webnovel

[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · อะนิเมะ&มังงะ
เรตติ้งไม่พอ
125 Chs

Chapitre 17

Je clignai des yeux.

Pardon ?

- Ce serait une visite informelle, juste en famille, expliqua Rei.

- Tu ne seras jamais seul avec lui

Je sentais le fantôme de ses doigts froids flotter sur ma nuque.

- On passera le voir, on discutera avec lui et on repartira aussitôt

- Tu n'es obligé à rien. Si tu ne le veux pas tu n'iras pas.

- Oui, c'est exactement comme ton père le dit. Mais sache que les médecins ont dit qu'il avait fait beaucoup de progrès et qu'ils pensent que ce serait bien qu'il puisse te voir

Enji fronça les sourcils.

- Rei...

Elle leva les mains en signe de défense.

- J'ai juste dis que ce serait une bonne chose qu'il le voit, c'est tout.

Enji reporta son attention sur moi.

- Personne ne t'oblige à rien Shoto. C'est ton choix.

- Je…

Ma voix était enrouée

Rei me servit un verre d'eau à la va-vite. Elle en renversa un peu sur la table de pique-nique.

- Tiens, bois un peu

Je bus le verre d'une traite.

- Alors, qu'est-ce que tu en penses 

Il y avait de l'espoir dans les yeux de Rei.

- Laisse-le un peu tranquille

Elle pinça la bouche mais n'ajouta rien.

Enji mit une main sur mon dos.

- Penses-y sérieusement Shoto. Et rappelle toi qu'il n'y a pas de bon ou de mauvais choix.

La dernière fois que je l'avais vu c'était il y a des mois, dans cette forêt.

- Si je dis oui… quand est-ce qu'on devrait y aller ?

- Juste après, pendant une heure.

Rei cachait mal l'excitation dans sa voix. Enji lui lança un regard en coin.

Beaucoup de choses s'étaient passées depuis l'incident.

Je m'étais entraîné sans relâche matin, midi et soir.

J'avais appris à manier des couteaux dans le but de blesser.

Je savais comment me défendre face à un homme adulte et lui briser les poignets.

J'avais appris à utiliser mon chakra pour trouer des arbres à la seule force de mes poings.

Oui, les choses étaient différentes.

J'étais différent.

- D'accord. Allons-y.

Rei sautilla de joie. Enji avait l'air inquiet.

Mais il n'y aurait pas de nouvel incident avec Touya.

Parce que s'il m'attaquait à nouveau, je le tuerai.

*

L'hôpital n'avait rien d'un hôpital.

Il y avait des jardins aux arbres taillés, des buissons de fleurs et de fruits, des cabanes à oiseaux accrochées aux troncs.

Les couloirs de l'hôpital n'avaient rien de couloirs d'hôpital.

Le sol était recouvert de tapis molletonné, des peintures étaient accrochées au mur, des vases peints à la main ornaient des tables en acajou.

L'hôpital n'était pas un hôpital.

Il ne sentait pas l'antiseptique, le téléphone à l'accueil ne sonnait pas sans s'arrêter, il n'y avait personne qui criait pour passer devant les autres, les infirmières ne couraient pas dans tous les sens, aucun des patients ne pissait le sang, mon cou ne me brûlait pas je n'étais pas en train de faire une crise de panique les néons n'étaient pas jaune je n'étais pas en train de me noyer à l'air libre tout le monde était heureux et souriait alors que j'avais failli mourir les putains de murs-

- Shoto, ça va 

Je clignai des yeux.

Nous étions devant une porte en bois verni.

Deux grands vases en céramique blanc l'encadraient.

Dedans se trouvaient des Higanbana.

Les fleurs de la mort.

- Oui

L'infirmier échangea un regard avec quelqu'un au-dessus de ma tête.

Il avait la main sur la poignée et ne l'avait pas encore actionnée.

- Vous pourrez revenir une autre fois si vous préférez

Fuyumi était abattue.

- Oh non, ça fait tellement longtemps que j'ai pas vu Tou-tou…

Natsuo renchérit :

- Ouais, on a pas fait tout ce chemin pour rien !

Je devais le voir. Je voulais savoir. J'avais besoin de comprendre.

Je croisai le regard de l'infirmier.

- Oui. On est pas venus pour rien

Nouvel échange de regard.

L'infirmier ouvrit la porte, un sourire aux lèvres.

- Touya est toujours un peu occupé à cette heure là, mais je crois que vous réussirez à le prendre par surprise si vous entrez discrètement

Fuyumi et Natsuo trépignaient d'impatience.

Ils se glissèrent pas l'embrasure, étouffant leurs rires et jouant des coudes.

Un triangle de lumière jaune tomba sur le tapis bordeaux. Rei fut la suivante entrer. J'entendais leurs voix enjouées depuis l'autre côté de la porte.

Mes yeux retournèrent aux Higanbana.

Il n'y avait plus de feuilles, que des fleurs écarlates.

Une main se glissa dans la mienne. Je levai les yeux vers Enji.

- Je suis là

Sa main était chaude. Réconfortante. Familière.

Je pressai ses doigts pour le remercier.

Et puis on entra.

La chambre était aussi large qu'un appartement haussmannien.

Les murs blancs étaient recouverts de moulures dorées aussi fines et détailles que la plus raffinée des broderies. Une fresque qui ressemblait à s'y méprendre à celle de la chapelle Sixtine avait été peinte au plafond.

Un lustre en cristal recouvert de cierges neufs jouait le rôle de luminaire principal.

Trois immenses fenêtres dorées, aussi hautes que larges, donnaient une vue imprenable sur une terrasse de marbre.

Des bustes sculptés qui représentaient quelque personnages illustres étaient disposés entre chacune.

Des rideaux de soie à fleurs encadraient les fenêtres et étaient retenus aux murs par des rubans.

Le lit à gauche, collé au mur, était à baldaquin. Il y avait des coussins brodés à la main et la couverture était impeccablement repassée. Probablement qu'on lui faisait son lit, aussi.

Sur la table de chevet se trouvait un livre retourné et ouvert.

La partie droite de la chambre était un salon.

Il y avait une cheminée en bois brute surmontée de chandeliers.

Des fauteuils et un canapé crème entouraient une table basse aux pieds dorés. Un manteau en zibeline avait été posé négligemment sur un des accoudoirs du grand fauteuil. Des clubs de golf avaient été délaissés sur le grand tapis marocain.

Je sentis la colère bouillonner dans ma poitrine à mesure que j'achevai d'observer les lieux.

Une bibliothèque fournie. Une pile de jeux de société. Des rollers laissés à la traîne dans un coin.

Des restes de gâteau au chocolat sur un bureau en rotin. Un cahier à dessin à moitié colorié.

Ce n'était pas la chambre froide et hostile d'un hôpital. Ce n'était pas une punition.

C'était une foutue récompense.

Pour la première fois de mon existence je fus pris d'une colère si intense, si violente, que, durant une seconde, je ne vis plus rien.

Il n'y avait plus de chambre, plus de questions, plus de besoin de savoir.

Il n'y avait que moi et cette rage sans limites qui grattait l'intérieur de ma poitrine et me hurlait de la laisser exploser. Je sentais sa chaleur, je goûtais sa lourdeur, je l'entendais me supplier de la laisser me consumer.

J'eus une vision très claire de ce que j'allais faire.

D'abord ce serait le parquet.

Il partirait en fumée dès les premières secondes. Ensuite les rideaux prendraient feu. Les meubles ne tarderaient pas à suivre. Le bureau, les jouets, les tableaux.

Le feu se propagerait aux autres chambres. Aux autres résidents.

Enji ne pourrait pas canaliser les flammes. Pas si j'y déversais tout mon chakra.

Il les entendrait hurler. Il courait les sauver.

Je sortirai sur la terrasse et j'attraperai Touya par le col de son t-shirt.

Fuyumi et Natsuo hurleraient. Rei pleurerait mais laisserait faire parce qu'elle n'était bonne qu'à ça – pleurer et laisser faire.

Il se débattrait.

Je le frapperai si nécessaire. Autant de fois qu'il le faudrait pour qu'il retourne à l'intérieur avec moi.

Je me mettrai sur lui. Poserai mes mains sur sa gorge.

Et je serrai exactement comme il l'avait fait pour moi.

Mes ongles s'enfonceraient dans son cou. Je sentirai son sang entre mes doigts. Je verrai ses yeux apeurés alors qu'il me suppliait d'arrêter...

Je n'étais pas un meurtrier.

Mais pour lui je ferai une exception.

- Shoto

Je clignai des yeux. Le blanc se dispersa mais flotta dans les coins de ma vision.

J'entendis des rires. Je levai les yeux vers la terrasse.

Touya était en train de peindre les jardins.

Fuyumi se glissa derrière lui lui sauta dessus. Il lâcha son pinceau, rit et la serra dans ses bras. Natsuo se joignit à la mêlée. Ils tombèrent au sol.

Ils avaient l'air heureux.

Rei parlait, un sourire aux lèvres, mais je ne pouvais pas l'entendre.

Elle avait l'air heureuse elle aussi.

Enji me tira doucement.

- Viens

Le blanc disparut.

Il m'entraîna jusqu'au fauteuil et poussa le manteau. D'un geste et j'étais sur ses genoux.

Il y avait cinq tasses propres sur la table. Enji me tint d'une main et se pencha en avant pour se servir du thé.

Il se redressa et me cala contre son torse. D'une main il me caressait les cheveux et de l'autre il buvait à petites gorgées.

Enji n'était pas quelqu'un d'affectueux. A vrai dire, tout ce qui concernait des émotions de près ou de loin le mettait mal à l'aise.

Mais ça ne voulait pas dire qu'il était aveugle ou insensible à ce qu'il se passait autour de lui.

Je me laissai retomber contre lui.

Ma colère s'était atténuée mais n'avait pas tarit.

Un silence confortable nous enveloppa. Je me mis à jouer avec la fermeture éclair de sa veste.

J'entendais encore des rires dans le fond.

J'étais pratiquement avachi sur lui. Il était si grand que mes jambes, même allongées, n'atteignaient pas ses genoux.

- Dis

Sa tasse s'immobilisa juste devant ses lèvres.

- Tu crois que je serai aussi grand que toi plus tard ?

Il répondit du tac au tac.

- Tu es plutôt petit même pour ton âge

J'eus un petit rire.

La fenêtre s'ouvrit. Leurs voix joyeuses pénétrèrent le silence tranquille de la pièce.

- Allons boire un peu. J'ai demandé à ce qu'on prépare du thé

- Waouh Tou-tou c'est génial ici ! C'est comme si t'étais un adulte !

Fuyumi continua à s'extasier sur les lieux.

Elle et Natsuo se jetèrent sur le canapé à notre droite. Rei s'assit entre eux et servit le thé à tout le monde.

La tâche de cheveux blancs se dessina derrière le dossier du canapé.

Je me redressai.

Le bras de mon père était enroulé autour de moi. Il me rapprocha de lui.

- Attendez, j'ai des gâteaux aussi

La tâche s'éloigna.

Natsuo alla piocher un jeu parmi les boîtes entassées près du bureau.

- Et si on faisait un Monopoly ?

La voix de Touya porta :

- Nan, la dernière fois Fuyumi a fait que tricher

La petite fille rit avec bonne humeur. Natsuo continua à farfouiller dans la pile.

- Et un scrabble ?

- Tu sais même pas épeler ton nom

Fuyumi et Natsuo repartirent dans une énième chamaillerie.

Touya apparut, une pile de brownies dans une assiette en cristal entre les mains.

Il sourit à Enji. Ensuite ses yeux se posèrent sur moi.

Un sourire timide effleura ses lèvres.

- Salut Shoto

Rei m'observait, attendant que je dise quelque chose.

La colère me griffa à nouveau la poitrine.

- Salut

Son sourire s'agrandit. Il posa l'assiette sur la table.

- Servez-vous. Ils sont tout chauds

Rei en prit un.

- Ils sont délicieux ! Tu penses que tu pourrais m'avoir la recette ?

Touya mit ses mains sur ses hanches et bomba le torse.

- C'est moi qui les ai faits

Fuyumi nous tendit l'assiette. Je secouai la tête : je pourrai être en train de mourir de faim que je ne toucherai pas à un seul des brownies faits par ce malade.

Enji en prit un.

- Alors, comment c'est la vie ici ?

- Tu dois être trop bien tu peux faire tout ce que tu veux !

Touya sourit d'un air indulgent.

- Je fais pas tout ce que je veux mais c'est vrai que c'est cool

Il se lança dans le conte de ses journées.

Beaucoup d'activités sportives. Apparemment il avait rencontré toute un paquet d'adolescents aussi dingues que lui. Sans surprise, il ne mentionna aucun rendez-vous médical ou session avec un thérapeute.

Il avait l'air ravi que toute l'attention soit sur lui. Il exagérait chacun de ses souvenirs pour les rendre plus palpitants, ajoutais détails plus grandiloquents sur détails plus grandiloquents à chaque fois qu'il lui était demandé plus de précisions.

Natsuo et Fuyumi le regardaient comme s'il était messie.

Je détestai la façon qu'il avait de tous nous regarder dans les yeux les uns après les autres, comme s'il était un politicien qui cherchait à gagner des voix en pleine élection.

Enji recommença à me caresser les cheveux.

Les yeux de Touya firent des va et vient entre Enji et moi. A un moment il arrêta de nous regarder.

Il parla. Longtemps.

A un moment j'en vins même à me demander s'il ne cherchait pas à me tuer d'ennui.

On frappa à la porte.

Touya s'interrompit et tourna la tête.

- Oui ?

L'infirmier de tout à l'heure entra.

- J'aimerai m'entretenir personnellement avec vous Monsieur et Madame Todoroki. Pour parler des progrès de Touya.

Le garçon rayonnait de bonheur.

Rei ouvrit la bouche mais Enji la coupa :

- Nous le ferons ici

Touya lança un regard à Enji puis frappa dans ses mains :

- Natsu, Fuyu, et si on jouait ?

- C'est ce que je dis depuis une heure !

Rei les aida à décaler la table basse pour qu'ils jouent sur le tapis. Touya prit un sac en tissu de la pile de jeux : des cartes, un totem et des cubes gravés de lettres en tombèrent.

- Oh ouais le Jungle Speed !

- C'est quoi ?

Natsuo se lança dans une explication aussi difficile à comprendre que mal faite. Fuyumi fronçait les sourcils et hochait la tête avec sérieux.

Enji se leva et me porta avec lui.

Touya leva la main.

- Sho-sho a qu'à jouer avec nous

Les trois adultes échangèrent un regard.

Rei murmura :

- Oui, pourquoi pas ?

Enji se tourna vers l'infirmier.

- Je n'y vois pas d'inconvénients

Enji hésita. Et puis il finit par me déposer sur le tapis.

- Je suis juste à côté, d'accord ?

Je hochai la tête.

Enji, Rei et l'infirmier se postèrent juste à côté du lit et discutèrent à voix basse. Enji s'était mit de façon à nous avoir dans sa ligne de vision directe.

Natsuo se tira le visage lorsque Fuyumi lui dit, pour la troisième fois, qu'elle n'avait rien comprit aux règles.

Je regardai autour de moi. Personne ne me portait d'attention. Je fis glisser le totem jusqu'à moi et le cachai derrière ma cuisse, mais à portée de main.

J'attrapai un paquet de cartes mixes et entrepris de faire un château.

Touya s'assit face à moi. Je me forçai à ne pas réagir ouvertement.

Mes doigts se refermèrent sur le totem.

Il me barre la vue d'Enji.

Il prit un paquet de cartes et fit un château à son tour.

Le silence nous enveloppa, ponctué seulement par les cris de Fuyumi et Natsuo.

- Comment est-ce que tu vas ?

Je l'observai par dessous mes cils. Ses yeux étaient rivés sur son château bancal.

Je haussai les épaules.

- Ca fait longtemps qu'on s'est pas vus, hein ?

Je continuai ma construction en silence.

- Je voulais te dire, pour l'incid-

Je brisai le totem.

- Pourquoi ?

Des échardes s'enfoncèrent dans ma peau.

Touya releva les yeux de sa pile. Je croisai sans regard sans flancher.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi est-ce que tu as essayé de me noyer ?

Il se figea, sa main agrippant le cube de la lettre 'H'.

Il jeta un coup d'oeil nerveux à Natsuo et Fuyumi. Ils n'avaient pas entendu.

Je me demande combien de temps il faudra à Enji pour nous séparer une fois que Touya aura décidé de me défoncer le crâne avec.

Il lâcha le cube.

- Je ne sais pas, ça m'est juste venu comme ça. C'était pas personnel, Sho-sho

Il vira au rouge. Ses yeux brillaient.

- Il faut que tu me croies, Sho-sho

Je sentais le fantôme de ses doigts sur ma nuque. Je me rappelai la façon dont il avait frappé mes jambes pour m'empêcher de me débattre.

Il se pencha en avant et agrippa son pantalon de sa main gauche.

- Mais je suis désolé, Sho. Sincèrement.

Je baissai les yeux vers ses doigts tremblants.

Il ment.

Et cette simple constatation, cette simple réalisation qu'il ne le regrettait pas, fut un tel soulagement que je faillis sourire.

Merci, Touya.

- Si tu es désolé alors c'est oublié

Il étais abasourdi.

- Quoi c'est vrai ? Vraiment ?

Il avait dû croire que gagner mon pardon serait difficile mais qu'une fois acquis, j'aurai ma garde baissée.

Et après ça il devait avoir prévu d'en finir avec moi une fois que j'aurai le dos tourné. Mais ce serait subtile cette fois. Il ferait en sorte que ça ait l'air d'un accident.

- Oui, bien sûr

C'était leur fils. Leur frère. Je ne pouvais pas le garder éloigné indéfiniment.

Mais je refusai de vivre dans la peur. Et je refusai de mourir.

Je savais que dans le jeu auquel jouait Touya, un seul d'entre nous pourrait sortir vainqueur.

D'une façon ou d'une autre, je mettrai bientôt un terme à cette histoire.