Chapitre 61 : Un nouveau départ.
Quand le trio stoppa leur marche, ils firent face à une petite colline, étant néanmoins intimidante. Le paysage environnant s'organisait de la même manière, avant d'atteindre une petite chaîne de montagne. Elle dénotait grandement des plaines et des forêts qu'avait toujours vu Salvatoris, ne pouvant que le stupéfaire. Il était émerveillé par ce paysage. Cependant, la mine devant lui accaparait toute son attention. C'était l'objectif du trio, un lieu infesté par des monstres. En regardant attentivement l'endroit, des cadavres meurtris étaient dissimulés proche de l'entrée, comme si ils gênaient les habitants de la mine." J'espère que les dévorambre seront moins dangereux que les Clapeurs. "Murmura Reiner, agrippant fermement sa lance. Il n'était toujours pas alaise avec sa prise en main, mais devait faire avec. Après tout, aucune magie ne permettait la maîtrise instantanée d'une arme. De son côté, Alice serrait sa dague, prête à entrer dans la mine.Les traces de pas canin qui entouraient l'entrée n'étaient pas des plus rassurantes, toutefois, ils n'étaient pas livrés à eux-mêmes. Les quatre morts-vivants de Salvatoris menaient l'avant-garde, prêts à écraser leurs futurs adversaires. Puis, d'un commun accord, le groupe entra dans la mine.Dès qu'ils franchirent l'entrée, l'obscurité les frappa de plein fouet. La visibilité devint presque inexistante. C'était à peine si on pouvait voir à quelques mètres devant soi, les seuls points lumineux de la grotte provenant de cristaux luisant, émettant une douce lueur ambrée. Salvatoris se saisit rapidement d'une torche usée par le temps accroché à l'entrée, et l'alluma. À cet instant, il put mettre des mots sur l'odeur si familière émanant de l'endroit. C'était l'odeur du sang.Les murs de la mine, ainsi que les multiples tunnels condamnés, étaient maculés de sang séché. Le sol ne présentait pas une meilleure image, avec des traces de sang frais encore visibles, recouvrant des morceaux d'ambre brisés et abandonnés ici et là. On aurait dit que des corps avaient été traînés à l'extérieur de la grotte." J'aime pas ça."Murmura Reiner. Les images des champs de bataille se succédaient dans son esprit. Des images de monstres dévorant ses camarades, de dieux démons réduisant à néant tout ce qui les entourait, de lui... impuissant. Il s'était retrouvé à ressentir de la peur sans même le savoir, et si il était vivant, son corps aurait même été pris de violents tremblements.[ Pourquoi cet endroit me rend nerveux... c'est juste des bêtes, ce n'est rien du tout...même si je n'ai plus mes nanites je suis toujours fort...même si...même...]Ses yeux tremblèrent. Oui, il n'avait jamais été fort en premier lieu. Si il l'avait été, il ne serait jamais mort. Si il l'avait été, jamais il n'aurait perdu tous ses proches. Mais alors que ses pensées se complexifièrent et que le doute s'emparait de lui, Alice stoppa ses pas." Merde...pourquoi je ne l'ai pas vu avant..."Elle était la seule à l'avoir remarqué. L'une des nombreuses lumières ambrées qui tapissait la mine bougeait. Quand Salvatoris le vit à son tour, il frotta ses yeux, mais Alice lui murmura quelque chose, voyant bien mieux que lui." Ce n'est pas un minerai..."Resserrant son emprise sur sa dague, elle recula d'un pas, fixant nerveusement les murs qu'elle avait dépassés. Cependant, avant qu'elle ne puisse réellement se préparer, la multitude de lumière se trouvant devant eux se mirent à s'avancer dans un immense fracas. Devant eux, derrière eux, et même sur les côtés, plusieurs lumières se mettait à les charger furieusement." Devant !"Hurla Salvatoris, créant un mur presque impénétrable constitué de ses morts-vivants. Toutefois, il n'avait pas le temps de souffler. À peine avait-il fini sa phrase qu'un petit groupe de monstres avait entourée le trio.L'apparence de ces monstres ressemblait presque trait pour trait à celle de l'affiche. Des créatures quadrupèdes se voyant posséder un corps mixant la pierre et la chaire. Là où la pierre avait recouvert leur corps, de légère pierre ambrée avait poussé, créant la lumière que le groupe avait aperçu, les prenant pour de l'ambre. Après tout, c'était une mine d'ambre, s'attarder sur chaque pierre n'était pas envisageable.La façon d'attaquer de ces monstres était tout aussi étrange que leur apparence, usant de la mâchoire désarticulée située sur leur visage élancé comme d'un broyeur dépourvu de tout ossement. L'apparence de leur bouche s'ouvrant plus que de raison, emplie de dents acérées et parfois même rocheuses saisit immédiatement Reiner, une image de Clapeurs se superposant à eux dans son esprit. Les deux monstres n'avaient rien en commun, même la bouche du devorambre ne s'ouvrait pas suffisamment pour ne serait-ce qu'espérer être comparée à celle d'un Clapeurs, pourtant, c'était suffisant. Suffisant pour le faire reculer sans même le savoir." Attention !"L'instant suivant ce cri, la silhouette d'Alice perça difficilement la partie faite de chair d'un des devorambre chargeant Reiner, la poussant à parler, inquiète." Reiner, tu es sûr que tu vas bien ?"" Je- "Répondit par réflexe Salvatoris, secouant la tête avant de se concentrer à nouveau sur la scène se déroulant devant ses yeux." Oui désolé...je...non rien. C'est rien."Reiner secoua la tête, cimentant sa position au sol. De là, une légère aura noire le recouvrit, s'infiltrant directement dans le corps de ses adversaires. En apparence, cela ne faisait rien, mais le visage de Reiner était soudain devenu confiant. Il transperça le corps de l'un des monstres l'ayant attaqué, peinant à retirer sa lance du cadavre. Profitant de ce temps, un autre devorambre le chargea, avant de se faire saisir à la gorge par l'un de ses semblables. Ou plutôt, l'un de ses semblables à la tête percée." Je m'occupe de couvrir vos arrières, allez-y !"Declara Salvatoris, concentré à réanimer chaque cadavres tombant au combat avant de les coordonner dans un véritable balai ne semant que la mort sur son passage.Les cris des bêtes déchiquetées, voire écrasées par les imposantes armes des hommes lézards formaient un vacarme assourdissant. Cela menait encore plus de ces monstres à venir se heurter au mur de mort-vivant se renforçant sans cesse, les condamnant au même funeste sort que leurs prédécesseurs. Toutefois, à mesure que le combat s'éternisait, quelques devorambre s'effondreraient dans un hurlement à glacer le sang. Leur corps empestait la décomposition, chaque partie organique de leur corps semblait gangrenée. Leurs pattes soutenant leur lourde constitution ne pouvaient plus les supporter, se brisant littéralement sous leur poids à cause de leur décomposition, laissant Reiner sourire légèrement. Certes, les nouveaux venus étaient intacts, et d'autres continuaient à se battre férocement, faisant fi de leur état plus abominable que celui d'un mort. Mais, ils n'étaient plus une menace.Alice ciblait stratégiquement les bêtes blessés, les tuant tour à tour. Son efficacité était tout aussi redoutable que sa précision, ne manquant presque jamais un coup. Toutefois, un bruit strident retentit alors qu'elle enfonçait sa dague en plein dans le corps de l'un des devorambres. Quand elle retira sa dague du corps, s'éloignant du monstre titubant d'un petit saut, elle en comprit la provenance. Sa dague venait de se briser.Le monstre la chargea alors, se faisant de nouveau empaler par la dague brisée, signant sa mort. Toutefois, Alice ne chercha même pas à récupérer son arme, soupirant pour elle-même." Heureusement que c'était l'un des derniers."Quand elle eut fini sa phrase, le coup de Reiner combiné à la morsure d'un mort-vivant eut raison du dernier monstre." Bien joué tout le monde !"Cria Salvatoris avec un sourire éclatant, entouré d'une meute de devorambre et de cadavres. Son apparence couverte de sang, lui donnait un air terrifiant. Pourtant, Reiner lui souria en retour, hochant la tête en récupérant sa lance ensanglantée, ou des morceaux de chair étaient encore accrochés." Je suis désolée pour la dague..."Marmona Alice en s'approchant de Salvatoris, ne sachant que faire. En la voyant, Salvatoris ricana." C'était juste une pauvre dague en fer, et vu l'épaisseur du cuir des devorambres, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle tienne, ne t'en fais pas."Alice hocha la tête, adressant un dernier regard à la dague toujours plantée dans un cadavre. Un cadavre répondant désormais aux ordres de Salvatoris.Après avoir récupéré les pierres d'âme logées dans les cadavres, le petit groupe se dirigea en direction de Freim. Le trajet n'avait pas été particulièrement difficile ni palpitant. Il s'était majoritairement déroulé en des conversations uniquement entrecoupées par les bruits d'affrontements lointains et quotidiens.Une fois de retour dans la guilde, le trio avait sans un mot empoché leur récompense, retournant directement à l'armurerie où ils avaient acheté leurs armes, reprenant une dague pour Alice ainsi qu'un glaive pour Salvatoris, avant de s'équiper d'une armure. Quand ils sortirent à nouveau de la ville, le soleil était bas, et leur apparence avait radicalement changé.L'armure de Reiner ne subsistant que miraculeusement avait laissé place à un heaume dissimulant dans une moindre mesure sa peau atrocement pâle, ainsi qu'une cotte de mailles au-dessus de laquelle était revêtu une armure légère faite de fer, lui donnant une apparence plus robuste et agréable à l'œil. Après tout, une armure décrépit était rarement synonyme d'une beauté transcendante, là ou cette armure légère, bien que sobre, s'accordait particulièrement bien à sa silhouette. Non loin de lui se trouvait Alice. Elle portait la même armure qu'autrefois, décrépit mais faite de riftine et efficace. Cependant, son treillis militaire, déchiré de toute part, avait laissé place à une épaisse tunique de cuir, sa couleur se mariant à la perfection avec l'armure d'Alice. Le côté légèrement moulant lui donnait même un certain charme accentué par la cape qu'elle avait gardée. Un charme qu'on ne pouvait que difficilement retrouver autrement. Juste devant eux se trouvaient Salvatoris, portant toujours la même tenue, si ce n'est qu'une brigandine plus petite que la norme était venu se greffer à son torse, donnant un certain crédit à sa tenue." Alors...c'est maintenant qu'on va voir Mélissa."Murmura Reiner, légèrement nerveux. Pour lui, à peine plus d'une journée s'était écoulée depuis qu'ils s'étaient fait attaquer. À ses yeux, tout c'était passé si rapidement qu'il était même dure de distinguer imaginaire et réel. Cependant, il savait que pour les autres, ces deux journées avaient en réalité duré deux millénaires. Alors, que pourrait-il dire à ces androïdes ayant vécu l'enfer tout ce temps ?Alice donna une légère tape dans le dos de Reiner, essayant de masquer son stress ne cessant de grandir parallèlement à son anticipation." Oui. J'ai hâte de la revoir, pas toi ?"Reiner regarda l'horizon, ne sachant que trop peu quoi répondre. Bien sûr qu'il voulait dire oui, mais ce sentiment de culpabilité qu'il ressentait, cette douleur qu'il s'infligeait, rien ne lui permettait de répondre.[ Si seulement je n'étais pas mort...si on avait eu plus de temps...si seulement j'avais été meilleur...si seulement...si seulement je n'avais pas été ce héros...]Les regrets le dévoraient, et malheureusement, le long trajet qu'ils avaient commencé à parcourir lui donnait tout le temps nécessaire pour y penser. Chaque action qu'il aurait pu mieux faire, chaque vie qu'il aurait pu sauver en plus, chaque mot qu'il aurait voulu dire à son frère, à Clovis. Chaque instant qu'il aurait voulu partager avec Térésa. La simple pensée de l'avoir perdu lui donnait envie de s'abandonner, et crier autant qu'il le pouvait. Mais même ça il ne le pouvait pas. Même le droit de pleurer lui avait été enlevé. Il avait l'impression que les routes de terre ne cessaient de le questionner sur ces choix, ne cessait de lui demander pourquoi il était encore là. Ses yeux étaient réellement devenus ceux d'un mort.[ Eh... à quoi rime même cette aventure...]Mais alors qu'il pensait cela, Alice se stoppa, puis la meute de devorambre ainsi que tous les pantins de Salvatoris, parallèlement à leur maître. Reiner était le seul à continuer sa pénible avancée, n'étant ramené à la réalité que par la râlerie sarcastique d'un homme robuste lui faisant face." Hey les petits nécromanciens, vous savez pas que la route par ici est dangereuse ? Des gens mal intentionné pourraient en vouloir à vos vies, vous savez, et c'est pas vos quelques chiens qui vous protégeront. Vous voudriez pas nous donner un petit quelque chose pour qu'on assure votre protection ?"Cet homme balafré semblait faire deux mètres de haut et possédait de petites antennes semblables à celles d'un cafard au-dessus de sa tête. De plus, il possédait un imposant espadon, et menait un petit groupe d'hommes. Leur armure était encore plus inégale et dépareillée que celle des plus pauvres miliciens, vacillants entre un simple habit de lin et une armure de plate complète, comme celle de leur chef. Toutefois, la majorité des seize hommes leur faisant face mixait diverses pièces provenant d'armures différentes, ne donnant ni sentiment d'harmonie à leur tenue, ni esthétisme. Leur armement, cependant, n'était pas une blague. Tous tenaient une arme différente, et semblaient plus que familiers avec elle au vu de leur usure. La pointe de leur épée et lance était légèrement cornée, leur marteau, masse, ainsi que fléau d'armes était parfois cabossé, et leur bouclier semblait avoir été réparé avec les moyens du bord à de multiples reprises. De plus, rien en eux n'inspirait une quelconque confiance." Je vous remercie pour votre sollicitude, mais nous pourrons nous en passer."Répondit des plus poliment Salvatoris, faisant un signe à Alice qui hocha la tête, alors que les pantins les entourant se positionnaient de manière menaçante.Comme si ils s'y attendaient, les hommes leur faisant face se mirent en position, leur chef parlant avec une joie non dissimulé alors qu'il se préparait au combat." Bon bah c'est dommage, mais on aura essayé les gars !"Aucun rire ne lui répondit. Ses hommes arboraient presque tous une expression réticente. Eux aussi avaient des rêves, et peut-être qu'être un brigand n'était pas le leur. Toutefois, leur chef n'en avait rien à faire, hurlant le début des hostilités.