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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · Anime e quadrinhos
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125 Chs

Chapitre 110 - Bataille

J'ouvris les portes du commissariat comme dans un cauchemar.

Je voyais les gens autour de moi sans vraiment les voir, le bleu de leurs uniformes se mélangeant et laissant des traînées lumineuses derrière eux comme les phares d'une voiture dans la nuit. 

J'avançais, sourd et muet, dépassait la réception, le labyrinthe de bureaux en désordre, ignorant l'officier qui me coupa la route en courant, ne remarquant pas les trois hommes, cafés en main, debout autour d'une bonbonne d'eau et qui se turent en me voyant passer, insensible au monde extérieur – insensible au monde hors de moi.

Une porte s'ouvrit, sur la gauche, et un officier leva la main.

Ce sont les cheveux rouges et le bout de l'épaule que je vis dépasser derrière lui qui m'attirèrent comme le soleil.

Tout était brumeux, flou, comme si je n'arrivais pas vraiment à concevoir la réalité de ce qui était en train de se passer.

La porte se referma sèchement derrière moi et, soudain, c'était comme si tous mes sens se débouchaient.

La fraîcheur de la vitre sous mes doigts, l'odeur de la cendre froide et du café tiède, le bruit des menottes qui cliquettent, la vue de son regard qui pénètre le mien, le goût de l'audace qui m'emplit comme du venin.

Il détourna le regard de façon désinvolte parce qu'il ne pouvait pas me voir derrière la vitre teintée mais je me retrouvais à la longer pour qu'il m'ait toujours dans son champ de vision, pour qu'il sache que je suis là et qu'il a mon attention.

J'observai ses cheveux blancs desquels coulaient encore des gouttes de coloration noire, enregistrait dans mon esprit le léger sourire qu'il esquissa en réponse à l'officier qui lui parla, et soudain ses lèvres s'étirèrent en un sourire plus grand, moqueur, et j'eus la certitude qu'il me souriait à moi et qu'il se moquait de moi et qu'il-

Le fils de pute.

- Est-ce qu'on a confirmé que c'est bien lui ?

Je savais que derrière moi mon père et les deux officiers gardaient le silence pour me laisser le temps de comprendre – d'enregistrer – que Dabi, Touya, mon cher et tendre assassin de frère était en vie.

Mais ce n'était pas la stupéfaction qui me clouait le bec mais la réalisation que ce fils de pute avait eu l'audace de se révéler à la vue de tous. 

- Les tests sanguins se sont révélés concluants

Je me sentais d'un calme mortel.

Touya tourna la tête et je glissai le long de la vitre pour le poursuivre.

La porte s'ouvrit et trois nouveaux officiers entrèrent dans la salle d'observation.

Je les regardai à peine, mon attention toute rivée sur lui et sur ses grands sourires et la fausse nervosité qui lui faisait triturer ses mains et la raideur exagérée de ses épaules-

- Bonjour monsieur Endeavor. Sacrée matinée, hein ?

- Très

-et le mensonge éhonté de ses paroles et soudain il étira trop ses bras et je me penchai en avant pour enregistrer le spasme de souffrance qui tendit son visage et je souris parce que je savais qu'il n'a pas encore guéri de sa crucifixion-

Plus personne ne parlait.

La tension releva mes poils sur ma nuque, la lourdeur de l'air me fit statue.

Je sentais leurs regards, à tous, et soudain je compris que les officiers n'étaient pas là pour Touya mais pour moi.

Alors lentement je me redressai, retirant mes doigts de la vitre, me disciplinant comme jamais auparavant pour paraître calme et collecté et ne surtout, surtout rien laisser voir.

- J'ai besoin de m'asseoir

Il y eut du mouvement et je cru qu'on me parlait et soudain j'étais assis sur une chaise en plastique dans un coin de la salle d'observation, un verre d'eau que je ne bu pas entre les mains.

Le plastique, si fragile et si tendre entre mes doigts, était un bon rappel pour moi que je devais rester détendu, inoffensif et surtout, surtout très secoué.

Ainsi on ne pourrait pas attribuer à autre chose que mon état de choc la façon dont l'eau vibrait dans le verre.

Coudes sur mes genoux, je scrutai Touya en silence, incapable de regarder ailleurs.

L'officier sur ma droite, appuyé contre le mur, parla, je crois, mais je ne l'entendis pas.

Touya releva la tête et remercia l'officier qui lui amena un verre d'eau.

Il but à petites gorgées, sa pomme d'Adam se soulevant et s'abaissant lentement, et soudain toute logique quitta mon corps alors que je penchai en avant, mon index et mon majeur se soulevant discrètement alors que l'eau dans mon verre se balançait d'avant en arrière comme l'océan en pleine tempête.

Une ombre passa devant moi et tout à coup mon verre était immobile et j'étais droit comme un piqué, le mur glacé rafraîchissant ma nuque et mon esprit. 

Mon regard rencontra celui de mon père, bras croisés, qui venait prendre la place de l'officier précédant.

- On m'a appelé ce matin à six heures pour m'avertir que Touya…

Il se tut et il le releva les yeux vers lui, comme s'il n'arrivait pas à y croire.

Il y avait quelque chose de vulnérable dans son expression, une lueur de peur et d'espoir dans son regard qui me glaça le sang.

Je passai une main sur mon visage, ma langue glissant sur mes dents pour humidifier ma bouche sèche.

Mes paupières étaient lourdes de fatigue, mes muscles aussi raides et durs que de la brique.

- Je lui ai parlé seulement une fois, avant qu'on apprenne que c'était vraiment lui.

Et il n'avait pas besoin d'en dire plus pour que je sache déjà pourquoi il n'était pas retourné dans la salle d'interrogation depuis.

Je restai figé, interdit, comprenant que quoi que ce chien ait en tête, il m'avait mit en échec en sortant au grand jour.

Peu importe ce qu'il lui arrivait à partir de maintenant, que ce soit un accident ou non, mon père – tout le monde – douterait toujours de la véracité des faits en se demandant si je n'étais pas derrière tout ça.

Au milieu de ma colère bouillante, une pointe de respect – pas plus large qu'un atome – jaillit dans mon coeur et me força à l'admirer.

En revenant à la lumière, Touya me rendait impossible son meurtre.

Puis la rage submergea tout et j'eus brusquement envie d'hypnotiser l'officier qui l'interrogeait pour qu'il l'étrangle.

- Je veux lui parler

Mon père me regarda – me regarda vraiment pour la première fois depuis que j'étais entré – et je ne détournai pas une seule seconde le regard.

Je sentis les autres officiers qui nous observaient, mais je savais bien que ni leur avis ni leurs opinions ne valent quoi que ce soit face au numéro deux, partenaire d'All Might et second 'symbole'.

- Comme tu veux

Il y eut du mouvement, des portes qui s'ouvrent et qui se ferment, et soudain j'étais debout face à un Touya menotté qui sirotait du café.

Les gonds de la porte grincèrent derrière moi, et je sentis trois nouveaux officiers qui venaient de m'y suivre.

Je sentis la chaleur qui se dégageait de ses paumes et qui maintenait son café brûlant entre ses doigts, et je compris à ses vêtements propres et ses cheveux brossés que quoi qu'il leur ait raconté, ils le croyaient. 

J'eus brusquement envie de détruire le commissariat tout entier pour leur faire payer leur incompétence, mais soudain je me rappelai qui mon père – notre – est, et que grâce à sa simple autorité on m'avait acquitté de multiples meurtres.

Alors, bien sûr, pourquoi prendre le risque de se mettre le grand Endeavor à dos en mettant son fils retrouvé dans une cellule lourdement armée et dans laquelle il ne pourra pas utiliser son Alter ?

Touya releva des yeux innocents vers moi et j'eus envie de lui arracher la gorge avec mes dents.

- Shoto

Il sourit, hésitant, et je vis inquiétude et appréhension dans son regard et je me demandai si ça n'était pas la seule chose vraie chez lui.

Parce qu'il savait que si on me poussait vraiment à bout, j'abandonnerai les lambeaux de mes valeurs morales et que je le tuerai sans hésiter, peu importe les conséquences.

Je tirai la chaise, et les pieds raclèrent contre le sol comme de la craie sur un tableau.

Je me laissai tomber dessus sans lâcher le regard de Touya, muscles bandés et pieds bien à plat sur le sol.

Il tendit la main vers moi, hésitant, et mon sharingan flasha dans mes yeux en signe d'avertissement.

Il rétracta sa main comme si je l'avais brûlé, m'offrit un sourire tremblant, baissa les yeux vers son café, hésita, but deux longues gorgées, exhala doucement, releva les yeux vers moi,

et soudain j'eus la certitude que quoi qu'il ait en tête, toute cette situation n'était qu'un spectacle dans lequel il tenait le rôle principal.

- Tu dois t'en vouloir

Je ne répondit pas parce que je savais que tout ce qu'il était en train de dire et faire était le fruit d'une planification aiguë. 

- De m'avoir poignardé, je veux dire

Oh le fils de pute.

Je sens les officiers se raidirent autour de nous.

Touya me sourit d'un air désobligeant et se frotta l'épaule gauche, là où des bandages propres lui avaient sûrement été mis ce matin, après qu'on ait confirmé qu'il ne mentait pas et qu'il faisait vraiment partie de la royauté. 

Je m'appuyai sur le dossier de la chaise, mains croisées sur mon ventre, et observait Touya par-dessous mes cils.

- Pas vraiment, dans la mesure où je ne savais pas qui tu étais et que tu avais brûlée vive une de mes amies

L'ambiance était lourde, pleine de jugement, mais je sais qu'elle ne penchait ni en faveur de l'ex-criminel ni en faveur du meurtrier acquitté.

Pendant une seconde je me demandai ce que ressentait mon père, Héros qui avait sacrifié des années de sa vie au service d'autrui, et qui se retrouvait dans un commissariat de police un étrange mardi matin à regarder ses deux criminels de fils discuter tranquillement dans une salle remplie d'officiers nerveux et qui n'avaient pas levé la main des pistolets à leur ceinture.

Touya pinça des lèvres et s'agita.

- Comment est-ce qu'elle va ? Je ne voulais pas-

- Aussi bien que quelqu'un avec des blessures au troisième degré peut aller

Il serra les mâchoires, inspira par le nez.

- Il faut que tu comprennes que je ne voulais pas le faire, Shoto. Qu'ils m'ont forcé à…

Il se tut, ses yeux se perdirent dans le vague.

Si je révélais qu'il m'avait dit vouloir m'arrêter, l'autre fois, juste après qu'All for One m'ait kidnappé, alors d'une façon ou d'une autre Touya trouverait le moyen de dire que j'étais au courant de qui il était vraiment et que, pourtant, je n'avais rien dit et rien fait.

Mon père me demanderait pourquoi je n'avais rien dit, et comme je ne pourrais pas lui dire que c'était parce que j'avais prévu de tuer Touya une fois que la partie 'Tokyo' de mon projet avait abouti, ça ne servirait qu'à nous éloigner encore plus.

Ce chien de Touya avait très bien comprit que si je devais mettre ma relation avec mon père en péril, je choisirai toujours de reculer plutôt qu'avancer.

J'étais pieds et poings liés, forcé de jouer à son petit jeu jusqu'à ce que j'arrive à comprendre ce qu'il voulait vraiment.

- Je n'ai pas eu le choix. Ils ont dit qu'ils s'en prendraient à vous, sinon. A Papa, Maman, Natsu et Fuyu.

Et puis, plus bas, il ajouta.

- A toi

Je clignai des yeux. Lentement.

La porte s'ouvrit à nouveau et un autre officier entra. 

Il sentait si fort le parfum que mon nez s'irrita et que je faillis éternuer. 

Je regardai brièvement la vitre teintée en direction de là où je pouvais sentir mon père, avant de reporter mon attention sur Touya.

- Pourquoi maintenant ?

-Parce que la ligue est brisée. Grâce à toi, d'ailleurs. Et à ce que tu as…

Il se tut brusquement et regarda suspicieusement les officiers autour de nous, avant de me jeter un coup d'oeil appuyé.

Si aujourd'hui m'avait apprit une chose, c'est que je n'avais pas donné à Touya assez de crédit – il était bien plus vicieux que fou, et le vice combiné à la folie était une arme imprévisible dans les mains de quelqu'un qui n'avait plus rien à perdre.

Sa mention de ce que 'j'avais fais' et son brusque silence étaient un message clair : il savait qu'on m'avait couvert pour les meurtres de ses complices, et maintenant qu'il était reconnu par tous comme le fils prodigue du numéro deux revenu d'entre les morts, on accorderait du crédit à ses propos.

L'opinion publique avait viré en notre faveur après la conférence de presse, mais Endeavor avait encore énormément de détracteurs – si un nouveau scandale me concernant sortait, il se pourrait que le gouvernement choisisse de se séparer de lui malgré tous les bénéfices qu'il apportait au pays.

Et puis, ils avaient encore All Might. 

- Et parce qu'All for One est très affaibli

- Donc tu t'es échappé ?

- Donc je me suis échappé

Touya se renfonça dans son fauteuil.

Des gouttes de coloration grisâtre tombèrent sur sa paupière gauche et roulèrent sur ses cils.

Il me regarda droit dans les yeux et les essuya du bout du pouce, et soudain nous étions devant la véranda de notre maison, une nuit d'été, et Touya essuyait le sang qui roulait sur sa joue du bout du pouce dans une promesse de violence mal contenue.

L'officier blond murmura quelque chose à son collègue, derrière Touya, puis prit sa place.

- Même si ce que tu as fais est…

Touya regarda ses mains comme s'il cherchait les mots justes.

L'officier qui partait alla parler à deux autres de ses collègues et soudain la salle se vida brusquement, nous laissant seulement avec celui qui gardait la porte et le grand blond.

- Grâce à toi, j'ai pu m'échapper.

Sa mâchoire grinça, et je cru qu'elle allait se décrocher.

- Merci

Yeux plissés, je penchai la tête sur le côté.

Touya ne remerciait personne. 

Jamais.

Mes yeux balayèrent la salle vide une nouvelle fois.

- Moi aussi j'ai fais des choses dont je ne suis pas fier, continua-t-il. Parfois j'en ai même du mal à dormir. Est-ce que ça t'arrive à toi aussi ?

Mon attention se porta sur l'autre salle qui se vidait aussi. 

A contre-courant, quelqu'un qui empestait le parfum y entra à son tour.

Le même parfum que-

- Je ne regrette jamais rien

La porte de notre salle, mal fermée, s'entre-ouvrit, et un léger courant d'air frais entra.

Pendant une seconde, le voile de parfum se souleva.

Puis je croisai les prunelles de reptile de l'officier blond.

Et soudain il braqua son pistolet sur moi.