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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Tranh châm biếm
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125 Chs

Chapitre 123

Sitôt la porte derrière nous fermée, mon père s'emporta :

- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez vous deux ?

Je me laissai choir dans un des deux fauteuils faisant face au bureau de mon père, lequel était debout derrière son fauteuil.

Teka, les mains croisées dans le dos, arpentait la pièce à pas lents, observant les bibelots et les livres et les tableaux qui recouvraient et faisaient de cette pièce le sanctuaire qu'il était.

- Vous montrer cordiaux était trop vous demander ?

- Je n'ai rien fait, dis-je à voix basse

Le démon posa ses yeux sur moi.

- Ne me mens pas Shoto

Bon, alors peut-être que je mens un petit peu.

- Tu savais très bien ce qui allait se passer en invitant ta grand-mère

C'est exactement pour cette raison que je l'ai invitée.

- N'admoneste pas ton fils, Enji. Mon comportement est de ma seule responsabilité

Elle observait une peinture à l'huile.

- Et j'ai été absolument irréprochable

Elle s'éloigna d'un pas lent, comme si elle était en train de se balader à travers les galeries d'un musée.

Ca eut au moins l'effet de pousser mon père à se concentrer sur elle et à me laisser tranquille.

Si je me vautre encore un peu, alors peut-être que je peux réussir à ne faire plus qu'un avec le fauteu-

- Shoto, redresse-toi

Je me retrouvais aussitôt droit comme un piquet.

- Teka viens ici, nous devons parler

- Je viendrai quand j'en aurai envie, dit-elle d'un ton égal

Les yeux de mon père s'assombrirent, et ses doigts s'enfoncèrent dans le cuir du fauteuil.

Merde, elle veut nous faire tuer tous les deux ou c'est comment ?

- Ce repas était censé être un moyen pour mettre Touya à l'aise, pour qu'il se sente chez lui

- Ah ouais, vachement malin comme façon de mettre à l'aise quand nous mêmes on est déjà pas à l'aise entre nous, marmonnai-je

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

- Rien

Les yeux de mon père s'étrécirent.

- Que ça te plaise ou non, Touya est là. Il va falloir que tu t'y fasses même si tu n'aimes pas ça

- Je sais

- Visiblement tu ne sais pas si j'en crois ton petit comportement de ce soir

- C'était pas moi, c'était grand-mère !

Il fronça les sourcils.

- Quel âge as-tu ? Douze ans ?

Ma peau chauffa et je me sentis brusquement comme un gosse.

- Ca va, ça va, j'ai compris

- Je ne te reconnais plus, enchaîna-t-il, et j'eus envie de m'enfoncer sous terre. Tu n'as jamais été-

- -mesquin ?

- -hargneux

Je croisai mes bras sur mon torse puis détournai le regard.

- Ouais, bah faut croire que tu me connais pas si bien que ça

Silence. 

Je regrettai mes paroles aussitôt.

Quoi qu'il ait voulu dire mourut dans sa gorge. 

Il referma sa bouche alors que, buté, je refusai de regarder ailleurs que son bureau.

- Qu'est-ce qui t'arrives ?

Je restai immobile.

- Je croyais qu'on avait dépassé les pulsions de colère depuis longtemps. Est-ce que je devrai demander à ton psy des séances plus fréquentes ?

- Je suis pas en colère, répondis-je, irrité

- Alors qu'est-ce qu'il se passe ?

Je restai silencieux.

- Est-ce que ça a quelque chose à voir avec Touya ?

Ma main gauche tressauta, et je savais qu'il l'avait vu.

- Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrai savoir ?

Oui Shoto, sale fils indigne, est-ce qu'il y a quelque chose que ton père devrait savoir à propos du putain de sociopathe qui vient de revenir dans sa vie ?

- Parle moi

Je me sentis malade.

- Shoto, regarde moi.

Je serrai les mâchoires puis relevai les yeux vers lui à contre-coeur.

Il me regardait du même air patient qu'il avait lorsque j'avais cinq ans et que je ne comprenais rien à la façon dont mes dix doigts étaient censés me défendre.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Je…

Je m'interrompis et me raclai la gorge, essayant d'avaler la boule qui me donnait l'impression que j'allais me mettre à chialer d'une seconde à l'autre comme un putain de faible et-

- Je crois que Touya veut te tuer

La révélation – la vérité pure, inaltérée, sans fioritures – me soulagea tant que je me laissai retomber contre le fauteuil, physiquement drainé.

Mon père, sourcils haussés, yeux grand ouverts, semblait à court de morts.

Les talons de Teka claquèrent comme deux pierres qui s'entre-choquent alors que, calme, elle traversa la distance jusqu'au bureau.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?, demanda-t-elle

- Nous avons parlé lui et moi et il y a quelque chose chez lui… Rien ne tient la route dans son histoire. 

- Pourquoi est-ce qu'il voudrait tuer ton père ?

Je me mordis l'intérieur de la joue, gêné de devoir exposer mes… mes sentiments à autrui.

- Parce qu'il me hait plus que tout et qu'il sait à quel point ça me… ça m'embêterait s'il le tuait

Personne ne releva mon choix de mot, et je leur en fus gré. 

- Et pourquoi est-ce qu'il n'essaie pas de te tuer toi ? 

- Parce qu'il sait qu'il n'y arrivera pas

Mon père, pâle, sortit de sa torpeur et se laissa lourdement tomber sur son fauteuil. 

- Est-ce que ça va ?

- Oui. Bien sûr.

Mais le flash de souffrance que je vis passer dans son regard m'en dit bien plus que de simples mots n'auraient pu. 

Même Teka essaya d'être compatissante : 

- Onze ans seul, Enji, surtout à l'âge qu'il avait… ça allait forcément laisser des séquelles

- Je sais, je sais

Mais il avait l'air de quelqu'un qui, justement, ne savait pas.

Tout à coup il se leva, les pieds de sa chaise crissant contre le sol.

- Papa, dis-je, inquiet, Tu sais que ce n'est pas ta fau-

Teka posa sa main sur mon épaule et me fit signe de me taire.

- Je vais… je reviens

La porte se referma en silence derrière lui.

- Est-ce que j'aurai dû mentir ?

- Non, bien sûr que non

- Mais il a l'air…

Abattu.

- Ce n'est pas la vérité qui lui fait mal, mais plutôt le fait qu'il s'agisse de la famille

Je grognai, me frottant les yeux d'une main pour me réveiller.

- Tout était tellement plus facile avant…

...avant que Touya ne se ramène, avant que que la vidéo du hangar ne sorte, avant la disparition d'All for One, avant que je ne tue les vilains, avant le camp, avant-

- Est-ce que ça t'arrive de vouloir revenir en arrière pour tout changer ?

- Plus souvent que tu ne voudrais bien le croire

Je soupirai.

La vie c'est merdique.

- Qu'est-ce que tu essayais de dire plus tôt, à propos du fait que Touya ne pouvait pas te tuer ?

- Il… savait déjà. Pour certaines de mes capacités.

Teka me fit signe de continuer.

- Il y a dix ans quand il est venu dans ma chambre… Papa t'as dit, non ?

- Je suis au courant qu'il a mit le feu à la maison et qu'il espérait vraisemblablement t'y enfermer, oui

- Et bien avant que papa arrive pour nous séparer, j'ai utilisé certaines de mes… capacités.

Je me rappelai la maison en feu qui s'écroulait sur nous alors que le faible que j'étais frappait Touya sans oser utiliser son chakra parce qu'il avait peur de ce qu'avoir du sang sur les mains ferait de lui.

Dix ans plus tard et mes mains étaient tellement couvertes de sang que je ne pouvais plus distinguer mes doigts.

Quelle ironie.

- Il les a vues mais ça ne m'a pas dérangé parce que j'aurai dû le tuer. Il sait que j'aurai pu le faire, il sait que je le pourrais encore.

Teka resta silencieuse, sourcils froncés.

- Shoto, je vais te poser une question et te demander de me répondre sincèrement

Je me redressai.

- Tu ne savais quand même pas que ce vilain – ce Dabi - était Touya, n'est-ce pas ?

- Non, bien sûr que non

- Bien, bien.

Silence.

- Je suis inquiet pour Papa

- Tu as vu ses prouesses avec le God Mode aussi bien que moi. S'il y a quelqu'un qui peut se protéger lui-même, c'est lui

Je protestai.

- Mais ce n'est toujours qu'un homme

Les Hommes sont faillibles, mortels.

- Il lui suffit d'un mauvais jour, d'une mauvaise rencontre…

Teka secoua la tête, sourcils haussés d'un air désabusé.

- Tu t'inquiètes beaucoup trop pour lui

- S'il te plaît, grand-mère

Teka me lança un regard en coin.

- …qu'est-ce que tu veux ?

- Mets de tes hommes sur sa protection

All for One était toujours dans la nature, tout comme Kurogiri et leur foutu docteur – et c'était sans parler de l'armée de Nomus qui devait être caché dans un bunker ou l'autre en attendant le jour où ils pourraient se déverser sur le Japon.

Personne ne m'avait non plus menacé ou tenté de me kidnapper ou de me tuer depuis la 'révélation' de mes capacités. 

Les choses étaient beaucoup trop calmes, comme si une tempête n'allait pas tarder à tous nous engloutir.

- Ton père refusera

- Alors ne lui dit pas

Teka serra les lèvres.

- Qu'est-ce que tu caches qui nécessite tant de précautions ?

Si quelqu'un apprenait ce que j'étais en train de faire, je serai exécuté publiquement.

- J'ai juste besoin de temps. Aide-moi à ne pas tout faire exploser d'ici là.

Teka ne dit rien.

Je sentis la boule de feu, mon soleil terrestre, traverser le couloir jusqu'à nous.

Mes yeux étaient déjà sur la porte avant même qu'il ne l'ouvrit.

Son visage était humide comme s'il venait de s'éclabousser avec de l'eau à plusieurs reprises. Des gouttes coulaient des pointes de ses cheveux et tâchaient le col blanc de sa chemise.

Composé, il marcha calmement jusqu'au bureau où il reprit place.

- Touya veut me tuer, donc. Qu'est-ce qui te fais croire ça ?

J'échangeai un regard avec Teka, laquelle me fit signe de simplement reprendre où nous en étions.

- Il sait qu'il lui est impossible de me tuer, alors il pense que me faire mal est la meilleure option qu'il ait 

- Et sur quoi est basé cette hypothèse ?

Sur le fait qu'il m'a dit lui-même qu'il comptait foutre ta vie en l'air.

- Touya n'est pas… Le Touya d'il y a dix ans me détestait déjà et avait essayé de me tuer à deux reprises. Qu'est-ce que tu crois que le Touya de maintenant, qui a vécu seul et a fait je ne sais quoi là-dehors pour survivre, peut bien vouloir me faire ?

Papa me scrutait en silence, les mains croisées devant son visage, légèrement penché en avant, comme Teka lorsqu'elle essayait d'évaluer si vous valiez l'air que vous respiriez ou non.

- Est-ce que tu penses qu'il pourrait être un danger pour sa mère ou ses frères et sœurs ?

- Non

Leur existence ne m'importait pas le moins du monde, et Touya avait déjà dû s'en rendre compte.

Mais ils comptent pour papa, et ce qui compte pour lui compte pour moi.

- Peut-être

Il releva les yeux vers Teka.

- Pourrais-tu me prêter des hommes ?

Pendant une seconde je cru voir un léger sourire contracter les lèvres de Teka.

- Je prêterai autant de mes hommes qu'il en faudra à qui le voudra bien

Papa ne releva pas.

- J'aimerai que tu en laisses d'autres aussi ici. Pour surveiller Touya

- Bien évidemment. Auras-tu besoin de quoi que ce soit d'autre ?

- Pourquoi est-ce que tu es ici ?

La question me surprit tant que je restai figé, à moitié debout, mes yeux faisant des va-et-vient entre les deux alors qu'ils se regardaient en chiens de faïence, comme deux joueurs d'échec qui essaient de prédire les prochaines actions de l'autre.

- Shoto m'a invitée

- Ne me fais pas croire que tu as traversé la moitié de la planète pour un dîner

- Et quel merveilleux dîner était-ce en compagnie de mon charmant petit-fils et de mon fils préféré

- Ne crois pas que je n'ai pas remarqué

Enji tapota l'un des boutons d'argent de sa manchette, sur lequel le blason des Todoroki – la flamme stylisée – était gravée.

- Je les vois partout en ce moment

Teka sourit.

- Grande est leur faiblesse quand il s'agit de leur fierté vis à vis du clan

- Est-ce que tu comptes conquérir le Japon ?

Silence. Sourire aimable.

- Je ne fais qu'acheter des propriétés, Enji. N'ai-je pas le droit de diversifier mon portefeuille d'actifs ?

Papa ne dit rien. Puis il reporta son attention vers moi.

- Shoto ?

- Rien à ajouter

- Dans ce cas vous pouvez y aller

Et il sortit ses lunettes du tiroir et fit glisser vers lui une pile de polycopiés laissée au coin de son bureau.

Je crois que tout le monde a oublié que nous étions au beau milieu d'un repas.

Ce n'est pas moi qui allait le leur rappeler.

La porte se referma doucement derrière nous.

Les hommes de Teka l'encadrèrent comme si elle était le président.

- Tu peux m'apporter le million dans ma chambre, dit-elle.

- Teka

Mains croisées dans le dos, comme un soldat au repos, Teka s'arrêta au milieu du couloir, la procession s'immobilisant aussi.

- Est-ce que tu as déjà rencontré All for One ?

Lorsque mon père et All Might l'avait combattu à Tokyo, il avait dit quelque chose d'étrange à propos de grand-mère.

- L'homme qui t'as kidnappé ? (Elle fit mine de réfléchir) Oui

- Il a tenté de te voler ton Alter ?

Elle sourit, amusée.

- 'Tenté' est un bien grand mot, mon garçon. Ton grand-père ne l'a même pas laissé s'approcher à distance respectable de moi

- Comment est-ce qu'il l'a évincé ?

Ses yeux se perdirent dans le vague, comme si elle se remémorait de lointains souvenirs enfouis dans sa mémoire.

- Ton grand-père était le plus puissant Télékinétique que cette Terre n'ait jamais porté. Le All for One d'il y a cinquante ans ne faisait tout bonnement pas le poids face à lui.

Puis les coins de sa bouche retombèrent, des rides se creusèrent au coin de ses yeux et des plis barrèrent son front. 

Soudain elle me parut beaucoup plus âgée et fatiguée qu'elle ne laissait voir, et je fus prit d'un brusque élan de sympathie.

- Je vais me faire couler un bain. Ce voyage m'a fatiguée

- N'achète pas de propriétés au Japon

Elle haussa un sourcil.

- Devrai-je m'inquiéter ?

J'essayai de sourire, mais ça n'atteint pas mes yeux.

- N'en achète pas, c'est tout

Elle me scruta en silence puis se remit en marche.

- Tes mains tremblent, Shoto

Je baissai les yeux vers mes deux mains qui, en effet, étaient prises de soubresauts.

Je me forçai à lisser mon pantalon pour les détendre.

- Je n'ai pas la moindre idée de ce que tu es en train de faire mais un conseil : ne fais rien que tu pourrais regretter

Je crois que c'est déjà trop tard.