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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Tranh châm biếm
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125 Chs

Chapitre 28 - Ce qui forge

Cinq ans plus tard

- Hé, vous avez vu ce qui se passe dans la cour ?

Les trois garçons relevèrent la tête des cartes Pokémon qu'ils étaient en train de s'échanger.

Devant eux, ruisselant de sueur, se tenait Kajima Kazuki de la sixième B. Il avait le visage tout rouge comme s'il venait de monter les trois étages en courant.

- Y'a des ascenseurs, tu sais, se moqua le blond en voyant les auréoles de sueur se dessiner sur son polo.

Kajima, haletant, délivra son message du mieux qu'il put :

- C'est lui, il a (inspiration) recommencé.

Son devoir accompli, Kajima attrapa sa ventoline et y porta les lèvres. Il avait l'air d'un cochon avec son visage bouffi et ses expirations bruyantes.

Le brun sourit, amusé de le voir aussi affolé pour quelque chose qui était devenu la norme dans leur école.

- Et ? Ça arrive, genre, tous les mois

C'avait été un peu surprenant au départ mais tout le monde s'était vite habitué. Bien que les bagarres étaient divertissantes et agréables à regarder quand vous étiez à proximité de l'épicentre, c'était toujours un massacre unilatéral qui ne demandait pas qu'on se déplace pour en connaître l'issue.

- Toutes les semaines, les corrigea le troisième garçon attablé en se curant le nez.

Le blond lui arracha ses cartes des mains.

- Tu touches pas aux miennes avec tes doigts dégueux

Kajima reprit un coup de Ventoline. Il dit :

- C'est ton frère, Kozu

Le blond pâlit. Il lâcha ses cartes. Elles s'éparpillèrent sur le sol.

- Mon.. ? Mon… ?

Le rouquin essuya ses doigts sales sur le revers de son pantalon de golf puis attrapa le blond par les épaules.

- Hé, réveille toi mon pote. On peut pas laisser ton frangin tout seul face à lui.

Kozu bégaya :

- Mais… mais mon frère vient d'avoir quatorze ans…

Le rouquin et le brun échangèrent un regard. D'habitude il ne se cantonnait qu'aux petits de leur âge, ne se battant presque jamais contre des garçons plus grands.

Si son frère était aussi grand et qu'en plus il se faisait laminer par un petit de dix ans…

Ils essayèrent de lui redonner du courage.

- Ça veut dire qu'il a encore plus de chances de gagner. Et avec nous trois, on peut carrément le battre

Kozu murmura, incertain :

- Vous croyez ?

Pas le moins du monde, mais qu'est-ce qu'ils pouvaient lui dire d'autre ?

Et puis ils passeraient à côté de la salle des professeurs et les rameuteraient avec eux. Ce serait humiliant pour le frère de Kozu de devoir se faire secourir face à un petit mais ce serait toujours moins humiliant que de se faire battre par le-dit petit.

- On y va !

Le rouquin l'attrapa par le poignet et le força à le suivre. 

Les trois garçons dévalèrent les escaliers à vive allure puis traversèrent le couloir du rez-de-chaussée comme des flèches.

Une des professeurs, café à la main, ouvrit la porte à ce moment là.

- Hé, où est-ce que vous vous croyez ? On court pas dans les couloirs !

Tournant à l'angle des escaliers, Kajima, en retard et essoufflé comme un bœuf, ne la vit pas et lui fonça dedans. Le café brûlant se renversa sur son chemisier et sur ses escarpins. Elle sautilla d'un pied à l'autre, sifflant une flopée de jurons.

Kajima continua à courir, se retournant à moitié pour lui crier :

- Pardon Madame mais c'est Todoroki ! Il a recommencé !

- Quoi ? Encore ?

Kajima venait déjà de pousser les portes de sortie menant à l'extérieur.

La professeure retourna à l'intérieur de la salle et interpella son collègue.

- Hiroto, appelle le responsable de Todoroki, il fait encore des siennes.

Le jeune professeur, à moitié plongé dans une pile de copies, releva des yeux abattus vers la femme.

- Encore ?

D'autres échangèrent quelques billets en ricanant.

- Je t'avais dis qu'il s'arrêterait pas là

La femme roula des yeux en les voyant faire. 

Elle alla chercher le casque de football américain que les professeurs gardaient à disposition depuis le jour où Todoroki avait cassé le nez du prof de sport qui avait essayé de l'empêcher d'étriper un autre garçon. 

Il y avait eu tellement de sang qu'ils avaient dû repeindre le sol du gymnase.

- Encore, et ces idiots qui me laissent faire tout le travail...

*

- Frappe ! Frappe ! Frappe ! Frappe !

J'entendis la porte de la salle des profs s'ouvrir à la volée puis trois paires de chaussures bien distinctes traverser le couloir. La façon particulière de se déplacer de l'un d'entre eux me fit tiquer.

Merde, ils ont amené le vieux Takajima.

La joue de l'adolescent était boursouflée et son œil gonflé comme s'il était en train de lui grossir un deuxième front. 

Mon poing retomba sans grande force sur son visage et sa lèvre se fendit. Sa tête se dodelinait de haut en bas comme s'il avait un ressort à la place du cou.

Je sentis la foule des garçons se faire pourfendre et les chaussures se rapprocher. Deux bras musclés passèrent sous mes aisselles avant que les paumes de son possesseur ne se posent sur l'arrière de mon crâne, m'empêchant de bouger.

- Ça suffit Todoroki !

Takajima me força à reculer avec lui. 

Je fis mine de me débattre, plus pour la forme que par réelle conviction. 

Himari, le ridicule casque grillagé sur la tête, fila auprès de l'adolescent toujours à terre.

- Tu lui a cassé le nez !

Un nez plus tordu que la tour de Pise. 

Je venais de rendre un service d'ordre public. Où étaient mes remerciements ?

- Shin !

Un chialeur à peine plus haut que moi fila jusqu'à l'adolescent. Il sanglotait comme si je l'avais assassiné.

- Détends toi, il est pas mort. (Je souris) Ou du moins pas encore

Les vannes s'ouvrirent et le blondinet se transforma en fontaine vivante.

Takajima m'entraîna plus loin, me forçant à tourner le dos à la Comedia Del Arte. 

Si dramatique.

Quelques garçons s'amusèrent à mimer le match, le premier faisant un crochet du droit télégraphié et le second se glissant derrière l'autre avant de frapper (sans vraie force) l'arrière de son genou, lui faisant perdre l'équilibre et le forçant à tomber à terre.

Un autre groupe d'adolescents scandait mon nom, lançant des pissenlits arrachés sur le chemin de Takajima. Une des fleurs finit dans sa bouche et il la recracha aussitôt, le morceau de salive constellé de pétales finissant sur le visage horrifié d'un autre enfant.

- To-doroki ! To-doroki ! To-doroki !

Cette sorte de sauvagerie mal contenue était ce que j'appréciais et détestais le plus dans cette école de garçons. 

Aucun d'entre eux ne me haïssait, même ceux que j'avais déjà envoyé plusieurs fois à l'infirmerie. Ils se délectaient des spectacles et s'en amusaient, faisant des paris pour deviner qui serait le prochain à souffrir de mon courroux.

Pour eux ce n'était qu'un jeu, l'activité phare de la semaine. Ils ne pensaient jamais aux raisons pour lesquelles ils m'applaudissaient et se contentaient juste de ricaner comme des hyènes.

Mais ça ne m'étonnait pas : si je savais bien une chose, c'est qu'il n'y a rien de plus cruel qu'un enfant.

Takajima m'amena derrière le bâtiment des cours et me relâcha, me poussant un peu plus rudement que nécessaire. 

Je titubai un peu pour qu'il soit satisfait. 

- Ça y es t'es calmé ?

Il a l'air vraiment énervé cette fois.

- C'était pas mal

Nul à mourir, oui. 

- J'ai pu testé le dernier mouvement que j'ai appris

Je fit un moulinet du bras puis un crochet du droit.

- Apparemment quelqu'un peut s'évanouir si on tape exactement à l'endroit où il faut. J'ai pas trop réussi cette fois alors peut-être que la prochaine…

- Ne me ment pas

Je me redressai, mon sourire fondant comme neige au soleil. Ce vieux croulant avait un bullshit'omètre qui lui permettait de détecter le débit de conneries par minute. Il m'avait dans le collimateur depuis le jour où j'avais respiré trop fort à côté de lui.

- Tu n'étais pas comme ça avant

Je roulai des yeux.

Le retour de la psychologie de bas étage.

- Je me suis toujours battu

- D'habitude tu te débrouilles pour garder ça dans les cours de sports

- Sa tête me revenait pas

Son nez tordu, surtout. Si laid.

- Shoto

Mes muscles se tendirent. Je lui lançai un regard de travers.

- Ne m'appelez pas par mon prénom

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je fis claquer ma langue contre mon palais et détournai le regard.

- Je ne te parle pas du petit Kami qui va devoir aller à l'hôpital. Je te parle de toi et de la semaine où tu as raté les cours prétendument parce que tu étais malade. 

Une odeur de porc cramé me monta au nez.

- J'étais malade

Il soupira.

- Shoto

C'était sa voix de sermonneur, celle qui était douce et condescendante. Je fixai le ciel du regard, indifférent au monde extérieur.

- Tu comptes participer au prochain tournoi de MMA, non ? Si tu continues-

Je le mis en sourdine.

C'est à moitié lancé dans son baratin qu'il remarqua. Nouveau soupir.

- Pourquoi je me fatigue ?

C'est exactement ce que je me demande.

*

- … cinquième fois ce mois-ci ! Tous les parents se plaignent !

Satisfait, je fermai mon cahier d'exercices. 

C'est bon pour les maths et l'histoire. Je ferai l'italien dans la voiture.

C'est l'original qui allait être content.

- J'en suis bien consciente Madame Ushioda, croyez que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour-

- Alors faites plus !

Je fermai les yeux, me concentrant sur la respiration de la proviseure. La vieille peau avait un souffle au coeur et- oh, tiens. Cette odeur n'était pas habituelle.

Le vieux Takajima se tape une femme mariée ?

J'avais déjà en tête une demi-douzaine de plans d'action. 

Qu'est-ce qui serait le plus divertissant ?

- Si ça continue comme ça je retire mes fils de cette école !

Le grand blessé (celui dont j'avais sauvé la vie amoureuse en lui refaisant le portrait) geignit :

- Maman !

A gauche la secrétaire alluma la machine à café. Le vrombissement de l'engin, couplé aux chaises qui craquaient dans le bureau de la principale, camouflèrent quelque peu les conversation.

- -pas méchant. Il devait avoir ses raisons.

Bruits de vêtements qui se froissent.

- Qu'est-ce qui justifierait un nez cassé, je vous écoute !

La machine à café atteint son apogée.

- …parler… pas loin… Héros…Ende…

- …juste.. ça… rien… justifier…

Je levai les yeux sur ma gauche.

Kenzei se tenait là, souriant, son chapeau noir feutré entre les mains.

Ses cheveux gris étaient impeccablement coiffés en arrière, comme toujours. Des pattes d'oie se dessinaient au coin de ses yeux plissés et un million de rides striaient sa peau, comme les pages cornées d'un livre qui aurait été lu et relu. 

Il avait l'air affable et inoffensif avec ses airs de papi gâteux. Exactement pour ça qu'il était parfait.

- Kenzei

Il fit mine de sursauter.

- Ah, Shoto, tu es là. Je ne t'avais pas vu.

Il salua la secrétaire puis s'assit à ma droite, entre la porte d'entrée et moi, s'appuyant de façon exagérée sur sa canne. 

Il étouffa un soupir de soulagement une fois assit.

- Laisse moi deviner : parce que tu en avais envie ?

- Hmmm

La porte du bureau s'ouvrit à la volée.

Une blonde avec un collier de perles traversa le couloir, furieuse, traînant son fils à moitié amoché derrière elle. Son regard croisa le mien et il me fit le signe peace.

La proviseure les regarda partir en secouant la tête, dépitée. Ses yeux se posèrent sur nous.

- J'imagine que… (elle lança un coup d'oeil en coin à sa secrétaire) qu'il n'a pas pu se déplacer ?

- J'en suis navré

Elle soupira.

- Signez le chèque pour l'hôpital puis rentrez chez vous

Pas de sermon ? En voilà une qui est impatiente de se taper Takaji

Mon esprit conjura une image de leurs deux corps de vieux enroulés l'un autour de l'autre comme des serpents. Je mis deux doigts sur ma bouche pour m'empêcher de vomir. 

Kenzei rangea son stylo à plume et le chéquier familial dans la poche intérieure de son trench noir.

- Rentrons