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Chapitre 3 Que la chasse commence !

Je réfléchis à toute vitesse cherchant les bons mots pour éviter d'être trucidée sur le champ. Mince ! Je n'ai même pas encore atteint les 24h à Forks et je vais déjà trépasser. Je prends rapidement une page de mon carnet de note, la déchire et commence à écrire :

 

« Je vois le futur, comme Alice. C'est comme ça que l'on s'est rapproché et dans une vision elle m'a dit que tu avais aussi un don. Je suis désolée de t'avoir fait peur. Je garderai le secret et j'espère que tu garderas le mien. »

 

Il lit par-dessus mon épaule

 

« Tu sais que je vais demander à Alice ? il murmure. »

 

Avant que je puisse répondre il tend la main vers sa poche, sort discrètement un téléphone à clapet. Je fais la moue. J'avais oublié que les portables étaient à l'état de l'âge de pierre au milieu des années 2000. Jasper referme son téléphone, tend la main vers le mot que j'ai rédigé, puis ajoute d'une jolie écriture penchée :

 

« Alice m'a demandé de ne pas te faire de mal et s'interroge sur les smartphones. »

 

D'après sa tête c'était plus une menace qu'une demande et il était assez réticent à laisser vivante une humaine qui menacerait la sécurité de son Alice. Je me racle la gorge et j'allais prendre la feuille de note pour expliquer quand celle-ci disparait et qu'une autre feuille noircie la remplace. Le professeur se trouve juste à côté de nous.

 

« Puis-je vous demander quelle est cette feuille que vous vous passez depuis tout à l'heure jeunes gens ? »

 

Jasper lui tendit le document et répondant :

 

« Ce sont les notes de la semaine dernière. J'expliquais à Bella où nous en étions sur la guerre de Sécession.

Oh, fort bien ! Mais je préfèrerais que cela se fasse en dehors des heures de classe. Bien sûr monsieur, je suis désolé. »

 

Bon sang ! Ils sont vraiment doués pour mentir ! Le professeur repart et je mimais un « merci » avec mes lèvres. Il se contenta de hocher la tête. Une fenêtre bleue apparue alors devant moi :

 

« Quête réussie… Récompense accordée… »

 

Je n'aurais jamais cru que quatre mots me soulageraient autant. J'étais saine et sauve… Pour l'instant. Alice est là à la sortie de la classe. Elle attrape le bras de Jasper, me fait un signe de la main et ils disparurent dans le couloir. Je me dirige vers mon prochain cours sans aucun Cullen pour une fois. Le calme avant la tempête, mais un temps calme bienvenue tout de même après tout ce stress. Je ne me souvenais pas que le lycée fût aussi angoissant. J'étais fatiguée, alors même que le pire n'était pas encore passé.

 

Lorsque l'heure du déjeuner sonne, je suis le flot d'humain partant se restaurer. Une petite brune avec une épaisse crinière bouclée m'aborde alors, se présentant comme Jessica Stanley… Evidemment, elle ne pouvait pas manquer l'occasion de se faire remarquer en se rapprochant du nouveau joujou brillant. Nous arrivons à la cantine sous le flux incessant de ses questions. J'aurais dû prendre un cachet d'ibuprofène avec moi, le mal de tête repointe le bout de son nez.

 

Je fais la queue et déprime en voyant la variété des plats… Je vais me préparer des paniers-repas, impossible de manger aussi peu de légumes, mon intestin va finir par danser la samba en moins d'une semaine. J'entrevois une lueur d'espoir quand du vert et du orange entrent dans mon champs de vision. Des baby carottes et des brocolis… J'explique que je ne veux que ça. La dame qui s'occupe du service me regarde bizarrement, mais me sert une bonne portion, visiblement les légumes n'ont pas la côte et je passe pour une extraterrestre… fantastique !

 

Je choisis une pomme en dessert et récupère mon plateau. Jessica me fait des grands gestes pour que je la rejoigne à sa table. De souvenir, c'est aussi ce que Bella a fait, je décide de suivre les conseils d'Alice et de faire comme ce qui était prévu. Je salue les élèves déjà présents à table, jouant à essayer de deviner qui est chacun, quand je vois la table des Cullen. Alice et Jasper ne sont pas à la table. Je reconnais Rosalie et Muscleman à côté d'elle doit être Emmett.

 

« Je me demande combien il peut soulever de poids… Je murmure.

Pardon ? tu disais ? me demande Jessica. »

 

Elle se retourne pour suivre mon regard et rigole.

 

« Tu parles d'Emmett Cullen.

Le grand brun taillé comme bodybuilder ? Quelle musculature ! Te fatigue pas, il est pris. Par la magnifique créature à côté de lui j'imagine. »

 

Jessica ricane. J'avoue que j'en rajoute, mais autant mettre toutes les chances de mon côté et puis, ce n'est pas comme si je mentais, elle ressemble vraiment à un mannequin.

 

« Rosalie Hale, la reine des glaces. Si tu t'approches de son homme, elle te pétrifie sur place, rajoute Jessica avec dédain

Ce n'est pas plutôt Méduse ça ? je fais en soulevant un sourcil. Peu importe, il ne vaut mieux pas les approcher, rétorque Jessica. Je préfère me faire mon propre avis, je réplique. Si ça se trouve Rosalie est adorable et a juste du mal à communiquer. Comme tu veux, mais je t'aurai prévenu. »

 

Je hausse les épaules et retourne à mon observation, quand je m'aperçois que les trois Cullen m'observent. Génial ! En parlant de rester discrète… Je souris à Rosalie, qui me foudroie du regard avant de se retourner vers son plateau. Emmett semble essayer de la calmer. J'ai l'impression qu'être dans les petits papiers de Rosalie est au même niveau de difficulté qu'un boss de raid quand on débute un jeu.

 

« Quête bonus : Faire sourire Rosalie… Récompense : une histoire… Pénalité : du stress inutile… Limite de temps : aucune »

 

Si je doutais encore que les développeurs se droguaient, je viens d'en avoir la confirmation. Ces quêtes sont toutes plus bizarres les unes que les autres. Je fronce le nez. Mon œil est attiré à nouveau par la table des vampires. Edward m'observe avec frustration, une moue sur les lèvres. Ah oui ! C'est vrai que ne pas lire mes pensées l'agace au plus haut point et j'ai bien envie de m'amuser un peu avec ça.

 

« Jessica ? Qui est le garçon à côté d'Emmett et Rosalie ? je demande.

C'est Edward Cullen. Le frère d'Emmett. Canon, hein ? ricana-t-elle avec un sourire narquois Je ne sais pas… J'imagine que oui, mais il a l'air un peu coincé avec son air renfrogné, tu crois qu'il a avalé quelque chose de travers. »

 

J'entends un éclat de rire du côté de la table des Cullen. Je souris intérieurement. Jessica regarde Emmett, puis Edward, qui a toujours l'air pincé, surprise.

 

« C'est vrai qu'il sourit rarement, mais c'est rare de le voir d'aussi mauvaise humeur.

Une mauvaise nouvelle à avaler peut-être, je suggère. Peut-être, fait Jessica peu convaincue. En tout cas, ne te fatigue pas, aucune fille n'est suffisamment bien pour lui. »

 

Je sens la rancœur dans ces quelques mots et fait un demi-sourire.

 

« Oh, oh… je me moque doucement. Aurais-tu par hasard tenté ta chance sans succès ?

Et alors ? Tu ne vas pas essayer toi ? Des célibataires aussi mignons, il n'y en a pas beaucoup dans ce lycée, me répond-elle agacée. »

 

Je décide d'avoir pitié d'elle et de l'encourager dans la bonne direction. Avec un peu de chance je vais faire une pierre deux coups en éloignant Mike avant qu'il ne me remarque.

 

« Tu ne vas pas me dire que les regards que je te vois lancer à Mike depuis tout à l'heure n'ont pas encore porté leurs fruits ?

Pourquoi ? Il t'intéresse aussi, lui ? me répond-elle méchamment. »

 

Oh oh ! Elle sort les griffes pour défendre son bifteck ! Pauvre Mike ! Réduit à être un morceau de viande dans la cage aux lionnes. Je pouffe à l'image et rassure Jessica.

 

« Non, Jess. Mike n'est pas DU TOUT mon type de garçon, tu n'as rien à craindre. »

 

Son regard se radoucit et elle me demande malicieusement :

 

« Alors … Quel est ton type de garçon ? »

 

Une fenêtre bleue apparait :

 

« Quête secondaire : satisfaire la curiosité de Jessica… Récompense : complicité avec Jessica +1… Pénalité : complicité avec Jessica -1… durée : le temps du repas »

 

Enfin une quête censée. Je réfléchis quelques secondes avant de décider d'être honnête :

 

« Jaime les garçons mâtures et sérieux…

Ce qui exclut Mike d'office, me coupe Jessica. »

 

Je ris avec elle avant de rajouter :

 

« Il doit aussi être cultivé et doué de ses mains. »

 

Jessica ricane. Je comprends le double sens de mes paroles et complète ma pensée.

 

« Je veux dire, être capable de créer quelque chose avec ses mains, un objet ou jouer de la musique. Je suis moi-même très créative et c'est quelque chose que j'admire chez les autres. »

 

Du coin de l'œil, je vois Edward qui nous observe. Très bien, monsieur l'indiscret, tu vas en avoir pour ton argent… Jessica se penche avec un air conspirateur. Jouant le jeu, je me penche à mon tour. Elle murmure :

 

« Et physiquement ? »

 

Je réponds en chuchotant, sachant très bien :

 

« Grand, les yeux clairs, la peau pâle, mais surtout élégant et avec de bonnes manières.

Ça exclue définitivement Mike ! rit Jessica, l'air soulagé. Probablement, j'acquiesce. Mais tu es au courant que cette espèce de garçon est en voie d'extinction, n'est-ce pas ? demande-t-elle. Oui, mais qu'est-ce que j'y peux, j'ai toujours aimé le vintage. Tu verras quand je viendrais avec ma voiture demain. Qu'a-t-elle de particulier ? fait Jessica, curieuse. Tu ne pourras pas la quitter des yeux, elle attire tous les regards. »

 

La cloche sonne et je sais que j'ai réussi ma quête quand j'entends Jessica grogner. Effectivement une fenêtre bleue me confirme mes pensées. Je me lève et grimace quand je me rappelle que je me dirige dans la fosse au lion. Angela, une gentille fille de la table. se propose de m'accompagner jusqu'à la classe puisqu'elle y assiste aussi. J'hésite deux secondes avant de rentrer dans la salle, repère le fil du ventilateur branché à côté de l'entrée, fais semblant de trébucher dessus et l'engin, privé de courant, s'arrête juste avant que je passe devant. Je remets mon bordereau à Monsieur Banner et me dirige calmement, du moins en apparence, vers ma place à côté d'Edward.

 

« Quête principale : survivre au premier cours de biologie… Récompense : survie… Pénalité : mort… durée : cours de biologie »

 

Je me doutais un peu de la nature de la prochaine quête et ça ne va pas être une sinécure à en juger par l'attitude d'Edward. Il est crispé, ses muscles sont tendus et le regard noir qu'il me lance m'indique qu'il est en train de délibéré s'il doit me tuer maintenant ou plus tard. Je me rappelle d'une discussion entre lui et Bella, dans le pré, je pense, où il avoue à demi-mot que s'il n'y avait pas autant d'étudiants autour et surtout sa volonté de ne pas décevoir Carlisle, il aurait tué Bella sur le champ. Et dans le livre, il a réussi à s'habituer à l'odeur et plus il apprenait à la connaitre, plus elle l'intriguait et plus le montre se tenait à l'écart. Je pourrais peut-être l'aider en le distrayant.

 

Bonne idée Eowyn ! Souffle-lui ton parfum au visage ! Je change d'avis et attrape une feuille de note. Après tout, ça a bien fonctionné avec Jasper et comme ça il n'a pas à respirer pour me répondre. J'écris rapidement.

 

« Tu vas bien ? Tu as l'air malade. »

 

Il lit la note et griffonne d'une écriture élégante :

 

« Je n'ai pas bien mangé récemment. »

 

Je ne loupe pas le double sens. Très bien suivons la même ligne de pensée.

 

« Tu devrais essayer de manger végétarien, il n'y a pas grand-chose de sain à la cantine. »

 

Je vois un sourire en coin sur son visage et je sais que j'ai fait le bon choix. Il écrit à son tour.

 

« Je pense que c'est une bonne idée. De toute façon je préfère les plats faits-maison. »

 

Je complète :

 

« La satisfaction de choisir ses aliments et de les préparer soi-même. »

 

Il acquiesce et se concentre sur le cours. Même si la tension de ses muscles est toujours visible, son visage n'exprime plus de douleur ni de dégout. Pendant le reste du cours, je m'efforce de respirer légèrement et calmement. Mon cœur reste stable et je finis même par me concentrer sur le cours. Après tout c'est mon domaine de spécialité et c'est intéressant de voir comment la biologie est étudiée aux États-Unis. Mon âme de professeur ressurgit et je me rappelle que je suis coincée dans un jeu. Je ne retrouverai peut-être jamais ma vie passée.

 

Mon cœur se serre et je sens un liquide toucher ma main. Je suis en train de pleurer et je ne m'en étais même pas rendue compte. Un tissu blanc apparaît dans mon champ de vision. C'est Edward qui me tend du bout des doigts son mouchoir restant à distance de moi. Je le remercie et essuie mes larmes discrètement. Une fois l'humidité éliminée, je lui rends, le remerciant un fois de plus. Il tente de me convaincre de le garder silencieusement, mais j'insiste et il le récupère sans un mot. La cloche sonne et il disparait de ma vue presque trop rapidement pour un humain.

 

Je souffle et me dirige vers mon dernier cours de la journée. La classe d'art est quelque chose que j'attends avec impatience. Je croise les doigts pour ne pas être dans la classe d'Edward, même si j'imagine qu'il doit être dans sa voiture délibérant encore une fois sur ma durée de vie comme dans le livre. Je m'assois à une paillasse libre et j'entends quelqu'un m'interpeler :

 

« Hey salut Eowyn. »

 

Je lève les yeux et aperçois Éric qui s'approche de moi rapidement. Pas assez apparemment parce qu'une silhouette massive s'empare de la place à côté de moi avant lui. Emmett Cullen… Je vois Éric bifurquer au dernier moment vers une place libre à proximité. Je me tourne vers la montagne de muscles qui me regarde d'un air moqueur.

 

« Tu l'as fait exprès, hein ? je lui demande. Tu sais que tu lui as foutu la frousse, j'espère.

Et à toi, je te fais peur ? répond-il en souriant sans exprimer le moindre remords. Tu aimerais bien… mais non. »

 

Je soupire avant d'ajouter :

 

« Ceci-dit, si j'en crois Jessica, je vais finir trucider d'ici peu. »

 

Il fronce les sourcils, alors je précise :

 

« Ta chérie semble être très protectrice vis-à-vis de toi… et tu viens de signer mon arrêt de mort en m'abordant. »

 

Il éclate de rire.

 

« Au moins il y en a un de nous deux qui trouve ça hilarant, je souffle. Dire que je m'étais dit en entrant dans le lycée ce matin : « Tu peux le faire, personne ne va te mordre… »

 

Le rire d'Emmett redouble et il se fait réprimander par le professeur qui vient de rentrer dans la salle. Le cours est passionnant et je mon intérêt ne diminue pas durant l'heure. Nous devons représenter une saison à travers un objet. Je sais déjà ce que je vais fabriquer, mais il me faudra quelques heures pour le réaliser. Emmett s'est fait plutôt discret, après notre discussion ou bien j'étais trop absorbée pour lui prêter attention. Il m'a souhaité une bonne soirée et a quitté la salle.

 

Je sors moi aussi et me dirige vers le bureau du secrétariat, pour remettre le bordereau dument complété. Quand j'ouvre la porte, je vois Edward essayer de changer son emploi du temps… Evidemment un courant d'air, lui balance mon parfum à la figure et il se fige en un instant, s'excuse auprès de Madame Cope et se dirige vers la porte. Je lui souris de toutes mes dents en rencontrant son regard noir. La surprise illumine ses yeux un bref moment avant qu'il ne passe le pas de la porte. Je donne le papier à l'aficionada des tenues de mauvais goût et retourne sur le parking.

 

Zut ! Il va falloir rentrer à pied… Une voiture s'arrête juste à côté de moi. A bord, se trouve Mike qui baisse la vitre.

 

« Je te dépose, beauté, dit-il sur un ton ringard.

Seulement si tu arrêtes ton jeu de charme, playboy ! Ça marche ! Allez, grimpe ! »

 

Il ouvre la portière côté passager et je me glisse sur le siège. Nous discutons de la journée et Mike se gare bientôt devant chez moi.

 

« Merci Mike. Ça m'arrange bien, je dois aller faire les courses. Il semble que mon père ait survécu exclusivement avec du poisson et de la bière... »

 

Il rit doucement, puis son regard devient sérieux. Oh mince ! Je le sens mal là !

 

« Si tu veux me remercier, accorde-moi un rendez-vous.

Euh… Je ne suis pas sûre Mike. Je crois que Jessica tient beaucoup à toi, dis-je, passablement gênée par son attitude entreprenante. »

 

Bon sang, il n'a pas semblé si direct avec Bella dans le livre.

 

« Qui s'en soucie ? »

 

Il hausse les épaules et me sourit en se rapprochant. J'attrape mon sac et saute de la voiture pour m'éloigner de lui. J'ouvre la porte de mon camion et lui répliquant :

 

« Eh bien moi, par exemple. Je ne vais pas trahir une nouvelle amie dès le premier jour. Et si c'est ainsi que tu traites les femmes, je préfèrerais que tu restes loin de moi. »

 

Je claque la portière et mets le contact, pendant que la voiture de Mike démarre et s'éloigne. Je me fige en l'entendant dire : « Que la chasse commence. »