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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Tranh châm biếm
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125 Chs

Chapitre 79

Le crépuscule nimbait le ciel de reflets roses et violets. 

La mer, en-dessous, était d'un bleu foncé sur lequel le soleil se reflétait en rayons obliques. Je n'avais pas à y être pour savoir que l'eau était froide et surtout – surtout – que personne ne passerait me voir avant au moins deux heures.

- Voilà un lève tôt comme on en voit rarement chez les jeunes de ton âge !

L'homme me sourit alors que j'entrai dans le réfectoire. 

Visiblement c'étaient eux qui étaient chargés du petit déjeuner : la femme finissait de poser les assiettes sur la table alors que son mari – debout derrière le comptoir qui donnait sur les cuisines – tranchait du pain frais. 

Derrière lui, dans le fond, ronronnait un four dans lequel je voyais pains au chocolat et croissants.

- Le déjeuner ne sera pas prêt avant une bonne heure encore, me dit la femme en se rapprochant de moi, époussetant ses mains sur son tablier.

Ses yeux inquiets se tournèrent vers l'horloge.

- L'horaire convenu avec l'encadrement était huit heures trente…

L'horloge indiquait 5h32.

- Je me contenterai de ce que vous avez sous la main

Il était tôt, si tôt que même notre bon vieil insomniaque de prof n'était pas encore levé.

C'était une des raisons qui m'avaient poussé à me lever si tôt : comme il n'était pas réveillé, il ne pourrait pas me forcer à faire ses foutues corvées.

Si il croyait vraiment que je m'abaisserai à nettoyer les sanitaires parce qu'il me l'avait demandé, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au cul.

La seule chose qu'il me restait à faire, maintenant, était de l'éviter pour le restant de mon séjour.

Faisable sans aucun problème.

- Et bien nous avons du pain, balbutia l'homme qui se tourna vers sa femme. Des confitures, aussi.

- Keichiro pourrait te couper quelques fruits. Du melon, ça te dirait ?

Je hochai la tête : elle disparut derrière la porte de service et revint avec du raisin, des fraises, des poires, des bananes et du melon. Il y avait du fromage, aussi, tranché finement.

Keichiro tira une poêle, y mit de l'huile d'olive et y fit griller les tranches de pain.

- Et les œufs ? Tu aimes ça, les œufs ?

- Je ne déteste pas ça

Il cassa trois œufs dans une poêle, ajouta des épices puis disposa les omelettes sur le pain grillé.

- Nous avons du jus d'orange ou du thé, si tu le souhaites

- Jus d'orange

La femme me sourit et me servit un verre généreux dans un mug.

Je portai la tasse à mes lèvres sans toutefois en boire, ne les quittant pas du regard.

La femme lavait les fruits et son mari les épluchait et les tranchait avec habileté, disposant le tout dans mon assiette.

- Où est Kenta ?

Le couple échangea un regard amusé.

- Il dort, bien sûr, comme toute personne censée à cinq heures du matin.

Je hochai la tête, mes yeux glissant sur eux pour passer d'une porte à l'autre, respectivement fermée et entrebâillée.

- Bien, très bien.

Ma tasse frappa le comptoir bruyamment, les faisant sursauter. 

Le jus tangua comme une vague et manqua de peu d'éclabousser tout le comptoir.

- Pourquoi est-ce qu'il porte mon prénom ?

Ils échangèrent un regard.

La femme avait pâlit considérablement et son mari la regarda, lèvres pincées, avant de se tourner vers moi.

- Nous ne voyons pas de quoi t-

- Ne me mentez surtout pas

Je serrai le couteau dans ma main, caché sous le rebord du comptoir, les observant suspicieusement tour à tour.

Mes yeux se posèrent une fraction de seconde sur la poêle que l'homme serrait dans sa main gauche. Il y avait un couteau, pas loin de la femme, mais comme elle ne fit aucun geste pour l'attraper je restai immobile, muscles bandés.

Il y avait eu Touya, il y avait eu le groupuscule, il y avait eu Kenzei – je ne laisserai jamais rien d'autre de la sorte se reproduire.

- Je t'avais dis que nous aurions dû lui en parler, souffla l'homme

La bouche de la femme se tordit.

Elle baissa les yeux vers ses doigts qu'elle triturait nerveusement.

- Je sais, je sais, mais je ne voulais pas le mettre mal à l'aise…

Mon attention se tourna vers elle mais je gardai son mari dans ma vision périphérique.

Mon chakra bourdonnait sous ma peau, les poils sur mes avant bras se dressant sous l'influx d'électricité.

La femme inspira un grand coup et releva ses yeux vers moi.

L'homme lâcha la poêle et serra les mains serrées de sa femme dans les siennes, lui offrant un sourire encourageant.

- Tu ne te souviens sûrement pas de nous, Shoto, mais nous nous sommes déjà rencontrés.

Je restai silencieux.

- C'était il y a un peu plus de cinq ans, en bord de mer. Nous étions de jeunes héros qui voulaient faire leurs preuves

Un vague souvenir commença à refaire surface dans ma mémoire.

- Ce jour là un vilain avait cambriolé une banque. Ce n'était pas une zone très patrouillée, et nous étions le seul binôme de garde de la saison. Nous avons été appelés sur les lieux et quand nous sommes arrivés il y avait tout ces gens à terre…

Elle lécha ses lèvres sèches, serrant plus fort la main de son mari.

- Il nous a donné l'argent à la seconde où il nous a vu. Il nous a dit que la banque n'était qu'un prétexte et que ceux qu'il cherchait à atteindre étaient des héros. Nous étions jeunes, tu comprends ? (Ses lèvres s'étirèrent en un sourire désabusé, sourcils haussés) On a cru… on pensait…

Elle balbutia quelques secondes puis se tut, ne sachant plus comment continuer.

Son mari prit le relai, mâchoire serrée.

- Nous étions en mauvaise posture : ça se présentait très mal pour nous. Il avait détruit nos moyens de communication et nous avions comprit, au bout d'un moment, qu'il était bien plus fort que nous et qu'il ne faisait que s'amuser. Ce n'était qu'une question de temps-

La femme releva brusquement la tête. 

- Tu dois comprendre que nous n'avions pas le choix, Shoto

Elle attrapa son t-shirt et essaya de le soulever, mais son mari l'en empêcha.

- S'il te plaît Kana, calme t-

- Non, il doit voir !

Elle se dégagea de sa prise et tira si fort sur son haut que j'entendis des coutures craquer.

Mes yeux se gluèrent à son torse.

Son abdomen était troué.

A la place de ses côtes, sur le flanc droit, il y avait un trou béant. On aurait dit qu'un requin lui avait dévoré la moitié de l'estomac et avait jugé trop fatigant de finir le travail. Elle ressemblait à une de ces pièces de puzzle qu'on ne pouvait encastrer nulle part et qui ne servait qu'à lier les autres entre elles. Je n'avais aucune idée de la façon dont elle avait réussi à survivre une telle blessure – à vrai dire, j'avais même beaucoup de mal à comprendre comment elle encore capable de vivre sans être dans un lit d'hôpital.

- Keichiro, montre lui

Son mari l'observa quelques secondes avant de soupirer.

Il posa sa jambe sur le plan de travail puis releva son jean. 

A la place de sa jambe se trouvait une prothèse en métal dans un genre tout à fait nouveau : des cordons gris s'entremêlaient au morceau de cuisse qui lui restait, donnant l'étrange impression qu'il était mi-homme mi-androïde.

- Quand tu es arrivé, ce jour là, nous n'avons pas réfléchi et nous nous sommes enfuis. Nous avions tellement peur que nous avons laissé un enfant seul face à ce monstre. Si tu savais comme nous sommes honteux…

Aucun des deux n'osait plus me regarder dans les yeux.

Je restai silencieux, mais mes pensées étaient à la dérive.

Si je l'avais abandonné, est-ce que le petit fils à Kenzei aurait comprit ce que j'avais voulu lui dire à l'enterrement ?

- Nous n'avons pas réussi à partir bien loin. Heureusement les secours sont arrivés peu après et nous avons été amenés à l'hôpital. Lorsque nous nous sommes réveillés nous avons immédiatement demandé après toi mais il était impossible de te retrouver. A vrai dire, lorsque nous nous sommes mis à dire qu'un enfant s'était interposé, les enquêteurs nous ont dis que nous délirions.

Keichiro serra sa femme contre lui. 

- Nous avons même cru que tu étais mort et qu'ils voulaient cacher cette histoire du grand public… mais nous avons fait joué quelques relations et nous avons fini par apprendre ton prénom, en plus de savoir que tu étais en vie et en bonne santé. C'était un tel soulagement…

Je me tortillai légèrement sur ma chaise, mal à l'aise.

Son mari prit le relai :

- Nous avons cherché à entrer en contact avec toi mais c'était impossible. Pendant des années tu n'étais qu'un mirage, une personne qu'on pensait avoir rêvée de toute pièce. Si ça n'avait pas été pour ton prénom, nous aurions vraiment cru avoir déliré. Et puis nous t'avons vu au festival de Yuei : Kenta avait très envie d'y aller, et même si nous ne sommes plus des héros depuis longtemps, nous avons réussi à avoir des places.

- Tu n'imagines pas le choc que ça a été de te voir entrer dans l'arène et présider la cérémonie d'ouverture, ajouta la femme en souriant. C'est en apprenant ton nom complet que nous avons enfin compris pourquoi nous n'avons jamais été en mesure de te contacter. Et une chose en amenant une autre…

Elle désigna d'une main le réfectoire, mais je compris qu'elle parlait du camp d'entraînement en général.

- Donc, pour répondre à ta question, nous avons donné à Kenta ton nom parce que tu es quelqu'un de bien, Shoto.

La f- Kana m'offrit un sourire, le même sourire emplit d'affection et de chaleur qu'elle réservait pour son fils.

Je détournai le regard, incapable de dire quoi que ce soit.

- Nous voulions nous rappeler de toi, reprit Keichiro à voix basse, et nous voulions que notre fils t'aie comme exemple pour toujours. C'était notre façon à nous de te remercier et de ne jamais t'oublier.

La façon dont ils me regardaient, les yeux grands ouverts et brillants d'une confiance brute, pure et inaltérable, c'était- c'était- je ne pouvais pas-

Tu es quelqu'un de bien, Shoto.

- Je...

Je fermai la bouche, incapable de répondre quoi que ce soit.

Un sentiment de malaise m'envahit, m'empêchant de les regarder droit dans les yeux.

Mon attention se verrouilla sur l'assiette fumante qu'ils m'avaient préparée, posée sur le comptoir.

- Je peux ?

Sans attendre leur permission je m'en emparai, prenant deux tranches de pain en plus.

Je les laissai plantés là après leur révélation grandiloquente, quittant le réfectoire pour aller manger dehors. Ils ne dirent rien mais je sentis leurs regards sur mon dos jusqu'à ce que je ferme la porte derrière moi.

Ce n'est qu'une fois assis seul face à la mer et loin de tout ce… ce chaos, que je me rappelai le plus important : j'avais oublié mes couverts.

Bah, je mangerai avec mes doigts.