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La Tisseuses du Destin

Lorsque le chaos donna naissance à ses enfants, chacun s'éveilla avec un rôle spécifique à jouer. Certains, comme Gaïa et Ouranos, semblaient faits pour bâtir. D'autres, comme Tartare, portaient en eux la destruction et la permanence. Mais il y avait une entité différente, une qui ne se révélait pas par des actes visibles, mais par une force plus subtile et implacable.

C'était Ananké, la nécessité incarnée.

-Du Point de vue d'Anaké

Ananké n'émergea pas avec fracas ou lumière. Elle était là depuis toujours, ou du moins, c'est ainsi qu'elle se percevait. Elle ne ressentait ni curiosité ni confusion face à son existence, car ces concepts ne faisaient pas partie de son essence. Elle savait.

Le chaos initial n'était pas un désordre pour elle. Elle voyait les fils invisibles qui reliaient chaque chose, chaque naissance, chaque mouvement. Là où ses frères et sœurs semblaient agir selon leur propre nature, Ananké était le lien qui leur donnait un sens.

Elle n'avait pas besoin de forme tangible, bien que ses frères auraient pu percevoir son essence comme une spirale infinie, tissée de lumière et d'ombre. Elle était partout et nulle part à la fois.

Ananké percevait l'univers non pas comme un lieu de création, mais comme une tapisserie en constante expansion. Chaque entité nouvellement née y avait sa place, chaque événement y était gravé. Elle n'avait pas à intervenir, car tout suivait un chemin inévitable.

Cependant, une perturbation attira son attention.

Quelque chose dans le tissu de l'univers n'était pas à sa place.

L'anomalie

Ananké concentra son essence sur cette dissonance. Cela ressemblait à un fil enchevêtré dans sa toile, un fil qui refusait de suivre le motif qu'elle tissait. Elle l'observa, cherchant à comprendre.

C'était une présence, faible mais distincte. Ce n'était pas comme ses frères et sœurs, qui vibraient avec des énergies primordiales. C'était… différent.

Elle essaya d'identifier cette chose. Était-ce une partie d'eux ? Une création imprévue ? Elle tira doucement sur le fil, cherchant à l'intégrer dans sa tapisserie. Mais il résistait.

Cela troubla Ananké. Rien ne résistait à la nécessité, car tout ce qui existait devait suivre le cours inéluctable qu'elle incarnait.

«Pourquoi es-tu ici ?»

La question résonna dans le vide, non pas comme une pensée consciente, mais comme une vérité fondamentale. Pourtant, elle ne trouva aucune réponse.

Ananké poursuivit son observation, étirant son attention au-delà de l'anomalie pour en comprendre l'origine. Elle sentit l'éveil de Gaïa, le pouvoir immense d'Ouranos, les ténèbres denses de Nyx et Érèbe. Mais rien dans leurs actions ou leurs essences n'expliquait cette présence étrangère.

Et alors, pour la première fois, Ananké fut confrontée à une réalité qu'elle ne comprenait pas.

-Retour à Michael

Michael, toujours suspendu dans cet espace étrange, ressentit une pression nouvelle. Ce n'était pas écrasant comme Tartare, ni oppressant comme les ténèbres d'Érèbe. C'était… différent.

Il n'avait pas de mots pour décrire ce qu'il ressentait. Cela ressemblait à une main invisible, douce mais insistante, qui tentait de le scruter, de l'analyser. C'était comme si quelque chose voulait le déchiffrer, l'intégrer à un tout, mais n'y parvenait pas.

Il frissonna, bien qu'il n'eût ni corps ni nerfs pour le faire. L'impression d'être surveillé s'intensifia.

Il tenta de se calmer. Ce n'est qu'un autre phénomène étrange dans cet endroit bizarre, pensa-t-il. Mais au fond de lui, il savait que cette entité était différente de celles qu'il avait perçues jusqu'à présent. Elle n'était ni hostile ni bienveillante. Elle était implacable.

Michael avait toujours été fasciné par les histoires de destin et de nécessité dans les romans fantastiques qu'il lisait. Il se souvint des récits où des héros tentaient de défier le destin, où des forces invisibles manipulaient les événements. Mais jamais il n'avait imaginé être confronté à une telle force.

Ananké observe sans comprendre

Pour Ananké, Michael restait une anomalie, un mystère. Il était là, présent dans le tissu qu'elle tissait, mais sans y appartenir pleinement.

Elle sentit une sorte de décalage, comme si cette chose suivait des règles différentes, une logique étrangère à l'univers qu'elle façonnait avec ses frères et sœurs.

Pourtant, elle n'éprouva ni colère ni frustration. Ces émotions appartenaient à d'autres. Elle, elle attendrait. Si cette anomalie existait, c'était qu'elle avait un rôle à jouer, même si ce rôle lui échappait encore.

Elle relâcha sa prise sur le fil enchevêtré, le laissant libre pour le moment. Mais elle ne l'oublia pas. Rien n'échappait à sa vigilance.

Ananké retourna à sa tâche, mais une partie d'elle resta fixée sur l'anomalie qu'elle avait perçue. Elle était la nécessité, et même ce qui semblait étranger devait, un jour, s'intégrer au grand dessein.

Michael, de son côté, sentit la pression s'estomper. Mais il ne se sentait pas soulagé pour autant. Il avait l'impression d'avoir été jugé, non pas par une entité consciente, mais par une force qui dépassait tout ce qu'il pouvait concevoir.

Et, pour la première fois depuis son arrivée dans cet endroit, une question s'insinua dans son esprit : «Ai-je ma place ici ?»