéficiaires, il était prévu qu'ils soient essentiellement composés d'orphelins ou de jeunes abandonnés par leurs parents.

Cette formation n'étant pas sexiste, filles et garçons peuvent y adhérer. Cependant, le programme des filles est parfois allégé compte tenu des différences physiques. Il est à noter qu'en dehors de cela, seuls des humains peuvent intégrer ces rangs. Les autres espèces sont catégoriquement refusées.

Les enfants sont pris en charge par l'empire à partir de sept ans et jusqu'à leurs vingt ans. Leur formation débute dans un campement militaire isolé et situé dans des contrées hostiles, loin d'une quelconque civilisation. 

Ils apprennent tout d'abord la lecture et l'écriture en se limitant aux bases. La suite consiste essentiellement à endurcir son corps. Cela passe par l'athlétisme, le maniement des armes ou encore la survie dans la nature. La plupart de ses activités sont réalisées en groupe pour accroître leur force de cohésion et de coopération. 

L'égoïsme et l'individualisme sont chassés de leurs esprits, car ils doivent rester unis. Néanmoins, la partie la plus essentielle de cette formation est qu'ils devront faire confiance et obéir aveuglément à leurs supérieurs, peu importe leurs exigences. En résumé, avant d'atteindre leur maturité, ils sont conditionnés pour être disciplinés et rigoureux. 

Être pris en charge ne sous-entend d'ailleurs pas d'être entretenu. Pour forger leur physique et leur mental, ils sont livrés à eux-mêmes dès le plus jeune âge. Devant trouver leur nourriture et fabriquer leur propre paillasse. 

Il n'est pas rare que les enfants les plus fragiles abandonnent ou meurent en essayant. Il s'agit du prix à payer pour devenir l'élite impérialiste. 

Au départ, Artorius s'opposa farouchement à ces méthodes cruelles, mais Lycurgue lui demanda une seule faveur. Il souhaitait avoir la chance de former au moins une génération pour prouver son efficacité. Étant quelqu'un de pragmatique, l'empereur lui accorda ce bénéfice. 

Arrivés à l'âge adulte, les résultats furent stupéfiants. De simples enfants chétifs étaient devenus de valeureux et disciplinés guerriers, doués au combat et largement en mesure de défendre les cités humaines. Cela fit mal à Artorius d'admettre ces pratiques qu'il jugeait barbares, mais il finit par reconnaître l'intérêt de l'Agogé et la valida, laissant ainsi Lycurgue gérer le reste de cet art militaire.

Après leur seizième année, les jeunes aspirants ont une vie bien plus agréable. Ils sont placés en garnison et suivent la fin de leur formation dans la cité où ils ont été affectés. Cela se résume par de fréquentes patrouilles où ils se familiarisent au terrain dans ses moindres détails. Elles permettent aussi de mieux s'intégrer à la population pour dégager une image de sécurité et de respect.

Les soldats sont divisés par tranche d'âge, car chaque année a son lot d'épreuves. La dernière d'entre elles se passe à leurs vingt ans. Elle se pratique en duo, de préférence avec le sexe opposé et consiste à abattre un couple de griffons. Ils ont exactement un an pour atteindre ce but et doivent le réussir ensemble. Si l'un des partenaires meurt, il faudra en trouver un autre et vis versa. 

Si le délai est dépassé, ils sont évincés et ne pourront jamais achever leur formation. Cela est rarement le cas, en général trois aspirants sur quatre valident cette épreuve. Le quatrième est souvent porté disparu, considéré comme mort ou inapte auprès de son instructeur.

Chasser un couple de griffons n'est pas un choix hasardeux ou anodin. Ces créatures chimériques, dotée d'une part d'un corps de lion et d'autre part d'un corps d'aigle, sont rusées et extrêmement dangereuses. Elles défendent farouchement leurs nids et tuent sans la moindre hésitation les intrus qui auraient l'imprudence de fouler leur territoire. 

Le but de cette chasse est de démontrer que la coordination du duo surpassera la complicité innée des monstres. Ainsi, s'ils réussissent, ils apporteront la tête des deux griffons, pour valider cette épreuve décisive. Ils prélèveront également un lot de plumes pour décorer leur casque et exhiber la preuve de leur succès.

Une fois ces exigences accomplies, ils deviennent officiellement des Pacificateurs. De ce fait, ils serviront Élyséa tant qu'ils seront en mesure de combattre. 

Leurs équipements, considérés comme lourds, les protègent intégralement de la tête aux pieds et sans entraver leur mobilité. Ils manient à la perfection l'épée, le bouclier et la lance. Les plus talentueux d'entre eux, souvent voués à diriger par le biais du statut de capitaine, se démarquent en utilisant des armes uniques.

Chaque bataillon impérial est mené par un juge, ce dernier étant désigné par l'empereur lui-même. Ils sont de grands guerriers ayant fait preuve de force et de bravoure à diverses reprises tout au long de leur vie. Le plus souvent, ce sont des aventuriers d'un rang équivalent ou supérieur à Mithril. Cependant, à de rares occasions, une poignée de pacificateurs compétents ont réussi à être nommés à ce poste.

Le Juge est considéré comme un général. En plus de devoir diriger ses soldats, il a pour rôle de défendre la cité qu'il représente et d'y faire régner la justice. 

"Celui qui prononce la sentence se doit de l'exécuter" est l'un de ses principes et par ses paroles il fait aussi office de bourreau. Malheureusement, cela n'exclut pas non plus de tuer femmes et enfants si nécessaire. Leurs responsabilités sont lourdes et exigent des épaules adaptées à cette fonction.

Au fil du temps et avec le développement croissant de l'empire, les forces militaires d'Élyséa ont également évolué. Même si les bataillons impériaux sont toujours en place pour protéger les cités, des armées - nommées "légions impériales" - ont aussi été formés en prévision d'éventuels conflits externes.

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