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chap 4

Ce soir-là nous avions eu de la peine à nous quitter. Nous bavardions jusqu'à onze heures et demi du soir, sans nous en rendre compte vraiment Nous avions parlé de tout et de rien finalement. On pouvait remarquer nos hésitations respectives à nous quitter. Personne ne voulait s'annoncer dans l'au revoir. Un nouveau sujet prenait donc tant bien que mal vie, pour empêcher la trêve de siéger. Je n'avais plus envie de rentrer à la maison, et lui également ne semblait plus devoir aller tôt au service le lendemain. Nous avions continué donc à échanger de choses générales et courantes, rendues plutôt intéressante par nos envies de continuer à nous écouter l'un comme l'autre.

Soudain, le portail a retenti par le son de son claquement, puis s'est ouvert et ma sœur apparaît d'abord inquiète, avant de se rassurer que j'étais toujours là, mais cette fois ci accompagnée. Aya ma sœur ainée ne m'avait jamais vue en compagnie d'un garçon si tard. Elle me connaissait celui que j'avais estimé être mon premier amour. Il était tout aussi beau, grand, et surtout plus jeune que Marcel. C'était un jeune homme du même âge que moi, qui avait été heureux candidat au Bac au détriment de moi. Moi j'avais échoué, puis ça a été notre séparation. Nous fréquentions le même collège, résidions-dans le même quartier et de surcroit habitions la même maison. Nos parents étaient colocataires dans la même concession. Il était en terminale C et moi en terminale A. Le fait de travailler ensemble s'est vite transformé en rencontre sentimentale. Car je le sollicitais souvent pour m'aider en Mathématiques. Il était vraiment un meilleur mathématicien et avait également l'art d'en transmettre les notions. Il avait fait de son mieux pour m'y aider même si je n'ai pas pu obtenir mon diplôme cette première fois.

Nos parents appréciaient bien notre détermination à réussir nos examens respectifs sans se rendre compte de l'autre forme de sentiment qui se dessinait dans notre cercle d'étude. Nous travaillions souvent chez lui parce qu'il avait un grand tableau convenable ainsi que les instruments pédagogiques nécessaires pour les mathématiques. Nos horaires avaient été planifiées par nous-même selon nos calendriers respectifs de la semaine et nous nous y conformions avec rigueur sans l'implication de personne. Mais ce vendredi soir avait été une soirée surprise pour moi, et certainement unique. Nous n'avions que nos mamans pour parents, ce qui avait fait des deux braves dames de meilleurs amies. Il vivait donc avec sa mère et ses sœurs et moi de même. Mais contrairement à moi, lui avait cinq petites sœurs dont il était l'ainé. C'était donc lui le gouverneur des lieux lorsque leur mère était absente et il réussissait bien son rôle de chef. Il pouvait punir quiconque lui désobéissait parmi ses petites sœurs et elles en étaient toutes conscientes. Nous travaillions donc souvent dans la tranquillité, ce qui était positivement impactant pour la leçon révisée. Sa mère ne rentrait qu'à neuf heures du soir, contrairement à la mienne qui revenait toujours à sept heures du soir. Mais de mon côté, maman n'était pas souvent inquiète de me savoir à l'étude. Cela réconfortait d'ailleurs tous parents de candidats à n'importe quel examen. Les conditions semblaient donc réunies pour le bonheur de nos cœurs.

C'est ainsi que ce soir-là, un garçon m'a embrassé pour la première fois de ma vie. Je venais de stopper les révisions d'une leçon d'arithmétique, dont je trouvais la séance du jour trop accélérée. Timide et bien éduquée, je n'allais jamais déclarer a Godmay que je l'aimais .Oh ! Non ! Jamais ! Si jamais cela arrivait, la signification serait que je n'étais plus la fille de ma mère. L'avait-il remarqué ? Ou ressentait-il aussi simplement la même chose ? Je ne saurai le dire. Mais je lui avais fait la remarque de sa précipitation ce soir-là dans ses explications, mais il ne semblait pas m'écouter. Alors je pris la décision de le planter et de m'en aller. Peut-être qu'il était fatigué de m'aider…Peut être qu'il était de mauvaise humeur ce jour-là ou bien même peut être que j'avais commencé par l'agacer…

Qui sait ? Ce qui est sûr quelque chose pouvait être le motif de ce changement, je n'allais certainement pas le laisser m'humilier. En lui lâchant cela à la figure, j'ai rangé mes affaires, rouge d'une colère prématurée, m'apprêtant ainsi à m'en aller. Mais silencieux, figé debout, et me fixant sans me donner la moindre réponse depuis le début de mon reproche, il a attendu le moment ou mes talons se sont tournés, en lui donnant dos, pour m'attraper par mon poignet de justesse. J'ai titubé sans aucun moyen de me rattraper, avant de virer vers l'arrière pour un affaissement certain au sol. Mais lorsque j'ai rouvert mes yeux, que j'avais fermé en attendant de tomber, et de détester Godmay pour le restant de ma vie, j'ai remarqué que ma chute avait été stoppée par ses bras grands et doux comme un berceau, dans lesquels il me retenait précieusement en me fixant sans placer mot. Déboussolée, une chaleur bleue a envahi tout mon être. Mes jambes étaient remplies de fourmis. J'avais toujours rêvé de ses bras, sans jamais espérer m'y retrouver un jour. Au collège, lorsque je le voyais discuter avec les filles de sa classe sans remarquer ma présence, je souffrais et me retirais souvent doucement, mais il me rattrapait toujours dans ma marche solitaire, en me lançant affectueusement son slogan : « ma Ti ! », pseudo d'abréviation de mon prénom, qu'il s'était choisi pour m'appeler souvent. Alors je me sentais toutes ces fois dans de beaux nuages, heureuse de me sentir flattée et choyée par mon prince secret. Je me sentais chaque fois comme sa reine toutes les fois qu'il prenait congé des autres filles pour me rejoindre dans mon coin, sans m'avoir jamais déclaré sa flamme. En tant qu'ados c'était très courant et facile pour les regards observateurs, d'interpréter ce comportement, comme une scène de tourtereaux. Certaines commères de ma classe diffusaient déjà dans tout le collège que nous sortions ensemble, alors même qu'il n'en était rien encore. Nous marchions ensemble pour rentrer à la maison parce que nous habitions la même maison.

J'ai rouvert alors mes yeux, puis j'ai tenté de balbutier quelques mots, lorsque mes lèvres ont reçu une visite inattendue des siennes,qui les ont accueilli et les ont installé sans vraiment les connaitre et surtout sans leur résister, avant de découvrir qu'elles étaient porteuses d'une fougue sensuelle et mielleusement ça a été le premier baiser de ma vie.