Kaelen se tenait au sommet d'une dune, observant le ciel nocturne parsemé d'étoiles. Le poids de sa mission pesait lourdement sur ses épaules. Les paroles des sages résonnaient encore dans son esprit, tout comme les doutes qui le tourmentaient. Il avait choisi ce chemin, mais chaque pas l'éloignait un peu plus de la vie qu'il avait connue, et le rapprochait d'une responsabilité écrasante.
Nareen, ayant remarqué son trouble, s'approcha de lui en silence. Ce soir-là, elle sentit qu'il était nécessaire de rompre ce silence.
« Les étoiles semblent plus proches ici, » dit-elle doucement. « Comme si elles nous observaient, prêtes à nous guider ou à nous juger. »
Kaelen hocha la tête sans détourner son regard du ciel. « Je me demande souvent ce qu'elles pensent de moi... si elles croient que je suis capable de mener cette mission à bien, ou si elles voient un autre échec se profiler. »
Nareen posa une main réconfortante sur son épaule. « Les étoiles ne jugent pas, Kaelen. Elles sont témoins silencieux de nos vies. Ce que tu accomplis ici, personne d'autre ne pourrait le faire. Les Talaris ont besoin d'un leader, et ce n'est pas une tâche facile, mais tu n'es pas seul. »
Un silence s'installa, seulement brisé par le bruissement du vent dans le sable. Kaelen sentait la chaleur de la main de Nareen, mais les doutes en lui ne s'apaisaient pas si facilement.
« Parfois, » reprit-il, la voix plus grave, « je me demande si je ne vais pas échouer, comme tant d'autres avant moi. Si je m'effondre sous le poids de cette responsabilité... »
« Le doute est naturel, » répondit Nareen avec assurance. « Mais c'est la manière dont tu choisis de réagir à ce doute qui te définira. Regarde autour de toi. Lyren, Mira, moi-même... Nous croyons en toi, non pas parce que tu es parfait, mais parce que tu es prêt à affronter ce qui te fait peur. »
À ce moment, Lyren se rapprocha du feu, son visage illuminé par la lumière vacillante. « C'est vrai, » ajouta-t-il, sa voix grave résonnant dans la nuit. « Tu avances malgré tes doutes. Peu de gens en sont capables. Je te soutiens parce que tu n'es pas juste un rêveur, mais un homme d'action. Dans ce désert, c'est ce qui compte. »
Kaelen sentit un élan de gratitude monter en lui. Ils étaient tous les trois ici, avec lui, prêts à le suivre dans l'inconnu. Ce soutien, cette confiance, étaient des sources de force qu'il ne pouvait pas ignorer. Pourtant, une ombre subsistait dans son esprit, une crainte que même leurs paroles ne pouvaient dissiper complètement.
Alors qu'ils reprirent leur route à travers les dunes, chaque pas dans le sable mouvant étant un défi en soi, Kaelen se surprit à réfléchir à ce qu'il était devenu. Il se sentait légèrement plus léger, mais il savait que les plus grands défis étaient encore devant lui.
À leur arrivée au campement des Qarys, ils furent accueillis par un groupe de guerriers armés et prêts à défendre leur territoire. Kaelen sentit la tension monter immédiatement, mais il respira profondément, cherchant la sérénité en lui-même.
Le chef des Qarys, un homme massif avec une cicatrice traversant son visage, s'avança, les yeux plissés de méfiance. « Qui es-tu pour venir ici sans invitation ? » demanda-t-il d'une voix grave et autoritaire.
Kaelen s'avança, les mains levées en signe de paix. « Je suis Kaelen Al'Sarath, et je viens en paix. Je suis ici pour parler de l'avenir de notre peuple. »
Le chef des Qarys le scruta longuement avant d'éclater d'un rire sans joie. « L'avenir ? Quel avenir ? Les Talaris ont toujours été divisés, et c'est ce qui nous a gardés forts. Pourquoi devrions-nous te suivre, toi, un étranger qui prétend connaître notre destin ? »
Kaelen inspira profondément, sentant l'Étherium vibrer dans sa poche, un rappel de sa connexion avec le désert. « Je comprends vos doutes, » répondit-il avec assurance. « Mais ce n'est pas un simple appel à l'unité. C'est une nécessité. J'ai eu des visions, des avertissements du désert. Si nous restons divisés, nous serons détruits. Ensemble, nous pouvons protéger nos terres, nos familles. Je ne vous demande pas de me suivre aveuglément, mais de considérer la menace qui pèse sur nous tous. »
Le chef resta silencieux un moment, observant Kaelen avec des yeux perçants. « Des visions ? Prouve-moi que tu n'es pas simplement un autre beau parleur. Montre-moi ce que tu as à offrir. »
Kaelen sortit le cristal d'Étherium. Le silence tomba sur l'assemblée alors qu'il le tenait devant lui, se concentrant sur la connexion qu'il ressentait avec le désert. Peu à peu, le sol sous leurs pieds commença à vibrer doucement, le sable s'élevant dans les airs pour former un tourbillon doré. La lumière du soleil se reflétait sur les grains, créant une danse de lumière autour d'eux.
Les guerriers Qarys, d'abord méfiants, ne purent cacher leur surprise. Le chef, quant à lui, resta immobile, fixant Kaelen avec une lueur nouvelle dans les yeux, un respect naissant.
« L'Étherium est réel, » dit Kaelen d'une voix calme mais ferme. « Ce n'est pas un mythe. C'est la clé de notre survie. Ensemble, avec sa puissance, nous pouvons repousser ceux qui menacent nos terres. »
Le chef des Qarys tendit la main vers le tourbillon de sable, effleurant la spirale dorée. « Il semble que les légendes avaient raison. Mais cela ne signifie pas que je me soumettrai facilement. Vous avez gagné mon attention, mais pour gagner ma loyauté, il vous faudra plus que des tours de magie. »
Kaelen hocha la tête, acceptant le défi. « Je ne vous demande pas de vous soumettre, mais de nous unir. Chacun de nous a un rôle à jouer dans ce qui vient. »
Le chef se redressa, observant Kaelen un instant de plus avant de déclarer : « Très bien, Kaelen Al'Sarath. Les Qarys écouteront ce que tu as à dire. Mais sache que nous ne suivrons que ceux qui se montrent dignes de notre respect. »
Cette victoire, bien que modeste, était un premier pas crucial. Kaelen savait que convaincre les Qarys était seulement le début. Chaque tribu apporterait son propre lot de défis et d'oppositions. Les jours suivants furent marqués par d'autres rencontres, chacune testant la détermination et la capacité de Kaelen à unir les Talaris. Cependant, à chaque victoire, il sentait une part de lui s'éloigner de la personne qu'il était autrefois.