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Onigard : Apparition

Jules est un ado de 17 ans. Une belle nuit d'été, alors qu'il venait de s'endormir, il fut téléporté dans un monde ressemblant fortement au moyen âge. Poussé par l'envie de survivre et de revenir à son ancienne vie, il sera emporté dans un combat qui le dépasse totalement. wiki : https://onigard.fandom.com/fr/wiki/Wiki_Onigard

Sian_ · Fantasia
Classificações insuficientes
24 Chs

Chapitre 3

Le jour se lève et je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit. Après avoir installé le camp et répartit les recherches aux différentes escouades. L'heure de visiter le village fantôme est arrivée. On s'était mis d'accord pour séparer l'escouade en 2 groupes et ainsi mieux ratisser l'ensemble du village. Geno, Nounou et Bûth cherchent de leurs côtés pendant que je fais équipe avec Trish. Le village est vraiment calme, aucun signe de vie n'est à déplorer parmi les ruines, seules quelques maisons tiennent encore debout. Et dire que le parasite a pris contrôle d'un des villageois et a ensuite utilisé le village comme garde-manger... Pendant qu'on se ballade entre chaque maisonnette, j'observe Trish. Elle ne dit rien et ce qu'elle voit ne semble pas la choquer. C'est sûrement la personne la plus froide parmi nous tous, il faut le dire, elle n'a pas l'air de vouloir créer un quelconque lien d'amitié avec nous. C'est comme si une vie ne valait rien à ses yeux. Après un moment de marche, elle s'arrête d'un seul coup puis se dirige vers une maisonnette encore en parfait état. 

Jules : Qu'est-ce qu'il y a ?

Trish : Ne pose pas de questions et suis moi sans faire de bruit.

Ça y est, dès que l'autre au pouvoir de glace n'est plus là pour la mettre en place à cause de ses erreurs, elle se met à donner des ordres. On se met tous les deux contre un des murs du foyer et le longe jusqu'au niveau de la porte d'entrée.

Trish : Tends ton oreille et écoute les bruits à l'intérieur.

Des bruits ? Je me concentre donc pour entendre quelque chose et oui, il y a en effet des bruits qui proviennent de la maison, ça ressemble à des sanglots. Il y a un survivant ici ? Trish ouvre alors la porte d'entrée calmement et y jette un coup d'œil.

Trish : Je te préviens, c'est pas beau à voir mais si tu es incapable de rester calme face à de telles choses, alors tu n'a rien à faire chez les chasseurs.

Elle commence à entrer dans la maison le plus discrètement possible et je fais pareil. Une fois la porte passée, j'arrive dans une pièce qui ressemble à une sorte de salon avec une table en bois au milieu et des chaises. La pièce est dans désordre et ce que je craignais le plus se révèle alors : deux corps inertes se présentent à nous. Le premier corps que j'aperçois est celui qui est allongé face contre terre, pas très loin de la porte. Il lui manque son bras gauche ainsi qu'une partie de peau près de la lèvre inférieure. Malgré son stade de décomposition avancé, j'arrive clairement à reconnaître le corps d'une femme, mais impossible d'estimé l'âge. Le second cadavre est quant à lui assis contre un mur au fond de la pièce, la tête ainsi que ses deux bras sont absents et ses vêtements sont en lambeaux. Le sol et les murs sont couverts de sang sec de couleur rouge foncé. Une forte odeur est présente dans toute la pièce et finit par atteindre mes narines. J'ai envi de vomir. Trish continue son chemin vers une autre pièce. Je la suis difficilement sans faire le moindre bruit. J'ai vraiment envie de recracher tout ce que j'ai dans le ventre mais je me retient. Une fois arrivée dans la pièce, j'aperçois une petite fille assise dans un coin, en train de pleurer. Elle doit avoir dans les onze ou douze ans. Trish avance calmement vers elle, sans faire de gestes brusques.

Trish : Ça va ma grande ? 

La petite fille, l'air surprise, lève la tête vers Trish.

Petite fille : C'est ... C'est fini ... Le monstre n'est plus là ? 

Trish : Oui, c'est fini... Tu es en sécurité maintenant...

Une fois qu'elle est proche de la petite, Trish se baisse pour être à sa hauteur, et lui fait un câlin pour la réconforter.

Trish : Ne t'en fais pas... Il ne va plus rien t'arriver de mal…

Petite fille : C'est… C'est vrai ?

Trish : Oui.

La petite fille se remet à fondre en larme. Je reste là, debout, sans rien faire. Je ne prête même plus attention à l'odeur des cadavres. Comment est-ce qu'elle a fait pour ne pas finir comme les deux autres ? Cette question persiste mais il y a autre chose qui me perturbe. Trish, qui est de base si froide et renfermée, se révèle cette fois-ci sous un autre jour. Que se soit sa manière de parler et d'agir, mais aussi les émotions qu'elle dégage. Elles se relèvent toutes les deux.

Trish : Tu m'attends dehors, je dois parler au garçon qui est juste là.

Petite Fille : Je ne veux pas rester toute seule, viens avec moi.

Trish : Ne t'inquiète pas, j'en ai pas pour longtemps.

Pendant que la survivante sort de la maison en enjambant les cadavres qui jonchent le sol, Trish s'avance vers moi.

Trish : Il se pourrait que le parasite l'ai épargné parce qu'elle a du mana dans son sang. Il est impossible pour eux de digérer du sang contenant du mana. En plus, elle ne représentait pas de menace directe pour le monstre, il n'avait donc aucune raison de la tuer.

Jules : Pauvre petite...

Trish : Mais il y a quelque chose qui me perturbe car elle ne dégage pas d'aura. Ça va en contradiction avec ce que j'ai dit juste avant mais je ne vois aucune autre réponse à sa survie… Elle n'est clairement pas normale cette gamine...

Une fois sortie de la bâtisse, on reprend la route vers le camp. Trish tient la petite par la main et arrive à la faire sourire en jouant un peu avec elle. Trish… Elle aussi me semble très étrange.

Jules : On ne vérifie pas les autres habitations ?

Elle scrute les autres bâtiments qui sont tous en ruines.

Trish : Non, ce n'est pas la peine...

 Une fois arrivée au camp, qui est totalement vide, elle continue à s'occuper de la petite en attendant que les autres escouades reviennent. C'est très perturbant, elle semble très protectrice, comme si elle s'occupait d'une petite sœur. Il est midi et je décide alors de manger, puis de faire une sieste pour me remettre l'esprit en place. Beaucoup de choses se sont passées et beaucoup de questions viennent me titiller l'esprit : Qu'est ce que je fais ici ? Pourquoi je dois voir des choses comme ça ? Pourquoi moi ? Je ne vais pas rester ici, je ne suis pas destiné à mourir dans ce monde… La fatigue me prend peu à peu et je fini par m'endormir, entouré par les ténèbres.

Mes yeux s'ouvrent petit à petit. Il fait totalement noir mais je suis réveiller. Où est ce que je suis ? Je me suis endormi il y a quelques secondes, je vais encore changer de monde ? Je balaye l'endroit de mon regard. Tout est noir, il n'y a rien à l'horizon. Je décide de me tourner et aperçois enfin quelque chose, une forme humaine.

Jules : Hey ! Toi là bas !

Il ne répond pas, je m'avance prudemment vers lui lorsque je remarque que cette personne me ressemble étrangement. C'est carrément moi, un fantôme de moi même, mais il y a un truc qui cloche chez lui. Ses yeux ne possèdent pas d'iris ni de pupille, l'œil gauche est totalement blanc et vide tandis que l'œil droit est totalement noir. C'est très bizarre et flippant, je m'approche de lui car c'est la seule chose présente dans cette pièce. Alors que je marchais vers lui, je sens une douleur au niveau du ventre, comme si une chose me transperçait. Je baisse alors les yeux et aperçois une lame ensanglantée qui sort de mon ventre. Je jette un regard par dessus mon épaule et vois alors un autre fantôme de moi même qui me colle, arborant un grand sourire en me regardant droit dans les yeux.

Je me réveille en sursaut ce qui fait fuir les ténèbres. Qu'est ce qu'il s'est passé ?! Je regarde autour de moi et remarque que je suis bien dans le camp, ça veut dire que je n'ai pas changé de monde…

Nounou : Bah alors, on fait de mauvais rêves ? 

La peluche se tient devant moi, l'air enjouée.

Nounou : J'allais te réveiller mais il faut croire que le hasard fait bien les choses.

Me réveiller… En observant tout autour de moi, je remarque que la nuit est finalement tombée.

Jules : Combien de temps j'ai dormi ?

La gaieté disparaît de son visage.

Nounou : Longtemps… Trop longtemps… T'as raté pas mal de choses, ça s'est mal passé pour l'escouade qui est partie dans la forêt.

Jules : Quoi ? Qu'est ce qui s'est passé ?

Nounou : Sur les 5 membres, seul un est revenu vivant. Le parasite s'en est pris à eux. On ne sait pas ce que sont devenus les 4 autres.

Je me relève et j'aperçois le rescapé, assis en face du feu, fixant avec un regard vide les flammes. Il ne réagit pas, comme si son âme avait quitté son corps. Nounou part alors de son côté et Geno en profite pour s'approcher alors de moi, lui aussi regarde le jeune homme.

Geno : Une fois que la dernière escouade sera revenue, on partira à la recherche de cette foutue bestiole. Mais c'est fini pour lui, il va lui falloir pas mal de temps pour s'en remettre et il lui faudra aussi une nouvelle escouade… S'il veut continuer...

Jules : Mais pourquoi ils nous envoient dans une telle mission ? On a, pour la plupart, aucune expérience.

Geno : Cette chasse est le vrai test. Les coûts d'entraînements sont trop élevés pour royaume, c'est pour ça qu'une fois le "test" réussi, ils nous envoient à la boucherie et dans tous les cas, l'entraînement ne dure pas longtemps. Une fois que la guilde voit qu'une escouade est tout juste assez forte, elle part faire une chasse. Les plus forts survivent et les plus faibles meurent. C'est comme ça que la Papauté garde un contrôle sur les Chasseurs. Elle réduit leur nombre de manière à en avoir juste assez pour nettoyer le monde des parasites.

Jules : La Papauté ?

Geno : Oui, comme celle du monde moderne mais elle est moins sympathique... Disons qu'elle ne nous voit pas d'un bon œil. Comme le mana a vu le jour en même temps que les parasites, elle en a conclu que ceux ayant du mana ont tenté de renverser le pouvoir et nous considèrent comme des ennemis publics. Malheureusement, la religion est très voire trop influente dans ce monde ce qui fait que la population a cru ces paroles sans les remettre en question ce qui nous donne une mauvaise image.

C'est vrai que depuis mon arrivée, je ne suis pas sorti de l'enceinte de la guilde des Chasseurs. Je ne sais pas comment se comporte la population.

Jules : Mais pourtant les Chasseurs les protègent des parasites, donc pourquoi continuer ?

Geno : La Papauté le sait bien, mais tant qu'elle peut contrôler la population en la montant les uns contre les autres, tout va bien. Pour eux, seul leurs places compte, on est juste de la chair à canons. Et comme la parole de dieu est plus importante que tout le reste, les gens ne se remettent pas en question. On est vu comme des erreurs de la nature… Des erreurs utiles...

Jules : Pourquoi ne pas créer une rébellion en rassemblant les gens qui ont du mana?

Geno : Parce qu'on n'est pas assez nombreux… C'est tout… On ne peut rien faire contre eux...

Il reprend son chemin, vagabondant dans le camp. Dans quelle histoire j'ai été embarquée... Pourquoi il faut que je me retrouve à devoir tuer des bêtes que je n'aurai jamais pu imaginer ? Pour couronner le tout, j'ai même pas de quoi espérer les battre. "Si tu es incapable de rester calme face à de telles choses, alors tu n'a rien à faire chez les chasseurs", les paroles de Trish me reviennent en tête. Et si elle avait raison? Et si ma place était autre part ? Mais où ? Et est ce qu'il y en a vraiment une ? Je tourne mon regard vers Geno, lui aussi vient du monde moderne, alors moi aussi je peux le faire. Ce n'est pas en abandonnant que je vais réussir quoique ce soit... Sauf que cette mission c'est du suicide. Je pourrais fuir mais pour aller où ? Je n'ai nulle part où aller… J'aperçois alors, à quelques mètres de moi, tout le monde qui se regroupe. L'escouade qui était partie voir les villages aux alentours est revenue. Je décide de me joindre à l'attroupement. La nuit tombe et après quelques longues discussions, il a été décidé que l'on partirait tous dans le bois dans quelques heures, pour tuer le parasite avant qu'il ne s'en prennent à d'autres habitants. Personnellement, je prendrais la fuite si la situation dérape. La faible visibilité due à la nuit me permettra de partir assez discrètement même si les autres peuvent sentir mon aura. Le temps défile, la détermination et l'envie d'en découdre se lit sur le visage de certains, mais la peur et l'appréhension d'y rester sont aussi présents. La petite fille qu'on a trouvé ce matin s'est endormie et le seul rescapé de l'escouade qui est parti dans la forêt est, quant à lui, toujours au même endroit. Il n'a pas bougé d'un poil, il n'a même pas réagi quand quelqu'un est venu lui apporter de la nourriture. Il a complètement sombré dans la démence... Quoi qu'il arrive, je ne dois pas mourir. Je dois sortir de cette chasse en un seul morceau, quitte à abandonner les autres à leur sort… C'est ma survie qui en dépend.