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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · อะนิเมะ&มังงะ
เรตติ้งไม่พอ
125 Chs

Chapitre 73 - Chasseurs

A ma plus grande surprise, le public avait adoré mon 'petit numéro d'adolescent prétentieux et sûr de lui'.

Le #SoloRingerDeYuei était resté en top tendance US durant quatre journées entières, et des milliers de montages vidéos de ma performance aux jeux avaient été faits, inondant Tiktok de ma présence.

Des comptes fans avait émergé ça et là sur divers réseaux sociaux et certains étaient même passés à la télé.

'Does he has an instagram ? Someone please link it, he's fine as hell'

'Je sais pas si vous réalisez mais #ShotoTodoroki a fumé tous les élèves de son niveau à lui seul'

[Lien vidéo]

'Я люблю Тодороки, пожалий женись на мне !'

Je scrollai plus bas, regardant les réels qui cumulaient des centaines de milliers de likes.

Il y avait une musique dans le fond puis on me voyait, sortant du tunnel avec mes flammes qui me propulsaient ; zoom sur mon visage lorsque j'apparus d'un nuage de brume, expirant de la buée après avoir utilisé mon alter de glace. Plan large sur moi qui marchait calmement et au rythme de la musique dans l'arène que j'avais réduite en une rivière de ciment. Ca se terminait sur moi qui prenait ma médaille des mains d'All Might et me la décernait moi-même.

- Bordel ça fait une heure que tu regardes tes vidéos à deux balles, tu veux pas t'arrêter ?!

Je levai les yeux sur Bakugo, assis à ma gauche, qui scrollai sur son portable furieusement.

Je me penchai par dessus son épaule en y voyant une chevelure familière.

- Mes vidéos ont même atteint la ô combien unique for you page de Katsuki Bakugo ?

Bakugo scrolla rapidement mais les trois prochaines vidéos étaient aussi à mon sujet : fulminant, il ferma l'application et croisa les bras sur son torse pour m'ignorer.

J'étouffai un rire ; une veine palpitante apparut sur son front.

- Shoto et Katsuki, nous avertit Aizawa à voix basse à l'autre bout du bus.

Les autres élèves dormaient profondément ; la bombe humaine et moi étions les seuls encore réveillés, et vu le chaos qu'avaient été les deux premières heures de voyage, Aizawa devait vraiment tenir à ce que personne ne se réveille à cause de nous.

Je fis mine de ne pas l'entendre alors que Bakugo – qui avait rouvert un œil – expira bruyamment.

- Ce type a une ouïe surhumaine ou quoi, marmonna-t-il

- On s'est mit dans le fond du bus et même là il arrive encore à nous entendre

En fait je m'étais assis le premier dans le bus et avait réquisitionné la banquette du fond : Bakugo, comme le délégué responsable qu'il était, avait compté les élèves et les avait forcés à se répartir dans le bus pour 'éloigner les emmerdeurs' les uns des autres, comme il avait dit.

Ensuite, comme il n'y avait plus vraiment de place, il avait été forcé de s'asseoir à côté de moi ; comme il n'avait pas fait de scène j'en avais conclu que ça ne le dérangeait pas plus que ça, et vu qu'il m'adressait la parole de façon impromptue, je pouvais dire qu'il appréciait ma compagnie. Ou qu'il me détestait moins que la moyenne des gens qu'il détestait. Difficile à dire, avec lui.

Bakugo se tourna à nouveau vers mon portable où la vidéo de ma médaille auto décernée tournait en boucles.

- T'es adulé par des centaines d'inconnus et détesté par la moitié de la classe, cherchez la logique.

Il était calme, maintenant, et parlait sans s'égosiller comme une truie.

- Des milliers d'inconnus, corrigeai-je. Et franchement leur opinion (Je haussai les épaules, me tournai vers lui). Et c'est pareil pour toi, non ? Pour la partie détesté par la moitié de notre classe, je veux dire. Pas pour le côté adulé.

Il plissa les yeux, me lança un coup d'oeil de côté et ajouta :

- T'as envoyé la moitié des élèves à l'hôpital et les gens parlent de toi comme si t'étais le messie.

Il était perplexe : je le voyais à ses sourcils froncés et son attention rivée sur mon écran.

- C'est ça, le truc : tu vois, si j'avais juste fanfaronné mais que je m'étais fais écrasé, on se serait souvenu de moi comme le fils arrogant du numéro 2. Mais comme j'ai été largement à la hauteur et plus encore, les gens ont adoré (Katsuki m'écoutait avec attention, étonnamment) On sait tous les deux que tout ce que j'ai fais est moralement discutable pour un futur héros, mais les gens s'en fichent.

Je tapotai mon écran plusieurs fois du doigt pour appuyer mes propos.

- Si t'as les capacités pour soutenir ton ambition, tu verras que personne n'y trouvera jamais rien à redire : la confiance et le pouvoir, ça force le respect de n'importe qui.

Katsuki m'étudia quelques secondes, avant de lâcher un 'hmm', se détourner et enfoncer ses écouteurs dans ses oreilles, me signifiant la fin de la conversation.

Je soupirai brièvement et retournai à mon écran, ne pouvant m'empêcher de continuer à regarder les edits.

Bordel mais à qui est-ce que j'essaie de faire croire toutes ces conneries ?

Même ma suprématie en vidéo 4K ne parvenait pas à me distraire de l'horreur de mon existence : j'étais dans un bus de pauvres, entouré de ploucs qui n'avaient les moyens que de prendre une seule douche par jour.

Mon odorat sur-humain captait les effluves de parfum et de déodorant bon marché avec une aisance digne des plus grands : par conséquent j'étais condamné à sentir l'odeur de la pauvreté pour le reste du temps que durerait le trajet.

Dire qu'Aizawa a refusé de me laisser venir en moto.

Une histoire de destination confidentielle, un truc comme ça.

N'empêche que j'étais reconnaissant à Kenzei et à… bref, j'étais reconnaissant de porter un masque. Les odeurs étaient un peu moins fortes avec, c'était déjà ça.

Mes yeux retournèrent à mon écran alors que je scrollai les hastags.

Je pouvais tout de même reconnaître que s'il y avait bien une chose à apprécier dans le métier de héros, c'était les fans : rien de mieux que des gens assez ennuyés dans leur vie pour faire des montages vidéos (épiques, de surcroît) sur la vôtre.

Je comprends comment le vieux a développé un complexe de supériorité dans la vingtaine.

J'avais vu des vidéos de ses interviews, et je peux le dire sans exagérer que mon égo n'est rien face à ce qu'était le sien à son prime.

Heureusement, la paternité l'a adouci – enfin c'est ce qu'il m'a dit. Pour moi, il a juste prit un gros coup de vieux.

Le bus passa dans un nid de poule et fut brièvement secoué ; le sac qu'Aizawa-sensei gardait à ses côtés se cogna contre son siège avant de tomber, s'ouvrant légèrement.

Mes yeux se portèrent automatiquement sur l'objet métallique scintillant entre un tas de corde emmêlées. Aizawa ramassa son sac précipitamment et je détournai le regard aussitôt, faisant mine d'être concentré sur mon écran.

*

Quatre heures de bus dès l'aube un lundi matin n'était pas ce que j'aimais le plus au monde, mais il y avait pire. Et puis la vue était pas trop mal non plus.

- Je savais même pas qu'il y avait du désert au Japon

Kirishima siffla d'un ton admiratif sur ma gauche, ses yeux se perdant dans l'immensité du sable qui s'étendait sur des kilomètres devant nous.

Des dunes dorées chatoyaient sous le soleil d'une belle matinée d'été, le ciel d'un bleu azur parfait, sans aucun nuage : au-delà s'étendait une mer scintillante à perte de vue.

Yuei a vraiment les moyens pour se permettre d'avoir une partie du littoral japonais comme terrain privé – sans compter les aménagements qu'un tel lieu a dû nécessiter. Un désert miniature, ça nécessite un certain budget.

- Tu devrais plutôt te demander pourquoi Aizawa a arrêté le bus, rétorquai-je. Il ne l'a pas fait une seule fois en quatre heures, même quand Uraraka lui a dit qu'elle risquait de se pisser dessus d'une seconde à l'autre.

Le chauffeur s'était d'ailleurs vu refusé catégoriquement la seule pause cigarette qu'il avait demandée. Ca devait s'apparenter à de la prise d'otages puisque, légalement, un chauffeur de bus devait prendre une pause de dix minutes toutes les deux heures minimum.

Kirishima me lança un sourire contrit puis se gratta la joue.

- Ah bon ? C'est vrai que j'ai dormi la majeure partie du voyage, je pensais juste que j'avais raté les pauses.

- Plutôt observateur, Todoroki, me complimenta Monoma en arrivant de je ne sais où à l'improviste. Tu as remarqué d'autres choses intéressantes ?

Je le regardai droit dans les yeux.

Oui, par exemple le fait que c'est la huitième fois qu'Aizawa regarde sa montre en moins de trois minutes, ce qui signifie qu'il attend un signal quelconque pour la suite des évènements.

Ochaco est partie aux 'toilettes' il y a plus de quatorze minutes et douze secondes et ça commence à faire long, même si elle a la chiasse.

Mon suspect potentiel comme traître de la classe s'est éloigné du groupe et est actuellement en train de prendre une tonne de selfies sous tellement d'angles différents que trouver où nous sommes sera tout sauf difficile pour la personne à qui il les envoie.

Ca fait plus d'une heure qu'on a roulé en bus et que je n'ai pas vu un seul bâtiment ou un seul signe de civilisation humaine sur plusieurs kilomètres à la ronde, même avec ma vue sur-humaine : si on se fait attaquer ici par des vilains, force est de constater qu'au moins 60% d'entre-vous seront morts ou grièvement blessés dans l'heure qui précédera l'arrivée des secours.

Je détournai le regard.

- Rien d'autre en particulier, non : j'ai juste prêté attention au seul évènement notable de la journée, c'est tout.

Monoma m'étudia encore quelques longues secondes, eut cet immense sourire un peu tordu qui ne le quittait jamais avant que son attention ne fût happée par la présence de Bakugo qui contemplait la distance séparant la route du désert en contrebas.

- Yo, Bakugo

Il s'approcha de lui à grandes enjambées et le frappa dans le dos, si bien qu'il manqua à peine de le faire passer par-dessus la barrière de sécurité.

Le blond l'attrapa par le col de son t-shirt et le secoua, n'ayant visiblement pas apprécié.

- Je sais que je ne devrai pas dire ça d'un camarade, mais Monoma est vraiment bizarre.

- … Ouais

Aizawa intervint lorsque Bakugo menaça de transformer Monoma en barbecue.

- Bien joué, au fait, pour ta victoire au Championnat

Kirishima se frottait la nuque et me souriait nerveusement, comme s'il avait peur que je m'énerve.

- … d'accord ?

Ca datait déjà de jeudi dernier et je ne comprenais pas pourquoi il mettait ça sur le tapis maintenant.

- Je veux dire, j'aurai dû te féliciter plus tôt, parce que tu le mérites hein, mais c'est juste que j'ai eu un peu de mal sur le coup (Comme je ne voyais pas où il voulait en venir, il continua à s'expliquer:) Tu sais, vu que tu as été un peu intense, et que t'as envoyé Inaza et un bon nombre d'élèves à l'infirmerie… (il devint rouge, secoua ses mains) je dis pas que tu es violent, mais ton comportement était pas très héroïque et on est à Yuei, alors je trouvai ça bizarre de te féliciter pour avoir fait hospitalisé la moitié des élèves de notre niveau...

- Ne te justifie pas

Je ne m'étais attendu à recevoir des félicitations d'aucun membre de la classe, alors je ne comprenait même pas pourquoi ça le mettait dans de tels états de ne pas l'avoir fait.

- Non, j'ai bien réfléchi, et j'ai eu tort : tu as gagné le championnat à la loyale, et je n'aurai pas dû t'en tenir rigueur pour tes méthodes.

Ah. Je vois.

Le fameux : la fin justifie-t-elle les moyens ?

Pour Kirishima, il était clair que non.

- Passons à autre chose, veux-tu ?

S'excuser lui tenait vraiment à coeur, à en croire l'immense sourire qui illumina son visage.

Personnellement je m'en fichais, mais si ça pouvait le faire taire...

Aizawa – qui traînait Bakugo par le col de son t-shirt – le lâcha une fois arrivé à ma hauteur.

- Shoto, garde un œil sur lui.

- J'ai l'air d'être nounou à temps partiel ?

Le professeur me décocha un regard de travers en grimpant les escaliers du bus.

- Fais en sorte qu'il ne s'en prenne pas à un autre élève le temps que j'aille chercher ce qu'il faut, sinon tu seras de corvée nettoyage des toilettes communes pour toute la durée de notre séjour

Ni une ni deux et j'étais déjà en train de traîner Bakugo par son t-shirt alors qu'il entrait dans une énième dispute avec un élève aléatoire de notre classe.

J'avais eu bon espoir, au début, que le fait qu'il entrait de façon semi-régulière dans des concours de hurlements (à sens unique) avec les autres élèves de la classe rendrait ses cordes vocales nulles et non avenues, mais il semblerait que j'ai eu tort :

- Dis moi, tu serais pas le fils caché de Mic-sensei ?

Il arrêta temporairement de crier.

- Hein ?

- Laisse tomber

Aizawa redescendit du bus, un bocal en verre remplit de papiers sous le coude.

Il avait l'air encore plus mort que d'habitude, avec ses cernes de dix mètres, sa barbe pas rasée et son chignon duquel sortaient des mèches ça et là.

Est-ce que l'oncle propre et irréprochable n'est pas une façade qu'il présente uniquement à sa famille ? Parce que le rôle du SDF lui va tellement comme un gant que je commence à avoir des doutes.

- Vous tous, venez par ici (Il fit signe à tout le monde se s'approcher) Dépêchez-vous, on a pas toute la journée.

Tout le monde se réunit dans un demi-cercle approximatif autour de lui.

Monoma, un peu en retrait sur la gauche, se pencha légèrement pour jeter un coup d'oeil au sac d'Aizawa-sensei ; il arcqua un sourcil puis hocha la tête, semblant adhérer à l'idée de ce qui se trouvait dedans.

Je fis mine de me concentrer sur Aizawa mais observait du coin de l'oeil Aoyama qui continuait à prendre des selfies à l'arrière du groupe. A en juger par l'angle de l'appareil, on ne devait y voir qu'une partie des élèves, le prof et le désert dans le fond.

Nous traquer jusqu'ici va être un vrai jeu d'enfants pour la ligue.

- Aoyama, j'ose espérer que tu n'envoies ces photos à personne.

Le blond sursauta et se tourna lentement vers notre professeur.

- … C'était juste un souvenir pour que je me rappelle à quel point ce séjour était magnifique

Aizawa plissa ses yeux durant une fraction de seconde, si vite que je l'aurai manqué si je n'avais pas regardé, avant de reprendre son attitude non-chalante.

Oh ?

- Okay, allez tout le monde déposez vos portables ici.

Il poussa un bac en plastique du pied dans la direction globale de notre groupe.

- Sérieux Aizawa-sensei ?

- On est au milieu de nulle part, on va clairement-

- M'obligez pas à venir les chercher moi-même

Une ligne d'adolescents mécontents se forma jusqu'à la caisse, chacun y mettant son portable avec plus ou moins de regrets.

- Pardon, je ne suis pas en retard ?

Une Uraraka essoufflée jaillit des bois en courant. Des brindilles et des feuilles étaient logés dans ses cheveux en pagaille, ses vêtements froissés ; j'aurai bien voulu avoir l'air ostensiblement dégoûté face à sa tenue de paysanne, mais autre-chose accapara mon attention.

Aoyama déposa un portable à la coque bleue pailletée dans le bac et s'en alla en traînant des pieds, abattu.

Vint ensuite le tour de Bakugo qui-

- C'est mon père là-dessus ?

J'étouffai mon rire derrière ma main alors que Bakugo vira au rouge en un quart de seconde.

- Ma dernière coque s'est cassée et ils avaient rien d'autre que cette nullité…

Il essayait de se justifier et s'énerva en voyant que j'y croyais pas une seconde.

- Tu veux un autographe tant qu'on y est ? Je suis que son fils, mais ça devrait compter pareil non ?

Katchan serra les poings, une veine palpitant dans son cou.

- J'en veux pas de la signature à deux balles de ton vieux !

- Il ne faut pas avoir honte, Bakugo-san !, s'écria Inaza, tout sourire. J'éprouve moi aussi une très grande admiration pour Endeavor-sama !

Il pointa fièrement du doigt son propre portable où se trouvait un fond d'écran de mon père à vingt cinq ans… torse-nu ?

Je clignai des yeux. Lentement.

- … alors ça c'est carrément louche

Bakugo hocha lentement la tête, ses yeux plissés.

- C'est ses sourcils, ils le rendent diabolique

Aizawa s'empara du téléphone d'Inaza, visiblement agacé.

- J'ai dis de vous bouger, pas de taper la discussion

Il tendit sa main vers Uraraka, la dernière à ne pas avoir encore remit son portable.

Elle lui tendit le combiné rose qu'il mit fermement avec les autres avant de refermer la boîte devant nous.

- J'espère que tout le monde m'a bien remit son portable et tout autre appareil électronique ; si ce n'est pas le cas, je vous conseille de le faire maintenant (silence). Bien, le premier que je vois avec un portable où tout autre appareil de communication entre les mains durant le mois à venir sera expulsé du lycée et fera l'objet d'une enquête criminelle.

Il y eut quelques rires jaunes – Iida lui-même eut un bref rire un peu nerveux, sourcils légèrement froncés, ayant visiblement du mal à savoir s'il plaisantait ou non.

- Pourquoi vous riez ? Ne rigolez pas. Il n'y a rien drôle.

Aizawa-sensei ou comment tuer l'ambiance en 0,3 seconde.

Denki se pencha vers Kirishima et chuchota :

- Y'a pas un film d'horreur qui commence pareil ?

- Si, sauf que ça se passe dans une forêt et que le guide est en fait le meurtrier, ajouta Séro tout aussi bas

Merde, il y avait pas une sorte de vilain cannibale dans la forêt du camp d'été original ?

Mes souvenirs du canon étaient de plus en plus flous, mais ce type m'avait fait une impression durable.

- Dans ce bocal (Aizawa tapa ses phalanges dessus) se trouvent vos noms. Je vais vous appeler deux par deux et vous devrez vous mettre en groupe avec votre binôme derrière moi.

Il tira les deux premiers du lot :

- Tenya et Kaminari

L'adolescent à lunettes se précipita derrière le professeur, s'y tenant droit comme un piquet.

Les épaules de Denki s'affaissèrent alors qu'il traîna des pieds vers son partenaire ; Séro se moqua de lui ouvertement et le blond lui fit un doigt qu'il cacha dans son dos, ce qu'Aizawa ne pouvait voir.

- On se bouge, on a pas toute la journée (Il prit deux autres noms). Uraraka et Aoyama (puis) Kirishima et Séro...

Les deux garçons se tapèrent dans la main, ravis.

Il continua à énoncer les binômes alors que je comptai mentalement le nombre de papiers restants et de personnes non groupées. Il y avait un problème : il manquait trois papiers pour trois personnes.

Si tant est qu'on supposait qu'Inaza (qui se baladait avec des plâtres en guise de bras) ne participerait pas à la quelconque activité physique à venir, il y avait toujours deux élèves oubliés.

A moins que ce ne soit fait volontairement ? Ce serait un groupe commis d'office...

Une fois 8 groupes formés derrière lui, Aizawa se tourna vers eux et se mit à distribuer des cordes à chacun.

- Attachez-vous les uns aux autres, peu importe comment vous le faites mais assurez vous que ce soit solide ; vous devez revenir avec la corde pour la fin de l'épreuve.

Kirishima tourna un doigt hésitant dans le dos du prof.

- Euh, sensei, je crois que vous avez oublié Todoroki et Bakugo

Aizawa balaya sa remarque d'un geste.

- Je m'en occupe, continuez plutôt à vous attacher les uns les autres.

Bakugo observa Aizawa venir vers nous, bien plus calme qu'à l'accoutumée.

- Vous deux, venez par ici

Il nous éloigna du groupe ; les élèves nous lancèrent des regards curieux mais continuèrent à s'attacher les uns aux autres. (Iida serra si bien sur la corde le reliant à Denki que… attends, est-ce qu'il vient de faire un garrot ?

Aizawa s'approcha de nous, attrapa nos poignets avant qu'un 'clac' sonore ne retentisse.

Bakugo observa les menottes nous liant durant quelques secondes, n'arrivant pas à réaliser si notre professeur venait bien de faire ce qu'il avait fait.

J'étais moi-même surpris, ne m'étant pas attendu à ce que les évènements prennent cette tournure.

Quand j'ai vu les menottes tomber de son sac, ce matin, j'ai juste cru qu'il avait un kink un peu bizarre.

- Pourquoi ils ont pas de menottes eux ?

Bakugo était aussi calme qu'un lac ; ça n'augurait rien de bon.

- Parce que je ne fais pas assez confiance à ton petit camarade ici présent pour ne pas s'enfuir dès que j'aurai lancé le top départ (Aizawa me lança un regard qui en disait long) et que personne d'autre ici ne sera capable de venir à bout de l'épreuve avec toi comme coéquipier sans que je m'inquiète que tu le tues par inadvertance. Ou volontairement.

- Hé, vous me prenez pour qui !

Bakugo commença à s'agiter, me secouant par extension de ses gestes brusques.

- Arrête de bouger

- Toi me parle pas, c'est ta faute si on en est là

- Ma faute ? Notre prof vient littéralement de te dire qu'il pense que tu es un meurtrier en devenir et c'est ma faute si on en est là ?

Bakugo fulmina, de la mousse sortant de sa bouche.

Me dites pas qu'il a la rage ?

Les pauvres, ça attrapait des maladies comme les mouches étaient attirées à la lumière.

- Dis moi Bakugo, tu te serais pas fait mordre par un raton laveur ?

Il devait croire que je me moquais de lui parce qu'il tenta de m'étriper.

J'eus un mouvement de recul qui ne servit à rien, puisque nos poignets étaient collés l'un à l'autre.

Aizawa se massa l'arrête du nez, marmonnant à voix basse :

- …Nezu et ses plans de génie...

Toute mon attention se tourna vers notre prof.

- Nezu ? C'est le principal qui a décidé de ça ?

Même Bakugo (dont j'écrasais le visage pour éviter qu'il ne me morde comme la bête furieuse qu'il était) arrêta de gesticuler en l'entendant :

- Hein ? Pourquoi il ferait ça ?

J'ai une meilleure question : dans quel but ?

Aizawa prit quelques secondes pour formuler sa réponse :

- Il y a une souris, et nous avons besoin de chasseurs ; il semblerait que le principal ait estimé que votre… duo soit le plus à même de l'attraper.

Bakugo cligna des yeux ; mes yeux se plissèrent.

- Ca va être un genre de cache-cache géant ?

- C'est exactement ça, Bakugo. Votre objectif va être de débusquer le plus de souris possible avant qu'elles n'atteignent la ligne d'arrivée.

Aizawa me jeta un coup d'oeil en coin.

- … aucune des souris n'est au courant qu'elle en est une ; vous viendrez me voir à la fin de l'épreuve avec vos informations et je vous dirai si oui ou non vous avez réussi à en débusquer une.

Je restai silencieux alors que Bakugo s'impatientait :

- Comment ça aucune souris ne sait qu'elle en est une ? C'est carrément foireux comme jeu

Les yeux d'Aizawa prirent une teinte plus sombre.

- Vous devez la débusquer et surtout – surtout – ne pas vous faire prendre. (Puis, comme une seconde pensée, il ajouta :) Si vous réussissez, c'est un point de plus sur votre moyenne générale.

Bakugo se redressa brusquement en l'entendant

- Si vous vous faites prendre…

Il me confia un pistolet avec un signal de détresse rouge.

- … activez ça, et la partie sera finie.

Je hochai la tête.

- Et j'imagine qu'aucun des élèves ne doit savoir qu'on ne joue pas le même jeu qu'eux, hein ?

Aizawa hocha la tête avec approbation.

- Si c'est le cas, alors la partie est déjà perdue.

Bakugo énuméra à nouveau toutes les règles pour être sûr de n'avoir rien loupé :

- Suivre les autres, gagner des infos et tout vous répéter à la fin ; ne pas se faire prendre, et si on se fait prendre alors activer le signal de détresse. Ne pas révéler aux autres élèves qu'on a un jeu différent. Si on gagne, un point de plus sur la moyenne du trimestre. Si on perd, le jeu tout entier est fini.

Aizawa confirma tout ce qu'il avait dit.

- Voyez-ça comme un entraînement à des missions d'infiltrations : récupérer des informations sensibles sans se faire prendre, et revenir à la base ensuite. Des questions ?

Comme il n'y en avait pas, Aizawa nous fit revenir avec lui vers le groupe.

- Ecoutez-moi attentivement, je vais énoncer les règles du jeu : dix kilomètres nous séparent de la plage en ligne droite. Il est en 11h15, et vous avez jusqu'à dix-sept heures tapantes pour y être ; je me fiche de savoir comment vous y parvenez, mais aucun d'entre-vous ne doit quitter la plage durant toute la durée de l'épreuve. Ceux d'entre-vous qui arriveront après l'heure limite recevront une pénalité. La vitesse est privilégiée et vous serez noté en fonction du temps que vous mettrez à y parvenir. Il peut y avoir plusieurs 20, alors ne vous découragez pas. Des questions ?

La fille invisible leva sa main.

- Aizawa-sensei, si on a oublié notre pique-nique chez nous, ça veut dire qu'on ne mangera rien de la journée ?

- Ca veut dire que votre binôme devra partager avec vous. Vous avez deux minutes pour aller les récupérer dans vos sacs, ceux qui l'ont laissé à l'intérieur du bus.

Les élèves se divisèrent en groupes, certains parlant et d'autres remontant au bus : beaucoup oublièrent qu'ils étaient attachés par des cordes, et ceux qui avaient fait les nœuds les plus serrés (Iida) manquèrent de se ramasser à chaque instant.

Aizawa revint vers nous et nous parla à voix basse :

- On ne le voit pas d'ici à cause des dunes, mais il y a une sorte d'oasis à environ trois kilomètres d'ici : la plupart des équipes chercheront à y faire une pause, et c'est là que vous aurez les plus grandes chances – statistiquement – d'y trouver vos souris. Je vous conseille de ne pas perdre de temps et d'y arriver les premiers.

- Carrément qu'on va les fumer ces rats

Bakugo avait atteint un nouveau niveau d'excitation, de la fumée noire crachotant de ses paumes.

- Comptez sur nous

Aizawa hocha sombrement la tête avant de s'éloigner.

Je me demande ce que ça lui fait de confier une mission d'une telle envergure à deux adolescents qui ne sont même pas sûr de savoir ce qu'ils font.

D'un point de vue stratégique, c'était une excellent idée : utiliser des élèves déjà dans la course était beaucoup moins suspicieux que d'introduire une paire de héros aléatoires autour desquels les souris seraient plus prudentes.

D'un autre côté, c'était risqué : qui envoyait des adolescents au casse-pipe comme ça ?

Si on se faisait prendre, et que la souris était trop suspicieuse, Yuei pouvait se retrouver avec deux autres adolescents morts sur les bras.

… attends, est-ce que mon vieux est au courant ?

- Prêt pour la chasse aux rats ?

Bakugo frappa son poing contre sa paume, une explosion jaillissant en résultat : ses lèvres s'étirèrent dans cet immense sourire carnassier que je commençais à bien lui connaître.

Je me tournai vers l'horizon, là où on passerait les six prochaines heures :

- On va en faire qu'une bouchée