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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · อะนิเมะ&มังงะ
เรตติ้งไม่พอ
125 Chs

Chapitre 93

Le premier mot qu'Ochaco Uraraka avait prononcé était 'argent'.

Même enfant, même quand elle n'avait pas encore prit conscience de l'existence de son être dans un monde infiniment plus grand qu'elle ne le serait jamais, Ochaco était certaine d'une chose.

L'argent, c'est le pouvoir.

Avec de l'argent on peut acheter autant de nourriture qu'on veut. 

Avec de l'argent on peut être libre et faire tout ce qu'on veut.

Argent, argent, argent…

Lorsqu'elle avait huit ans, l'entreprise de son père avait fait faillite.

Un problème avec des bâtiments construits 'non conformes aux normes' et une menace de 'poursuite en justice' par la mairie, ou quelque chose comme ça.

En allant se chercher un verre d'eau en pleine nuit, Ochaco avait entendu ses parents se disputer.

'Tu m'avais promis que ça n'arriverait plus ! Tu avais dis ! Tu avais juré !'

Puis Ochaco avait vu l'ombre de sa mère, projetée sur le sol à travers l'interstice de la porte entre-ouverte, se prendre la tête à deux mains. Elle pleurait.

L'ombre de son père s'était approchée.

'On va surmonter ça, d'accord ? C'est ce qu'on a toujours réussi à faire, et c'est ce qu'on fera toujours'

Sa mère l'avait violemment repoussé.

'Qu'est-ce que je vais dire à Ochaco ?'

A dix ans, Ochaco travaillait déjà comme réceptionniste dans ce qu'il restait de l'entreprise de son père.

Elle prenait les appels et quand on lui demandait quel était le problème avec sa voix, elle s'inventait une opération chirurgicale qui avait mal tourné ou une voix fluette de naissance. 

Ochaco détestait sa vie, la misère, ses parents. 

Un jour, elle avait demandé à sa mère pourquoi est-ce qu'ils avaient voulu avoir un enfant.

Sa mère avait rit et lui avait remit une mèche de cheveux derrière l'oreille.

'Parce que ton papa et moi on s'aime, et qu'on voulait un bébé qui soit un peu de nous deux et qui ait le meilleur de chacun'

Ochaco trouva l'excuse bidon et ne se gêna pas pour le dire.

Sa mère, furieuse, l'avait envoyée dans sa chambre – partagée avec ses trois cousins.

A quoi avaient pensé ses parents, hein ? Ils n'avaient pas d'argent, n'avaient quasiment jamais de quoi boucler les fins de mois, n'arrivaient même pas à se nourrir eux-mêmes, et ils avaient décidé – sans son accord – de la traîner là-dedans ?

Ochaco les méprisait.

Avoir un enfant 'par amour' était la chose la plus stupide qui soit.

A treize ans, Ochaco avait réussi à obtenir un petit boulot à l'épicerie du coin.

Ses oncles, qui travaillaient eux-aussi dans l'entreprise de son père, l'avait félicitée.

'Regarde moi cette petite débrouillarde. Vraiment aussi forte que ta mère… Dis moi, ça te dérangerait d'aller m'acheter un paquet de clopes ? Je te rembourserai en début de mois. Quoi ? Fais pas cette tête. On est de la même famille toi et moi, non ?'

Ses copines pouvaient se permettre de se plaindre de l'école, parce qu'elles n'avaient pas 'besoin' de réussir comme elle. 

Ses copines avaient des activités extrascolaires, recevaient de beaux et chers cadeaux de la part de leurs parents, vivaient avec l'insouciance de ceux qui savent qu'ils auront à manger dans leur assiette ce soir.

'Si j'avais de l'argent j'irai dans un restaurant comme celui du centre ville là, le grand avec la véranda, et je commanderai tout ce qu'il y a sur la carte et je louerai toute la salle'. Yeux brillants.

'Si j'avais de l'argent j'irai sur une île avec pleins de mannequins et après...'. Sourire torve.

'Si j'avais de l'argent, je serai aussi pourri que tous ces vieux milliardaires qui bousillent notre planète'. Rire gras.

'… argent…. argent...'

On se disputait pour l'argent, on s'entre-tuait pour l'argent, on vivait pour l'argent.

L'argent fait le bonheur.

Et Ochaco voulait être heureuse. 

Alors elle chercha un moyen de se faire plus d'argent.

Elle avait déambulé dans les rues des quartiers mal famés, s'était laissée matée sans vergogne par des hommes qui auraient pu être son père, avait estimé l'intensité de leurs sifflets à la somme qu'ils seraient prêts à payer pour l'avoir elle.

Et puis un jour, elle avait rencontré quelqu'un qui lui avait fait miroiter une très grosse quantité d'argent en échange d'un peu de son temps et de son énergie.

'Ce sera l'affaire de quelques mois, ou peut-être quelques années. Et après tu seras riche. Tu veux être riche, hein ? Pour sortir de ce trou paumé et voir ce que c'est que la vraie vie'

Il y avait d'autres adolescents comme elle, aux yeux hagards et au coeur affamé.

Ils avaient dû se battre. Souvent. Aucun d'entre eux n'avait bronché. 

Ochaco avait gagné parce que l'option de perdre n'avait jamais existé.

Après ça, tout s'était passé très vite. 

Et maintenant elle était au pied du mur.

'S'il arrive quoi que ce soit à Bakugo, je te tuerai'.

Le regard que lui avait lancé Shoto à cet instant parlait de lui-même : il savait.

Mais comment ?

Elle avait toujours bien couvert ses traces. Elle faisait attention au quand, comment et où, lorsqu'elle utilisait son Alter. 

Elle n'avait jamais contacté qui que ce soit à travers son propre portable.

Aoyama avait beau être une balance qui travaillait pour Nezu, il n'aurait jamais dénoncé Ochaco – pas quand la vie de son frère était en jeu.

Ochaco se rongea l'ongle du pouce, sourcils froncés, jambe tressautant.

Comment ?

Ou peut-être que Todoroki ne savait pas. Peut-être qu'il avait bluffé. Peut-être qu'elle se faisait des films. Peut-être…

Du sang, métallique et salé, tâcha le bout de sa langue.

Ochaco retira son pouce de ses lèvres, observa la morsure une seconde, essuya ce qui continuait à perler sur le revers de son pantalon.

Qu'est-ce qui avait pu la trahir ?

Elle avait été discrète. Elle n'était jamais restée seule durant le camp de vacances – pas même lorsqu'elle allait se doucher – afin de toujours avoir un alibi solide.

Les cartes à collectionner qu'elle avait échangées avec d'autres élèves n'étaient pas toutes factices. Même si elle avait fait une erreur et laissé une quelconque empreinte dessus, l'explosion devait les avoir toutes annihilées au point où il ne subsisterait pas le plus petit grain de poussière.

L'espoir regagna Ochaco.

Oui, la carte la plus compromettante – le détonateur de Kaminari – n'avait pas laissé une seule trace de son existence. 

Comment Todoroki – comment quiconque – pouvait donc la soupçonner de quoi que ce soit ?

Elle avait couvert ses arrières, elle était plus que certaine qu'Aoyama ne dirait rien, Denki était plongé dans un coma artificiel post-chirurgie et personne ne l'av-

La respiration d'Ochaco se bloqua dans sa gorge.

- Uraraka ? Ca va ?

L'adolescente leva des yeux remplis d'effrois sur Yaoyorozu, assise sur un lit d'hôpital.

- T'es toute pâle

Ochaco papillonna bêtement des cils, ses yeux faisant des va-et-vient entre Kyoka et Yaoyorozu qui la regardaient avec surprise.

Tout à coup elle se leva, passa sa langue sur ses dents, essaya de parler puis se rendit compte à quel point sa gorge était sèche.

- Les toilettes. Faut que j'y aille. Je reviens.

Sa voix était râpeuse enrouée.

- Och-

Elle claqua la porte derrière elle et s'y adossa une seconde, le temps de se reprendre.

Son sang pulsait si violemment à ses tempes que, durant une seconde, elle n'entendit rien d'autre que le son de sa propre panique entrecoupée de ses halètements.

Les garçons l'ont dit, Todoroki a vu Kaminari juste avant l'explosion. Et s'ils avaient eu le temps de parler ? Et s'il avait pu voir la carte ?

Elle se rendit à peine compte que son pouce s'était remit à saigner et qu'elle avait tâché la poignée de la porte.

Elle balaya le couloir du regard, ses yeux vitreux enregistrant à peine ce qu'elle voyait.

Quelques infirmières le nez dans leurs calepins, une vieille femme dans un fauteuil roulant qu'on avait abandonnée à côté des sièges vissés au mur.

Ochaco passa une main tremblante sur le bas de son visage, interdite, puis se mit à marcher à pas lents.

La probabilité que Todoroki revienne après que le boss l'ait emmené était quasi nulle, mais pas impossible.

Si jamais il revenait… non, il ne reviendrait pas. 

Kaminari ne s'était pas réveillé, pas encore, mais quand il le ferait, on lui poserait des questions, comme il était le témoin oculaire le plus proche de l'explosion. 

Ils voudraient savoir ce qu'il faisait là-bas, à qui il avait parlé, ce qu'il avait dans les mains pour que son visage se retrouve criblé de shrapnels comme il l'était…

Ochaco s'arrêta au milieu du couloir.

A la seconde même où Kaminari se réveillerait, tout serait fini pour elle. 

Elle n'arriverait pas à s'enfuir – pas avec Eraser Head dans les environs.

Mais si elle créait assez de confusion, par exemple en écrabouillant l'hôpital tout entier, alors peut-être…

Si elle se faisait attraper, ils la livreraient d'abord à la justice puis la Commission Héroïque prendrait le dessus. 

Ochaco avait entendu beaucoup de choses sur la Commission, et s'il y avait bien un endroit qu'elle préférait mourir pour éviter, c'était bien leurs locaux.

Elle n'avait pas le choix.

Il fallait qu'elle se débarrasse de Kaminari.

On la bouscula.

Ochaco trébucha sur son propre pied mais se reprit.

Un homme en blouse bleue s'excusa à profusion et elle fit de même, à mi-voix, avec une demi-seconde de retard.

Ochaco balaya à nouveau le couloir vide du regard puis retourna sur ses pas.

Elle passa la chambre de Yaoyorozu, dépassa celle de Kirishima – bruyante, même à cette heure tardive – ne jeta même pas un coup d'oeil à celle d'Hagakure.

Arrivée devant la porte de Kaminari, Ochaco était recouverte d'une sueur glacée.

Elle renfila, essuya son nez qui gouttait d'un revers de main, regarda à nouveau d'un côté et de l'autre du couloir.

Puis elle entra. 

La salle était plongée dans la pénombre, la lumière blafarde de la lune entrant à peine par l'espace entre les rideaux mal fermés.

Une odeur d'antiseptique et de pisse flottait dans l'air.

Le 'bip bip' régulier des moniteurs vitaux calma aussitôt Ochaco. Son coeur se cala sur leur rythme.

Allongé dans le lit et relié par une demi-douzaine d'intraveineuses à des poches en plastique et des machines se trouvait Kaminari, le visage enveloppé de gaze.

La lumière argentée l'éclairait en diagonale, illuminant ses paupières recouvertes de cicatrices rosées, plus claires que sa peau.

Il était méconnaissable, enveloppé comme une momie sur le point d'être mise en terre.

Ochaco eut un temps d'arrêt, retourna à la porte pour y lire à nouveau le Denki Kaminari rédigé à la hâte sur une feuille. 

Elle balaya à nouveau la chambre du regard, son attention ne s'accrochant sur rien en particulier. 

Ses yeux se vissèrent sur Kaminari. 

Ce ne serait pas la première fois qu'elle tuerait pour couvrir une erreur, mais la première fois avait été faite dans le feu de l'action – alors ça lui enlevait un peu de responsabilité.

Cette fois, par contre, ce serait un meurtre prémédité.

Ochaco pensa aux séries policières qu'elle avait déjà vues, essayant de se rappeler combien elle risquait si elle se faisait prendre. Elle n'avait pas de chiffres en tête mais elle savait qu'avec une préméditation, elle prendrait beaucoup plus.

Ochaco s'imagina les documentaires criminels qu'on ferait à son sujet. 

Elle voyait les gros titres, entendait déjà les pseudo-experts du comportement qui la traiteraient de lunatique, de folle, de femme vampire assoiffée de sang et de pouvoir, et qui faisait honte à toutes les femmes. 

Son cas serait politisé, on la verrait uniquement comme ce monstre crée par la société et son hyper féminisme croissant.

Parce que, bien sûr, quand on était une femme, on avait soit le choix entre être 'douce et aimante' ou être un 'tyran dépourvu d'instincts maternels' et trop 'masculine' pour son propre bien.

Ochaco alla jusqu'au lit, avançant du pas de celui qui se promène au milieu d'un parterre de fleurs.

Ses semelles couinaient à chacun de ses pas, lui rappelant une paire de chiots qu'on étouffe dans un sac.

Dos à la lune, son corps projeta une ombre sur le visage de Kaminari.

Ochaco et lui ne se connaissaient pas très bien.

Elle se rappela qu'il lui avait prêté une gomme, une fois, en cours de maths. Il avait été un de ceux à l'avoir encouragée au festival lorsqu'elle allait affronter Todoroki, bien qu'ils savent tous qu'elle allait perdre. 

En fin de compte, ce n'était qu'un étranger. 

Tant mieux.

Ochaco retira la pince métallique accrochée au doigt de Kaminari puis l'accrocha au sien.

Elle prit un de ses coussins et le mit sur son visage. 

Puis elle jeta tout son poids dessus et l'étouffa.

Ochaco regarda le plafond, comptant jusqu'à 300 à voix basse, refusant d'enregistrer dans son esprit le gémissement surpris de Kaminari ou la façon dont ses doigts, faibles, griffaient contre le drap blanc.

Le moniteur – qui était maintenant branché sur Ochaco – continua ses bip réguliers.

Ochaco finit de compter mais ne se releva pas.

En dessous, ça faisait bien longtemps qu'il n'avait plus eu la force de se débattre.

Elle ajouta 120 secondes à son décompte, afin d'être certaine que même si Kaminari s'en sortait par un quelconque miracle, il devienne un légume incapable de la moindre cohérence.

Ochaco se redressa, remit le coussin comme elle l'avait trouvé, tâta la machine jusqu'à trouver la prise, la retira, déchira légèrement le fil qui reliait la pince à la machine, la rebrancha à nouveau.

Le moniteur ne présentait aucun signe vital mais il ne sonna pas.

Ochaco remit la pince sur le doigt de Kaminari, sans jamais regarder son visage.

Rien.

Elle essuya tout ce qu'elle avait touché du bout de son t-shirt puis s'en alla à nouveau.

Elle posa une main sur la poignée de la porte.

Ses yeux balayèrent une dernière fois la salle du regard.

Il n'y avait rien qui puisse la trahir.

Elle ouvrit la porte.

Et c'est alors qu'elle tomba nez à nez avec Neito Monoma.