"Kyoshi ! Ne ralentis pas, sinon on risque de te perdre." me conseille Oso malgré le fait que je ne sois qu'une dizaine de mètres derrière la plupart du groupe, m'interrompant dans mes pensées.
Actuellement nous courrons depuis ce matin lorsque nous sommes partis du camp pour notre nouvelle mission, ma première occasionnellement.
Notre groupe a été envoyé en éclaireur pour répérer l'avancée des troupes D'Iwa et vers où ils semblent se diriger, voire même trouver leurs campements ou éliminer tout groupe d'éclaireur à eux si cela est possible. En toute simplicité
Bref, une mission des plus faciles et des moins dangereuses possibles... notez le sarcasme.
Cela fait donc quelques heures tout au plus que nous nous déplaçons en direction des lignes ennemies. Rien de notable ne s'étant passé pour l'instant si ce n'est le changement de décor, les forêts sombres et denses s'éclaircissant légèrement, signe que nous nous rapprochons du pays de la terre et que nous quittons peu à peu le territoire naturel de mon pays.
Le tout me déboussolant un peu aux contraire de mes coéquipiers tous de Konoha, moi venant de Taki et donc étant naturellement habitué aux forêts gigantesques et impénétrables.
Puis, sans prévenir, Dozao qui mène la marche lève son poing à hauteur de sa tête pour silencieusement nous intimer l'ordre de nous arrêter.
"Bizarre." je pense en me stoppant, de même que les autres "Pourtant je n'ai rien entendu de spécial."
Peut-être faire plus attention ?
"Serpents qui rampent, oiseau qui fait son nid, Deimeja qui se pose, renard dans les broussailles... non rien" je constate après m'être brièvement concentré sur mon environnement.
Donc ce n'est pas à cause d'ennemis qu'il nous a fait arrêtés ?
"Nous ne sommes plus que relativement loins du pays de la terre, c'est là que les choses deviennent plus compliquées. Nous ne savons pas exactement les positions de l'ennemi. " Commence Dozao en se tournant vers nous.
Mais c'est là qu'il commence un plan pour remplir la mission en encourissant le moins de risques possibles ?
"Il est donc temps de se séparer en plusieurs groupes pour couvrir le plus de terrain possible." il continue après avoir rechecké devant nous.
Mouais, pourquoi rentrer en vie après tout ?
"Nous allons donc faire trois groupes..." il décide donc en désignant d'abord Aori et Naomi
"Vous deux ensemble, vous allez aller au nord-ouest. Oso et Sakou, vous allez à l'ouest. Quand à moi je serai avec Aori et Kyoshi. Et nous irons au sud-ouest."
Il sort alors un couteau pour tailler dans l'arbre le plus proche un triangle inversé dans un cercle.
"Nous nous retrouverons ici même demain à midi au plus tard."
"En route." il finit en courant vers notre direction, rapidement suivi par moi et Aori.
"Fais attention." dit cette dernière à son frère en partant après Dozao.
Nous le suivons donc, et ce pendant plusieurs heures, rien de notable ne se présentant à nous.
La marche durant plutôt longtemps, rien de significatif n'arrivant et la monotonie ou quoi que ce soit d'autre semblant peser sur Aori.
"Kyoshi... n'es-tu pas fatigué ? Si tu veux on peut s'arrêter quelques minutes." elle me demande en brisant soudainement le silence qui s'était installé depuis la séparation avec les autres.
"Non merci ça ira." je répond peut-être un peu trop sèchement, car elle se mure à nouveau dans le silence pendant un moment, ne faisant que fixer la direction vers laquelle nous allons avant de reprendre.
"Tu sais, je suis anxieuse pour mon frère." elle brise à nouveau le silence et m'avoue en baissant les yeux au sol.
Je ne fais que hocher la tête pour toute réponse, ne sachant pas vraiment quoi dire dans ce genre de conversation. Et n'étant pas franchement familier avec ce genre d'inquiétude.
"Lui et moi on à toujours été ensemble, à notre naissance, à notre enfance, à nos formations à l'académie, puis dans la même équipe, puis maintenant à la guerre... jamais loin l'un de l'autre, toujours ensemble à embêter nos parents, toujours ensemble pour se protéger l'un l'autre, toujours à deux et à se serrer les coudes, toujours ensemble malgré les hauts et les bas, comme une vraie famille..."
elle m'explique avec nostalgie, reprenant son expression de joie de vivre habituelle tout en parlant.
"C'est une des rares fois où nous sommes séparés... et la première fois dans une situation dangereuse... j'ai donc peur, mais pas pour moi... pour lui. Mais pas seulement lui, j'ai aussi peur pour tout ceux que je chéris chez moi, pour tout mes amis et mes compatriotes, pour tous mes compagnons et camarades" elle m'explique avec sourire cachant mal son stress.
"Je ferai donc tout, tout ce qui est en mon pouvoir pour le protéger, lui et ceux que j'aime, ceux qui combattent avec moi autant que ceux qui nous attendent à la maison, c'est pour tous que je suis ici. C'est ce que je veux, les protéger, c'est pour eux que je me bats."
"Je combattrais donc de toutes mes forces, pour ma famille, avec tout mes camarades, pour que l'on se protège nous et nos familles à Konoha, pour protéger notre village." elle finit avec cette fois un sourire resplendissant, témoignant de sa foi en son objectif.
Et bien, on dirait que ça marche plutôt bien la propagande, j'ai presque envie de me battre pour eux tiens.
"Et toi ?"
Quoi ?
"Mmmh, pardon ?" je fais en me reconcentrant sur ce qu'elle dit.
"Et toi Kyoshi ? Pour qui te bats-tu ? Qui veut tu protéger ?" elle me demande en tournant la tête vers moi, avec encore son plein sourire affiché.
"Eeeeh bien..." je commence un peu confus
"... Je ne suis pas vraiment ici par volonté, tu ne l'as pas comprise hier ?"
"Oui ça je l'ai compris." elle renchérit
"Mais je veux dire, qui veux tu protéger, à qui tiens tu ? Pour qui tu te lève chaque matin ?" elle reformule rapidement
"Personne." je répond honnêtement après quelques secondes de réflexion.
Je n'ai pour toute réponse qu'un regard limite choqué venant d'elle, semblant impossible pour elle de comprendre cela.
"Je suis orphelin, je n'ai pas d'amis et la grande majorité des gens de mon village sont au mieux fortement dérangés par ma présence. Et la seule personne que j'aurais pu avoir comme lien, je l'ai trop peu connue pour vraiment m'attacher." je lui explique en baissant à mon tour les yeux aux sol, bizarrement gêné par cet état de fait.
"Personne ne m'aime et chez moi l'intérêt général est que je disparaisse. Donc non." Je finis en reconcentrant à nouveau sur où je me déplace. Accélérant légèrement pour rester à une courte distance de Dozao.
Aori reste alors muette pendant de longues minutes, semblant réfléchir profondément et semblant même étrangement triste, avant de se reprendre et de tenter quelque chose.
"Tu sais, un jour j'en suis sûr..." elle commence avec une voix qui se veut rassurante.
"Tu trouveras quelqu'un qui..."
"Chut !"
"Pardon ?" elle répond un peu confuse.
"Chut !" je me répète en lui faisant signe de se taire, m'arrêtant à côté d'un arbre et m'agenouillant les yeux fermés, mon visage reflétant mon extrême concentration.
Je suis quasi tout de suite rejoins par Dozao qui s'approche de moi.
Ce dernier semble sur le point de parler mais je le coupe d'un geste de la main, ne voulant pas être dérangé par une quelconque voix.
Je plonge alors totalement dans la concentration, fermant quasi tout mes autres sens et ne me fiant qu'à mon ouïe, la laissant scanner la zone autour de moi dans ses moindre recoins.
Dans les premiers mètres et dizaines de mètres, rien. Me faisant me demander si je n'avais pas rêvé.
Jusqu'à...
- "Alors ? Nori ? C'est bon t'as fini ?"
- "Deux secondes putain ! Ça se fait pas en deux secondes."
- "Je t'avais dis de le faire en même temps que nous avant de partir."
- "T'as dis deux fois deux secondes."
- "Ferme-la Gani."
- "Allez ! Allez ! Allez ! On a pas le temps là !"
- "Niquez-vous tous... c'est bon j'ai presque fini..."
Bingo
Je baisse finalement ma main après quelques secondes d'écoutes afin recueillir des informations. Immédiatement après, Dozao me consulte.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" il me demande perplexe.
"Un groupe." je l'informe
"À plus ou moins deux ou trois cents mètres, au moins quatre, des adultes."
Cela le rend tout de suite alarmé au vu de son expression maintenant raide. Ni une ni deux, il ne perd pas de temps.
"Préparez-vous." il nous ordonne en semblant avoir immédiatement cru mes paroles.
"Arriveront-ils dans quelques instants ?" il me demande prestement.
"Pas tout de suite." je lui affirme, confiant.
"Ils sont à l'arrêt car l'un d'eux semble être au petit coin."
"D'accord." il intègre en hochant la tête
"Cela nous laisse un peu de temps... Aidez-moi tous les deux. Tenez." il réfléchit brièvement avant de dire cela tout en me lançant un mince fil qui serait presque invisible pour moi si je ne l'avais pas dans les mains. Puis donnant à Aori un parchemin de stockage d'où sort directement une quarantaine de Kunai.
"Très bien, avec ça nous allons pouvoir commencer." il continue en commençant à farfouiller dans une pochette de son gilet de chunin.
"Ces ninjas d'Iwa auront une petite surprise." il sourit en y sortant cette fois d'autres parchemins.