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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Tranh châm biếm
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125 Chs

Chapitre 20 - Absolution

C'était un après-midi ensoleillé.

Le ciel était d'un bleu pur, les oiseaux gazouillaient dans les arbres, une brise fraîche se levait plus ou moins régulièrement et refroidissait la sueur qui collait nos vêtements à la peau.

Nous avions pris un sentier derrière la maison qui oscillait entre une route goudronnée et de la terre retournée.

Il passait derrière un petit village où la population n'excédait pas les trente habitants et où les rares individus qui nous virent ne firent rien d'autre que nous saluer de loin.

Un pont en pierre entouré de rambardes en métal rouillées passait au-dessus d'une rivière au flot puissant.

A mi chemin sur le pont Fuyumi arrêta la procession pour pointer la rivière du doigt.

- Regardez les poissons !

Natsuo se mit sur la pointe des pieds.

- Où ça ? Où ça ?

- Ne vous approchez pas trop les enfants. Ces vieilles barrières ne m'ont pas l'air très solides.

Fuyumi tira Touya par le col de son t-shirt. Il se laissa faire en riant.

- Je les vois très bien Fuyu

- Regardez lui comment il est super gros

Un 'wow' d'admiration s'échappa en simultané de leurs lèvres alors qu'ils suivaient du regard la bête chimérique.

Même Rei s'approcha pour voir l'objet de toutes les extases. A son air impressionné le poisson devait être de bonne taille.

- Tu as vu ça Sho-sho ?, me demanda Fuyumi sans toutefois me regarder

Touya essuya son front humide de son avant-bras.

Ses yeux clairs reflétaient les eaux violentes et profondes de la rivière.

- Oui. Vraiment gros.

Rei se redressa.

- Nous devrions nous remettre en route

Le bruit d'une voiture nous parvint au loin.

Tous redressèrent la tête vers le nouvel arrivant.

Je tendis l'oreille bien que je savais qu'il n'y avait aucun danger. Le moteur crachotait plus qu'il ne ronronnait et je ne sentais qu'une seule personne à l'intérieur.

Touya se glissa entre Natsuo et Fuyumi pour se poster devant la route. Les enfants avaient déjà reporté leur attention sur la rivière.

Rei avait l'air un peu anxieuse mais son visage se détendit lorsque la voiture tourna pour engager le pont.

Touya observa l'engin avec suspicion. Je ne détournai même pas les yeux de ma cible lorsque le pick-up me passa à côté.

Il s'arrêta à hauteur de Rei.

- Quels charmants enfants qu'vous avez là m'dame !

Mes yeux se posèrent une fraction de seconde sur le vieillard avant de revenir à Touya.

Homme. Sexagénaire. Camionnette écaillée. Pneu en mauvais état. Bottes de foin bien empaquetées.

Connors nous avait apprit à être très succincts dans nos collectes d'informations. Il fallait être efficace et surtout ne pas avoir l'air intéressé par ce que nous regardions.

Rei lui sourit.

- C'est une belle journée n'est-ce pas ? Où est-ce que vous allez comme ça ?

Il soupira.

- J'ai mon p'tit n'veu qu'a acheté une ferme récemment mais y sait pas trop la gérer et y s'trouve qu'il a pas assez d'foin pour nourrir l'bétail cet été alors j'vais pour l'dépanner

Il enleva sa casquette et s'éventa le visage avec.

- Et vous alors ? Qu'est-ce qu'vous faites dans l'coin par une telle journée ?

Touya s'approcha de la voiture et fit mine de regarder les boisseaux avec curiosité.

Il mit ses mains sur le rebord en métal et se pencha au-dessus. Un des fétus de paille lui caressa la joue.

Je me demandai combien de temps il lui faudrait pour y mettre le feu.

- Nous allons au parc régional où mon mari nous attends pour un pique-nique

Le visage du vieil homme s'illumina.

- Ah oui, on y va souvent avec ma p'tite Mary. C'est très beau là-bas, vous allez beaucoup aimer j'vous le garantis.

Sa façon de le dire était sinistre. Ou peut-être pas.

Mais les gamins de l'école étaient unanimes pour dire que c'était les gens qui paraissaient les plus normaux qui étaient en fait les plus dérangés.

Est-ce que j'avais l'air normal ?

Je crois que je suis en train de dérailler.

Rei et le vieil homme échangèrent encore quelques banalités puis il redémarra. Il prit directement à droite après le pont et longea la rivière en aval.

Touya le regarda jusqu'à ce qu'à ce qu'il se perde derrière la canopée d'arbres.

Il croisa mon regard.

Sourit.

Mes muscles se tendirent.

- Allons-y les enfants. Votre père nous attends.

*

Une immense couverture en patchwork rose et rouge avait été installée sous un saule pleureur. Tout un tas de victuailles dans des soucoupes en verre avaient été disposées au centre de la serviette.

Je sentis la tension relâcher mes épaules lorsque je vis Enji adossé à l'arbre, bras croisés sur le torse et yeux clos. Il était encore en costume de héros.

Je me laissai tomber à sa droite et me jetai sur la première bouteille d'eau glacée à ma disposition.

Je n'eus même pas le temps d'essayer de l'ouvrir qu'Enji s'en était emparé et l'avait déjà fait pour moi.

Il me la tendit.

- Salut, dis-je

Je pris la bouteille et bu jusqu'au point d'en être ballonné.

Un filet d'eau me coula sur le menton et je l'essuyai d'un revers de chemise.

- Où est ton chapeau ?

- Il s'est perdu

Il y avait une lueur amusée dans ses prunelles.

- Bonjour Enji

Rei n'osa pas croiser son regard et s'assit timidement à sa gauche.

C'était un peu bizarre entre eux en ce moment – Rei n'était pas encore retournée dormir dans la chambre parentale – mais je crois que leur relation s'améliorait.

Enji hocha la tête dans sa direction.

- Rei

Natsuo s'assit à côté de Rei et Fuyumi prit place à côté de moi. Touya compléta le cercle et s'assit face à Enji.

Ce dernier le salua aussi.

- C'est bien de te revoir parmi nous Touya

Un sourire incontrôlable étira les lèvres du garçon. Il baissa les yeux et joua avec l'ourlet de son t-shirt.

- Oui, je suis aussi content d'être rentré

Fuyumi lui mit un coup de coude.

- Regardez qui fait son timide

Touya, tout rouge, lui lança un regard furieux. Natsuo pouffa derrière ses mains.

Rei les admonesta sans beaucoup de vigueur :

- N'embêtez pas votre frère

Enji se redressa.

- Mangeons

- Attendez, j'ai un super jeu pour une super journée !

Natsuo tira un paquet de Uno de sa poche.

Les épaules de Fuyumi s'affaissèrent. Elle grogna.

- Encore ce jeu ?

- Hé c'est pas de ma faute si t'arrive pas à tricher sans te faire prendre

Enji avait prit un des sandwichs et commença à manger.

- Vous jouerez après le repas, dit Rei

Natsuo fit ses yeux de chien battu.

- Allez Maman, tous mes copains font toujours pleins de jeux en mangeant quand ils font des pique-nique avec leur famille

Rei hésita.

Je savais que ne pas pouvoir offrir une vie normale à ses enfants – où ils pouvaient sortir quand ils le voulaient pour jouer avec les voisins ou même inviter leurs amis à la maison – était quelque chose qui la chagrinait beaucoup.

- Dis oui, dis oui, dis oui !

Elle soupira.

- D'accord-

- Yes !

- -mais si l'un d'entre vous renverse quoi que ce soit on arrête tout de suite

Natsuo distribua les cartes et expliqua les règles pour tout le monde. Apparemment Enji n'y avait joué.

- Shoto jouera avec moi pour que je ne me trompe pas

Je lui lançai un regard en coin. A mon avis il ne voulait pas jouer et m'utilisait simplement comme prétexte pour ne pas avoir à le faire.

- Okay, alors…

Natsuo récupéra les sept cartes devant moi et je me retrouvai avec celles d'Enji entre les mains.

Je buvais un jus de framboises et ne me contentait de suivre le jeu de façon distraite.

Touya se tortilla sur place pour la septième fois depuis qu'il s'était assit. Il était devenu bizarre depuis que nous étions arrivés.

- Sho-sho et Papa, vous avez encore perdu !

Je baissai les yeux vers mes cartes. Fuyumi venait de me mettre une floppée de +4 et avait fini quatrième.

- Ah oui ?

Enji n'avait pas l'air le moins du monde intéressé.

- Okay, encore !

Rei avait l'air un peu lasse.

- Et si nous jouions à autre chose ? Quels autres jeux as-tu amenés ?

Natsuo fronça les sourcils.

- Bah rien

Fuyumi s'agita.

- Comment ça rien ? Tu croyais qu'on allait faire que ça toute le journée ?

Mes yeux glissèrent de la fillette à Touya.

Il frottait ses mains sur son jean et serrait ses lèvres si fort qu'elles en étaient blanches.

- Si t'es pas contente t'avais qu'à ramener des jeux

Rei soupira.

- Natsuo, Fuyumi, calmez vous tout de suite

Touya serra ses genoux de ses mains.

- Mais c'est lui qui a-

Il releva les yeux vers Enji.

- Papa, Maman, je dois vous dire quelque chose

Il était inhabituellement sérieux.

Les cris de colère de Fuyumi moururent dans sa gorge. Elle et Natsuo échangèrent un regard avant de se rasseoir docilement à leur place.

Il n'y avait plus un bruit.

- Vas-y, Touya. Nous t'écoutons.

Rei lui offrit un sourire bienveillant.

Il baissa une seconde les yeux vers ses genoux puis inspira comme pour se donner du courage.

- La dernière fois au centre il y a des gens qui sont venus me voir

Je ne ratai pas le regard inquiet que Rei lança à Enji.

Il posa son assiette et croisa les bras sur son torse. Un pli se forma entre ses sourcils.

- Par 'des gens' tu veux dire des journalistes ?

Je pris un verre d'eau et bu quelques gorgées afin d'avoir une vue d'ensemble sur toutes les réactions de la famille.

Touya secoua la tête.

- Non, ils ont dit qu'ils étaient de la Commission Héroïque

J'avalai de travers et m'étouffai.

Enji me frappa distraitement dans le dos. Je dû utiliser mon chakra pour me coller contre le sol et éviter qu'il ne m'envoie valdinguer sur notre déjeuner.

- Comment ça de la Commission Héroïque ?

Rei enchaîna, troublée :

- Et l'hôpital les a laissés entrer pour te parler ? Sans nous en informer ?

Touya haussa les épaules.

- Ils ont dit qu'ils avaient une dérogation ou un truc du genre

Le visage d'Enji était de plus en plus fermé.

- Ils m'ont dit qu'ils avaient entendu parler de moi et qu'ils voulaient me recruter pour que je devienne un Héros

Natsuo écarquilla les yeux.

- T'as des gens qui sont venus te voir et qui t'ont dit que tu pouvait être un Héros ?

- Touya, dis moi que tu n'as rien signé, s'enquit Enji

- Parce que ça aurait été un problème à cause de ce que j'ai fais ?

Enji fronça les sourcils.

Rei mit une main sur son avant-bras en signe d'apaisement.

- Touya ce n'est pas-

- Si Maman. Je sais.

Touya se tourna vers moi.

Natsuo et Fuyumi regardèrent l'échange avec confusion.

- Shoto, je sais que ce que je t'ai fais est impardonnable et que même si tu as dis que tu m'avais pardonné c'est faux.

Il se pencha au-dessus des genoux croisés de Fuyumi.

Instinctivement, je reculai. Il prit ma main dans la sienne.

Tout le monde nous regardait. Je sentais leurs yeux me brûler la peau.

Je dû me battre contre tout ce que j'étais pour ne pas la lui arracher des mains.

- Mais s'il te plaît crois moi quand je te dis que je suis vraiment, vraiment désolé et que ça n'arrivera plus jamais

Il me regarda de ses grands yeux d'enfants emplis d'innocence.

Il avait l'air sincère.

Vraiment.

Je baissai les yeux sur sa main gauche. Il l'avait cachée sous sa cuisse.

Je failli froncer les sourcils mais réussi à me retenir à la dernière seconde.

Est-ce qu'il sait que j'ai remarqué son tic ou est-ce que c'est juste un hasard ?

Il me sourit d'un air incertain.

Le croire aurait été la décision sage. La décision facile.

Tout le monde aurait été heureux. Je n'aurai plus à scruter chacun de ses faits et gestes en me demandant à quoi il pensait et jusqu'où il était prêt à aller pour se débarrasser de moi. Je n'aurai plus à me creuser la tête en me demandant comment, si j'étais à sa place, frapper pour qu'on ne retrace rien jusqu'à moi.

Croire était une proposition tentante. Alléchante, même.

Mais pour l'amour du ciel je n'y arrivais pas.

Le peu de confiance que j'avais jamais eu en lui était mort ce jour là dans la salle de bain.

Mais peut-être qu'il était sincère. Peut-être que c'était vraiment un accident et qu'il regrettait plus que tout.

Peut-être que je me faisais des films. Peut-être que j'étais en train de devenir paranoïaque.

Peut-être que j'allais tout foutre en l'air.

Mais comment savoir ?

La seule certitude que j'avais est que l'imaginer autrement que comme celui qui avait essayé de me tuer me rendait malade.

Je ne peux pas pardonner.

Je le détestai.

J'aurai préféré qu'il soit mort.

- Je…

Ma gorge était sèche. Avaler ma salive me donna l'impression que j'avalais une pierre.

Lentement, difficilement, un sourire vit le jour sur mon visage.

Mes joues me faisaient mal.

Aucun sourire ne m'a jamais paru plus difficile que celui-là. C'était comme si mes muscles se battaient contre moi et refusaient de lui offrir ce qu'il voulait. Mon visage était brûlant. Je me demandai si je pouvais m'en déchirer un en tirant trop.

Je souris si fort que des larmes de douleur me brouillèrent la vue.

Touya voulait l'absolution et si je ne la lui donnais pas maintenant je prenais le risque qu'il reste méfiant à mon égard.

Et s'il était méfiant à mon égard, alors il serait beaucoup plus minutieux lors de sa prochaine tentative de meurtre.

Je suis en train de péter les plombs.

- D'accord, Tou-tou

Il me scruta en silence.

Je me demandai s'il pouvait lire en moi. S'il comprenait que, pour moi non plus, cette histoire n'était pas encore finie.

J'aurai voulu lui ouvrir le crâne à coups de pierre et pouvoir lire à l'intérieur.

Il sourit.

Je me sentis malade.

Il lâcha ma main et recula.

Fuyumi se redressa et nous pointa du doigt tour à tour.

- De quoi il parle ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Tout le monde l'ignora.

- Papa, Maman, je sais que regagner votre confiance va être difficile.

Rei était émue aux larmes. Enji avait perdu l'air stoïque qui le caractérisait.

Mon estomac s'alourdit comme si on y avait mit un sac de pierres.

- Touya…

- Mais je suis prêt à faire tout ce qu'il faut pour devenir quelqu'un de bien.

Il inspira un grand coup, comme pour se donner du courage.

- Les gens de la Commission… je leur ai dis oui

*