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Chapitre 70 : L'Appel du Cœur

Point de vue de Aelynn

Le bruissement des feuilles sous le vent me réveilla doucement. La lune, pleine et lumineuse, baignait la clairière d'une lueur argentée. Je me redressai lentement, le dos encore endolori par la fatigue. À mes côtés, Marcus veillait toujours, le regard fixé sur l'obscurité de la forêt.

"Tu n'as pas dormi ?" murmurai-je, ma voix rauque.

Il tourna la tête vers moi, un léger sourire adoucissant ses traits. "Je n'ai pas besoin de sommeil quand il s'agit de veiller sur toi."

Ses mots, pleins de dévotion, réchauffèrent mon cœur. Pourtant, l'angoisse restait tapie au fond de moi, une ombre impossible à dissiper.

"Je dois y aller," déclarai-je soudain, brisant le silence apaisant.

Marcus fronça les sourcils. "Aelynn, il fait nuit noire. Nous devons attendre le lever du jour."

Je secouai la tête, me levant précipitamment. "Non, je ne peux pas attendre. Chaque instant perdu est une chance de moins de retrouver mes enfants."

Il se leva à son tour, s'interposant devant moi. "Ils sont vivants. Je le sais. Mais tu n'arriveras à rien si tu t'effondres en route. Laisse-moi t'aider."

Son ton était calme mais ferme. J'étais épuisée, il avait raison, mais l'idée de rester immobile alors que mes enfants avaient peut-être besoin de moi me déchirait.

"Pourquoi fais-tu cela, Marcus ?" demandai-je, la voix tremblante. "Pourquoi tiens-tu autant à moi ?"

Il plongea son regard dans le mien, ses yeux brûlant d'une intensité qui me fit frémir. "Parce que je t'aime, Aelynn. Et parce que je ne laisserai personne te prendre, ni te briser. Pas même toi-même."

Ses mots me laissèrent sans voix. Je savais qu'il m'aimait, mais entendre ces mots prononcés avec une telle conviction… c'était une promesse.

Je baissai les yeux, mes mains tremblantes. "Je ne sais pas si je mérite tout cela… toute cette protection."

Il saisit mes mains, les serrant doucement. "Tu le mérites plus que tu ne le crois. Et je serai là pour te le prouver."

Un silence s'installa, chargé d'émotion. Marcus fit un pas en arrière et me tendit la main. "Maintenant, viens. Nous allons marcher jusqu'à l'aube, mais seulement si tu promets de ne pas te pousser au-delà de tes limites."

Je pris sa main, le cœur légèrement apaisé. Nous marchâmes côte à côte, le murmure des arbres et le craquement des branches sous nos pas remplissant l'air autour de nous.

Au fil des heures, le silence entre nous se fit plus doux, moins oppressant. Je remarquai les petites attentions de Marcus : la façon dont il m'aidait à franchir les racines, comment il tendait son manteau lorsque le vent devenait plus frais.

"Tu es trop parfait, Marcus," plaisantai-je, tentant d'alléger l'atmosphère.

Il sourit, amusé. "Je suis loin d'être parfait. Mais je suis déterminé."

Je ris doucement, pour la première fois depuis des jours. "Tu es aussi têtu que moi."

"Il faut l'être pour suivre une femme aussi extraordinaire que toi," répondit-il, son regard pétillant.

Nous continuâmes à marcher jusqu'à ce que l'aube pointe à l'horizon. La lumière dorée baignait la forêt, et je sentis une lueur d'espoir renaître en moi. Mais alors que nous avancions, une silhouette se dessina entre les arbres.

Marcus se tendit immédiatement, son corps se plaçant en protection devant moi. La silhouette approcha, révélant une vieille femme enveloppée dans un manteau usé.

"Vous cherchez quelque chose, voyageurs ?" demanda-t-elle d'une voix rauque.

Je pris une inspiration profonde. "Mes enfants. Je cherche mes enfants."

La vieille femme plissa les yeux, observant Marcus puis moi. "Des enfants arrachés à leur mère... Cela arrive souvent ici."

"Pouvez-vous nous aider ?" insista Marcus.

Elle resta silencieuse un moment, puis hocha la tête lentement. "Peut-être… Suivez-moi."

Sans un mot de plus, elle tourna les talons et s'enfonça dans la forêt.

Je jetai un regard inquiet à Marcus, mais il hocha la tête, m'encourageant à la suivre. Nous la suivîmes en silence, chaque pas nous rapprochant peut-être un peu plus de nos enfants… ou d'un piège.

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