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Chapitre 62 : De simples brigands.

L'imposant groupe de pillards amassant toute ethnie faisaient face au trio de Salvatoris. Chaque camp était préparé au combat imminent. Les morts semblaient grogné leur ressentiment envers les vivants, pourtant, les brigands ne tressaillirent pas. Ils chargèrent sans perdre la moindre seconde, créant une véritable marée humaine totalement désorganisée.

Tous semblaient posséder l'expérience du combat, mais leurs mouvements ne possédaient en aucun cas la rigueur d'un soldat, si familier aux yeux du trio. Bien qu'ils soient un groupe, on aurait dit que chaque pillard se battait seul, croisant le fer avec la chaire putride des morts.

" Que des rangs deux ? Pas mal... Les gars, prenez pas de risque ! "

Le bruit d'un espadon brisant les os aussi dur que le plus robuste des aciers se fit entendre, puis ces simples phrases. Le chef des brigands avait réduit en un éclair l'un des dévorambre à l'état de carcasse pouvant à peine ramper. Il ne prit même pas la peine de tuer définitivement sa proie, essayant de tout son être de le suivre sans succès, pour directement viser le nécromancien entouré de ses pantins. Après tout, quel était l'intérêt de prendre des risques inutiles face à des morts, quand tuer leur chef signifiait une victoire assurée ?

" Avant que je mette fin à tes jours, tu ne voudrais pas rejoindre mon petit groupe ? J'aurais bien besoin d'un gars aussi talentueux que toi."

Le mana que possédait cet homme tourbillonnait tout autour de son corps, accroissant à vue d'œil sa masse musculaire. Il balançait négligemment son espadon dans les airs comme si il s'agissait d'un simple bâton. En comparaison, le mana de ses hommes était si faible.

L'un d'entre eux combattit ardemment l'un des dévorambre, mais ses pouvoirs étaient à peine suffisant pour créer des flammes menaçantes. D'autres essayaient tant bien que mal de créer des protections en terre, mais rien n'y faisait. Elles étaient fragiles, se faisant détruire sous leurs yeux affolés. Le plus puissant de ces pauvres hommes produisait un acide rongeant à vue d'œil le dévorambre qu'il combattait, mais au final, c'était à peine si sa puissance était plus grande que la norme. Hormis leur expérience du combat, et le maniement perfectionné de leurs armes respectives, ils n'avaient rien pour eux. Les plus forts auraient pu devenir des soldats, mais c'était à peine si les plus faibles avaient de la magie.

" Pourquoi tu t'encombres de ton groupe ? Tu serais bien plus fort sans eux. Je suis sûr que si tu avais été seul, tu n'aurais pas hésité une seule seconde à nous combattre vu la joie que tu montrais, au lieu de rester à distance, près à sauver les plus faibles."

Déclara en réponse Reiner, prenant de court Salvatoris qui n'avait même pas eu le temps de réfléchir à la manière de refuser l'offre qu'on lui avait faite.

" Ils ne sont pas faibles."

Grogna avec agacement l'homme, avant de retenir un abominable gémissement de douleur. L'homme lézard possédant également un espadon avait surgi derrière lui, enfonçant son arme dans l'épaule du brigand avant que son épée l'épée ne se retrouve bloquée, incapable de couper entièrement le corps de l'homme. Au même moment, Alice avait surgi sur son flanc droit, préparant une frappe en plein dans l'abdomen du brigand. L'hésitation teintait son regard, faisant trembler son arme.

[ Je…je ne veux pas tuer d'humains…je…je ne peux pas. Je ne suis pas faite pour ça ! Mais si je ne le fait pas…Non je ne peux pas, mai-]

Profitant de son hésitation, le bras encore intact de l'homme agrippa le visage d'Alice, avant de la projeter au sol plusieurs mètres au loin sans le moindre effort. Son autre bras avait commencé à bouger, se faisant un peu plus déchiqueté par l'espadon y étant toujours enfoncé. Cependant, il ignora la douleur en se dégageant d'un violent coup de pied du mort-vivant, avant d'asséner un impressionnant coup de pommeau dans la tête de l'homme lézard. La force contenue dans ce coup y était si grande qu'il ouvrit littéralement le crâne de son opposant, avant de retirer l'épée toujours présente dans son corps. La blessure scindant son corps se referma doucement à une vitesse telle qu'elle était discernable, le laissant hurler quelque chose en achevant le dévormabre rampant toujours vers lui.

" Personne ici n'est faible. La guerre nous a tout prix, pourtant on lève toujours nos armes fièrement. Il est hors de question que je laisse mes camarades derrière moi. Quand on aura assez d'argent, on pourra enfin reprendre nos vies !"

" Je rachèterais ma terre à cet enculé qui m'a pris ma femme, et le tuerait de mes mains !"

" J'achèterais de quoi guérir ma fille !"

" Je pourrais enfin arrêter de me battre !"

Hurlèrent quelques brigands en réponse, se battant encore plus vaillamment. La détermination dans leurs yeux, la vie qui y était si grande, leur courage. Tout cela était absent des yeux de Reiner. Il les enviait. Oui, il avait envie de redevenir comme eux. C'est pour ça qu'il avait parlé. Il était en colère de voir ces rebuts se dresser devant lui en arborant une telle détermination !

" Dites-moi, pourquoi vous vous battez ? À quoi bon alors que vous êtes là, à détrousser des innocents ? Vous n'êtes que des déchets…pourquoi tant tenir à la vie ?"

Murmura en ricanant Reiner, la tête penchée sur le côté alors qu'il chargeait l'homme lui faisant face, les yeux plus vides que jamais. Son aura était encore plus sinistre, au point où il était même dure de le différencier de n'importe quel mort-vivant.

" On est peut-être des déchets, mais ce n'est pas pour autant qu'on abandonnera."

Rétorqua l'homme en usant de l'élan de son précédent coup de paumer pour trancher le corps de Reiner, qui ne s'arrêta pas en dépit de l'impact. Il continuait à avancer en titubant, ignorant la lame le déchirant un peu plus à chaque pas.

" Un autre mort-vivant…je comprends mieux."

Ajouta l'homme, voyant le sang noirâtre sur sa lame ainsi que l'absence de réaction de Reiner. Il retira sa lame, préparant son prochain coup tout en parlant encore. Alice ne s'était pas encore relevée, et les yeux de Salvatoris transmettaient toute sa panique. Que se passait-il ici ?! Il devait déjà contrôler ses pantins pour repousser l'adversaire et se concentrer pour avoir une vue d'ensemble de la bataille, et en plus de cela, Reiner agissait anormalement.

" On est des déserteurs, des fuyards, des survivants, des mendiants. On est ceux qui n'ont jamais rien eu, ou à qui la guerre à tout enlever. Personne ne se bat car il le veut, petit. C'est pour ça que je ne tournerai jamais le dos à quelqu'un qui veut s'en sortir. On a juste des familles à nourrir, des gens à venger, une raison de continuer. Et toi, pourquoi tu détournes les yeux de ce qu'il te reste à protéger ?"

La lame de l'homme aux antennes de cafards s'abattit en plein sur Reiner, coupant en deux partie son abdomen d'une frappe précise à l'endroit qu'il avait déjà entaillé. Découper une personne d'un seul coup d'épée était presque impossible, mais le faire en deux coups avec une force surhumaine, c'était un jeu d'enfant pour lui.

" Reiner… ?"

Avait murmuré Salvatoris, relâchant un peu de son emprise sur ses morts-vivants alors que son esprit sombrait dans le chaos. À cet instant, la horde ordonnée de pantins perdit toute cohésion, se battant telles des furies acharnées, au prix d'exposer toute leur faiblesse.

" Maintenant."

A l'ordre de leur chef, tous ceux ayant le pouvoir de maîtriser la terre créèrent un imposant mur entre eux et les morts, donnant juste assez de temps à Salvatoris pour revenir à la raison, et entendre la déclaration du bandit braquant son arme sur lui.

" Gamin, tu as perdu. Arrêtons le combat là, donne moi juste t'es-"

Ses paroles se firent stoppées par un cadavre coupé en deux, se projetant de toute la force que contenaient ses bras pour saisir de ses dents la trachée de celui l'ayant rendu si misérable. C'était Reiner, qui arracha sans un mot une mouché entière du coup de l'homme avant de l'avaler, et de se faire dégager d'un violent revers au loin. Son apparence était hideuse. Il n'avait d'humain plus que son apparence, sa partie supérieure et inférieure bougeant de manière désordonnée alors qu'il poussait des grognements bestiaux. Parmi eux, seule une parole était compréhensible.

" Pourquoi…pourquoi…pourquoi…je tourne pas le dos…le dos, non…pourquoi…"

Le chef des brigands se releva, fixant son propre corps. Il se décomposait, sa régénération anormale peinant à le maintenir du côté des vivants.

" Reculer."

Dit-il résolument. À son ordre, quelque refus se firent entendre, mais les brigands reculèrent. Tous les morts-vivants de Salvatoris s'étaient également immobilisés, laissant Reiner et le chef des brigands comme seule figure mouvante.

En un instant, il écrasa de son pied la pitoyable partie supérieure du corps de Reiner qui le chargeait, l'immobilisant alors qu'il jetait son arme en plein sur la partie inférieure de celui-ci, la clouant au sol.

" Hey, gamin. Arrête de répéter que tu ne tournes pas ton dos à je ne sais quoi. T'es pathétique. Tes amis, tu leur à bien tourné le dos pour te transformer en un simple mort-vivant, nan ? "

Alors qu'il s'apprêtait à asséner de ses poings le coup final, la voix stridente d'Alice retentit.

" Arrêtez ! On a plus rien, tout a été dépensé pour nos équipements ! Laissez-nous ! Je…je vous en prie…pas encore…je veux pas perdre mon ami deux fois !"

Sa voix était chargée de ses pleurs alors qu'elle se rapprochait rapidement, peinant à remettre en place les parties déplacées de son corps. Et, comme pour répondre à sa voix, la gesticulation frénétique de Reiner s'était stoppée. Son aura avait disparu. Ses yeux avaient retrouvé un soupçon de raison.

" Je leur ai tourné le dos ? Mais Térésa…je…je l'aimais…je ne peux même pas pleurer, je…je"

" Que des "je". Tu parles à un putain de pillard. Si juste perdre une personne qui t'était chère te met dans ces états, je n'ose même pas imaginer le nôtre."

Rétorqua le chef des brigands, retirant son pied du corps de Reiner.

[ On a tous déjà perdu des êtres chère. ]

Cette phrase tourna dans l'esprit de Reiner. Il l'avait déjà entendu plusieurs fois, mais qui lui avait dit déjà ? Il n'arrivait plus à s'en souvenir, cependant, elle était restée gravée, n'attendant que cet instant pour surgir. Oui, on lui avait déjà dit. Roydent, Ray, Shin, Emilie, Mélissa, Alice, Térésa. Ils avaient tous perdu des proches, mais n'avaient jamais fini aussi bas que lui. Il était vraiment pathétique.

Salvatoris se précipita pour récupérer les pieds de Reiner, alors qu'Alice s'interposait entre Reiner et le chef des pillards, dressant sa dague comme une menace.

" On s'en va les gars, ils ont vraiment l'air fauché. Quelle perte de temps."

" Chef, vous êtes trop tendre, et s'ils nous dénoncent ! "

" J'aime me battre, pas tuer inutilement. Et dans le cas où ils nous dénoncent, on aura de nouvelles armures flambant neuves pour les derniers arrivés, et un autre combat."

Déclarèrent les brigands en s'éloignant. Tous n'étaient pas comme eux. Ils devaient même être anormaux. Toutefois, Reiner qui venait de retrouver sa partie inférieure grâce à la magie de Salvatoris, avait enfin réalisé quelque chose. Ça n'avait pas été dit directement, mais…au lieu de regarder le passé, il devait regarder l'avenir. Tout le monde lui avait sans cesse répété. Pourtant, ce n'est qu'à cet instant qu'il l'avait pleinement réalisé. Alors…pourquoi était-ce si dur ?

Cette réalisation valait bien les trois dévorambre étaler au sol, mort, et les quelques blessures sur le corps des autres. L'homme lézard au crâne brisé s'était même relevé, les larves dissimulées par son armure au niveau de son dos ayant élu domicile dans sa boîte crânienne. En les voyant, la réalisation frappa Salvatoris.

[ Si j'avais fait sortir ces larves…on aurait gagné. Pourquoi je n'y ai pas pensé. ]

Cependant, il secoua la tête. Une fois remis de leurs émotions, ils devraient reprendre la route en direction du refuge de Mélissa, laissant Alice également perdu dans ses pensées.

[ Pourquoi j'ai hésité ? ]