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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · อะนิเมะ&มังงะ
เรตติ้งไม่พอ
125 Chs

Chapitre 68 - Forces Spéciales

Après mon match contre Inaza, j'étais directement allé me changer dans les vestiaires.

Mon père m'avait donné rendez-vous à l'entrée des gradins VIP – comme je ne voulais pas m'y rendre vêtu comme un sauvage (avec des lambeaux de vêtement et un pantalon à moitié carbonisé), j'avais décidé de prendre une petite douche impromptue.

Moi : J'arrive dans cinq minutes

L'eau coulait sur ma nuque, de fins filets ruisselant lentement sur mon corps. Mon attention était rivée sur ma main que je tenais paume ouverte tournée vers moi.

J'avais laissé l'eau ruisseler sur ma nuque, observant la paume de ma main droite où s'agrégeaient les gouttes comme dans une coupe. L'eau déborda avant de tomber au compte gouttes sur le carrelage.

Dans le stade, tout à l'heure – il y avait eu ce moment, juste après que la poussière retombe et avant que nous ne quittions le stade. Je m'étais senti galvanisé, au comble de la satisfaction. Alors qu'on m'applaudissait, alors qu'une dizaine de milliers de personnes scandaient mon prénom à s'en faire mal à la gorge, je m'étais sentis… heureux ?

Je fronçai les sourcils, serrant ma main droite. Le geste brusque m'éclaboussa jusqu'au menton.

Non, je n'avais pas été vraiment heureux. C'était, c'était – encore une fois je dus m'arrêter pour chercher les mots justes. Mais ils se dérobaient dès que je voulais m'en servir, et je devenais impatient – j'avais été réjoui ? Suffisant ? Béat ?

Je passai une main distraite dans mes cheveux.

Tout ce bordel d'émotions et de compréhension de soi…

La frustration manqua de me faire pousser un cri de rage ; j'inspirai un grand coup, mâchoire serrée.

Je m'étais senti bien, tout à l'heure. Comme s'il n'y avait rien de plus normal que je reçoive une standing-ovation alors que j'avais été à un cheveu près de transformer le stade en rôtisserie.

Les applaudissements, l'admiration (je repensai à l'expression horrifiée de Midnight lorsqu'elle avait vu Inaza, à son soulagement lorsque Recovery Girl lui avait dit qu'il était en vie, au regard noir qu'elle m'avait décoché) la crainte.

Tout ça, toutes ces réactions (je léchai mes lèvres, sentant la conclusion que je voulais atteindre pointer le bout de son nez) ça m'avait plu parce que c'était mon (dû) -

Mes yeux se plissèrent ; je tournai brusquement la tête vers l'entrée de la douche. Quelqu'un était entré dans les vestiaires.

Je tournai les robinets de la douche à fond puis m'en extrayais, attrapant une serviette avant de l'enrouler autour de ma taille. J'étais encore trempé, mes cheveux collant à mon front et de l'eau ruisselant sur mon torse. Je ne pris pas de risques et enfilai mon masque sur le champ.

Je fis un pas hors des douches, m'arrêtant net. A quelques centimètres de mon visage se trouvait Ochaco Uraraka, le visage sombre.

Comme elle ne se morfondait pas en fausses excuses et ne fit pas mine de s'être trompé de vestiaire, je ne jugeai pas nécessaire de donner l'impression d'être surprit en la voyant.

Avec ses épaules tendues, ses lèvres serrées et son regard sombre, elle ne pouvait pas être encore plus aux antipodes de l'Ochaco habituelle.

Je me penchai en avant, mes yeux ne quittant pas les siens.

Mon souffle se mélangea au sien, mais elle ne baissa pas les yeux, m'affrontant du regard. Vraiment aux antipodes de l'Ochaco vomi d'arc-en-ciel.

- Himiko ?, soufflai-je

Mes yeux se réduisirent à deux fentes.

- Qui ?

Elle haussa les sourcils, sa mine sombre s'éclairant quelque peu.

Je la dévisageai une dernière fois avant de me redresser. Elle était trop surprise pour que ce soit feint. Himiko, se sachant compromise, aurait déjà essayé de me trancher la gorge.

Ochaco, elle, avait juste l'air d'un lapin prit par des phares.

Je renfilai mon masque d'indifférence, détachant mon regard d'elle comme si elle n'était qu'ennui, la contournant pour me rendre à mon casier.

Elle pivota, me regarda faire sans un mot.

Je prit mon boxer, laissait ma serviette tomber au sol. Du coin de l'oeil je vis Ochaco se retourner vivement.

J'en étais déjà au pantalon lorsqu'elle se décida enfin à sortir de son mutisme.

- Tu ne me demandes pas pourquoi je suis là ?

- C'est toi qui a l'air d'avoir envie de parler, rétorquai-je en enfilant mon t-shirt.

Elle resta silencieuse quelques instants.

- A quoi est-ce que tu pensais lorsque tu as proposé tout cet argent ?

- Hein ? M'amuser, principalement.

Rendre caduque le canon, aussi. Eventuellement virer la moitié des élèves de première année, tant que j'y étais. Est-ce que j'aurai dû être plus méchant, avec ceux en filière héroïque ? J'aurai peut-être pu en forcer certains à abandonner leur place à Yuei tout court.

- T'amuser ? (Elle avait l'air outrée ; sa voix avait vrillé dans les aigus) Tu paries autant d'argent pour… t'amuser ?

- J'avais pensé à dix millions à la base, mais disons que ça n'a pas pu se faire.

- … et tu ne vois rien de choquant là-dedans ?

- Si tes parents te donnent de l'argent, est-ce que tu ne comptes pas l'utiliser ? C'est pareil pour moi, on ne joue juste pas dans la même cour.

- Mais tu ne réalises pas, insista-elle. Un million de dollars c'est- c'est ce que gagne en soixante neuf ans une personne payée au smic. (Elle lécha ses lèvres, son regard faisant des va et vient fous devant elle) C'est ce que gagne une personne qui a sacrifié sa vie pour sa famille au salaire le plus bas et- et-

- Et ?

Elle perdait ses moyens, n'avait plus rien à voir avec la fille froide de tout à l'heure. Maintenant elle était en colère, parlait vite et serrait ses petit poings contre elle.

- Alors tu ne comptes même pas les donner aux élèves pour avoir participé ?

- Et puis encore ? Tu penses que je suis le Père Noël ?

Je claquai la porte de mon casier.

- J'ai établi les règles dès le départ, grosses joues. Il faut me battre, m'arracher mon masque ou m'impressionner. Tu as trois options, si tu veux cet argent pour toi.

Parce que c'était ça, la vraie raison de son apparition impromptue dans les vestiaires. Elle ne m'avait pas demandé si je comptais faire un don à une association, parce qu'elle avait eu peur de la réponse. Cet argent, ce million en doux billets verts, elle le voulait pour elle.

- Je-je ne veux pas- ce n'est pas- ce que je voulais te dire-

Elle bredouillait, n'arrivait plus à s'exprimer correctement. J'enfilai mon t-shirt avant de me rendre compte que je n'avais pas de veste de sport de rechange. J'ouvris le casier d'à côté, farfouillant dedans jusqu'à trouver ce qu'il me fallait.

Bakugo ? Non, Kirishima plutôt.

La veste était assez large pour que je puisse l'enfiler sans risquer qu'elle craque au niveau de mes épaules ; pas assez longue, par contre, mais tant que je ne la fermais pas ça ferait l'affaire.

J'enfournai mon portable dans ma poche et m'en allait, mon épaule effleurant celle d'Ochaco au passage. D'une main faible, elle agrippa mon t-shirt. Je m'arrêtai, sourcils haussés.

- Tu ne comprends pas, Todoroki. Tu vois, ma famille e-

- Hé.

Ses yeux rencontrèrent les miens.

- Est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ?

J'attrapai son poignet et la forçait à me lâcher.

Son visage vira au rouge, et la façade de la gentille Ochaco se noya complètement sous sa colère.

Elle arracha son bras de ma main.

- T'es qu'un enfoiré.

Je lui souris le plus hypocritement possible, mes yeux se plissant en deux croissants de lune pour qu'elle ne rate rien du spectacle.

- Et toi une pétasse qui pense que je dois perdre mon temps à t'écouter juste parce que tu le veux bien, rétorquai-je du tac au tac.

Je quittai les vestiaires sans un mot de plus, mon attention toute tournée vers ce qui allait suivre.

Le vieux veut que je rencontre quelqu'un – peut-être un héros d'un pays étranger ?

*

- Shoto, te voilà.

Mon père était venu à ma rencontre dès l'instant où j'avais posé un pied dans le carré VIP.

Je croisai son regard alors qui lui-même me scannait de haut en bas pour vérifier que je n'avais rien.

Vérifier que je vais bien – il l'a déjà fait si souvent au cours des dernières années.

Il passa même deux mains sur mes épaules pour les nettoyer d'une poussière imaginaire, ses lèvres se desserrant peu à peu et ses épaules se relâchant subtilement. Je le laissai faire, un sentiment pas désagréable faisant picoter ma poitrine. J'en profitai pour l'étudier (ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu, ayant tout fait pour l'éviter depuis que j'avais reçu le million de la vieille peau ; vu qu'il avait tendance à n'avoir besoin que d'un coup d'oeil pour savoir si je tramais quelque chose, j'avais décidé qu'il était plus sage de m'éloigner de lui le temps durant).

Il avait des pattes d'oie au coin des yeux, et quelques rides avaient vu le jour au coin de sa bouche. J'étais même surpris de voir quelques cheveux gris se mêler à sa chevelure. C'était normal, je grandissais et lui il vieillissait – à cette constatation pourtant ordinaire, un goût amer emplit ma bouche.

- Félicitations, Shoto.

Il m'offrit un léger sourire emplit de bienveillance.

Je baissai les yeux, haussant les épaules en grommelant :

- Il me reste encore deux matchs…

Il me serra l'épaule avant de me relâcher, me permettant d'enfin voir le carré VIP.

La salle se trouvait un étage en-dessous de celle des commentateurs ; il y avait des fauteuils en cuir, un coin bar avec des bouteilles rangées derrière une vitre et quelqu'un qui jouait du piano, dans le fond. Avec les vitres teintées qui ne laissaient voir à personne ce qu'il se trouvait à l'intérieur, j'avais plus l'impression d'être dans l'espace privatisé d'une boîte de nuit qu'aux JO pour enfants.

La souris doit se faire une somme monstre rien qu'entre ça, le prix des places, la nourriture et tout le merchandising qu'il vend.

Je comprenais enfin la vrai raison pour laquelle il n'avait pas annulé au moins le Championnat des premières années ; c'était une usine à fric, et Yuei avait des poches sans fond.

Du coin de l'oeil je vis deux hommes vêtus en costume noir venir vers nous ; l'un était plus vieux que mon père, avec ses cheveux entièrement blancs et sa moustache chaleureuse – il était même presque aussi grand que lui, et mon vieux faisait deux mètres.

L'autre, en revanche, était au milieu de la vingtaine, avec ses cheveux noirs et ses yeux noirs – il n'y avait rien de banal chez lui non plus : ses traits étaient délicats, sa mâchoire forte. Il me faisait presque penser à un mannequin.

- Shoto, n'est-ce pas ? Ton père nous a beaucoup parlé de toi. Je suis Go Gunhee, commandant des forces spéciales de notre armée.

L'armée ?

Je gardai une expression neutre en lui serrant la main.

- Et voici Sung Jinwoo, celui qui prendra prochainement ma place.

J'étais grand, avec mes près d'un mètre quatre-vingt pour seulement quinze ans, mais même Sung Jinwoo me toisait du haut de son mètre quatre vingt dix.

- Enchanté.

A l'instant où il effleura mes doigts, mes yeux se vrillèrent sur son ombre.

Elle ondula imperceptiblement, et j'eus l'impression que l'obscurité même m'observait.

- Intéressant, souffla-t-il.

Je relevai les yeux vers lui ; ses yeux flashèrent, devenant d'un bleu intense durant une fraction de seconde.

Ce type est dangereux.

Ma main gauche fut prise d'un spasme.

- Maintenant que les présentations sont faites, et si nous allions nous asseoir pour pouvoir discuter ?, proposa Gunhee

*

- L'incident Kenzei Yasagi.

Kenzei.

J'effleurai mon masque du bout des doigts.

Go Gunhee me proposait une autre tasse de thé mais je refusais d'une main. J'avais un sale goût dans la bouche, le genre de chose dont je pensais m'être débarrassé il y a bien longtemps – boire dans de telles conditions me ferait juste vomir par mégarde.

- Nous avons eu accès aux dossiers déclassifiés, et nous avons été très impressionnés par les capacités dont tu as fais preuve.

- Les dossiers déclassifiés ?

Mon père, qui jusque là était resté plus ou moins en retrait pour me laisser gérer la conversation à mon rythme, se redressa subitement.

- Le préfet les a scellé sous ma demande expresse.

Les lèvres de Go Gunhee s'étendirent en un large sourire, ses dents anormalement pointues scintillant sous la lumière du jour.

- Nous sommes les Forces Spéciales, Enji. Tu sais toi-même que les lois et la moralité s'appliquent au commun des mortels, pas à notre division.

Il but une gorgée de café, son air affable reprenant le dessus sur son visage ; j'étais dorénavant sur mes gardes, réalisant que même si Jinwoo était la plus grande menace des deux, le vieillard n'était pas à prendre à la légère.

Et dire que mon père a fait partie de ce corps d'armée.

Mon respect pour lui creva le plafond.

- Nous avons aussi vu tes prouesses lors de l'examen d'entrée de Yuei. Plutôt du genre arrogant, n'est-ce pas ?

Je m'installai confortablement dans le fauteuil, croisant mes doigts sur mes genoux.

S'il y a bien une chose que ma mafieuse de grand-mère m'a apprit, c'est qu'il ne faut jamais se laisser dépasser par les évènements.

- Confiant serait le terme adéquat.

- Quelqu'un aurait pu se noyer dans ton océan, non ? Sans compter la foudre que tu as attirée volontairement…

- J'étais en parfait contrôle de la situation.

Ce qui était vrai ; je maîtrisais aussi bien ma foudre que ma glace et mes flammes, si ce n'était plus.

Gun hee et Jinwoo échangèrent un regard.

- Comment as-tu fais, d'ailleurs ?, reprit Jinwoo. Pour la foudre, j'entends.

Mes yeux se plissèrent imperceptiblement ; est-ce qu'ils savaient ?

Mon père m'avait avoué avoir détruit tous les enregistrements de ce jour là lui-même – il n'avait jamais regardé la vidéo au-delà de la mort de Kensei, et cet évènement été le seul où je m'étais jamais laissé filmé en pleine utilisation de mon chakra.

J'avais été inquiet, au début, mais cinq années s'étaient écoulés…

- C'est une de mes nouvelles capacités sur lesquelles je travaille depuis peu, leur dis-je sur un ton désinvolte. Après le feu vient la foudre, puis le plasma. Du moins, en théorie.

Faire mine d'avouer ce qu'ils savent déjà pour qu'ils pensent que je ne cache rien.

- Intéressant, souffla Gunhee. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un avec une si grande maîtrise de son Alter.

- Ses Alter, corrigea mon père. Son feu et sa glace sont considérées comme deux entités séparées.

- Pourrions-nous avoir une démonstration, Shoto ?

Je secouai la tête :

- Malheureusement je n'en suis qu'aux prémices ; j'ai dû mal à contrôler la foudre existante, sans compter celle que je pourrais supposément créer moi-même… (La prudence m'aurait dit de m'arrêter là, mais ces types étaient les putains de Force Spéciales – si conflit armé avec une autre nation il y avait, c'était eux qu'on envoyait sur le terrain – et comme j'étais intéressé à la perspective de les rejoindre, je continuai :)… mais je peux vous montrer autre chose, si vous le voulez.

Devant moi, ma tasse de thé gela.

Puis des volutes de fumée s'en élevèrent, le thé retournant à l'état liquide.

Je levai une main ; la surface de l'eau brunie ondula avant que, une à une, les gouttes ne commencent à léviter au-dessus de la tasse. L'entièreté du contenu se retrouva bientôt dans les airs, une grosse bulle au milieu et des plus petites flottant à côté.

Du coup de l'oeil je vis Gunhee hausser les sourcils, clairement étonné.

Mon père réajusta sa position dans son fauteuil mais ne fit aucun commentaire.

- Je n'avais jamais vu personne avec un tel degré de maîtrise de son Alter, constata placidement Jinwoo.

- Ce n'est que le début, renchéri-je. D'ici la fin de mon cursus à Yuei, je saurai faire bien mieux.

- Quelles sont tes estimations ?

J'avais piqué l'intérêt de Jinwoo, si j'en croyais la façon dont il me scrutait.

- Je serai capable d'ouvrir la mer en deux.

Il y eut un long, très long moment de silence.

Jinwoo me scrutait comme s'il n'arrivait pas à sa voir si je bluffais ou non ; je soutins son regard sans sourciller.

Je suis capable de faire ce que je viens de vous montrer avec n'importe quelle eau issue de ma glace ; ce n'est qu'une question de temps pour que ma maîtrise du suiton ne devienne aussi exceptionnelle que ma foudre.

Gunhee éclata de rire.

- En voilà un garçon ambitieux ! Enji était identique à toi à cet âge là, quand il était encore dans sa phase 'Je suis meilleur que tout le monde'.

Mon père jeta un coup d'oeil ennuyé au vieil homme.

Jinwoo eut un bref sourire en voyant Gunhee s'esclaffer à son côté ; il tira une carte de la poche intérieure de son costume avant de me la tendre.

Un numéro été inscrit en lettres dorées sur un papier épais et granuleux. Il n'y avait ni nom ni autre indication dessus. Derrière se trouvait le logo d'une éclipse.

- Nous avions simplement décidé de te rencontrer afin de t'évaluer sommairement, commença-t-il. Cependant, au vu de ce que nous venons de voir – en plus des prouesses tant martiales que techniques démontrées lors de ce tournoi - je pense qu'il serait fâcheux que nous ne te témoignions pas notre intérêt. Si, comme tu le dis, tu es capable 'd'ouvrir la mer en deux' d'ici deux ans, considère ta place dans les Forces Spéciales garantie.

Gunhee, ayant reprit son calme entre temps, hocha la tête.

- Il te faudra évidemment passer par une période de formation, nuança-t-il, mais comme tu es bien le digne fils de ton père, ça ne devrait te poser aucun problème.

Il frappa ensuite ses mains l'une contre l'autre :

- Bien ! Merci de nous avoir accordée cette entrevue, Messieurs Todoroki.

Tout le monde se leva et échangea des poignets de main.

Je cru voir l'ombre d'un sourire flotter sur les lèvres de Jinwoo alors que je faisais un effort évident pour ne pas regarder dans son ombre.

- Enji, ce fut un plaisir de te revoir après tout ce temps. Shoto, j'espère bien entendre à nouveau parler de toi dans deux ans.

Il m'offrit un sourire franc et je hochai la tête.

Intégrer les Forces Spéciales ou devenir le parrain de la mafia Italienne… être un héros ne m'a jamais paru aussi fade qu'en cet instant.

Tout le monde s'inclina pour se saluer ; Jinwoo et Gunhee quittèrent la salle sans rien ajouter d'autre.

Mon père attendit que la porte se referme derrière eux pour me demander :

- Qu'en as-tu pensé ?

- Ils m'ont fait forte impression.

Et c'était un putain d'euphémisme – si j'avais bien comprit les choses, les Forces Spéciales étaient l'équivalent de l'ANBU de ce monde. Je jubilais rien qu'à l'idée de faire des opérations secrètes en uniforme, et que tout le monde murmure mon nom de code avec révérence et crainte.

Mon père me sourit :

- J'étais sûr que tu apprécierais cette rencontre.

- Merci, d'ailleurs.

Je baissais mon masque pour boire une gorgée de thé brûlant.

- Vu qu'il nous reste un peu de temps avant que le stade soit entièrement reconstruit, que dirais-tu de m'éclairer un peu sur tes activités récentes ?

Je manquai de m'étouffer.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Au regard qu'il me lança, je su que j'étais fini.

Bonus :

Les deux hommes entrèrent dans leur SUV respectifs, s'asseyant sur la banquette arrière. Si attaque (aussi fou que ce soit d'attaquer des membres des Forces Spéciales, ça n'était pas exclu) il y avait, le fait qu'ils soient séparés réduisaient drastiquement leurs chances de mourir tous les deux.

Leur organisation en serait un peu secouée, mais ce ne serait rien face au chaos qui s'ensuivrait si personne les deux mourraient et personne n'était plus là pour les diriger.

Leurs chauffeurs démarrèrent ; dans sa poche, Sung Jinwoo sentit son téléphone vibrer.

Il porta le combiné à son oreille :

- Lui offrir notre carte était la meilleure chose à faire dans cette situation. Très bien joué, Jinwoo.

Sung répondit humblement :

- Je trouvais regrettable que le NCB* puisse lui mettre la main dessus avant nous. Pire encore, que la Commission Héroïque y parvienne.

Même si les trois institutions travaillaient toutes pour le gouvernement Japonais, ils dépendaient tous d'une branche différente du pays ; l'armée, le renseignement et la protection intérieure. Les Forces Spéciales, le NCB et la Commission étaient au sommet de leurs domaines respectifs : cependant ils se vouaient une rivalité sans merci, chacun tentant de prouver sa supériorité sur les deux autres.

C'était dû au bon vieil égo de chacun, mais surtout à cause de la séparation des pouvoirs voulue par le gouvernement.

- C'aurait été regrettable, affirma Go Gunhee. Cependant il aurait été peu probable que ces derniers l'intéresse : il n'a pas l'étoffe d'un héros.

- Pourquoi s'inscrire à Yuei, alors ?

- Pour la même raison que toi à son âge : il veut obtenir sa licence d'utilisation d'Alter sur voie publique.

Jinwoo devint pensif.

- Pour ce qu'il a fait dans le hangar ce jour là, je pense que c'était dû à un Second Réveil de son Alter, enchaîna Gunhee. Il avait l'air d'être dans une phase seconde, et il s'est évanoui dès l'arrivée de son père. Sans compter que les dossiers médicaux tendent à appuyer cette version ; il a lui même dit s'être senti naviguer dans un brouillard et ne se rappeler que de flashs successifs après la mort de son garde du corps. Peut-être qu'il vient vraiment d'avoir l'idée d'essayer de faire de la foudre, et qu'il ne peut l'utiliser qu'inconsciemment pour l'instant...

Le jeune homme était parvenu à la même conclusion que son mentor.

- Quant aux problèmes d'irrégularité avec son Alter, mieux vaut qu'on en reste là. Il nous a avoué pour la foudre, ce qui témoigne de sa bonne volonté ; et au vu des capacités qu'il présente – et qu'on lui soupçonne - ce serait stupide qu'on se le mette à dos.

Gunhee approuva.

- Surtout que pour ce qu'il a bien voulu nous en montrer, son Alter le rend plus que dangereux. Un atout comme ça ailleurs que dans nos mains est une menace ; cependant, s'il vient volontairement de notre côté pour se mettre au service du Japon…

Gunhee laissa sa phrase en suspens : Jinwoo avait très bien comprit où il voulait en venir. Après tout, ç'avait été lui l'adolescent avec un Alter dangereux, quelques années plus tôt.

- Et pour les vidéos ? Que comptes-tu en faire ?

- J'ai toutes les copies existantes, affirma Jinwoo. Je me charge de les détruire une fois arrivés au QG.

- Bien.

Les deux hommes échangèrent quelques mots de plus avant de raccrocher.

Sung Jinwoo observa l'horizon défiler derrière la vitre teintée.

Il est bien heureux que les Forces Spéciales aient mit la main en premier sur Shoto Todoroki. Si ça avait été une autre organisation…

*

*NCB = Naicho (Naikaku Chosashitsu Betsushitsu) Services Secrets Japonais