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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Tranh châm biếm
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125 Chs

Chapitre 27

Lentement mais sûrement, notre famille se scinda.

Au départ ce n'étaient que quelques repas partagés sans l'autre côté. Un club qui finissait plus tard, un rendez-vous au docteur, des vêtements à aller chercher au pressing : les raisons pour ne pas se croiser étaient de plus en plus fréquentes, jusqu'au jour où j'en vins à passer une semaine entière sans voir Rei ou ses enfants.

Ils s'étaient relocalisés dans l'aile est de la maison, juste au-dessus des cuisines, en attendant que le bâtiment central soit reconstruit.

Papa et moi avions fini dans l'aile ouest, l'endroit qui était plus une dépendance qu'autre chose et qui abritait entre autres son bureau.

En plus de reconstruire la maison il avait décidé de faire aménager ce coin là, de casser un des murs du fond et de l'agrandir.

Il m'avait montré les plans et demandé si je voulais quelque chose en particulier. Je crois qu'il essayait de compenser pour le chaos qu'était en train de devenir la famille, mais je n'étais pas du genre à refuser un cadeau même s'il était fait par culpabilité.

Il avait déjà prévu de faire construire une salle de musculation et une piscine intérieure, en plus de nos deux chambres, et je lui avais proposé d'agrandir son bureau mais il avait refusé en prétextant que celui-ci lui convenait assez.

Ainsi donc j'avais demandé à ce qu'on ait notre cuisine personnelle, indépendante de celle de l'aile est, et un cinéma. J'avais aussi pensé à une écurie mais comme j'estimai devenir plus rapide qu'un cheval d'ici quelques temps, je n'en voyais pas l'intérêt.

L'architecte ajouta son grain de sel et proposa un terrain de sport à l'extérieur ainsi qu'une serre. Si la première idée avait été acceptée, mon père avait sèchement refusé la seconde : ni lui ni moi n'aurions l'utilité d'une telle chose.

- Ils s'arrêtent jamais

Je levai les yeux vers Mizuki-sensei, adossé à un arbre et une tige de blé pendant de la bouche. Il avait trouvé un chapeau de cow-boy je ne sais où et l'avait déposé négligemment sur son visage pour se protéger du soleil. 

Il avait l'air d'un délinquant tiré d'un vieux film de cow-boys.

- Il veut que tous les travaux soient finis avant l'hiver

Il y avait près de deux-cents personnes qui travaillaient nuit et jour sur le chantier. L'un d'entre eux avait un Alter permettant d'étouffer les sons dans un périmètre limité ce qui nous permettait de dormir la nuit sans se faire réveiller par une scie sauteuse à deux heures du matin.

- C'est ça qu'est sympa quand t'es riche. Tu sors les billets et tout le monde fait ce que tu veux

C'était certainement le cas dans l'Avant mais ça n'avait rien à voir ici.

- La vie est dure pour nous autres paysans

Je haussai les sourcils, peu impressionné.

- Dixit le type qui est payé à rien faire

- Un, ne va pas raconter que je t'ai pas usé jusqu'à l'os le mois dernier. Deux, c'est ton père qui veut qu'on reprenne les choses doucement. Et comme c'est lui qui signe les chèques, je vais pas me fouler.

Je grognai et me laissai retomber sur l'herbe humide. 

Mizuki était devenu une sorte de baby-sitter de luxe incompétente. Il me gardait l'après-midi mais ne faisait rien d'autre que somnoler en demandant à nos domestiques de lui ramener des jus de pastèque.

- Glaçon

Je levai ma main droite et des étoiles gelées en jaillirent, filant tout droit vers lui. J'avais honte de dire que cette simple demande était la chose la plus excitante de ma journée.

En dehors de mes entraînements de ninja, bien sûr. Rien de mieux pour chasser ses idées noires. Et d'après l'encyclopédie, je serai bientôt prêt pour commencer l'entraînement de nature.

- Hmm, pas trop mal. Un peu irrégulier et des pics pas parfaitement égaux mais c'est pas aussi merdique qu'au début.

Ils éteignirent enfin leurs scies électriques. 

Le chant des oiseaux et les stridulations des criquets reprit le dessus.

- Hé, Mizuki

Du coin de l'oeil, je le vis relever son chapeau du bout du pouce.

- Ça fait quoi de tuer quelqu'un ?

Il grogna puis laissa son chapeau glisser sur son nez.

- Je suis pas ton psy, gamin

Je levai ma main gauche pour couvrir le soleil, laissant la lumière passer par l'interstice de mes doigts. Puis je les refermai dessus, emprisonnant les rayons à l'intérieur.

- J'ai failli tué mon frère, l'autre fois. Avant que mon père arrive je veux dire

Il ne répondit pas, mais je savais qu'il m'écoutait.

- Il y a eu ce moment bizarre quand j'ai su que j'allais le faire. Je n'étais plus exactement dans mon corps. C'était comme si… comme si je n'avais plus le contrôle. Que je pouvais juste me regarder à la troisième personne en train d'agir.

Le vent se leva, caressant les brins d'herbes et les couchant à l'horizontale.

- … et qu'est-ce que ça t'as fais ?

- Angoisser

Nouveau silence. Pépiements d'oiseaux. Les discussions des maçons qui prenaient leur pause.

- Qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ?

- Ma vie...

Je laissai retomber mon bras le long de mon corps.

Il faisait beau. Le ciel était d'un bleu pur, sans nuages, et l'air était tiède.

- Vous voulez dire ce que je compte faire dans les prochaines semaines ?

Il renifla, amusé.

- Tes activités de gamin m'intéressent pas. Je te parle de ta vie, plus tard. Quand tu seras adulte.

La question était étrange. Saugrenue, même, compte tenu de tout ce que j'avais vécu.

- Je ne sais pas. Je ne vois pas aussi loin.

Vivre aussi longtemps me paraissait absurde.

Tout le monde avait toujours l'air de croire dur comme fer qu'ils grandiraient puis vieilliraient, savourant le passage de la vie, mais quelque chose au plus profond de moi-même m'empêchait d'y croire.

Comme si je savais que j'étais destiné à ne jamais y parvenir.

- Mais si j'y arrive, si j'ai vraiment dix-huit ans un jour, alors ce sera le problème de mon moi du futur.

L'avenir, c'était loin. Peut-être même inexistant.

Aujourd'hui était une belle journée. Ça me suffisait.

- Mizuki ?

Sa respiration était régulière. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait lentement, comme s'il s'était assoupi.

Je me laissai retomber sur l'herbe, observant les cieux. Un oiseau aux ailes blanches passa devant le soleil, tournoya un instant au-dessus des arbres avant de disparaître au loin, planant vers l'horizon.

Bras sous la tête, je fermai les yeux. Le soleil me réchauffait la peau.

- Il y a cette citation que j'ai entendu une fois, dit Mizuki. Enfin je sais pas vraiment si c'en est une mais bref : Hurt people, hurt people*

J'ouvris les yeux.

- Je suis pas là pour te dire si tuer quelqu'un c'est bien ou pas. Parfois je crois que c'est nécessaire, mais ça veut pas dire que c'est la meilleure chose à faire. C'est pas comme dans les films ou les séries où un type se pointe et massacre tout le monde avec son Alter parce qu'ils ont tué son chien

L'image me fit sourire.

- La vraie vie c'est différent. Les gentils et les méchants, ça existe pas. Y'a juste des gens qui croient qu'ils font ce qu'il y a de mieux et qui essaient de s'en sortir.

Le ciel était beau. D'un bleu pur.

- Peu importe ce que tu feras, tu seras toujours le méchant dans l'histoire de quelqu'un d'autre. Alors fais comme tu veux et pense pas trop au reste.

Quelque chose cliqua en moi.

C'était comme si je venais de comprendre une énigme dont la réponse avait toujours été juste là, sous mes yeux. 

- Faire comme je veux…

Le ciel était beau.

*

*Les gens qui ont mal, font du mal/Les gens blessés, blessent