\POV Kakashi/
"Hatake Kakashi." Le ninja de Taki répète mon nom lentement comme s'il avait peur de l'oublier dès qu'il ne sera plus prononcé.
Il le répète encore une fois avant de me quitter du regard et de se murer dans un silence pensif, ne répondant toujours pas à ma question.
"Comme Sakumo Hatake ?" Il finit par demander après quelques longues secondes de suspension.
"Mon père." Je lâche, maintenant totalement sur mes gardes. Glissant discrètement ma main droite cachée par mon corps dans mon étui à kunai. Prêt à bondir à la moindre entourloupe, étant conscient que mon nom de famille à encore un certain poids dans ce monde, et seulement en bien.
Surtout en dehors de Konoha.
"Pas besoin d'être si tendu." Le gamin me rassure nonchalamment, ne me jetant même pas un coup d'œil.
"Crois le ou non, ton père est plutôt connu. En tout cas suffisamment pour qu'il soit cité dans les manuels de base de chez moi."
Je me renfrogne à ces paroles, maintenant agacé que l'on parle de lui. S'ajoutant au fait qu'il ne m'a toujours pas répondu.
Ma main n'ayant donc toujours pas quittée le fond de ma pochette.
"Au fait… pour répondre à l'autre question." Il se rattrape comme s'il avait lu dans mes pensées
"Eh bien pour faire court…" Le gamin lève les yeux vers le plafond se remémorant sûrement ces derniers jours, son regard auparavant assez neutre se teintant d'une expression de tristesse.
Je reste un peu confus à regarder ses yeux qui semble refléter une douleur, je m'y heurte à ce qui m'avait si brusqué juste avant, ceux-ci semblant m'atteindre étrangement malgré le fait que je devrais normalement n'en avoir rien à faire, mon cœur se serrant légèrement tandis que je plonge dans ce regard fait de peine.
"L'équipe dans laquelle j'étais placé était en patrouille aux quatre-coins du pays à la recherche d'un groupe de guérilla ennemi qui faisait pression dans cette région du front, quand nous sommes subitement tombés sur une grosse escarmouche." Il explique en se reprenant, baissant ses yeux vers le sol tandis que sa voix diminue grandement de volume
"Je suis le dernier, par miracle" Il finit laconiquement, tournant la tête et se reconcentrant sur son poisson qu'il se met à mâcher lentement de manière apathique, laissant encore une fois le silence s'installer dans cette grotte.
Avant de reprendre quelques minutes plus tard.
"Donc je suis maintenant tout seul." Il résume en reprenant son histoire.
"Et cela fait donc plusieurs jours que je me déplace seul dans le pays de l'herbe pour retourner au campement où je suis affilié."
"Et c'est là qu'il y a quelques heures je suis tombé sur toi alors que tu étais inconscient et blessé en plein milieu de restes d'une énième petite bataille."
"Tu étais le seul survivant, si l'on oublie ceux d'en face." Il précise avant même que j'ai pu poser la moindre question à ce sujet.
"Je t'ai donc ramené et soigné." Il finit sa petite histoire en me désignant avant de terminer son repas.
"Je me demande encore pourquoi j'ai fait cela d'ailleurs." Il rajoute rapidement tout en jetant sa brochette maintenant finie dans le feu à nos pieds, semblant toujours indécis à mon propos.
Effectivement, je ne suis pas de son village, il n'avait aucune raison de m'aider.
Il aurait très bien pu me laisser et continuer sa vie tranquillement dans son coin.
Surtout qu'au vu de mes blessures, à l'heure actuelle, je suis plus un fardeau qu'autre chose.
"Et toi ?" Il finit par me demander, m'interrompant dans mes pensées.
J'hésite quelques secondes à divulguer des information à un individu d'un village étranger avant d'abandonner.
"J'étais affilié à un groupe qui était chargé de passer derrière la ligne de front afin d'y mener des actions de reconnaissance et d'attaque de convois." J'expose les grandes lignes d'une voix calme. Faisant des efforts pour en dire suffisamment et en même temps le moins possible.
"Mais nous avons été repéré et pris en chasse pour ensuite nous battre avec plusieurs groupes d'ennemis."
Je termine en lui donnant cette information sans m'en soucier, lui le sachant déjà.
"Donc." Je prends de nouveau la parole après un moment de silence, à présent soucieux des prochains événements.
"Qu'est-ce qu'il se passe maintenant ?"
À mes paroles, le ni... Kiyoshi, ne fait que bouger lentement la tête dans ma direction et me regarder calmement pendant de longues minutes,plissant lentement les yeux en m'observant, son regard semblant me transpercer pour fouiller mon âme tandis qu'il reflète un léger dilemme qu'il semble finir par résoudre quand j'entends sa réponse.
"Et bien tout d'abord nous nous reposons pour ce soir. Et après cela il y a deux possibilités."
Il m'explique d'une voix toujours aussi neutre.
"Ou bien nous nous disons au revoir et nous partons chacun de notre côté pour probablement ne plus jamais nous recroiser. Et nous nous débrouillons tout seul." Il pose le premier choix, qui me semble le pire, en tout cas pour moi.
Lui il ne semble pas avoir besoin d'aide pour se débrouiller tout seul. Je ne serai pas d'une grande aide pour lui. En tout cas les premiers jours. Si notre voyage s'éternise.
Si nous nous séparons et partons chacun de notre côté, avec mes blessures mes chances de survie ne sont pas bonnes si je croise le moindre ennemi.
"Ou bien." Il recommence en laissant un petit flottement entre ses phrases
"Nous partons à deux et tu me suis à mon camp où tu retrouveras peut-être tes coéquipiers. Et où au pire tu seras en sécurité et avec les gens de ton village, ce qui est déjà bien."
"Ça me paraît être la meilleure solution." Je pense, ma méfiance naturelle envers les ninjas d'autres pays étant toujours bien là, mais étant balayée par le fait que se balader tout seul et blessé dans cet endroit équivaut à un suicide.
"La deuxième me semble bien." Je réponds rapidement.
"Mais je te préviens tout de suite ninja de Taki, à la moindre entourloupe, je te tue." Je l'averti en le regardant dans les yeux avec une lueur dangereuse dans mon regard, lui envoyant en même temps une intention de tuer pour bien mettre les choses au clair.
L'autre ne me répond rien et soutient mon regard pendant un petit moment en affichant un air de calme, ne semblant pas affecté par mon intention de tuer.
Il finit par acquiescer d'un vague hochement de tête avant de se relever.
"Nous partons à six heures."
"Mais nous nous réveillerons une demi-heure plutôt pour que j'aie le temps de changer tes pansements."
C'est la dernière chose qu'il me dit avant de faire quelques mètres pour se poser dans sa couche et de relever la couverture sur son corps. Me laissant seul devant le feu.