Point de vue de Aelynn
Le bruissement des feuilles s'arrêta net lorsque nous pénétrâmes dans la clairière. La vieille femme, enveloppée dans son manteau usé, s'effaça dans l'ombre sans un mot. Le silence se fit oppressant, et une tension glaciale s'installa autour de nous. Quelque chose n'allait pas.
"Marcus…" murmurai-je, la gorge nouée.
Il hocha la tête, ses yeux sombres scrutant les environs avec méfiance. Mais avant qu'il ne puisse répondre, un rire glacial retentit dans la nuit, suivi de plusieurs ombres s'échappant des arbres comme des prédateurs invisibles. Mon cœur se serra lorsque je reconnus l'homme en tête du groupe : Aric.
"Quelle agréable surprise," dit-il, sa voix suintant de mépris, tandis qu'il avançait lentement. "Aelynn... tu es encore plus belle que dans mes souvenirs."
Mon sang se glaça. Marcus se plaça instinctivement devant moi, son corps tendu comme un arc prêt à se rompre. "Si tu la touches..." gronda-t-il, une menace prête à éclater.
Aric éclata de rire. "Si je la touche ? Marcus, tu es seul. Tu crois pouvoir la protéger ?"
Sans prévenir, ses hommes se jetèrent sur Marcus. Ils étaient nombreux, bien trop nombreux. Malgré sa force et sa fureur, ils l'immobilisèrent rapidement, le forçant à genoux. J'hurlai, impuissante, en voyant Marcus se débattre comme un lion pris au piège.
"Ne fais pas ça !" crié-je, les larmes aux yeux.
Aric m'ignora, son sourire s'élargissant. "Il ne peut rien pour toi maintenant, Aelynn," susurra-t-il en s'approchant lentement.
Il tendit la main et, d'un geste brutal, attrapa le haut de ma robe. "Il est temps que tu sois à moi."
D'un coup sec, il déchira le tissu, dévoilant mes épaules et ma poitrine recouverte d'un fin sous-vêtement. La nuit froide mordit ma peau, et je frissonnai sous l'humiliation et la peur.
Marcus rugit, ses muscles se tendant sous l'effort désespéré de briser ses liens. "Si tu la touches, je te tuerai !" hurla-t-il.
"Tu n'es qu'un spectateur," répliqua Aric en ricanant, se délectant de ma vulnérabilité. Ses mains glacées s'attardèrent sur mes bras, glissant lentement vers mes hanches. "Si seulement Adrien pouvait voir cela... Mais il t'a oubliée, n'est-ce pas ?"
Mes yeux brillèrent de rage. "Tu ne me briseras jamais, Aric," crachai-je avec défi.
Il ricana encore, mais un frisson d'agacement traversa son visage. "Nous verrons cela."
Puis tout bascula. Marcus, à bout de force, poussa un rugissement si profond, si bestial, qu'il fit trembler l'air autour de nous. Ses muscles se contractèrent, et quelque chose changea en lui.
"Marcus ?" soufflai-je, terrifiée par ce que je voyais.
Ses veines noircirent et semblèrent pulser sous sa peau, luisant d'une lueur rouge sinistre. Ses yeux devinrent deux flammes écarlates, et son corps se transforma lentement en une créature que je n'avais jamais vue. Son pelage noir apparut, luisant sous la lune, parcouru de veines rouges comme la lave.
Il était devenu un loup gigantesque, un prédateur féroce et terrifiant.
Aric recula, les yeux écarquillés par la peur. "Qu'est-ce que tu es ?" murmura-t-il, horrifié.
Marcus ne répondit pas. D'un bond, il se jeta sur Aric, enfonçant ses crocs dans son épaule. Le cri d'Aric déchira la nuit, un hurlement de douleur qui fit reculer ses hommes.
Je restai figée, tétanisée par la vision de cette créature qui n'était plus entièrement Marcus. Ses mouvements étaient brutaux, rapides, impitoyables. Aric se débattit, mais il n'était qu'un jouet entre les griffes de cette bête.
Les hommes d'Aric fuirent, pris de panique, mais Aric était déjà à moitié mort, sa chair déchirée.
"Marcus, arrête !" criai-je, retrouvant ma voix dans un mélange de terreur et d'espoir. "S'il te plaît, arrête !"
Je me précipitai vers lui, ignorant la peur qui me hurlait de fuir. Je posai mes mains sur son pelage brûlant. "Ce n'est pas toi. Reste avec moi."
Il grogna, mais je ne reculai pas. Ses yeux rouges rencontrèrent les miens. "Reviens, Marcus. Tu as gagné."
Le loup hésita. Peu à peu, les veines rouges perdirent leur éclat, et la silhouette monstrueuse de Marcus se réduisit lentement. Sa forme humaine réapparut, tremblante et épuisée, ses genoux frappant le sol.
Je l'enveloppai dans mes bras, des larmes roulant sur mes joues. "Tu es là," murmurai-je en le serrant contre moi. "Tu es revenu."