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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · อะนิเมะ&มังงะ
เรตติ้งไม่พอ
125 Chs

Chapitre 37

Kenzei fut enterré un jour rayonnant.

Les oiseaux gazouillaient paisiblement et le soleil brillait haut et fort.

Il y avait une légère brise et l'odeur de la terre fraîchement retournée planait dans l'air.

Sa famille – un homme et une femme, un adolescent – était serrée près de sa tombe.

Je trouvai ça curieux, la façon dont ils pleuraient en se serrant les uns les autres. Est-ce qu'ils en tiraient du réconfort ? Est-ce que c'était juste pour se donner en spectacle face à ceux qui étaient venus rendre leurs hommages ?

Je passai deux doigts distraits sur mon masque noir, m'assurant qu'il couvrait bien mon visage. La file avança plus vite que je ne l'aurai voulu.

En l'espace de quelques minutes c'était déjà notre tour d'offrir nos condoléances.

Mon père parla pour nous deux de sa voix forte et claire. Il serra la main du couple, échangea quelques phrases avec eux.

Mes yeux glissèrent jusqu'à l'adolescent. Il pleurait à chaudes larmes, s'essuyant le visage de sa manche et reniflant lourdement.

Les même cheveux que Kenzei.

Ma bouche s'ouvrit d'elle-même.

- Ton grand-père est mort en me protégeant.

Le garçon releva la tête vers moi.

Mon père se raidit et me serra l'épaule. Les parents de l'enfant se turent. Je sentais leurs yeux perçant mon crâne.

- Il n'est pas mort à cause de toi, dit-il. Il l'a fait parce que c'était son travail. Il connaissait les risques, et nous aussi.

Il sourit, et c'était vraiment étrange parce qu'il pleurait en même temps.

- Il est mort en héros.

Je penchai la tête sur le côté, perplexe, sourcils froncés. Est-ce qu'il lui manquait une case ?

En héros ? Si ç'avait été moi à la place de ce garçon…

Mon père s'empressa de finir ses formules de politesse et les salua en s'inclinant jusqu'à la taille.

Je l'imitai sans un mot.

- Endeavor-san, murmura la femme. Ce n'est vraiment pas nécessaire…

Je n'avais pas à regarder autour pour savoir qu'on nous observait.

Mon père se redressa, hocha la tête une dernière fois et nous nous éloignâmes.

Il y avait des petits groupes de gens formés un peu partout, discutant à voix basse.

Quelqu'un s'approcha et annonça que la suite de la cérémonie aurait lieu dans la maison des hôtes.

Un repas y serait servit.

Ça aussi, c'était bizarre. Qui organisait un buffet à un enterrement ?

Une autre pensée me traversa l'esprit en voyant l'air pensif avec lequel mon père regardait la pierre tombale de Kenzei.

- Tu le connaissais bien ?

Ses yeux troubles se tournèrent vers moi avant de retourner à la contemplation du monument.

Il murmura.

- C'était mon instructeur lorsque j'étais dans l'armée. (Comme je me taisais, il continua :) Je me suis engagé juste après avoir fini Yuei. Je n'étais plus vraiment sûr que j'avais envie d'être un héros.

Un petit sourire orna ses lèvres.

- C'était vraiment le pire instructeur qu'on puisse avoir. Je pense que je n'ai jamais détesté quelqu'un autant que lui. (A nouveau, un silence) Je peux au moins le remercier d'avoir bien recadré l'adolescent insolent que j'étais.

- Tu étais si détestable que ça ?

Ça me semblait inconcevable ; mon père avait tout d'une force tranquille.

- J'étais vraiment le pire, me confia-t-il. Plein d'arrogance et de mépris pour les autres.

Cette fois un vrai sourire illumina son visage. Je ne dis rien d'autre, satisfait de la tournure de la conversation.

Nous restâmes encore une heure, quelques personnes venant parfois parler à mon père.

Il me raconta encore quelques anecdotes de sa jeunesse et des épisodes comiques d'avec Kenzei.

En serrant ma main contre la sienne, j'espérai lui témoigner un peu de réconfort. J'espérai que ma présence à ses côtés était assez, mais je n'en étais pas sûr.

Nous finîmes par quitter les lieux dans une berline noire.

La vitre entre le chauffeur et nous était relevée, nous laissant dans une intimité relative.

Visiblement mon père avait la même opinion que moi sur les buffets d'enterrement vu qu'on rentra directement à la maison.

- Je suis désolé, dis-je au bout d'un long moment. Tu avais l'air de tenir à lui.

Il pressa ma main contre la sienne.

- Tu n'as pas à t'excuser. Il savait quels étaient les risques en devenant ta garde rapprochée. C'était son travail. (Puis, comme une seconde pensée, il ajouta:) Ce n'est pas comme si tu aurais pu faire quoi que ce soit, de toute façon.

Un goût amer envahit ma bouche.

Est-ce que ça valait le coup d'avoir laissé Kenzei mourir ?

Je pressai plus fort la main de mon père.

Oui. 

Parce que je suis en vie.

*

Haruka Maki avait jadis été la meilleure dans son domaine.

Il n'y avait jamais eu âme qui vive qui soit entré dans son cabinet de soins sans en ressortir transformé.

Excepté pour un seul.

Le taxi s'arrêta sur le tarmac d'un grand hangar. Un grand 4 était peint sur la façade.

Maki paya le chauffeur et bondit dehors, son petit attaché-case bien en main. Ses talons glissèrent sur le sol et elle faillit tomber. Une bourrasque de vent lui envoya ses longs cheveux en pleine face.

Elle cracha quelques mèches, jurant.

- Bonjour

Maki sursauta.

Elle retira les cheveux de son visage et sourit. Des pattes d'oie creusaient les coins de sa bouche.

Elle bégaya comme une adolescente.

- Bonjour

L'homme était grand, vraiment très grand. Il faisait deux têtes de plus qu'elle et l'observait par-dessous ses longs cils de ses yeux mordorés. Sa peau était parfaite, sans pores, aussi lisse que celle d'une statue grecque. Ses lèvres charnues étaient aussi rouges que du sang, entre-ouvertes avec délice sur une paire de dents aussi blanches que pointues.

Ses cheveux étaient d'un brun qui tirait sur le roux, des mèches aussi délicates que brillantes retombant avec douceur sur sa peau d'ivoire.

De toute sa vie, Haruka Maki n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi beau.

Le sourire de son interlocuteur s'agrandit.

- … et vous êtes ?

Il avait un fort accent étranger mais elle n'aurait su dire lequel.

Maki cligna des yeux bêtement, l'esprit toujours un peu embrumé par l'homme. Se rappelant pourquoi elle était là, elle farfouilla dans ses poches à la recherche du mail imprimé.

- Je suis Haruka Maki, ancienne psychologue spécialisée en pédiatrie.

Elle se força à ne pas croiser son regard. Elle était déjà bien assez embarrassée.

- Monsieur Todoroki m'a demandé de venir ici aujourd'hui même afin de prendre en charge son fils

Elle ne mentionna pas le fait qu'elle avait failli le rembarrer, retraite oblige, et ne fit aucun allusion au fait qu'elle avait été convaincue par la montagne d'argent et l'un des nombreux domaines aux Maldives qu'Enji Todoroki lui offrait.

Le jeune homme sourit en scannant la feuille qu'elle lui tendait. Il avait plus l'air d'un garde du corps égérie d'Hugo Boss à ses heures perdues que d'un véritable membre compétent de la sécurité. Mais ses épaules…

Maki sentit son esprit s'embrumer et elle se força à concentrer toute son attention sur sa feuille froissée.

Ça ne faisait pas très professionnel mais pour sa défense, elle n'avait reçu l'offre qu'hier soir.

Le jeune homme la regarda droit dans les yeux puis se pencha en avant.

Maki écarquilla les yeux mais ne bougea pas, plus rouge qu'un incendie.

Il lui brossa une mèche de cheveux derrière l'oreille.

- Il y avait une petite araignée

Elle lui rendit un sourire peu convaincu.

- Tout m'a l'air en règle. Bienvenue à bord de l'avion privé des Todoroki, Miss Maki. Puissiez-vous faire un agréable voyage.

Maki, au bas des escaliers, se tourna pour le remercier.

Mais il n'y avait plus personne.

*

Elle est encore plus laide que dans mon souvenir.

Son regard ahuri se promena sur le tapis turque et le canapé en daim.

Elle croisa mon regard et ses yeux se plissèrent comme une bouche ridée. Toute l'irritation que sa simple présence dans ma vie m'avait procuré il y a cinq ans me revint à la charge.

- Bonjour, Shoto. Je crois que tu ne te rappelles pas de moi mais on s'est déjà rencontrés il y a longtemps.

Je pianotai sur mon accoudoir, impatient.

- Je me rappelle

- Oh ?

Elle sonnait intriguée. Ne voulant pas qu'elle commence à se faire des idées stupides, j'ajoutai :

- J'ai une excellente mémoire

- Je vois

Elle posa son attaché-case près d'elle et tira un carnet ainsi qu'un stylo de sa poche intérieur. Elle y griffonna alors que j'attendais qu'elle ait le dos tourné pour pouvoir le lire.

Les portes se refermèrent dans un 'clac' et la vieille sursauta.

Je me penchai en avant et elle tourna la tête vers moi. Je fis mine d'épousseter une poussière sur mon pantalon.

- Tu dois te rappeler que nous avons dû arrêter les séances la dernière fois. Tu te rappelles pourquoi ?

Je faillis rouler des yeux, mais comme ça lui aurait donner trop de matière avec laquelle travailler, je me contentai de l'observer avec neutralité.

- Oui

- Est-ce que tu comptes encore rester silencieux à chaque fois que je te poserai des questions ? Si c'est le cas dis-le moi, que je descende tout de suite. Je regretterai que nous perdions tous les deux notre temps

Je repensai à mon père parti à la chasse aux sorcières.

Faire des efforts avec elle était la seule chose qu'il m'avait demandé. Ça, et rester en vie.

- Non

- Bien

La psy sourit et son visage se plia en deux. 

- J'aimerais que nous recommencions depuis le début. Je m'appelle Haruka Maki et je suis psychologue à la retraite. Aujourd'hui nous apprendrons simplement à faire connaissance, pour nous mettre dans le bain. A toi.

- Shoto Todoroki

Elle tapota son crayon sur son calepin.

- J'imagine que c'est un bon début puisque l'autre fois tu ne m'avais même pas salué

Sa tentative d'humour tomba à plat. Cependant elle n'en démordit pas.

- Parle moi un peu de toi. De ce que tu aimes, ou de ce que tu n'aimes pas.

- Je m'appelle Shoto Todoroki. J'aime… (me battre, mes couteaux, mon chakra) jouer. Il n'y a pas grand chose que je n'aime pas

- Et qu'est-ce que tu voudrais faire plus tard ?

- Plus tard quand ? Tout à l'heure ?

Elle rit.

- Non, je veux dire plus tard. Quand tu seras un adulte.

Je haussai les épaules.

- C'est loin

Inatteignable.

- Tu n'y as jamais pensé ?

- Non

- Hmm

Je sentis mon garde du corps assit sur une aile se rapprocher de celui adossé contre l'aviron. Vraisemblablement pour parler.

- Ça fait quelques années que nous ne nous sommes pas vus. Est-ce que tu pourrais me donner quelques points clés sur ce qu'il s'est passé dans ta vie ?

Mentir était hors de question puisqu'il n'y avait pas de doute que mon père lui avait déjà raconté tout ce qu'il y avait de notable.

Alors je me contentai de diminuer la gravité des choses.

- Mon père a divorcé de sa femme (en quelque sorte). Notre maison a prit feu, alors on l'a reconstruite. J'aime bien mon école.

Studieuse, elle nota tout sur son carnet.

- Et ton frère… Touya, je crois ? Il était problématique. Est-ce que vos rapports se sont améliorés ?

- Oui

Tant qu'il reste mort, tout ira très bien entre nous deux.

- Ton masque aussi c'est nouveau. Tu me dirais pourquoi tu en portes un ?

J'hésitai.

- Rien de ce que tu me dis ne sortira d'ici, Shoto. Je te le garantis.

Je pouvais sentir l'énergie figée dans le temps de mes quatre gardes du corps. Même avec le boucan provoqué par les hélices de l'avion, je savais qu'ils étaient capables d'entendre jusqu'à mon battement de coeur.

Je sentis mes oreilles chauffer.

- Je… je n'aime pas le goût du sang dans ma bouche.

Elle cligna des yeux. Bêtement.

- Le goût du sang dans ta bouche ? Je ne suis pas sûre de te suivre

Gêné, je croisai les bras sur mon torse et m'enfonçai dans mon fauteuil. Mes yeux se perdirent dans la contemplation du hublot.

- Vous vouliez que je réponde, c'est fait. Je ne développerai pas.

Après ça la discussion toucha un point mort. Heureusement elle me laissa tranquille.

Mais je me sentais encore gêné à en mourir.

J'avais même hâte d'arriver en Italie.